Fourniret Olivier 2

Juste, il a dit '' Non, pas à ma connaissance.''. Pas très catégorique, comme tu l'as relevé. Il affirme aussi ne pas avoir de souvenir de ce temps là. Mais à coté il se souviens ne pas dormir en pyjama '' à l'époque'' ( peu être juste en cas où un proche, contemporain, s'en étonnerai ? ).

Je crois que l'impression qu'il laissera aux assises, aura une incidence sur ceux qui le jugeront par la suite.


Cordialement,

J'ai lu que la photo d'Estelle s'était téléchargée automatiquement sur un site qu'il avait consulté.
N'étant pas très doué avec un PC, je ne connaissait pas ce système.

D'autres photos téléchargées automatiquement, auraient elles été conservées sur le PC ? J'espère pour lui que oui, sinon ca ferait encore un peu plus louche.


Cordialement,

Procès de Monique Olivier : « Cette affaire aurait pu être jugée il y a 15 ans »
La cour d’assises des Hauts-de-Seine a interrogé, ce jeudi, deux juges qui ont instruit les dossiers Domèce et Parrish, deux des trois crimes pour lesquels la veuve de Michel Fourniret est jugée. Avec un retard douloureux pour les familles des victimes que ces magistrats ont tenté de justifier.

Par Louise Colcombet
Le 30 novembre 2023 à 22h11

On l’entend peu depuis l’ouverture des débats, mais ses interventions ont le mérite de la clarté. Président de la cour d’assises des Hauts-de-Seine, qui juge depuis le 28 novembre Monique Olivier pour sa complicité dans les enlèvements et meurtres de Marie-Angèle Domèce, de Joanna Parrish, et d’Estelle Mouzin, Didier Safar a la lourde tâche d’éclairer les jurés dans ce dossier touffu, et ancien.

Un dédale de crimes, de dates, de rebondissements de procédure, de lenteurs inexplicables et d’occasions manquées. Avec cette conséquence concrète : l’absence dans le box de l’Ogre des Ardennes, Michel Fourniret, mort en 2021.

Aucune fouille menée à l’époque, aucune confrontation
« Cette affaire a subi un retard considérable, elle est jugée aujourd’hui alors qu’elle aurait pu l’être il y a quinze ans », pose ainsi Didier Safar ce jeudi après-midi, peut-être agacé d’entendre l’un des juges d’instruction de l’époque se défausser, sans une once de remise en question. Cité comme témoin, Pascal Préaubert est en effet incapable d’expliquer pourquoi les crimes contre Marie-Angèle Domèce et celui de Joanna Parrish, datant de 1988 et 1990 et pour lesquels Monique Olivier avait passé des aveux très rapidement, n’ont pas été jugés avec les autres crimes du couple dès 2008, lors du grand procès de Charleville-Mézières (Ardennes).

Peu concerné, l’ancien juge ne se souvient pas de grand-chose, et argue de l’absence de corps de Marie-Angèle comme d’un obstacle insurmontable. « Vous savez, aujourd’hui, on ne l’a pas non plus, et pourtant cette cour va bien juger cette affaire », relève Didier Safar. De fait, à l’époque, aucune campagne de fouille n’est menée, comme cela a pu être le cas pour d’autres disparues. Aucune confrontation n’est organisée non plus entre les époux, pour tenter de faire avouer Michel Fourniret, que sa femme accuse, et tandis que lui-même la réclame.

« C’était une autre époque… »
Et comment expliquer cette mise en examen tardive, en 2008 seulement, et alors qu’aucune investigation n’a été faite en trois ans ? Entre-temps, le dossier s’est même affaibli, Monique Olivier s’étant rétractée. « Il y avait les délais de détention, les autres affaires étaient clôturées… » esquive le magistrat. « Il ne tenait qu’à vous de mettre en état cette procédure », tance encore Didier Safar.

Dans la lignée de Me Didier Seban, qui parle de ces deux familles comme de « laissées pour compte judiciaires », Me Corinne Herrmann, autre avocate de partie civile, finit par interpeller le magistrat : « N’avez-vous pas un sentiment d’échec de ne pas avoir fait aboutir ces deux affaires ? » « C’était une autre époque… » souffle Pascal Préaubert.

À sa suite, Anne Devigne, sa jeune collègue de l’époque, retrace de mémoire les « 100 tomes du dossier », la complexité des enquêtes et le « jeu malsain » de Michel Fourniret, capable de balader les enquêteurs pour les empêcher de progresser.

Pour elle, dont on devine l’implication sincère, ces deux dossiers n’étaient tout simplement pas assez solides pour être jugés en 2008. « Sans aveux de Michel Fourniret, qui était devenu mutique au fil du temps, sans corps et avec la rétractation de Monique Olivier, on était trop justes. »

« Ma hantise c’était qu’on arrive au bout des délais »
Elle aussi évoque « le temps judiciaire qui courait », et, en creux, la pression pesant sur ses épaules face à ce dossier hors-norme qui faisait alors la une des journaux. La crainte de recours qui auraient pu fragiliser l’ensemble de l’édifice. Et le choix, in fine, de la prudence. « Ma hantise c’était qu’on arrive au bout des délais et qu’on soit confronté au scandale d’une remise en liberté de Michel Fourniret et Monique Olivier », reconnaît-elle, honnête.

Questionnée sur son rapport personnel au dossier, elle explique sans fard à quel point il l’a impactée, notamment la douleur des familles. « Monsieur Desramault (père de Jeanne-Marie, une des victimes du procès de 2008) qui avait 92 ans, appelait tous les jours au tribunal en disant qu’il n’était pas éternel, détaille-t-elle encore. Alors oui, on a fait des choix. »

Au premier rang, la sœur de Marie-Angèle écoute, stoïque. Claude Domèce, son père, s’est lui aussi battu toute sa vie pour connaître la vérité. Il est mort à 95 ans, quelques jours avant l’ouverture du procès.

« Une partie de lâcheté d’avoir laissé tout en plan »
Anne Devigne, qui pensait reprendre le dossier, est finalement mutée en 2007. L’année suivante, Pascal Préaubert quitte Charleville-Mézières, où le pôle de l’instruction est dissous. Les dossiers sont transférés à Paris, où ils seront oubliés jusqu’en 2018.

Anne Devigne, dont la voix trahit l’émotion, n’élude pas. Et dit, au fond, qu’elle a fait de son mieux. « On a peut-être eu cet orgueil d’avoir voulu pousser les investigations, et une partie de lâcheté d’avoir laissé tout en plan. Mais on a au moins réussi à amener une partie du dossier et à faire en sorte que Michel Fourniret n’agisse plus. »

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206419ŦVan-JM a écrit:
J'ai lu que la photo d'Estelle s'était téléchargée automatiquement sur un site qu'il avait consulté.
N'étant pas très doué avec un PC, je ne connaissait pas ce système.

D'autres photos téléchargées automatiquement, auraient elles été conservées sur le PC ? J'espère pour lui que oui, sinon ca ferait encore un peu plus louche.


Cordialement,

En tout cas il a consulté l'avis de recherche d'Estelle, la cour d'assises devrait éclaircir cette histoire.

206428ŦJoachim a écrit:
En tout cas il a consulté l'avis de recherche d'Estelle, la cour d'assises devrait éclaircir cette histoire.

Moi aussi, j'ai des photos d'Estelle sur mon ordi.

206433ŦKassandra88 a écrit:

206428ŦJoachim a écrit:
En tout cas il a consulté l'avis de recherche d'Estelle, la cour d'assises devrait éclaircir cette histoire.

Moi aussi, j'ai des photos d'Estelle sur mon ordi.

Vos parents n'ont pas tué Estelle.

Quand les parents Fourniret enregistrent un reportage à son sujet et que le fils consulte son avis de recherche, c'est que la famille en a parlé.

Selim a aidé sa mère a cacher le trésor du gang des postiches. Pourquoi n'aurait-il pas couvert ses parents pour Estelle?

Salut Kassandra et Joachim,

Kassandra à écrit :

Moi aussi, j'ai des photos d'Estelle sur mon ordi.

Sélim est un violeur, pas toi.


Cordialement,

206440ŦJoachim a écrit:

Quand les parents Fourniret enregistrent un reportage à son sujet et que le fils consulte son avis de recherche, c'est que la famille en a parlé.

Sélim a probablement tenté de connaître l'ampleur des atrocités commises par ses parents.

206440ŦJoachim a écrit: Selim a aidé sa mère a cacher le trésor du gang des postiches. Pourquoi n'aurait-il pas couvert ses parents pour Estelle?

Le vol du trésor des postiches date de 1988
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Sélim est né en 88.
L'argent a été dépensé pour acheter le château du Sautou où Elsabeth Brichet a été amenée en décembre89. Bien précoce alors Sélim.

Kassandra à écrit :

L'argent a été dépensé pour acheter le château du Sautou

L'achat n'a couté que 1,2 millions de FF, soit une petite partie du butin.
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Cet somme à été récupérée à la revente.

PS : Fourniret est mort blindé, c'est pour cette raison que Sélim bénéficiait des ''mandats de papa, issu de l'assassinat de Farida Hammiche'' . Ce qui soit dit en passant ne dérangeait nullement Fourniret second.


Cordialement,

Après l'arrestation de Michel, Monique a demandé à Selim de l'aider à cacher le trésor, sans qu'il ne bronche.

Pour l'avis de recherche d'Estelle, il a ete consulté par Selim très tôt, avant l'arrestation de Fourniret.

Paix à l'âme de ce monsieur décédé récemment mais, tout de même, il s'est inquiété de sa fille Marie-Angèle bien tardivement ...
Je n'ai pas trop compris comment il pouvait ignorer l'existence de cet enfant si c'est la sienne, alors qu'il ne divorce qu'en 1990.

Il y a vraiment des gosses marqués par le destin ...

"LECTURE DE LA DÉPOSITION DU PÈRE DE MARIE-ANGELE DOMECE DÉCÉDÉ
Le président lit la déposition du père de Marie-Angèle Domèce, décédé il y a 15 jours. Elle date du 18 juin 2004 : "J'étais alcoolique et brutal, mon épouse faisait la pute. Elle m'a laissé avec mes 4 enfants enfermés dans une chambre. J'ai appris plus tard que j'avais une autre enfant : Marie-Angèle. Nous avons divorcé avec mon épouse en 1990. Me retrouvant seul avec mes 4 enfants, je les ai laissés à la Ddass (direction départementale des affaires sanitaires et sociales), j'ai appris l'existence de Marie-Angèle plus tard. Je l'ai rencontré quand elle avait 17 ou 18 ans, juste avant qu'elle ne disparaisse. C'est Véronique qui l'avait retrouvée dans un foyer. "

206331Ŧruth a écrit:

206221Ŧruth a écrit:[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Ces journalistes proposent un live-tweet du procès.

Il y aussi un direct de l'Yonne Républicaine
Jour 1 - Mardi 28/11
"EN DIRECT - Suivez le procès de Monique Olivier : l'accusée "regrette tout ce qui s'est passé" - Nanterre (92000)" [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

JOUR 2- Mercredi 29/11
"EN DIRECT - Procès de Monique Olivier : le couple entendu 220 fois en un an par les enquêteurs belges - Nanterre (92000)" [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

JOUR 3 - 30/11
"Les affaires Parrish et Domèce au cœur de la troisième journée du procès de Monique Olivier, l'ex-femme du tueur en série Michel Fourniret - Nanterre (92000)" [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

JOUR 4 - 1/12
"EN DIRECT - Procès de Monique Olivier : "Je vous ai vue ! Vous cherchiez des filles !", affirme pour la première fois un témoin | TF1 INFO" [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

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Elle a surtout tout accepté pour ne pas perdre sa sécurité à mon avis. Jusqu'à en perdre toute humanité.
Il faut dire aussi qu'après le premier meurtre Fourniret avait été clair : "Si je tombe, tu tombes". Ca peut être dissuasif ...

Quel aurait été son sort si Fourniret avait été remis en liberté après son arrestation pour enlèvement ? Elle est seule à pouvoir le dénoncer ...

Ça chauffe.

« Ce n’était pas la peine de lui mettre un micro ! » Depuis le banc des parties civiles, Éric Mouzin ne peut plus retenir sa colère et, dans la foulée, quitte ostensiblement l’audience. Au quatrième jour du procès de Monique Olivier aux assises des Hauts-de-Seine à Nanterre, jugée pour sa complicité dans les enlèvements et meurtres de Marie-Angèle Domèce, Joanna Parrish, et d’Estelle Mouzin, le père de cette dernière s’est indigné de la conduite des débats, peu propices à de quelconques révélations.

En cause : le refus réitéré du président de la cour, Didier Safar, de faire réagir l’accusée, seule détentrice, en l’absence de Michel Fourniret, mort en 2021, des derniers secrets du couple. Ses aveux avaient certes provoqué ceux de son ex-époux. Mais les corps de Marie-Angèle Domèce, disparue dans l’Yonne en 1988, et celui d’Estelle, évaporée en janvier 2003 à Guermantes (Seine-et-Marne), n’ont jamais été retrouvés.

« On pourrait poser la question à Monique Olivier ? »
Les connaisseurs du dossier sont également persuadés que bien d’autres crimes sont imputables à l’Ogre des Ardennes. Vendredi matin, le directeur d’enquête, qui avait repris les investigations à partir de 2016, a notamment évoqué une lettre envoyée par Fourniret à un ancien codétenu, où il énumérait la liste de ses crimes. Après les huit jugés aux assises des Ardennes en 2008, la liste s’étend jusqu’au numéro 35. Mais sans plus aucun nom.

« On pourrait peut-être poser la question à Monique Olivier ? », tente alors Me Didier Seban, l’un des avocats de partie civile, conscient que ce procès est la dernière occasion de résoudre cette entêtante énigme. « Pas maintenant », évacue le président, qui avait déjà refusé d’autres questions la veille. « Dommage… » regrette Me Seban. Plus tard, alors que témoignent les proches de Marie-Angèle Domèce, c’est Me Corinne Herrmann, avocate de ses proches, qui demande à faire réagir l’accusée, pour jauger son empathie. Nouveau refus.

Puis arrive à la barre une ancienne copine de Marie-Angèle, logée avec elle au foyer de la Ddass juste avant sa disparition. Bouleversée et visiblement fragile, celle-ci affirme – comme d’autres – avoir à l’époque été importunée aux abords du foyer par un homme, plus tard identifié comme étant Michel Fourniret. Et ajoute, pour la première fois, l’avoir aperçu, avec Monique Olivier, « faire les cent pas » devant chez elle après les faits. Un témoignage à prendre avec précaution, mais toujours aucune question à l’accusée.

« Il est anormal que vous nous interdisiez d’interroger Monique Olivier dès qu’il se produit un événement. Pour une affaire de cette importance, je ne comprends pas, s’insurge alors Me Seban. Si on veut qu’elle ne dise rien, alors on fait comme vous faites. » « J’ai déjà prévu trois interrogatoires, vous ne pouvez pas dire cela » tranche, imperturbable, le président, provoquant donc le départ du père d’Estelle.

« La cour d’assises c’est la vie, pas un planning »
À la sortie de la salle, celui-ci fait part de son incompréhension. « Depuis le début, on nous explique que c’est compliqué d’interroger Monique Olivier, qu’il faut du temps pour la laisser s’exprimer. Or à chaque fois qu’il est question de l’interroger, on refuse, parce qu’il faut aller vite, respecter les délais. On se croirait à la SNCF », tacle Éric Mouzin.

« Quand un enquêteur vient nous parler de 35 victimes potentielles, quand un témoin vient expliquer qu’elle a croisé Michel Fourniret et Monique Olivier, quand Monique Olivier fait oui ou non de la tête dans le box, il faut l’interroger ! La cour d’assises c’est la vie, pas un planning, complète Me Seban. Si on aboutit à une condamnation de Monique Olivier sans rien apprendre, ce n’est pas le procès qu’attendaient les victimes, ce n’est pas les respecter. »
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206529ŦSortcière a écrit:[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Elle a surtout tout accepté pour ne pas perdre sa sécurité à mon avis. Jusqu'à en perdre toute humanité.
Il faut dire aussi qu'après le premier meurtre Fourniret avait été clair : "Si je tombe, tu tombes". Ca peut être dissuasif ...

Quel aurait été son sort si Fourniret avait été remis en liberté après son arrestation pour enlèvement ? Elle est seule à pouvoir le dénoncer ...

Une des juges d'instruction qui a témoigné hier l'a décrite comme "totalement dénuée d'empathie."
Et elle a eu affaire à MO pendant 4 ans !

C'est l'élément-clef, je pense.

"Qu’un jour, elle se délivre de ses secrets" : au procès Monique Olivier, une contre-enquête et des inconnues
Récit
Par Laurent Valdiguié
Publié le 01/12/2023 à 17:41

Il a enquêté sept ans sur les trois crimes du couple Fourniret jugés aujourd’hui. Ce 1er décembre, l’adjudant-chef Frédéric Bérardet a raconté son travail de bénédictin à la recherche d’indices oubliés. Une course contre la montre pour expliquer les circonstances de la mort de Marie-Angèle Domèce et Joanna Parrish. Dans le box, Monique Olivier a écouté sans broncher. Et sans être invitée à réagir…
Cet homme-là a le sens du détail. Il est par exemple le seul, interrogé sur la date de décès de Michel Fourniret, le 21 mai 2021, à mentionner l’horaire exact : 15 heures. Probablement un état d’esprit initial, devenu chez lui, au fil des années, une déformation professionnelle. Et pour cause, l’adjudant-chef Frédéric Bérardet, trente ans de service au sein de la gendarmerie, dirige depuis neuf ans la section de recherches (SR) de Dijon. Avec une prédilection pour les cold cases, ces affaires non résolues où justement le moindre détail oublié peut ouvrir de nouvelles pistes.

En 2016, l’adjudant-chef décide de se plonger dans deux dossiers non résolus, ceux de Marie-Angèle Domèce, une jeune fille de 18 ans, disparue à Auxerre le 8 juillet 1988, et celui de Joanna Parrish, une Anglaise de 20 ans dont le corps nu a été retrouvé au fil d’une rivière de l’Yonne le 17 mai 1990. Elle avait été violée et étranglée à l’aide d’un câble électrique. « Bleu », précise le gendarme. Ce vendredi 1er décembre 2023, l’adjudant-chef raconte son enquête à la cour d‘assises en charge de juger Monique Olivier pour complicité dans ces deux meurtres. Plus exactement, sa contre-enquête à partir des gruyères des enquêtes initiales, défaillantes, inabouties, pour ne pas dire indigentes…

Premier volet, celui de « Marie-Angèle Domèce ». « Ce 8 juillet 1988, elle a quitté son foyer, dans le centre-ville d‘Auxerre à 14 heures ». Censée prendre le train pour rejoindre sa famille d’accueil, à Migennes, elle n’a jamais composté de billet. Son corps n’a jamais été retrouvé. Une première fois, après des vérifications tellement sommaires qu’elles mériteraient de citer dans les écoles policières et judiciaires comme tout ce qu’il ne faut pas faire, le dossier est classé sans suite en 1989. Dans le cas de Joanna Parrish, pour cause de découverte du corps, les investigations sont plus importantes, mais le résultat est le même. Rien. Pourtant, en 2005, dans ces deux affaires, Monique Olivier a avoué l’implication du couple avant de se rétracter. Malgré ses premiers aveux, ses démentis devant les policiers et les juges emporteront le morceau. Ces deux dossiers resteront dans l’ombre du premier procès Fourniret de 2008 et attendront donc… 2016.

« UN BEAU PETIT SUJET »
Cette année-là, l’adjudant-chef Bérardet, en « confiance avec la juge Sabine Khéris » reprend tout à zéro. Sans ménager ses efforts. Dans le dossier Parrish, il commence par éplucher les dossiers d’autres suspects de la région, un ancien gendarme notamment, déjà soupçonné de viols. Ce dernier est mis hors de cause. Autre hypothèse de travail, celle d’une mauvaise rencontre avec des appelés du contingent, puisque le corps de la jeune Anglaise a été découvert à proximité du centre de formation des gendarmes auxiliaires. « On a même travaillé sur les 1899 appelés du contingent de l’année 90. On les a tous passés au fichier. 347 étaient connus comme mis en cause. Trente pour des faits de nature sexuelle. Treize étaient présents au moment de l’enlèvement. Les 13 ont été retrouvés. Mais les 13 ADN ne correspondaient pas aux ADN que nous avions »… Pas plus, du reste, que l’ADN de Fourniret qui n’a d’ailleurs pas été retrouvé parmi les ADN masculins identifiés sur le corps de Joanna Parrish. « On sait qu’il pouvait utiliser des préservatifs », glisse le gendarme.

Malgré cette absence d’ADN du tueur en série, à une époque où la police scientifique était encore balbutiante, l’adjudant-chef décide néanmoins de retravailler sur les aveux de 2005, même si elle s'est rétractée, de Monique Olivier. Le gendarme les résume à la barre. Dans le cas Domèce, Monique Olivier a raconté que son mari avait repéré « un beau petit sujet » à Saint-Cyr-les-Colons, le village de 480 habitants où habite alors le couple. L’enquêteur démontre justement que la grand-mère de Marie-Angèle Domèce habitait là et que la fillette venait la voir. Les gendarmes de la SR de Dijon partent à la recherche, près de trente ans après, de toutes les anciennes pensionnaires du foyer d’Auxerre où Marie-Angèle habitait en semaine. « Sans leur dire le nom, j’ai montré des photos de Fourniret de 1988 et à plusieurs reprises, certaines ont eu des flashs, reconnaissant l’homme qui à l’époque traînait aux alentours. »

Lors de ses aveux, Monique Olivier a aussi raconté que Fourniret lui avait demandé de l’accompagner pour rassurer « le sujet » afin qu’elle accepte de monter dans leur fourgon. Alors enceinte de sept mois de leur fils Sélim, elle s’exécute. Marie-Angèle Domèce, une jeune fille décrite comme « prudente et craintive », serait montée à bord. Au bout de quelques kilomètres, Fourniret demande à Monique Olivier de descendre de la voiture où il tente, apparemment en vain, de violer la fillette, puis l’étrangle. Le corps est ensuite placé dans le coffre. Le couple rentre à Saint-Cyr-les-Colons et dans la nuit, Fourniret repartira pour s’en débarrasser. En rentrant, il dira à Monique Olivier que « personne ne la retrouvera jamais », mais ajoute « craindre les inondations ». Un détail d’importance. Sur réquisitions auprès de Météo-France et des services de la préfecture, les gendarmes de Dijon dresseront une carte des zones de fortes crues dans la région en 1988, et s’apercevront qu’effectivement, des crues de plus « de 40 cm » ont eu lieu à la fin de l’année. Tous les puits du secteur inondé, un par un, seront fouillés. En vain, regrette l’adjudant-chef. « Malheureusement après sept années d’enquête, je n’ai pas pu rapporter le corps de Marie-Angèle Domèce à sa famille »…

À LA RECHERCHE DES DÉTAILS OUBLIÉS…
Dans le cas de Joanna Parrish, mêmes efforts titanesques. Là aussi, une foule de similitudes avec d’autres affaires du couple Fourniret. La jeune Anglaise qui ne buvait pas a pourtant été retrouvée avec de l’alcool dans le sang et des traces d’un médicament antitussif, les deux combinés pouvant créer des états de somnolence. L’autopsie fait aussi état d’une trace de piqûre au bras gauche. Joanna Parrish aurait été droguée, comme d’autres victimes des Fourniret. Lors de ses aveux, Monique Olivier a raconté qu’après l’enlèvement, son mari lui avait demandé de conduire et qu’il est passé à l’arrière. « Elle stationne. Fourniret viole Joanna Parish à l’arrière, raconte le gendarme. Il n’y a pas de séparation entre les sièges avant et l’arrière. Elle a tout entendu. » Dans son box, l’intéressée, enfermée dans son visage de cire, ne marque aucun signe d’émotion. Monique Olivier reste impassible, le regard dans le vide.

Pendant sept ans d’enquête, l’adjudant-chef tentera d’apporter des recoupements matériels pour démontrer l’implication du couple diabolique dans la mort de Joanna Parish. Il va retrouver les enquêteurs du SRPJ [Service régional de police judiciaire] de Reims qui, en 2005, ont obtenu les aveux de Monique Olivier avant qu’elle ne se rétracte. « Ils m’ont assuré qu’elle n’avait jamais avoué des meurtres qu’ils n’avaient pas commis. Et que quand Fourniret, suite aux aveux de Monique Olivier avouait à son tour, il ne revenait jamais en arrière. » Frédéric Bérardet découvre aussi une note du 1er août 1989, démontrant que dans le cadre de la surveillance d’Action directe, Michel Fourniret avait attiré l‘attention pour des achats de 1,5 million de francs en liquide… « J’apprends aussi qu’une perquisition a eu lieu à son château, et dans sa voiture, et que du 1er octobre 1989 au 30 avril 1990, Michel Fourniret avait été sous écoutes et sous surveillances, mais malgré mes nombreuses demandes, je n’obtiendrais aucune information de ces surveillances », déplore l’adjudant-chef.

Il se rend ensuite en Belgique et passe au crible les 400 scellés judiciaires. À la recherche de détails oubliés… Il va en trouver deux. D’abord une page en anglais, découverte dans le fourgon de Fourniret, qui va lui donner bien du fil à retordre. Le gendarme cherche à savoir si cette page déchirée peut être liée à Joanna Parrish. Malheureusement, après une enquête de bénédictins dans le monde de l’édition, il s’agit de la page 104 d’un manuelde 3e de 1991. Fausse piste. « Ce manuel ne pouvait pas avoir été en main de Joanna », constate le gendarme. En revanche, en scrutant un almanach de la Poste de 1990, retrouvé lui aussi dans les scellés Fourniret, Frédéric Bérardet remarque deux petits traits au stylo sous deux dates différentes, les 22 novembre et 17 mai 1990. La première correspond à la disparition de Natacha Danais, une des autres victimes du couple. L’autre date est celle du jour de l’enlèvement de Joanna Parrish. « Fourniret disait qu’avec lui, il n’y avait pas de place pour les coïncidences », lance le gendarme à la cour d’assises, persuadé que ces deux traits au crayon, de la main du tueur, signent son implication dans ces deux meurtres.

TÉMOIN DE LA DERNIÈRE SECONDE
Autre certitude de l’enquêteur, le tableau de chasse de l’ancien tueur des Ardennes serait loin d’être complet. Frédéric Bérardet cite un courrier de Fourniret à un ancien de ses codétenus, daté du 29 mai 2005. « Dans cette lettre, Fourniret passe des aveux pour les huit premiers meurtres, ceux pour lesquels il va alors être jugé en 2008, et dresse ensuite une liste de victimes commençant à 9 et s’arrêtant à 35. » Un courant d’air glacé traverse la salle d’assises à l’évocation de cette comptabilité. Dans son box, Monique Olivier semble un tant soit peu se raidir sans qu’il soit possible, avec elle, d’affirmer quoique ce soit concernant sa vie intérieure… Ses paupières clignent à toute vitesse. Avec ce décompte de la main de Fourniret, une trentaine de corps manqueraient encore à l’appel. Frédéric Bérardet se tourne vers l’accusée et semble chercher son regard derrière les vitres du box. En vain. Monique Olivier a baissé la tête. « Je me tourne vers elle en espérant qu’un jour, elle se délivrera des nombreux secrets qui sont inscrits dans sa mémoire », lance le gendarme comme on lance une bouée à la mer. L’intéressée hoche négativement la tête, les yeux désespérément dans le vide.

Tout comme elle hoche la tête face à une ancienne amie de Marie-Angèle Domèce, qui subitement à la barre, se souvient en direct de l’avoir aperçue en 1988, dans les rues d’Auxerre. « Je vous ai vue, Madame Olivier, vous cherchiez des filles… Je me suis tu depuis trop longtemps. Faut que ça sorte… » lance ce témoin meurtri de la dernière seconde. Était-elle là dans les rues d’Auxerre à chasser avec lui, comme le suggère cette ancienne amie ? Maître Didier Seban, l’avocat des familles, aimerait interroger Monique Olivier. Mais le président de la cour d’assises, Didier Safar, s’en tient à son calendrier d’audience… Colère de l’avocat au nom « des familles qui attendent la vérité depuis trente ans ». « Si on ne peut pas interroger Monique Olivier au cas par cas ! » fulmine Me Seban. « Nous sommes saisis de trois cas, pas de 35 », grogne le président des assises… Sur son banc, dos voûté, Monique Olivier garde les yeux mi-clos. Elle seule sait si elle parlera. Et si oui, à qui. Et quand.

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35 victimes, ce décompte fait froid dans le dos

Chez les Fourniret, ca fait l'effet inverse.


Cordialement,

Salut JM

Oui c'est une fierté pour eux

Il y a une chose que je ne comprends pas, Fourniret a-t-il revendiqué 35 victimes comme montré dans la série Netflix, ou 35 disparition non élucidées?

« Lorsqu'il était en prison, Michel Fourniret avait envoyé un courrier à son co-détenu sous forme de tableau Excel. Toutes les affaires pour lesquelles il a été ou est en voie d'être jugé y sont répertoriées. "Ensuite, il y a 35 cas non élucidés. Cela paraît inimaginable", raconte l'ancien procureur Francis Nachbar »

Nachbar parle d'une cinquantaine de victimes.

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Procès de Monique Olivier : « La justice n’a rien fait », accusent les proches d’une victime de Fourniret
La famille de Marie-Angèle Domèce a témoigné de l’indifférence des institutions lors de la disparition de la jeune fille dont le corps n’a jamais été retrouvé.

Par Louise Colcombet
Le 1 décembre 2023 à 22h17

D’elle, on ne connaissait qu’une photo, issue de l’avis de recherche diffusé à Auxerre (Yonne) après sa disparition, le 8 juillet 1988. Sur ce cliché en noir en blanc, un sourire frondeur illumine sa bouille encore enfantine, encadrée d’une coupe courte surmontée d’une frange. Trente-cinq ans après, ses proches sont venus raconter, ce vendredi 1er décembre aux assises des Hauts-de-Seine, les multiples visages de Marie-Angèle Domèce, l’une des victimes oubliées de Michel Fourniret dont le corps n’a jamais été retrouvé.

À 58 ans, Véronique Domèce est la première à s’avancer à la barre, face aux jurés qui ont à juger Monique Olivier pour complicité d’enlèvement et meurtre sur Joanna Parrish, Estelle Mouzin et Marie-Angèle. Une petite sœur que Véronique n’aura que peu connue, dans cette « famille désunie » où tous les enfants ont été placés très jeunes. « Je n’ai appris son existence qu’à l’âge de dix ans, par une lettre de ma mère qui nous vouvoyait », retrace Véronique qui réussira à retrouver Marie-Angèle et à tisser des liens avec elle, à peine deux ans avant qu’elle ne disparaisse.

« Elle était timide, très réservée, mais avec nous elle s’ouvrait un petit peu », se souvient la grande sœur, qui l’emmenait danser et s’amuser le mercredi, pour la sortir du foyer de la Ddass à Auxerre (Yonne) où Marie-Angèle est alors prise en charge. Chaque week-end, celle-ci regagne Migennes et la famille d’accueil qui l’a élevée, qu’elle adore au point de vouloir à son tour devenir nourrice.

Sur des images projetées à l’audience, une dizaine de clichés que sont parvenus à rassembler ses proches, Marie-Angèle apparaît devant la bâtisse avec ses « frères et sœurs de lait », sur une plage ou lors de mariages, un indéfectible sourire vissé au visage. Une famille de cœur qu’elle est censée rejoindre ce 8 juillet 1988. Mais elle n’y arrivera jamais. Marie-Angèle s’est volatilisée sur le chemin de la gare.

« On nous a dit que c’était sans doute une fugue, on n’en a jamais plus entendu parler »
Elle est alors à peine majeure, mais sa disparition n’est alors pas considérée comme inquiétante. « On nous a dit que c’était sans doute une fugue, on n’en a jamais plus entendu parler », se souvient une camarade de foyer. De fait, le dossier est refermé six mois plus tard sans véritable enquête. Les confidences de Monique Olivier sur cette affaire, en 2005, n’y changent rien. Il faudra attendre 2016 et la reprise du dossier par les gendarmes de la Section de recherche de Dijon pour que des investigations dignes de ce nom soient enfin menées.

Celles-ci font notamment ressortir que plusieurs jeunes femmes avaient été importunées par un homme rôdant près du foyer à bord d’une voiture blanche. « Quand je leur ai montré les photos de Michel Fourniret de l’époque, elles l’ont toutes reconnu, certaines ont eu des flashs », a détaillé ce vendredi matin Frédéric Berardet, de la SR de Dijon. L’une d’elles a même expliqué à la barre l’avoir vu près de chez elle en repérage, avec Monique Olivier.

Si elles s’insurgent contre le portrait longtemps dressé dans la presse d’une « handicapée mentale », toutes le concèdent : Marie-Angèle a pu être influencée et tomber dans un piège. « Elle était très vulnérable, sans filtre, on pouvait lui faire croire tout ce qu’on voulait. Si elle trouvait quelqu’un de gentil, elle le suivait », détaille ainsi l’une de ses anciennes camarades de foyer. « Elle avait besoin d’affection, beaucoup, elle réclamait des câlins et des bisous », se souvient une autre, en larmes.

« Comme on n’avait pas de famille, on pouvait disparaître sans que personne ne s’en inquiète »
Plus de trente ans après, ces jeunes filles devenues femmes restent marquées par le mépris des institutions, « cette façon dont Marie-Angèle s’est évaporée et dont la société s’en est détournée », formule l’une d’entre elles. « Personne ne s’intéressait à nous, on était vues comme des voleuses, des droguées et des putes, lâche une autre. Comme on n’avait pas de famille, on pouvait disparaître sans que personne ne s’en inquiète. »

De fait, ce n’est qu’en 2016 que les gendarmes de Dijon tenteront véritablement de résoudre la disparition de Marie-Angèle, déployant un travail dantesque, notamment pour retrouver la dépouille de la jeune fille. « Malheureusement, à l’issue de ces années d’enquête je n’ai pas pu ramener le corps de Marie-Angèle à sa famille », a regretté Frédéric Berardet, la voix teintée d’émotion.

« Nous voulons savoir où elle est pour nous recueillir et lui rendre hommage, pleurera en écho Patricia Domèce, une autre sœur de Marie-Angèle, dans l’après-midi. La justice n’a rien fait, conclut-elle. Elle a fermé les yeux sur nous, les enfants de la Ddass. »

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Monique Olivier présente lors des repérages autour de l'école d'Estelle:

"Elle confirme enfin avoir été présente lors d'un premier repérage le 5 janvier 2003. "C’est une organisation très méticuleuse et très organisée à laquelle elle contribue entièrement. Elle est partie prenante. "

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Salut Kassandra et Joachim,

le 5 Janvier 2003, c'était un Dimanche :

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L'école était fermée, celle de Sélim aussi. Où était il ?


Cordialement,

Salut JM

Vu qu'Estelle habitait à proximité immédiate de l'école (300 mètres max), ils ont très bien pu observer ses faits et gestes autour de son domicile.

Vu la préparation minutieuse de l'enlèvement, faudrait vraiment éclaircir l'emploi du temps de Selim en effet