Cellule Cold Case
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Tueur en série : le grêlé. :: AFFAIRES EN COURS :: NON ÉLUCIDÉ
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Re: Cellule Cold Case
Meurtre dans les vignes 1/4 : une voyante et un cadavre
Le 3 mai 2006, à Maransin, en Gironde, Chantal Seguineau, ouvrière viticole de 31 ans, est retrouvée sauvagement assassinée. Rôdeur ? Amant ? Mari jaloux ? Tueur en série ? En dix-huit ans, l’enquête connaîtra mille pistes et rebondissements, que reprend le journaliste Thibault Raisse, infatigable chasseur d’affaires non résolues.
PROLOGUE
“Aidez-moi à retrouver ma femme disparue », implore un homme paniqué au bout du fil. Sylvie n’est pourtant pas experte en disparitions. Elle n’est même pas voyante de métier, réservant ses dons à une poignée d’initiés qui s’échangent son numéro de téléphone comme un secret. Autour de Villeneuve-de-Duras, le village du Lot-et-Garonne où la sexagénaire, crinière blonde de Bonnie Tyler, réside et reçoit, on loue d’abord ses talents de cartomancienne. « Je vois les choses, c’est tout », répond-elle aux curieux, incapable d’identifier elle-même la source de ses étranges facultés.
Le lendemain de l’appel, le mari désespéré sonne à sa porte. Elle lui a demandé d’apporter un objet appartenant à la disparue, il est venu avec un chemisier en soie blanche. Sylvie s’en empare, imprime un plan de la zone à partir d’une carte routière, puis, à l’aide de son fidèle pendule, se met au travail.
Quand Didier Seguineau sort de chez la voyante ce 2 mai 2006, son épouse Chantal s’est volatilisée depuis quatre jours déjà. Elle a disparu en plein après-midi, à 20 kilomètres au nord de Libourne, sur la propriété viticole de Maransin, qui l’emploie comme ouvrière polyvalente. Les gendarmes de Guîtres, dont dépend le vignoble, ont tout de suite pris l’affaire au sérieux. Or les battues organisées avec le soutien d’un hélicoptère n’ont pas permis de retrouver sa trace.
Au cinquième jour de recherches, des élèves gendarmes arrivent en renfort. Ils ont pour mission d’arpenter un sousbois isolé situé à 1,5 kilomètre à vol d’oiseau du lieu de la disparition.
À 10 h15, un corps de femme est découvert. La zone est figée. Les techniciens en identification criminelle sont en plein travail lorsqu’un inconnu surgit. « Le tueur revient toujours sur les lieux du crime », prévient l’adage. L’inconnu prétend qu’il cherche sa femme disparue. Il tient dans sa main un plan qui l’a mené jusqu’ici. Un plan fourni, jure-t-il, par une voyante. Les gendarmes demandent à voir. Le sous-bois y est entouré au Stabilo.
UNE SONNERIE DANS LA NUIT
La berline familiale de Josiane serpente à travers vignes. À chaque période de vacances scolaires, elle rend visite à ses parents et à sa sœur Chantal restés vivre à la campagne. Les frangines ont grandi sur ces terres viticoles du nord de Libourne, l’une des zones rurales les plus pauvres de Gironde. Une petite bourgeoisie de sous-préfecture y côtoie un prolétariat agricole encore omniprésent, dont sont issues les deux sœurs. Dans la ferme à bovins où le père, sans diplôme, était l’homme à tout faire du propriétaire, elles ont passé une enfance au grand air de nouvelle de Maupassant, surveillant le cheptel de cent vingt têtes après l’école, ramassant du petit bois l’hiver, sautant à pieds joints dans le ruisseau bordant la propriété l’été. Pourtant, personne n’a été surpris de voir Josiane, dévoreuse de livres à l’esprit curieux et vagabond, partir à la ville une fois émancipée. Rien d’étonnant non plus dans le choix de Chantal, fascinée dès le plus jeune âge par le tracteur paternel qu’elle contemplait comme un trésor, de s’arrimer à ce coin de nature préservé du vacarme du monde. Deux tempéraments opposés qui n’empêchent pas les deux sœurs de s’adorer.
L’été qui vient découvre un bout d’épaule en ce 27 avril 2006 clair et chaud. Chantal est en train de tailler un pied de vigne à la serpette quand elle aperçoit Josiane remonter en souriant le rang qu’elle occupe. L’ou-vrière viticole, sac banane à la taille et perpétuelle cigarette oblique aux lèvres, travaille sur la propriété des frères Léné depuis six ans. Non loin des grands crus de Pomerol et Saint-Émilion vendus à prix d’or, on produit ici un petit bordeaux de foire aux vins durement touché par la baisse de la consommation et la concurrence internationale. Les retrouvailles célébrées, la conversation porte sur l’arrêt maladie de Chantal qui s’est achevé la veille. Une mauvaise entorse à la cheville l’a tenue éloignée du vignoble pendant un mois. Sa blessure guérie, elle affiche une mine resplendissante. Est-ce son teint subtilement hâlé ? Cette mèche d’un blond doré qu’elle s’est faite pour le mariage de sa belle-mère le week-end précédent ? Difficile à dire, mais la réputation de garçon manqué qui la poursuit pour son sens mesuré de la féminité a rarement paru aussi peu justifiée. Chantal doit abréger l’échange, elle est sur le point de débaucher pour aller chercher ses enfants à la garderie. Les deux sœurs se promettent de déjeuner ensemble avant la fin des vacances.
Le lendemain, Josiane part faire du shopping à Libourne, puis dîne chez sa marraine à une heure de route. Au dessert, son téléphone sonne. C’est Daniel, son père.
« Tu es avec Chantal ? — Non.
— Tu es sûre ? — Pourquoi ? — Elle n’est pas rentrée du travail. Les gendarmes sont là. » Josiane abandonne son assiette et saute dans sa voiture. À ce stade, il n’y a pas de raison objective de s’affoler, et pourtant, elle a un mauvais pressentiment. Si les gendarmes sont déjà sur zone, c’est qu’elle n’est pas la seule.
À son arrivée chez ses parents, Josiane est conduite par son père sur la parcelle de vignes où était affectée sa cadette, à seulement 4 kilomètres de là. Deux gendarmes sont présents, assistés d’une brigade cynophile qui explore les lieux à la lampe torche. Les militaires font un résumé des faits à l’aînée bouleversée. Sa journée de travail terminée, Chantal n’est pas allée chercher ses deux enfants, Salomé, 10 ans, et Célestin, 6 ans, à la garderie. Inquiet, son mari, Didier Seguineau, a téléphoné à 20 heures aux frères Léné. Les vignerons ont expliqué avoir aperçu leur salariée à sa prise de poste le matin, mais ils ne l’ont pas vue repartir le soir, rien d’anormal, ici on ne pointe pas comme à l’usine, la confiance règne. Elle est peut-être encore sur la parcelle, victime d’un malaise qui dure et l’empêche de communiquer, ont-ils songé. En sillonnant la propriété pour la localiser, ils ont repéré sa Clio bleu lavande garée sur un talus, au bord d’un rang de vignes. Les portières étaient fermées mais non verrouillées. La clé se trouvait à l’intérieur du véhicule, tout comme le chien de Chantal, Fanny, un bâtard qui la suivait partout.
Ces premiers éléments font penser à un départ précipité. Une impression confortée par une autre curiosité : le rang où s’affairait Chantal est inachevé, il lui restait une dizaine de pieds à tailler pour en venir à bout. Pas son genre de faire les choses à moitié, notent les frères Léné. Les vignerons dressent le portrait élogieux d’une employée assidue comme on n’en fait plus. S’il lui arrive de débaucher avant 17 heures, c’est seulement après en avoir demandé et reçu l’autorisation, et avec la promesse toujours tenue de rattraper le temps perdu. Josiane confirme l’attachement de sa sœur à son travail, et plus encore à ses enfants. Une fuite volontaire est doublement exclue.
Didier Seguineau est du même avis. Le mari de Chantal a rejoint les lieux avec ses enfants pour participer aux premières recherches et livrer son témoignage aux gendarmes. Au moment de la disparition de sa femme, il était au travail, c’est facile à vérifier. Il n’a pas tout de suite paniqué en apprenant qu’elle avait manqué la sortie de la garderie, deux heures se sont écoulées avant qu’il s’alarme. Malgré des difficultés financières chroniques, son couple ne traverse pas de crise particulière. Il n’a pas d’antécédent judiciaire.
À 2 heures du matin, le dispositif de recherches est temporairement suspendu. Les gendarmes lèvent le camp sans le moindre début de piste à explorer.
À un détail près. Neuf heures après sa disparition, le portable de Chantal n’est pas éteint et continue de sonner dans le vide.
JUSQU'AU SANG
Le téléphone allumé de Chantal permet de localiser en quelques heures l’antenne-relais activée par l’appareil. Située tout près du lieu de sa disparition, elle couvre un rayon de 4 kilomètres, où se concentrent les premières recherches. En dehors des vignobles ne s’étendent là que des terrains agricoles en friche et des sous-bois hirsutes. Dominant le paysage se dresse un château d’eau en forme de soucoupe volante inversée, comme une tour de contrôle abandonnée. En parallèle des opérations de ratissage qui se poursuivent tout le week-end, les gendarmes auditionnent les témoins des dernières heures. Michel, un collègue de la mère de famille, est le seul à apporter des infos utiles. Il dit lui avoir parlé à 16 h 50 le jour des faits. Elle taillait la vigne sur le rang où était stationnée la Clio. Ils ne s’étaient pas croisés depuis le retour de Chantal au travail, alors ils ont discuté le bout de gras une poignée de minutes, puis Michel est rentré chez lui. Vers 17 h 15, l’un des frères Léné, qui longeait la parcelle en voiture, a vu la Clio sans sa propriétaire alentour. Pensant qu’elle devait être partie aux toilettes, il ne s’est pas arrêté. Les deux témoignages combinés établissent un créneau très étroit de vingt-cinq minutes au cours duquel Chantal s’est évaporée en plein après-midi, au bord d’une route passante, et sous un soleil éclatant.
Cinq jours après le début des recherches, en milieu de matinée, un élève gendarme découvre son cadavre. La dépouille repose dans un sous-bois, en plein milieu de la zone couverte par l’antenne-relais, à 2 kilomètres par la route du rang de vignes où Chantal a disparu. Elle gît sur un tapis de feuilles et de branchages à 20 mètres d’un chemin de terre, lui-même relié 200 mètres plus loin à une voie départementale. La scène d’une cruauté rare ressemble à une mise à mort rituelle. Le corps repose sur le ventre, face contre terre, la tête tournée vers la gauche. La victime porte les mêmes vêtements – sweat noir, jean bleu, baskets blanches – que lors de sa disparition. La banane nouée autour de sa taille contient son téléphone portable toujours allumé et connecté au réseau. La tête est ensanglantée.
Détail glaçant, ses mains sont liées dans son dos par une lanière en cuir. Durant l’autopsie, les médecins légistes relèveront six plaies au crâne, toutes mortelles, provoquées par un objet tranchant non identifié. Les coups ont été portés avec une régularité prodigieuse, comme si le corps était resté parfaitement immobile tout au long de l’agression.
La tête est ensanglantée. Détail glaçant, ses mains sont liées dans son dos par une lanière en cuir. Pas de trace de défense, ni de violences sexuelles. Quant au lien noué autour des poignets, il est à peine serré, s’en défaire aurait été facile, noteront les experts avec perplexité.
Un gradé de la brigade de Guîtres vient sonner à la mi-journée chez les parents des deux sœurs où toute la famille s’est réunie. Plus tôt dans la matinée, en fumant une cigarette à la fenêtre qui donne côté route, Josiane a vu passer un corbillard. Un décès dans la maison de retraite du bout de la rue, a-t-elle pensé. C’est elle qui ouvre la porte au gendarme. Dans le huis clos familial, le pessimisme avait gagné les esprits comme un poison qu’on sait mortel mais qui prend son temps. La solennité de l’officier, transparente, est celle de qui se prépare à voir les larmes couler.
Les auditions se focalisent sur la personnalité de Chantal, ses habitudes, ses éventuelles zones d’ombre. Famille, amis, mari, tous décrivent une femme rangée sans ennemis connus. Certes, son tempérament explosif est notoire, mais ses colères, aussi spectaculaires soient-elles, sont le plus souvent dirigées contre elle-même. Enfant, pour contenir la frustration qu’elle vivait comme un supplice, elle était capable de se mordre la main jusqu’au sang. Plus tard, un coup de pied contre une armoire qui ne voulait pas se fermer lui a valu une fracture du gros orteil. On l’a rarement vue s’en prendre à autrui, mais, une fois, enceinte de sept mois, elle est descendue de sa voiture à un feu rouge pour taper dans la portière d’un automobiliste coupable d’une queue de poisson. Sidéré par la virulence de la réaction, l’indélicat est resté prostré derrière son volant. Une bouffée de colère similaire contre une cible moins conciliante aurait-elle pu lui jouer un mauvais tour ? Pas au point de perdre la vie, encore moins de manière si cruelle.
Deux menus vices viennent colorer le portrait plutôt lisse de la mère de famille : le tabac, qu’elle consume à raison d’un paquet de trente cigarettes par jour, et les lotos de salles des fêtes, la perspective d’une grille complète provoquant chez elle un enthousiasme démesuré. Les hommes ne font pas partie de cette liste. Même avant sa rencontre avec Didier au sortir de l’adolescence, elle ne courait pas les garçons. Personne ne l’imagine un instant mener une double vie, et d’ailleurs, entre le travail et les enfants, où trouverait-elle le temps ?
En débauchant avant l’heure.
Ju57ine
Re: Cellule Cold Case
Meurtre dans les vignes 2/4 : l'inconnu de la discothèque
Le 3 mai 2006, à Maransin, en Gironde, Chantal Seguineau, ouvrière viticole de 31 ans, est retrouvée sauvagement assassinée. Rôdeur ? Amant ? Mari jaloux ? Tueur en série ? En dix-huit ans, l’enquête connaîtra mille pistes et rebondissements, que reprend le journaliste Thibault Raisse, infatigable chasseur d’affaires non résolues.
Sur le papier, l’affaire Chantal Seguineau s’annonçait comme le prototype du féminicide conjugal. D’un point de vue statistique, d’abord. L’écrasante majorité des femmes tuées le sont par leur conjoint, nul besoin d’être un expert du crime pour le savoir. En raison du profil équivoque du mari ensuite : sa présence troublante sur le lieu de la découverte du corps, son deuil jugé peu démonstratif par certains proches du couple, ses dépositions imprécises ou incomplètes. Les gendarmes de la section de recherches de Bordeaux ont longtemps porté sur Didier Seguineau le regard plissé de qui ne s’en laisse pas conter, mais les vérifications scrupuleuses de son emploi du temps le jour du crime l’ont formellement disculpé. Si le veuf a persisté à clignoter sur le radar des enquêteurs durant de longs mois, c’est parce que, au catalogue de ses omissions, figurait un élément capital aux airs de mobile : depuis peu, sa femme découchait.
Le couple a traversé une première zone de turbulences neuf ans plus tôt. Chantal a rencontré son mari par des amis communs en 1995, elle avait 20 ans, il en avait sept de plus. Après deux mois de relation, elle est tombée enceinte de Salomé, précipitant un mariage qui n’était pas d’actualité. Les disputes fréquentes tournaient le plus souvent autour des finances précaires du foyer, Chantal reprochant à son mari, ouvrier dans le bâtiment, de préférer les contrats d’intérim à un CDI qui les mettrait à l’abri mais lui laisserait moins de temps pour buller à la maison ou retrouver sa bande d’amis au café. À l’initiative de l’épouse, le couple s’est séparé en 1997, sans divorcer, puis s’est rabiboché un an plus tard, accueillant dans la foulée leur deuxième enfant. L’édifice est resté pourtant fragile, d’autant que face aux contrariétés, Chantal, fidèle à son tempérament, n’était pas du genre à minauder. Gamine, ses parents la surnommaient « le marmot » pour ses manières de garçonnet. À l’âge de la corde à sauter et des goûters d’anniversaire, elle préférait rester à la ferme pour bricoler, écoutant son père lui enseigner l’art d’un placo réussi avec l’attention pénétrée d’un apprenti.
Sans renier sa féminité, elle n’en cultivait guère les apparats. La seule fois où elle s’est montrée en société maquillée et vêtue d’une robe plutôt que d’un jean, c’est le jour de son mariage. Comme un dessin au pochoir, une superposition d’indices fait apparaître couche après couche le spectre d’un amant. Les frères Léné signalent aux gendarmes que leur employée modèle demandait parfois la faveur de quitter son poste avant l’heure. Une requête plutôt rare mais qui s’était multipliée dans les semaines précédant le crime. Le motif était toujours identique : un souci personnel l’obligeait à récupérer ses enfants plus tôt à la garderie. Or l’enquête établit dans le même temps qu’elle s’y est présentée en retard plus d’une fois. En perquisitionnant la maison des époux Seguineau, les gendarmes trouvent dans la salle de bains des sous-vêtements sexy achetés à l’insu du mari. En octobre 2007, un an et demi après la mort de sa femme, et alors qu’il avait été plusieurs fois entendu, Didier Seguineau révèle aux enquêteurs qu’elle sortait parfois le soir et ne revenait que le lendemain. Des escapades nocturnes qui ont commencé huit mois avant le meurtre, période durant laquelle ils n’ont pas eu de relations intimes, a-t-il ajouté.
OÙ ALLAIT-ELLE ?
Didier n’en a rien su, mais Chantal emmenait parfois leur fille, Salomé, dans ses virées. Interrogée à son tour, l’enfant raconte qu’elles allaient en voiture chez des amies de sa mère, deux sœurs trentenaires célibataires qui vivent ensemble dans une maison du bourg voisin. Auditionnées comme témoins au début de l’enquête, les deux femmes n’ont pourtant rien évoqué de tel. Convoquées à nouveau, elles disent n’avoir aucun souvenir de ces visites, jusqu’à ce que leur placement en garde à vue leur fasse subitement recouvrer la mémoire.
Ses nuits affranchies, Chantal les passait en compagnie de l’une des sœurs, Nathalie, au Must, la boîte de nuit de la zone commerciale périphérique. Elles se séparaient à l’entrée et se retrouvaient au petit matin à la sortie. Entre les deux, chacune vivait sa vie, mais Nathalie se rappelle avoir vu la mère de famille flirter à plusieurs reprises avec le même homme. Comme il était toujours de dos, elle est incapable de le décrire. Et si elle a tu cette info de premier ordre, c’est seulement par crainte que Didier apprenne l’existence de ces soirées festives entre copines.
LE CRIME D’UN AMANT ÉCONDUIT ?
La blessure narcissique fournirait une explication crédible à la cruauté du mode opératoire. L’espoir suscité par ces révélations tardives entraîne une somme d’investigations dantesques pour mettre un visage sur l’inconnu de la discothèque. La photo de Chantal est montrée à des dizaines de clients connus de la direction pour être des habitués, qui sèchent tous. Pour élargir la quête aux clients occasionnels et avec l’aide des gérants, deux mille numéros de cartes bancaires sont listés par les gendarmes, et autant de réquisitions envoyées aux banques pour en connaître les titulaires. Les transactions étant anciennes, moins d’un tiers des fêtards sont identifiés par cette méthode.
Leurs auditions ne donnent rien, mais ces profils sont ensuite croisés avec les dossiers de divorce déposés durant la période des faits aux tribunaux de Libourne et de Bordeaux. Le nom d’un homme apparaît, mais il n’a jamais vu Chantal. La piste de l’inconnu du Must s’effondre. Pas celle de l’amant. Malgré leurs efforts déçus, les enquêteurs restent persuadés qu’un flirt contrarié les mènera tôt ou tard au meurtrier. D’où leur surprise quand un appel anonyme leur livre le nom d’une meurtrière.
Certains noms et prénoms ont été changés pour garantir la tranquillité des personnes concernées. Suite et fin du récit dans le prochain numéro.
Ju57ine
Re: Cellule Cold Case
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Meurtre dans les vignes 3/4 : la voisine paranoïaque
Réchauffer un cold case avec l'ambition secrète ou assumée d'en trouver la clé revient pour l'essentiel à en repérer les failles. Quelles ont été les pistes omises ou trop vite écartées ? De quelles erreurs le ou les tueurs ont-ils su profiter ? Appliquer cette règle à l'affaire Seguineau est inutile : la formule traditionnelle « aucune hypothèse ne sera négligée » servie aux journalistes impatients fut ici respectée à la lettre. Et des hypothèses sérieuses, en dix-huit ans de traque, les gendarmes en ont examiné des dizaines, chacune portant un espoir raisonnable de lever le mystère.
LE BAL DES FOUS
Dans cet inventaire, la voyante qui a conduit le mari de Chantal sur la scène de crime n'est pas le spécimen le moins intrigant. Entendue à deux reprises par des gendarmes perplexes face à cette intuition surnaturelle, elle confirme avoir fourni à Didier Seguineau le plan annoté de sa main qui indiquait l'emplacement du corps de sa femme, attribuant ce prodige à ses seuls dons. Son placement sur écoute, signe de l'incrédulité des enquêteurs, ne permet pas de la démentir.
Le profil atypique de Patrick Seguineau, l'un des frères de Didier, a aussi charrié son lot de sourcils froncés. Son nom surgit lorsqu'une cousine de Chantal confie que celle-ci avait été harcelée par un de ses beaux-frères qu'elle s'était refusée à désigner. Les regards des gendarmes se tournent aussitôt vers l'aîné de la fratrie. Âgé de 45 ans au moment du crime, il souffre d'héboïdophrénie, une forme de schizophrénie caractérisée par un comportement asocial et agressif qui le contraint à vivre sous tutelle. Il est aussi le seul membre du premier cercle à n'avoir pas fourni un emploi du temps béton le jour de la disparition.
DIDIER SEGUINEAU LUI-MÊME SOUPÇONNE SON FRÈRE D'AVOIR EU DES VUES SUR SA FEMME
Il prétend avoir passé le vendredi après-midi chez une amie, qui, dans un premier temps, dément, puis confirme sa présence lors d'une deuxième audition. Didier Seguineau lui-même soupçonne son frère d'avoir eu des vues sur sa femme. Patrick n'a pas assisté aux obsèques et s'est volatilisé durant une semaine après l'annonce de la mort de sa belle-sœur. Les surveillances téléphoniques montrent qu'il ne reçoit aucun coup de fil et n'appelle jamais personne. Au bluff, les gendarmes le placent en garde à vue, espérant des aveux. Le suspect sous pression reconnaît avoir été un temps charmé par l'épouse de son frère tout en niant farouchement l'avoir tuée. Sans preuve matérielle à lui opposer, il ressort libre. Mais l'énigme qui a le plus usé les nerfs des gendarmes, c'est Paulette.
Le 1er juillet 2006, deux mois après la découverte du corps de Chantal, le Samu intervient chez cette femme de 53 ans après que son fils lycéen l'a retrouvée inanimée dans la maison familiale. Elle gît à côté de son chien calciné encore fumant, dont elle porte le collier attaché autour de son cou. Lors de son admission aux urgences, cette éleveuse de lièvres au passé psychiatrique chargé raconte qu'un inconnu cagoulé est entré chez elle, l'a menacée, puis a tué son chien avant d'y mettre le feu. L'intervention du fils qui vit à demeure a mis l'agresseur en fuite. Cinq jours plus tard, toujours alitée, Paulette confie à un médecin avoir menti : elle a elle-même tué son chien et mis en scène l'agression. Après un mois d'hospitalisation en psychiatrie, elle regagne son domicile.
Ce fait divers de fin de journal sans suites judiciaires n'a en apparence aucun rapport avec l'affaire Seguineau. Pourtant, deux détails incitent les gendarmes à l'examiner au microscope. Le premier, c'est que Paulette a été retrouvée par le Samu les mains liées. Le second, c'est qu'elle habite dans une maison isolée à 300 mètres du pied de vigne où Chantal s'est volatilisée.
PAULETTE SOUFFRE D'UN DÉLIRE DE PERSÉCUTION QUI A PEU À PEU CONTAMINÉ SON FILS ET SON MARI
Placée sur écoute, la famille vit en vase clos entre champs et vignobles. Paulette souffre d'un délire de persécution qui a peu à peu contaminé son fils et son mari. L'origine de cette paranoïa remonte à 2002, lorsque les assurances ont refusé de rembourser les dégâts causés par un incendie qui a détruit une partie de la maison. Des puissances occultes se sont depuis lors liguées pour leur pourrir l'existence et les pousser à déménager. Drôle d'attelage, mais en l'absence de toute allusion, même lointaine, au meurtre de l'ouvrière viticole dans les conversations épiées, les surveillances sont rapidement levées.
Deux ans plus tard, le 1er octobre 2008, un correspondant anonyme téléphone à la gendarmerie de Guîtres pour livrer le nom du meurtrier de Chantal : c'est Paulette la coupable. Les militaires ont le temps de localiser l'appel, passé depuis une cabine téléphonique de la région. Le mois suivant, une lettre tapée à la machine à écrire adressée à la caserne la désigne à nouveau comme l'auteure du crime. Aucun indice n'est cependant associé à ces révélations. Dans le doute, Paulette est finalement placée en garde à vue en septembre 2009, et son domicile perquisitionné. Les gendarmes y trouvent ce qu'ils cherchaient : la machine à écrire ayant servi à rédiger la lettre anonyme. L'éleveuse de lièvres reconnaît être à l'origine du courrier et de l'appel qui faisaient d'elle une criminelle.
Amis, collègues, vagues connaissances et même membres du premier cercle familial… les scénarios étudiés par les enquêteurs en charge de l'affaire Seguineau n'épargnent personne. Seule une poignée d'hypothèses jugées trop fantaisistes ne sont pas sérieusement envisagées, dont celle très improbable d'un tueur en série. Jusqu'à la découverte, 145 kilomètres plus au nord, du corps d'une femme gisant dans un bois, les mains attachées dans le dos.
LE TUEUR DU MUGUET
Le dimanche 29 avril 2007, À 10 heures du matin, un cueilleur de champignons découvre le cadavre d'une femme dans un sous-bois aux portes de Royan. Son corps est partiellement brûlé du buste au visage. Le tueur l'a mortellement frappée à la tête à l'aide d'une pierre retrouvée près de la dépouille. Détail notable : elle a les mains attachées dans le dos. Les médecins légistes estiment que la crémation est postérieure à la mort et ne relèvent aucune trace de violences sexuelles.
Quatre jours plus tard, un restaurateur du front de mer de Royan téléphone à la gendarmerie. Il est sans nouvelles de l'une de ses serveuses, Jennifer Charron, 21 ans. C'est lui qui identifie le cadavre. La jeune femme avait grandi dans la campagne charentaise et vivait dans la station balnéaire depuis deux ans. Elle est décrite par ses proches comme sociable et avenante, voire un peu naïve.
En lisant le premier article sur le crime de la serveuse paru dans le journal « Sud-Ouest », les gendarmes de la section de recherches de Bordeaux sont frappés par les similitudes avec le dossier Seguineau : deux femmes retrouvées mortes dans un sous-bois, les mains liées dans le dos, tuées par des coups portés à l'arrière du crâne et dont le mobile n'est pas, semble-t-il, d'ordre sexuel. Le fait que les meurtres aient été commis à un an d'intervalle, presque jour pour jour, ajoute à leur trouble. Le 3 mai 2007, les deux équipes d'enquête se rencontrent pour échanger infos et impressions.
UN LOGICIEL D'ANALYSE CRIMINELLE FAIT RAPPROCHEMENT ENTRE L'AFFAIRE SEGUINEAU ET LE MEURTRE NON RÉSOLU D'UNE FEMME PRÈS D'ARRAS
La semaine suivante, les gendarmes bordelais reçoivent l'appel d'un collègue lillois. Un logiciel d'analyse criminelle vient de faire le rapprochement entre l'affaire Seguineau et le meurtre non résolu d'une femme près d'Arras. Le corps carbonisé de Sabine Guyot, 21 ans, mère d'une fillette de 10 mois, a été découvert par des automobilistes dans un champ dégagé, au bord d'une départementale, posé sur un monticule de boue.
La crémation quasi complète n'a pas permis de trouver d'indice matériel ni de déterminer la cause de la mort, mais la position des mains laisse entendre qu'elles ont été attachées. Ici encore, les dates ont leur importance : la jeune mère de famille a disparu le 29 avril 2005, et son corps a été retrouvé le 2 mai. L'ombre d'un tueur en série ayant sévi autour du 1er mai trois années de suite dans trois régions différentes se dessine.
Une réunion visant à étudier ce scénario est organisée le 29 mai 2007 dans les locaux parisiens de la sous-direction de la police judiciaire de la gendarmerie nationale. Au-delà du mode opératoire et du calendrier, les participants espèrent mettre en lumière des caractéristiques physiques ou biographiques reliant les trois victimes. Si elles sont avérées, ces concordances peuvent tracer les contours d'un motif criminel répétitif, une caractéristique propre aux tueurs en série.
LE SUSPECT RECONNAÎT AVOIR RENCONTRÉ LA VICTIME LE JOUR DE SA DISPARITION MAIS NIE LE MEURTRE
Mais en dehors d'un goût partagé de la fête et de la nuit, l'apparence physique, la personnalité et le parcours de vie des trois femmes n'ont rien de semblable, et tout indique qu'elles ne se sont jamais côtoyées. Et puis contrairement à Sabine et à Jennifer, le corps de Chantal n'a pas été brûlé. Monter une équipe d'enquête commune semble prématuré, mais chaque service promet de tenir informés les autres de l'orientation prise par ses investigations.
Deux mois plus tard, le spectre du tueur du 1er mai commence à s'éloigner. Des traces ADN prélevées sur les effets personnels de Jennifer Charron aboutissent à la garde à vue de José Nuno Mendes, un maçon déjà condamné pour viol à vingt ans de prison. Le suspect reconnaît avoir rencontré la victime le jour de sa disparition mais nie le meurtre. Les enquêteurs bordelais sont informés, et cherchent une trace du numéro de téléphone de Mendes dans le dossier Seguineau, en vain. Mis en examen et incarcéré, il succombera à une crise cardiaque en détention avant la tenue de son procès. Si la mort l'a rendu définitivement innocent aux yeux de la justice, sa culpabilité dans ce dossier ne fait guère de doute.
Meurtre dans les vignes 3/4 : la voisine paranoïaque
Réchauffer un cold case avec l'ambition secrète ou assumée d'en trouver la clé revient pour l'essentiel à en repérer les failles. Quelles ont été les pistes omises ou trop vite écartées ? De quelles erreurs le ou les tueurs ont-ils su profiter ? Appliquer cette règle à l'affaire Seguineau est inutile : la formule traditionnelle « aucune hypothèse ne sera négligée » servie aux journalistes impatients fut ici respectée à la lettre. Et des hypothèses sérieuses, en dix-huit ans de traque, les gendarmes en ont examiné des dizaines, chacune portant un espoir raisonnable de lever le mystère.
LE BAL DES FOUS
Dans cet inventaire, la voyante qui a conduit le mari de Chantal sur la scène de crime n'est pas le spécimen le moins intrigant. Entendue à deux reprises par des gendarmes perplexes face à cette intuition surnaturelle, elle confirme avoir fourni à Didier Seguineau le plan annoté de sa main qui indiquait l'emplacement du corps de sa femme, attribuant ce prodige à ses seuls dons. Son placement sur écoute, signe de l'incrédulité des enquêteurs, ne permet pas de la démentir.
Le profil atypique de Patrick Seguineau, l'un des frères de Didier, a aussi charrié son lot de sourcils froncés. Son nom surgit lorsqu'une cousine de Chantal confie que celle-ci avait été harcelée par un de ses beaux-frères qu'elle s'était refusée à désigner. Les regards des gendarmes se tournent aussitôt vers l'aîné de la fratrie. Âgé de 45 ans au moment du crime, il souffre d'héboïdophrénie, une forme de schizophrénie caractérisée par un comportement asocial et agressif qui le contraint à vivre sous tutelle. Il est aussi le seul membre du premier cercle à n'avoir pas fourni un emploi du temps béton le jour de la disparition.
DIDIER SEGUINEAU LUI-MÊME SOUPÇONNE SON FRÈRE D'AVOIR EU DES VUES SUR SA FEMME
Il prétend avoir passé le vendredi après-midi chez une amie, qui, dans un premier temps, dément, puis confirme sa présence lors d'une deuxième audition. Didier Seguineau lui-même soupçonne son frère d'avoir eu des vues sur sa femme. Patrick n'a pas assisté aux obsèques et s'est volatilisé durant une semaine après l'annonce de la mort de sa belle-sœur. Les surveillances téléphoniques montrent qu'il ne reçoit aucun coup de fil et n'appelle jamais personne. Au bluff, les gendarmes le placent en garde à vue, espérant des aveux. Le suspect sous pression reconnaît avoir été un temps charmé par l'épouse de son frère tout en niant farouchement l'avoir tuée. Sans preuve matérielle à lui opposer, il ressort libre. Mais l'énigme qui a le plus usé les nerfs des gendarmes, c'est Paulette.
Le 1er juillet 2006, deux mois après la découverte du corps de Chantal, le Samu intervient chez cette femme de 53 ans après que son fils lycéen l'a retrouvée inanimée dans la maison familiale. Elle gît à côté de son chien calciné encore fumant, dont elle porte le collier attaché autour de son cou. Lors de son admission aux urgences, cette éleveuse de lièvres au passé psychiatrique chargé raconte qu'un inconnu cagoulé est entré chez elle, l'a menacée, puis a tué son chien avant d'y mettre le feu. L'intervention du fils qui vit à demeure a mis l'agresseur en fuite. Cinq jours plus tard, toujours alitée, Paulette confie à un médecin avoir menti : elle a elle-même tué son chien et mis en scène l'agression. Après un mois d'hospitalisation en psychiatrie, elle regagne son domicile.
Ce fait divers de fin de journal sans suites judiciaires n'a en apparence aucun rapport avec l'affaire Seguineau. Pourtant, deux détails incitent les gendarmes à l'examiner au microscope. Le premier, c'est que Paulette a été retrouvée par le Samu les mains liées. Le second, c'est qu'elle habite dans une maison isolée à 300 mètres du pied de vigne où Chantal s'est volatilisée.
PAULETTE SOUFFRE D'UN DÉLIRE DE PERSÉCUTION QUI A PEU À PEU CONTAMINÉ SON FILS ET SON MARI
Placée sur écoute, la famille vit en vase clos entre champs et vignobles. Paulette souffre d'un délire de persécution qui a peu à peu contaminé son fils et son mari. L'origine de cette paranoïa remonte à 2002, lorsque les assurances ont refusé de rembourser les dégâts causés par un incendie qui a détruit une partie de la maison. Des puissances occultes se sont depuis lors liguées pour leur pourrir l'existence et les pousser à déménager. Drôle d'attelage, mais en l'absence de toute allusion, même lointaine, au meurtre de l'ouvrière viticole dans les conversations épiées, les surveillances sont rapidement levées.
Deux ans plus tard, le 1er octobre 2008, un correspondant anonyme téléphone à la gendarmerie de Guîtres pour livrer le nom du meurtrier de Chantal : c'est Paulette la coupable. Les militaires ont le temps de localiser l'appel, passé depuis une cabine téléphonique de la région. Le mois suivant, une lettre tapée à la machine à écrire adressée à la caserne la désigne à nouveau comme l'auteure du crime. Aucun indice n'est cependant associé à ces révélations. Dans le doute, Paulette est finalement placée en garde à vue en septembre 2009, et son domicile perquisitionné. Les gendarmes y trouvent ce qu'ils cherchaient : la machine à écrire ayant servi à rédiger la lettre anonyme. L'éleveuse de lièvres reconnaît être à l'origine du courrier et de l'appel qui faisaient d'elle une criminelle.
Amis, collègues, vagues connaissances et même membres du premier cercle familial… les scénarios étudiés par les enquêteurs en charge de l'affaire Seguineau n'épargnent personne. Seule une poignée d'hypothèses jugées trop fantaisistes ne sont pas sérieusement envisagées, dont celle très improbable d'un tueur en série. Jusqu'à la découverte, 145 kilomètres plus au nord, du corps d'une femme gisant dans un bois, les mains attachées dans le dos.
LE TUEUR DU MUGUET
Le dimanche 29 avril 2007, À 10 heures du matin, un cueilleur de champignons découvre le cadavre d'une femme dans un sous-bois aux portes de Royan. Son corps est partiellement brûlé du buste au visage. Le tueur l'a mortellement frappée à la tête à l'aide d'une pierre retrouvée près de la dépouille. Détail notable : elle a les mains attachées dans le dos. Les médecins légistes estiment que la crémation est postérieure à la mort et ne relèvent aucune trace de violences sexuelles.
Quatre jours plus tard, un restaurateur du front de mer de Royan téléphone à la gendarmerie. Il est sans nouvelles de l'une de ses serveuses, Jennifer Charron, 21 ans. C'est lui qui identifie le cadavre. La jeune femme avait grandi dans la campagne charentaise et vivait dans la station balnéaire depuis deux ans. Elle est décrite par ses proches comme sociable et avenante, voire un peu naïve.
En lisant le premier article sur le crime de la serveuse paru dans le journal « Sud-Ouest », les gendarmes de la section de recherches de Bordeaux sont frappés par les similitudes avec le dossier Seguineau : deux femmes retrouvées mortes dans un sous-bois, les mains liées dans le dos, tuées par des coups portés à l'arrière du crâne et dont le mobile n'est pas, semble-t-il, d'ordre sexuel. Le fait que les meurtres aient été commis à un an d'intervalle, presque jour pour jour, ajoute à leur trouble. Le 3 mai 2007, les deux équipes d'enquête se rencontrent pour échanger infos et impressions.
UN LOGICIEL D'ANALYSE CRIMINELLE FAIT RAPPROCHEMENT ENTRE L'AFFAIRE SEGUINEAU ET LE MEURTRE NON RÉSOLU D'UNE FEMME PRÈS D'ARRAS
La semaine suivante, les gendarmes bordelais reçoivent l'appel d'un collègue lillois. Un logiciel d'analyse criminelle vient de faire le rapprochement entre l'affaire Seguineau et le meurtre non résolu d'une femme près d'Arras. Le corps carbonisé de Sabine Guyot, 21 ans, mère d'une fillette de 10 mois, a été découvert par des automobilistes dans un champ dégagé, au bord d'une départementale, posé sur un monticule de boue.
La crémation quasi complète n'a pas permis de trouver d'indice matériel ni de déterminer la cause de la mort, mais la position des mains laisse entendre qu'elles ont été attachées. Ici encore, les dates ont leur importance : la jeune mère de famille a disparu le 29 avril 2005, et son corps a été retrouvé le 2 mai. L'ombre d'un tueur en série ayant sévi autour du 1er mai trois années de suite dans trois régions différentes se dessine.
Une réunion visant à étudier ce scénario est organisée le 29 mai 2007 dans les locaux parisiens de la sous-direction de la police judiciaire de la gendarmerie nationale. Au-delà du mode opératoire et du calendrier, les participants espèrent mettre en lumière des caractéristiques physiques ou biographiques reliant les trois victimes. Si elles sont avérées, ces concordances peuvent tracer les contours d'un motif criminel répétitif, une caractéristique propre aux tueurs en série.
LE SUSPECT RECONNAÎT AVOIR RENCONTRÉ LA VICTIME LE JOUR DE SA DISPARITION MAIS NIE LE MEURTRE
Mais en dehors d'un goût partagé de la fête et de la nuit, l'apparence physique, la personnalité et le parcours de vie des trois femmes n'ont rien de semblable, et tout indique qu'elles ne se sont jamais côtoyées. Et puis contrairement à Sabine et à Jennifer, le corps de Chantal n'a pas été brûlé. Monter une équipe d'enquête commune semble prématuré, mais chaque service promet de tenir informés les autres de l'orientation prise par ses investigations.
Deux mois plus tard, le spectre du tueur du 1er mai commence à s'éloigner. Des traces ADN prélevées sur les effets personnels de Jennifer Charron aboutissent à la garde à vue de José Nuno Mendes, un maçon déjà condamné pour viol à vingt ans de prison. Le suspect reconnaît avoir rencontré la victime le jour de sa disparition mais nie le meurtre. Les enquêteurs bordelais sont informés, et cherchent une trace du numéro de téléphone de Mendes dans le dossier Seguineau, en vain. Mis en examen et incarcéré, il succombera à une crise cardiaque en détention avant la tenue de son procès. Si la mort l'a rendu définitivement innocent aux yeux de la justice, sa culpabilité dans ce dossier ne fait guère de doute.
Dernière édition par Ju57ine le Lun 22 Juil 2024, 21:57, édité 1 fois
Ju57ine
Re: Cellule Cold Case
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Meurtre dans les vignes 4/4 : le tueur du muguet
D'autres rapprochements réveillent ponctuellement l'hypothèse d'un criminel itinérant. Le 19 avril 2008, le cadavre d'une étudiante suédoise est retrouvé dans un bois de Chantilly, le corps à demi calciné, tuée de quatre balles dans la tête, les mains menottées dans le dos. Elle n'a pas subi de sévices sexuels. Un suspect, déjà condamné pour viol, qui avait fait monter la victime dans sa voiture en se faisant passer pour un taxi, est arrêté six jours plus tard, puis condamné à la réclusion à perpétuité.
L'AFFAIRE GUYOT RESTE À CE JOUR NON RÉSOLUE
Le 15 octobre 2010, le corps d'une gérante d'hôtel est découvert dans une forêt des Yvelines, les mains liées dans le dos par une ceinture de cuir et le crâne fracassé par un gourdin. Rapidement identifié, son meurtrier, un client de l'hôtel dont elle avait refusé les avances, sera condamné à vingt ans de réclusion. Les vérifications menées écartent de manière quasi certaine le fait que Chantal Seguineau ait pu croiser la route des deux criminels.
L'affaire Guyot reste à ce jour non résolue, mais la probabilité d'un tueur unique n'a plus la cote chez les enquêteurs. Le dernier échange entre services sur ce thème a eu lieu en 2021, confirmant l'absence d'éléments tangibles pouvant relier les deux dossiers. À Lille, les gendarmes se sont longtemps concentrés sur l'ancien compagnon et la belle-famille de la jeune mère, sans parvenir à étayer leurs soupçons. Quant à l'affaire Seguineau, si les militaires ont continué à creuser le sillon de l'amant caché, ils se sont aussi obstinés à faire parler deux objets curieux ramassés sur la scène de crime. Deux indices matériels dont la nature insolite ajoute une couche de mystère à un dossier qui n'en manque pas : un mousqueton et une douille à cliquet.
IN VINO VERITAS
En dix-huit ans de mystère, le meurtre sauvage de Chantal Seguineau n'a généré en tout et pour tout que neuf articles de presse, tous parus dans le quotidien régional « Sud-Ouest ». À titre de comparaison, la disparition en septembre 2023 de Lina, la belle adolescente de 15 ans volatilisée dans le Bas-Rhin, dont le sort reste incertain, en a produit mille trois cents, et l'accident de la route mortel causé par Pierre Palmade plus de huit mille.
À l'instar des conflits armés, toutes les victimes de faits divers ne se valent pas. Mère de famille trentenaire au physique quelconque, ouvrière sans ambition particulière, fille et sœur attachée à un territoire rural et populaire qu'elle n'a jamais voulu quitter… Plus que sa mort, c'est sans doute un certain mépris de sa vie que ce désintérêt trahit.
Le dernier article en date remonte à 2015. La section de recherches de Bordeaux avait rendu publique une avancée majeure dans les investigations, la découverte de deux ADN masculins isolés grâce aux progrès de la génétique. L'un provenait d'un mousqueton, l'autre d'une douille à cliquet – un embout à clé de bricolage – de marque Facom, deux objets trouvés sur la scène de crime de part et d'autre de la tête de la victime mais qui ne lui appartenaient pas. Le mousqueton est un modèle utilisé dans le milieu équestre, la douille, une référence typique de l'outillage viticole. Ragaillardis après neuf ans de disette, les gendarmes se sont empressés de comparer ces profils ADN à ceux inscrits au fichier national des empreintes génétiques, puis à ceux prélevés chez une centaine de témoins ou suspects apparus un temps au moins dans leur viseur. Sans résultat.
À L'ÉTÉ 2022, COMME NOUS LE RÉVÉLONS ICI, LE DOSSIER SEGUINEAU A ÉTÉ TRANSFÉRÉ AU NOUVEAU PÔLE NATIONAL DES CRIMES SÉRIELS ET NON ÉLUCIDÉS
À l'été 2022, comme nous le révélons ici, le dossier seguineau a été transféré au nouveau pôle national des crimes sériels et non élucidés du tribunal de Nanterre. Avec l'appui de la division des affaires non élucidées de la gendarmerie nationale, une juge d'instruction au regard neuf a repris l'enquête de zéro, sans progrès notables pour le moment. Plusieurs des critères d'éligibilité imposés par Le pôle dans la sélection drastique des affaires étaient remplis : l'absence de piste solide malgré seize ans d'effort, l'ombre lointaine mais jamais formellement exclue d'un criminel en série, et surtout ce mode opératoire sadique, sacrificiel, d'un meurtrier s'acharnant sur une victime incapable de se défendre puisque entravée. la marque du plaisir de tuer.
Autant que la scène de découverte du corps, le coin de vignes où l'ouvrière s'est évaporée dégage une atmosphère malaisante de film de genre. De l'autre côté de la route, la modeste ferme à chevaux implantée au milieu des vignobles donne au lieu un air de Far West onirique. Deux cents mètres au nord se dresse la carcasse d'une immense cave viticole désaffectée, symbole de la crise qui frappe les producteurs du secteur, où l'on entend encore le crissement des tonneaux à vendange glissant sur les rails rouillés vers les pressoirs où ils seront déversés.
DES AVANCÉS SANS RÉSULTATS
Les constatations médico-légales ont rendu plausible le scénario d'une séquestration préalable, voire d'un crime commis à proximité immédiate de la zone où Chantal travaillait. Le soir des premières recherches, le chien des militaires, d'abord hésitant, avait suivi une trace suspecte le long des vignes sur 800 mètres en direction du nord, lieudit Landournerie. Le sentiment que le sort de Chantal s'est joué ici, à l'ombre des grappes bourgeonnantes, est conforté par des expertises complémentaires sur la nature probable de l'arme utilisée par le tueur : c'est sans doute une serpette à épamprer, l'outil servant à tailler les ceps que maniait justement la victime le jour de sa disparition, qui a provoqué les blessures mortelles. « In vino veritas » : « La vérité est dans le vin ». Le temps dira si le dicton tient promesse.
Dix-huit ans après le coup de fil paniqué de Didier Seguineau, Sylvie, la voyante qui a localisé la dépouille de l'ouvrière en même temps que les gendarmes, garde un souvenir intact de sa prodigieuse intuition. Elle possède toujours le chemisier en soie de Chantal confié par Didier, qu'elle conserve plié dans un sac plastique comme une relique. Son tour de force l'a incitée à s'intéresser à des disparitions médiatiques, celles de la petite Maddie au Portugal ou de Marion Wagon à Agen. Elle les a vues vivantes, séquestrées dans des lieux qu'elle a su identifier. Les courriers qu'elle a écrits aux services d'enquête concernés sont restés lettre morte.
LA VOYANTE QUI A LOCALISÉ LA DÉPOUILLE DE L'OUVRIÈRE GARDE UN SOUVENIR INTACT DE SA PRODIGIEUSE INTUITION
Un autre médium s'est illustré en marge de l'enquête. Deux ans après la mort de sa sœur, Josiane, convaincue elle aussi des pouvoirs insoupçonnés de l'esprit, a abandonné son poste quelques heures pour se rendre à un salon de la voyance itinérant qui se tenait dans un hôtel voisin de son lieu de travail. Elle a choisi un box au hasard derrière lequel était assis un homme d'une quarantaine d'années en costume-cravate.
Il consultait les mains vides, sans jeux de tarot ou artifices quelconques du folklore divinatoire, signe de confiance en son art. Josiane lui a donné son prénom et sa date de naissance puis s'est murée dans le silence, consciente que la moindre info lâchée pouvait fausser l'expérience. L'homme lui a parlé spontanément de sa grand-mère décédée, dont il a deviné le prénom, Renée, pas si courant. Puis il a évoqué un certain Michel, que Josiane a relié à un oncle récemment décédé, mais les Michel sont partout, rien d'impressionnant.
« Vous avez une sœur, a-t-il enchaîné. — Oui.
— Elle est décédée. — Oui.
— On l'a retrouvée morte dans un bois, les mains attachées. Josiane en tremblait.
— Ce sera long, mais vous saurez un jour la vérité », a-t-il ajouté.
Des années plus tard, encore marquée par l'entrevue, l'aînée endeuillée a voulu revoir le médium dont elle avait noté le nom et la région d'origine, fouillant le Web à la recherche d'un numéro de téléphone ou d'une adresse. Elle ne l'a jamais retrouvé.
Meurtre dans les vignes 4/4 : le tueur du muguet
D'autres rapprochements réveillent ponctuellement l'hypothèse d'un criminel itinérant. Le 19 avril 2008, le cadavre d'une étudiante suédoise est retrouvé dans un bois de Chantilly, le corps à demi calciné, tuée de quatre balles dans la tête, les mains menottées dans le dos. Elle n'a pas subi de sévices sexuels. Un suspect, déjà condamné pour viol, qui avait fait monter la victime dans sa voiture en se faisant passer pour un taxi, est arrêté six jours plus tard, puis condamné à la réclusion à perpétuité.
L'AFFAIRE GUYOT RESTE À CE JOUR NON RÉSOLUE
Le 15 octobre 2010, le corps d'une gérante d'hôtel est découvert dans une forêt des Yvelines, les mains liées dans le dos par une ceinture de cuir et le crâne fracassé par un gourdin. Rapidement identifié, son meurtrier, un client de l'hôtel dont elle avait refusé les avances, sera condamné à vingt ans de réclusion. Les vérifications menées écartent de manière quasi certaine le fait que Chantal Seguineau ait pu croiser la route des deux criminels.
L'affaire Guyot reste à ce jour non résolue, mais la probabilité d'un tueur unique n'a plus la cote chez les enquêteurs. Le dernier échange entre services sur ce thème a eu lieu en 2021, confirmant l'absence d'éléments tangibles pouvant relier les deux dossiers. À Lille, les gendarmes se sont longtemps concentrés sur l'ancien compagnon et la belle-famille de la jeune mère, sans parvenir à étayer leurs soupçons. Quant à l'affaire Seguineau, si les militaires ont continué à creuser le sillon de l'amant caché, ils se sont aussi obstinés à faire parler deux objets curieux ramassés sur la scène de crime. Deux indices matériels dont la nature insolite ajoute une couche de mystère à un dossier qui n'en manque pas : un mousqueton et une douille à cliquet.
IN VINO VERITAS
En dix-huit ans de mystère, le meurtre sauvage de Chantal Seguineau n'a généré en tout et pour tout que neuf articles de presse, tous parus dans le quotidien régional « Sud-Ouest ». À titre de comparaison, la disparition en septembre 2023 de Lina, la belle adolescente de 15 ans volatilisée dans le Bas-Rhin, dont le sort reste incertain, en a produit mille trois cents, et l'accident de la route mortel causé par Pierre Palmade plus de huit mille.
À l'instar des conflits armés, toutes les victimes de faits divers ne se valent pas. Mère de famille trentenaire au physique quelconque, ouvrière sans ambition particulière, fille et sœur attachée à un territoire rural et populaire qu'elle n'a jamais voulu quitter… Plus que sa mort, c'est sans doute un certain mépris de sa vie que ce désintérêt trahit.
Le dernier article en date remonte à 2015. La section de recherches de Bordeaux avait rendu publique une avancée majeure dans les investigations, la découverte de deux ADN masculins isolés grâce aux progrès de la génétique. L'un provenait d'un mousqueton, l'autre d'une douille à cliquet – un embout à clé de bricolage – de marque Facom, deux objets trouvés sur la scène de crime de part et d'autre de la tête de la victime mais qui ne lui appartenaient pas. Le mousqueton est un modèle utilisé dans le milieu équestre, la douille, une référence typique de l'outillage viticole. Ragaillardis après neuf ans de disette, les gendarmes se sont empressés de comparer ces profils ADN à ceux inscrits au fichier national des empreintes génétiques, puis à ceux prélevés chez une centaine de témoins ou suspects apparus un temps au moins dans leur viseur. Sans résultat.
À L'ÉTÉ 2022, COMME NOUS LE RÉVÉLONS ICI, LE DOSSIER SEGUINEAU A ÉTÉ TRANSFÉRÉ AU NOUVEAU PÔLE NATIONAL DES CRIMES SÉRIELS ET NON ÉLUCIDÉS
À l'été 2022, comme nous le révélons ici, le dossier seguineau a été transféré au nouveau pôle national des crimes sériels et non élucidés du tribunal de Nanterre. Avec l'appui de la division des affaires non élucidées de la gendarmerie nationale, une juge d'instruction au regard neuf a repris l'enquête de zéro, sans progrès notables pour le moment. Plusieurs des critères d'éligibilité imposés par Le pôle dans la sélection drastique des affaires étaient remplis : l'absence de piste solide malgré seize ans d'effort, l'ombre lointaine mais jamais formellement exclue d'un criminel en série, et surtout ce mode opératoire sadique, sacrificiel, d'un meurtrier s'acharnant sur une victime incapable de se défendre puisque entravée. la marque du plaisir de tuer.
Autant que la scène de découverte du corps, le coin de vignes où l'ouvrière s'est évaporée dégage une atmosphère malaisante de film de genre. De l'autre côté de la route, la modeste ferme à chevaux implantée au milieu des vignobles donne au lieu un air de Far West onirique. Deux cents mètres au nord se dresse la carcasse d'une immense cave viticole désaffectée, symbole de la crise qui frappe les producteurs du secteur, où l'on entend encore le crissement des tonneaux à vendange glissant sur les rails rouillés vers les pressoirs où ils seront déversés.
DES AVANCÉS SANS RÉSULTATS
Les constatations médico-légales ont rendu plausible le scénario d'une séquestration préalable, voire d'un crime commis à proximité immédiate de la zone où Chantal travaillait. Le soir des premières recherches, le chien des militaires, d'abord hésitant, avait suivi une trace suspecte le long des vignes sur 800 mètres en direction du nord, lieudit Landournerie. Le sentiment que le sort de Chantal s'est joué ici, à l'ombre des grappes bourgeonnantes, est conforté par des expertises complémentaires sur la nature probable de l'arme utilisée par le tueur : c'est sans doute une serpette à épamprer, l'outil servant à tailler les ceps que maniait justement la victime le jour de sa disparition, qui a provoqué les blessures mortelles. « In vino veritas » : « La vérité est dans le vin ». Le temps dira si le dicton tient promesse.
Dix-huit ans après le coup de fil paniqué de Didier Seguineau, Sylvie, la voyante qui a localisé la dépouille de l'ouvrière en même temps que les gendarmes, garde un souvenir intact de sa prodigieuse intuition. Elle possède toujours le chemisier en soie de Chantal confié par Didier, qu'elle conserve plié dans un sac plastique comme une relique. Son tour de force l'a incitée à s'intéresser à des disparitions médiatiques, celles de la petite Maddie au Portugal ou de Marion Wagon à Agen. Elle les a vues vivantes, séquestrées dans des lieux qu'elle a su identifier. Les courriers qu'elle a écrits aux services d'enquête concernés sont restés lettre morte.
LA VOYANTE QUI A LOCALISÉ LA DÉPOUILLE DE L'OUVRIÈRE GARDE UN SOUVENIR INTACT DE SA PRODIGIEUSE INTUITION
Un autre médium s'est illustré en marge de l'enquête. Deux ans après la mort de sa sœur, Josiane, convaincue elle aussi des pouvoirs insoupçonnés de l'esprit, a abandonné son poste quelques heures pour se rendre à un salon de la voyance itinérant qui se tenait dans un hôtel voisin de son lieu de travail. Elle a choisi un box au hasard derrière lequel était assis un homme d'une quarantaine d'années en costume-cravate.
Il consultait les mains vides, sans jeux de tarot ou artifices quelconques du folklore divinatoire, signe de confiance en son art. Josiane lui a donné son prénom et sa date de naissance puis s'est murée dans le silence, consciente que la moindre info lâchée pouvait fausser l'expérience. L'homme lui a parlé spontanément de sa grand-mère décédée, dont il a deviné le prénom, Renée, pas si courant. Puis il a évoqué un certain Michel, que Josiane a relié à un oncle récemment décédé, mais les Michel sont partout, rien d'impressionnant.
« Vous avez une sœur, a-t-il enchaîné. — Oui.
— Elle est décédée. — Oui.
— On l'a retrouvée morte dans un bois, les mains attachées. Josiane en tremblait.
— Ce sera long, mais vous saurez un jour la vérité », a-t-il ajouté.
Des années plus tard, encore marquée par l'entrevue, l'aînée endeuillée a voulu revoir le médium dont elle avait noté le nom et la région d'origine, fouillant le Web à la recherche d'un numéro de téléphone ou d'une adresse. Elle ne l'a jamais retrouvé.
Ju57ine
Le violeur d'Antibes
Antibes, août 2004, minuit. Seule dans son deux-pièces, Marie pianote sur son ordinateur. Son fils passe les vacances d’été chez son père, ses voisins les plus proches sont absents, tout comme le gardien de sa résidence. Soudain, Rox, son petit Jack Russel, aboie et vient se réfugier contre elle. Comme pour se rassurer, la jeune femme ferme la fenêtre qui donne sur le rez-de-jardin et rabat tous les volets.
Vers 5 h 30, alors qu’elle est toujours sur son clavier, allongée dans son lit en chemise de nuit, le compteur électrique saute. L’appartement se retrouve dans l’obscurité, seulement éclairé par la lumière de son ordinateur dont la batterie est pleine. Alors qu’elle tâtonne dans le couloir de l’entrée, à la recherche du tableau électrique, quelqu’un l’attrape par le cou et la plaque au sol.
L’inconnu l’immobilise en appuyant son genou sur son estomac, lui provoquant une douleur insoutenable. Marie se débat et parvient à se dégager de cette emprise. « Il avait attendu que je m’endorme, pour m’attaquer par surprise, se souvient-elle aujourd’hui. Au bout d’un moment, lassé, il a coupé le courant pour m’attirer dans l’entrée. Il s’était dissimulé entre mes manteaux dans un placard du hall, pendant 5 heures… »
L’agresseur la frappe au visage à plusieurs reprises et l’insulte : « Ta gueule ! Ta gueule ! » Marie continue de se défendre et la lutte dure depuis trois minutes – une éternité, pour elle. « Je ne sais pas où je l’ai touché, je ne voyais rien, c’était irréel. J’avais une grosse bague, et ça a pu lui faire mal. » Brusquement, l’homme s’éloigne, ouvre le volet de la fenêtre de la cuisine et s’enfuit. « Il avait une odeur de moisissure », se souvient-elle encore.
Blessée – elle perdra la vue de l’œil droit deux ans plus tard après une rupture du nerf optique –, défigurée par les hématomes, elle se rend au commissariat d’Antibes qui la réoriente vers la police criminelle de Nice. « On m’a raconté que j’avais certainement croisé la route du "violeur d’Antibes" qui a aussi sévi dans d’autres villes du sud et qu’il y avait au moins dix victimes avant moi. »
Les enquêteurs ne sont guère rassurants : « Ils m’ont dit qu’il allait certainement revenir, car il n’avait pas pu accomplir le rituel qu’il faisait habituellement subir à ses victimes, en les attachant, en leur faisant parfois prendre un bain, puis en les violant et en leur léchant le sexe. Paradoxalement, on ne voulait pas me mettre sous protection, sous prétexte qu’on n’était pas dans un film américain ! » Pourtant, les policiers avaient vu juste : le prédateur est bien revenu sur les lieux du crime. Au moins deux autres femmes seront victimes du même détraqué sexuel au cours des deux années suivantes
Marie en veut d'autant plus à la police qu'elle se souvient aussi d'une audition qui lui a paru « à charge » : « J'ai été questionnée comme si je l'avais cherché. On me signifiait que j'avais eu de la chance car je n'avais pas été violée, que je n'étais finalement pas une "vraie" victime. »
LE PÔLE « COLD CASE » EN CHARGE DU DOSSIER
Reste que l'assurance dont a fait preuve son bourreau interpelle : « Il savait que j’étais seule chez moi, que le gardien était en vacances… Nous étions dans une résidence de standing, il y avait énormément d’entreprises qui opéraient chez nous, pour l’ascenseur, le jardin, le portail, la maçonnerie, la piscine… J’ai dit à la police qu’il fallait établir la liste de tous les employés ou intérimaires qui étaient passés. Ils m’ont répondu : “Oui, oui, on sait faire”. J’ai reçu ensuite quelques nouvelles par téléphone, mais rapidement plus rien. » Au moins deux autres femmes ont été agressées et violées dans cette résidence, entre 2004 et 2006, sans que Marie n’en soit officiellement informée par la police. Jusqu’à ce qu’elle reçoive une lettre du tribunal de Nanterre, il y a quelques semaines, pour l’informer que l’enquête était rouverte et confiée au nouveau pôle « cold case », chargé des affaires non élucidées.
En tout, quinze viols sont imputés à ce multirécidiviste. Son ADN a été retrouvé sur la plupart des scènes de crime : Aix-en-Provence, Antibes, Mougins, Nice, Toulon, et Saint-Raphaël. À cette série perpétrée dans le sud de la France a tardivement été reliée une autre série commise en région parisienne des années plus tôt. C’est le logiciel Salvac (Système d'analyse des liens de la violence associée aux crimes), utilisé par les policiers pour établir des rapprochements entre les dossiers judiciaires, qui a identifié des similitudes entre les deux périodes. Ce qui a par la suite été confirmé par les comparaisons ADN. Entre novembre 1994 et août 1995, le violeur s’en était déjà pris à trois femmes, âgées de 29 à 33 ans à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine).
Pourquoi a-t-il changé de localité ? A-t-il déménagé ? Voulait-il brouiller les pistes par peur d’être identifié ? Son mode opératoire est en tout cas bien rodé. Toutes ses victimes, âgées de 21 à 56 ans, présentent un profil proche : cheveux blonds, sportives, féminines, insérées et indépendantes. Aucune d’entre elles n’a vu son visage – qu’il cache derrière une cagoule – mais elles le décrivent comme un homme âgé entre 35 et 45 ans, de type européen, les cheveux courts, de corpulence moyenne, d’1,75 m environ. « Il n’avait pas d’accent », précise aussi Marie.
Selon les constatations établies par les policiers devant son domicile, l’agresseur portait des Nike, pointure 42 ou 43. Certaines plaignantes ont aussi précisé que l’homme semblait très à l’aise dans la maison, comme s’il savait où se trouvaient les différentes pièces. Il aurait même indiqué à l’une d’entre elles : « Je ne veux pas que tu me reconnaisses. »
Il leur décrit parfois les vêtements qu’elles ont portés les jours précédents, comme s’il avait pris le temps de les repérer avant. Chaque fois, il est muni du même équipement : scotch, ficelle et couteau, ce qui étaye l’hypothèse d’un acte minutieusement préparé. Il multiplie d’ailleurs les précautions, nettoie les poignées de porte, utilise parfois un préservatif et repart toujours à pied. Il n’hésite pas à discuter longuement avec ses victimes, prétendant parfois agir pour l’argent, mais repart sans rien voler une fois son forfait accompli.
« CET HOMME A BRISÉ MA VIE »
Comment expliquer l’arrêt de son activité criminelle en 2006, alors qu’il pourrait être aujourd’hui âgé d’une soixantaine d’années ? Est-il mort ? A-t-il trouvé un moyen de réfréner ses pulsions ? A-t-il réussi à dissimuler ses traces génétiques ? On pourrait alors imaginer que le nombre de victimes soit bien supérieur à quinze, sans compter celles qui n’ont pas osé parler, ou dont les plaintes ont été rapidement classées sans suite, comme ce fut le cas pour « le violeur de la Sambre », Dino Scala, interpellé en 2018.
Toujours est-il que les investigations vont maintenant reprendre pour tenter d’enfin identifier celui qui se cache sous la cagoule du violeur d’Antibes. Les avancées scientifiques en matière d’ADN pourraient enfin lever le mystère. Contacté par Marianne, le cabinet d’avocats de Didier Seban à Paris, spécialisé dans les dossiers non élucidés, se dit « satisfait qu’une affaire aussi grave soit de nouveau étudiée par la justice. Au-delà de nourrir un nouvel espoir pour ces victimes de voir enfin la vérité éclore, ces nouvelles investigations permettront de faire en sorte que les faits ne tombent sous le coup de la prescription. » Et d’éviter ainsi une double peine aux femmes qui ont eu le malheur de croiser sa route.
« Cet homme a brisé ma vie, témoigne Marie. J’ai développé la maladie de Crohn, j’ai l’œsophage paralysé et une gastroparésie. J’ai été opérée à plusieurs reprises. Je n’ai jamais pu refaire ma vie amoureuse car j’ai une profonde terreur des hommes. On ne parle jamais de l’après, du moment où l’on se retrouve toute seule dans l’appartement où on a été agressée, et qu’il faut tout nettoyer. J’ai jeté le canapé, j’ai repeint le mur cinq fois. Vingt ans plus tard, je vois toujours ma psy deux fois par semaine, je dors avec mon couteau, je fais le tour avant de me garer autour de chez moi. J’ai des troubles obsessionnels compulsifs qui me poussent à faire tout le temps le ménage. »
Ju57ine
Re: Cellule Cold Case
C’est une longue liste qui noircit les pages des journaux depuis les années 1990. En l’espace de vingt ans, onze meurtres ont été recensés le long de l’axe autoroutier numéro 6 dans la région Bourgogne. Les victimes : des jeunes femmes âgées de 13 à 22 ans. Des noms, des visages sur des photos jaunies par le temps, perdus dans des dossiers d’enquêtes bâclées et menées de façon isolée. Jusqu’à ce que Marie-Rose Blétry, mère d’une des disparues, créé l'Association Christelle, qui regroupe toutes les familles de victimes, et contacte un avocat spécialisé dans les cold case. « Après le 28 décembre 1996, j’épluchais tous les articles de presse relatant les affaires criminelles qui pouvaient avoir des points communs avec celle de ma fille. Aujourd’hui, j’ai arrêté », confie-t-elle à Marianne.
L’assassin de son enfant a été jugé. Mais a-t-il tout dit ? Élève en lycée professionnel agricole âgée de 20 ans, Christelle Blétry disparaît en rentrant à pied d’une soirée chez des amis à Blanzy (Saône-et-Loire). Le lendemain, elle est retrouvée morte en contrebas d'un chemin forestier par le facteur du village. Elle a été transpercée de 123 coups de couteau. L’enquête s’oriente au départ vers son ancien petit ami qui l’aurait déjà menacée avec un couteau. « J’ai toujours pensé que c’était lui. La pauvre n’a pas eu de chance, elle a connu deux hommes dans sa vie et ils lui ont fait du mal », constate tristement Marie-Rose Blétry. Le vrai meurtrier de sa fille, elle ne le connaîtra que dix-huit ans plus tard.
Entre-temps, pas moins de 27 autres personnes sont inquiétées puis relâchées, faute de preuve. La justice s’égare dans une multitude de fausses pistes avant de surseoir à la demande du cabinet d’avocats Seban et d’accepter enfin une analyse des vêtements portés par la victime. Le 9 septembre 2014, les résultats tombent. Stupeur dans la famille Blétry. « J’ai appris qu’elle avait été violée. Le médecin légiste de l’époque ne l’avait pas vu. »
L’ADN laissé par son agresseur permet d’identifier un certain Pascal Jardin, ouvrier agricole de 57 ans, marié et père de deux enfants. L’homme, enregistré au FNAEG, le Fichier national automatisé des empreintes génétiques, a déjà été jugé pour tentative d'agression sexuelle. Se faisant passer pour un plombier auprès d’une femme à Chalon-sur-Saône, il s’était introduit à son domicile, déshabillé dans la salle de bains dans laquelle il devait réparer la chaudière, puis était sorti nu avec un couteau. Le compagnon de cette femme était intervenu à temps évitant sans doute le pire. « Un fait à ce point inquiétant que l’expert qui l’a vu à l’époque a conclu qu’il avait un profil de tueur en série, indique l'avocat Didier Seban auprès de Marianne. Quand il rencontrait un problème avec une femme de son entourage, comme sa compagne ou sa patronne, il se vengeait sur d’autres. »
MENOTTÉE DANS LE DOS
À moins d’une heure de route, à Beaune (Bourgogne), et moins de deux mois après la mort de Christelle Blétry, une autre jeune fille est tuée. Virginie Bluzet, 21 ans, s’évapore après avoir passé la soirée dans une brasserie avec des copains en février 1997. Son corps en décomposition est retrouvé six semaines plus tard, échoué sur les berges de la Saône, à proximité de l’A6. Sa bouche est entravée d‘un bâillon, son visage recouvert d'une taie d'oreiller blanche et ses poignets menottés dans le dos. Sans suspect crédible, le dossier est classé en 2002. Des cheveux et des traces sur les menottes qui n’avaient pas fait l’objet d’expertises permettent de le rouvrir début 2010. Mais toujours sans résultat probant.
Transférée en septembre dernier au pôle « cold case » du tribunal de Nanterre chargé de reprendre les dossiers non résolus, l’instruction est toujours en cours. Même si les deux affaires ne portent pas la même signature criminelle, Pascal Jardin retient l'attention des enquêteurs. « Fourniret a tué de dix manières différentes. Tous n’ont pas un mode opératoire unique. Certains tueurs prennent même du plaisir à essayer d’autres techniques criminelles. Parfois on retrouve des éléments similaires comme les mêmes nœuds dans la manière de ligoter les victimes, mais cela dépend aussi de ce qu’ils ont sous la main, de l’attitude de la victime. Tout cela peut changer complètement leur manière de tuer », explique maître Seban.
« Après l’assassinat de ma fille, j’ai toujours pensé qu’un homme capable de tuer d’autant de coups de couteau n’en était pas à son coup d’essai. Entre les deux faits pour lesquels il a été condamné, il y a huit ans d’écart. Pascal Jardin aurait attendu huit ans avant de repasser à l’acte ? Je n’y crois pas même si je n’ai aucune preuve », estime Marie-Rose Blétry.
Pascal Jardin n'est pas le seul profil glaçant qui a sévi dans le « triangle de la peur » reliant Beaune, Mâcon et Montceau-les-Mines. Le 19 mars 2005, Anne-Sophie Girollet, étudiante en troisième année de médecine, se volatilise à la sortie de son gala de danse à Mâcon. Deux semaines plus tard, sa voiture et son corps sont localisés dans la Saône. Selon le rapport d’autopsie, elle a été violée, battue et étouffée avant d’être jetée dans l’eau.
Dans son environnement de jeune fille modèle, aucun proche, ni ami ne fait figure de suspect. Elle a donc probablement croisé la route d’un criminel par hasard. L’enquête stagne avant de connaître un sursaut sept ans plus tard avec la détection d’un ADN masculin sur les vêtements de la victime et dans son véhicule. Il correspond à celui de Jacky Martin, 50 ans, ouvrier mécanicien.
PRÉDATEUR SANS ÉMOTION
Son casier bien chargé fait déjà mention de 22 condamnations pour des vols de voitures et cambriolages, mais aussi pour l’agression très violente d’une jeune femme en 1993. Valérie, 25 ans, a été agressée dans une ruelle près de la gare. Jacky Martin l’a giflée si violemment qu’elle a perdu l’une de ses lentilles de contact puis il l’a empêchée de fuir en maintenant une lame sous sa gorge. La jeune femme a été sauvée in extremis par l’intervention d’un passant.
« C’est quelqu’un de violent. J’ai assisté à deux jours de procès et j’ai entendu le témoignage de cette jeune femme. Elle est traumatisée. Elle a des séquelles à vie. C’est un homme qui ne calcule pas, il profite d’une situation qui se présente à lui pour tuer », observe Marie-Rose Blétry. Qualifié de « prédateur » par l’avocat général lors de son premier procès, l’accusé n’a montré aucune émotion, si ce n’est pour se défendre du meurtre d’Anne-Sophie Girollet pour lequel il est condamné en appel à la réclusion criminelle à perpétuité en 2018.
Un troisième homme intéresse au plus haut point les enquêteurs plongés dans le mystère de l'A6 : Ulrich Muenstermann. En 1980, ce fils d'une bonne famille catholique fuit son Allemagne natale après avoir violé une joggeuse. Dans son errance criminelle, il abuse de deux autres victimes, et étrangle une quatrième, Karen Oehme, 25 ans, fille du PDG d'Esso Deutschland qu’il viole post-mortem. Il se réfugie ensuite en Angleterre où il est interpellé lors d’un banal contrôle d’identité en 1993.
Entretemps, ce réparateur de télévision, père de deux enfants, a séjourné en France mais personne ne connaît précisément son itinéraire. Au volant de son camping-car, on sait qu’il a croisé la route de Sylvie Bâton le 5 mai 1989. Sa mère a retrouvé son corps à demi immergé dans la baignoire de sa maison de Sauvigny-le-Bois (Yonne). L’étudiante en lettres de 24 ans a été violée, étranglée, et à nouveau violée.
Le physique peu banal de ce culturiste d’1,80 m, pesant 110 kg et fan d’Arnold Schwarzenegger, frappe ceux qui l’ont croisé. Ainsi, une serveuse témoigne l’avoir vu en mai 1989 avec les bras griffés. Mais ce sont des traces de sperme retrouvées sur une couverture posée sur le lit de Sylvie Bâton qui le confondent tardivement. Il est remis aux autorités françaises en 2007 et mis en examen dans cette affaire.
UN TUEUR EN SÉRIE À CHALON
Un crime qui n’est pas sans rappeler celui de Sylvie Aubert, une autre disparue de l’A6 au physique proche de Sylvie Bâton. Caissière de 23 ans, elle est enlevée le 14 novembre 1986 près de Chalon-sur-Saône alors qu'elle rentrait chez elle en cyclomoteur. Son corps sera retrouvé six mois plus tard dans la rivière Dheune. Ses mains sont liées dans le dos avec du fil électrique, un pull enserre son cou. À cette même période, Ulrich Muenstermann séjournait dans la région. « Des témoignages récents le localisent bien à Chalon et on nous a même dit qu’il aurait fréquenté le même centre commercial dans lequel Sylvie Aubert travaillait », atteste le pénaliste Didier Seban. L’homme avait aussi souscrit un abonnement dans une salle de sport de la ville. « Sa seule présence à proximité d’un meurtre doit conduire les enquêteurs à s'intéresser à lui. »
Un crime sans coupable, à ce jour, tout comme ceux de Nathalie Maire et Marthe Buisson, 18 ans toutes les deux, Carole Soltysiak, 13 ans, et Vanessa Thiellon, 17 ans, ou encore deux cousines belges disparues près de Mâcon et dont on n’a jamais retrouvé les corps. La plupart de ces dossiers, confiés au pôle « cold case », pourraient aboutir et clore le supplice des familles laissée dans l’ignorance depuis si longtemps.
« Aujourd’hui, elles ont de nouveau beaucoup d’espoir. Elles ont toutes été reçues, entendues par les magistrats de Nanterre, ils sont humains, les considèrent ce qu’elles n’ont jamais connu auparavant. On peut résoudre ces dossiers à 100 %, j’en suis persuadée », assène Marie-Rose Blétry, infatigable combattante qui chaque mois depuis 27 ans organise des lotos, ventes de brioches ou de courges avec des bénévoles pour remplir les caisses de l’association et financer les frais de justice des proches de victimes. « La justice a failli, elle doit retrouver ces criminels et mettre la société à l‘abri de ces assassins. Je voudrais bien que mes petits-enfants puissent vivre sereinement, sans avoir peur et nous non plus… », ajoute cette mère courage.
Ju57ine
Re: Cellule Cold Case
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Marine Boisseranc (2005) :
Le meurtrier de la jeune Marine Boisseranc, retrouvée à l’âge de 20 ans lardée de coups de couteau dans sa maison familiale de Chazay-d’Azergue, court toujours.Claire Ake N’Sam (2008) :
Âgée de 38 ans, Claire Ake N’Sam avait été découverte avec une balle dans la tête dans son appartement situé 5 avenue Leclerc à Rillieux-la-Pape.Muriel Théron (1993) :
En avril 1993, la jeune Muriel Théron, lycéenne de 17 ans, avait été violée et tuée dans un chemin reliant la Croix-Rousse au quai Gillet. L’enquête a été transmise au pôle cold cases de Nanterre.Catherine Devin et Fabrice Lacquit (1982) :
Le jeune couple composé de Catherine Devin et de Fabrice Lacquit a été exécuté à Meyzieu en 1982. Elle sera étranglée et lui, criblé de balles.Yves Bert (1977) :
Le petit Yves Bert était âgé de 6 ans lorsqu’il a disparu à la sortie de l’école Mazenod à Lyon. Quarante-sept ans après les faits, cette disparition demeure inexpliquée.Christiane Commeau (2004) :
Disparue en octobre 2004 à Chassieu, Christiane Commeau, 54 ans, avait été retrouvée quatre mois plus tard dans un bois de Niévroz dans l’Ain avec deux balles dans la tête. L’espoir demeure puisque l’enquête a été reprise par le pôle cold cases de Nanterre.Nathalie Mazot (1982) :
Elle fut surnommée la disparue de Saint-Paul. Nathalie Mazot, 14 ans à l’époque des faits, s’est volatilisée en 1982 entre Bron et Lyon et n’a depuis jamais été retrouvée.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
David Sagno
David Sagno, le tueur du pont de Neuilly, dans le viseur du pôle cold case de Nanterre
Condamné en 2012 pour deux assassinats commis dix ans plus tôt, l’homme fait l’objet d’investigations sur son « parcours criminel ». Le but est de reconstituer ses déplacements pour vérifier d’éventuelles connexions avec des affaires non élucidées.
Par Valérie Mahaut
Le 13 août 2024 à 06h40
Certain de recommencer à tuer, il voulait « mettre fin à la période de cruauté de son existence ». C’est pour cette raison que David Sagno, le tueur du pont de Neuilly (Hauts-de-Seine), s’est présenté à la police en 2008 pour s’accuser de deux crimes commis en décembre 2001 et mai 2002. Une reddition qui avait révélé l’erreur judiciaire dont Marc Machin a été victime.
Arrêté deux semaines après le premier meurtre d’une femme de 45 ans, Machin était en prison depuis bientôt sept ans quand Sagno s’est rendu. Le dossier concernant le meurtre d’une autre victime, également tuée sur le pont de Neuilly, le 22 mai 2002, lui, prenait la poussière dans le bureau d’un juge d’instruction de Nanterre aveugle aux similitudes entre les deux crimes.
Des victimes exécutées dans des conditions horribles
Plus de vingt ans après ces deux assassinats, le pôle cold case de Nanterre, cette unité spécialisée dans les crimes en série ou non élucidés, créée il y a un peu plus de deux ans, se penche sur le cas de David Sagno. Non parce qu’il serait soupçonné d’un meurtre ou d’un viol en particulier, mais parce que son profil peut laisser penser qu’il a tué avant les assassinats de 2001 et 2002 et même jusqu’à son incarcération en 2008.
Outre la certitude, annoncée par le tueur lui-même, d’un nouveau passage à l’acte, son profil nourrit l’inquiétude. Avant les deux crimes qu’il a reconnus, et pour lesquels il a été condamné en 2012 à trente ans de réclusion criminelle, David Sagno avait décidé de tuer « pour acquérir de la puissance ». Suivant des rituels de son invention fondés sur ses croyances élaborées sur fond d’animisme et de démonologie, le tout agrémenté de références historiques et littéraires, il a ôté la vie de ses victimes dans des conditions horribles, allant jusqu’à « laper » leur sang, pour se donner « de la puissance ». Les experts psychiatres ont diagnostiqué une « psychose paranoïde » pour les uns, « une psychopathologie perverse d’allure psychotique » pour les autres.
Ces éléments ont convaincu les magistrats du pôle cold case de s’intéresser au passé de David Sagno, qui est l’un des premiers à faire l’objet d’une instruction sur son « parcours criminel ». Une voie d’investigations nouvelle, qui permet de travailler sur l’histoire d’un suspect. L’enquête consiste alors à retracer les étapes de son parcours de vie. Ainsi, au contraire des enquêtes criminelles, qui débutent par un fait à élucider, c’est la vie du suspect qui est passé au crible. Formellement, s’il existe « une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner » qu’une personne condamnée a pu commettre un crime non élucidé ou des crimes en série, le procureur peut désormais ordonner une enquête ou ouvrir une information judiciaire sur le « parcours criminel » de l’intéressé, prévoit la loi de 2021.
Retracer les déplacements, trouver des connexions
Il s’agit donc de retracer ses déplacements pour retrouver, ou pas, des connexions avec des affaires pour lesquelles les investigations n’ont pas abouti. « Ce qui est loin d’être évident, surtout en ce qui concerne des personnes sans attaches, sans travail », relève un magistrat spécialisé. C’est le cas de David Sagno, dont la vie chaotique donne peu de prise.
Né en 1974, David Sagno grandit à Dugny (Seine-Saint-Denis) dans une fratrie de neuf enfants. Prématuré, le petit David est chétif et considéré comme un « attardé » par ses proches, alors qu’en réalité il est d’une intelligence supérieure à la moyenne. Après la séparation de ses parents, la mère de David Sagno et ses enfants s’installent à Gonesse (Val-d’Oise) puis, en 1989, à Gisancourt, un hameau de Guerny, dans l’Eure. Humilié à l’école comme à la maison, David Sagno s’enferme dans sa tête où foisonne un monde imaginaire effrayant, s’isole, commence à boire dès l’âge de 16 ans « pour oublier ses cauchemars éveillés », dira-t-il à un psychiatre.
Meurtres, vol, bagarres, agression sexuelle…
Après un CAP de tourneur fraiseur raté, vient le temps du service militaire, qu’il effectue dans le Finistère, dans la marine nationale. Il a 20 ans. En 1995, à Brest, il agresse une femme avec un couteau à un arrêt d’autobus. À la fin de son service militaire, il erre entre le village de l’Eure où demeure sa mère et Paris, séjourne par intermittence chez ses sœurs. Puis il commence à fréquenter le quartier d’affaires de La Défense, où il est arrêté en janvier 1997 pour un vol de sac à main. Pendant l’année 2000, il y a des bagarres, des dégradations de véhicule, des violences légères, à Paris, où il zone dans les rues et trouve refuge dans un foyer d’hébergement.
Six jours avant le meurtre de Marie-Agnès Bedot, il s’en prend à des agents de la RATP. Le 22 mai 2002, il tue Maria-Judith Araujo sur le même pont de Neuilly. Cinq mois plus tard, il est arrêté pour une agression sexuelle dans ce parking de La Défense où il dort depuis des mois. En 2005, il étrangle une prostituée qu’il ne peut pas payer. Enfin, en novembre 2007, il casse la vitrine d’un supermarché du quartier d’affaires et est emprisonné pour cela pendant trois mois. C’est en sortant de détention qu’il décide de se rendre.
Douze criminels font l’objet d’investigations
En définitive, en plus de la période de son adolescence dans l’Eure, seul le parcours judiciaire de David Sagno, ponctué de séjours en prison, peut servir de trame au pôle cold case pour reconstituer son parcours. Les crimes et délits connus qu’il a commis permettent de le situer géographiquement à telle ou telle période et d’établir d’éventuelles connexions avec des faits non élucidés.
Parmi les douze criminels dont les parcours font l’objet d’investigations, les violeurs ou tueurs en série Francis Heaulme, le routard du crime Michel Fourniret, Arnaud Hopfner, le violeur de la N 4. Le parcours de Nordahl Lelandais, tueur de la petite Maëlys et du capitaine Noyer, intéresse aussi les juges du pôle cold case. Si un troisième meurtre devait lui être imputé, il basculerait dans la catégorie des tueurs en série. Comme David Sagno.
S’il n’est pas stricto sensu un tueur en série, le meurtrier du pont de Neuilly en présente certaines caractéristiques, selon l’expert psychiatre Daniel Zagury aux assises. Il avait relevé notamment « la succession de violences et aléas depuis 1995 comme de multiples brouillons du passage à l’acte ». L’expert notait aussi que les incarcérations de David Sagno avaient pu le protéger d’autres crimes. D’ailleurs, soulignait aussi l’expert, c’est « la peur de la récidive » qui a conduit Sagno à se livrer. Mais la question de crimes antérieurs reste entière.
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Condamné en 2012 pour deux assassinats commis dix ans plus tôt, l’homme fait l’objet d’investigations sur son « parcours criminel ». Le but est de reconstituer ses déplacements pour vérifier d’éventuelles connexions avec des affaires non élucidées.
Par Valérie Mahaut
Le 13 août 2024 à 06h40
Certain de recommencer à tuer, il voulait « mettre fin à la période de cruauté de son existence ». C’est pour cette raison que David Sagno, le tueur du pont de Neuilly (Hauts-de-Seine), s’est présenté à la police en 2008 pour s’accuser de deux crimes commis en décembre 2001 et mai 2002. Une reddition qui avait révélé l’erreur judiciaire dont Marc Machin a été victime.
Arrêté deux semaines après le premier meurtre d’une femme de 45 ans, Machin était en prison depuis bientôt sept ans quand Sagno s’est rendu. Le dossier concernant le meurtre d’une autre victime, également tuée sur le pont de Neuilly, le 22 mai 2002, lui, prenait la poussière dans le bureau d’un juge d’instruction de Nanterre aveugle aux similitudes entre les deux crimes.
Des victimes exécutées dans des conditions horribles
Plus de vingt ans après ces deux assassinats, le pôle cold case de Nanterre, cette unité spécialisée dans les crimes en série ou non élucidés, créée il y a un peu plus de deux ans, se penche sur le cas de David Sagno. Non parce qu’il serait soupçonné d’un meurtre ou d’un viol en particulier, mais parce que son profil peut laisser penser qu’il a tué avant les assassinats de 2001 et 2002 et même jusqu’à son incarcération en 2008.
Outre la certitude, annoncée par le tueur lui-même, d’un nouveau passage à l’acte, son profil nourrit l’inquiétude. Avant les deux crimes qu’il a reconnus, et pour lesquels il a été condamné en 2012 à trente ans de réclusion criminelle, David Sagno avait décidé de tuer « pour acquérir de la puissance ». Suivant des rituels de son invention fondés sur ses croyances élaborées sur fond d’animisme et de démonologie, le tout agrémenté de références historiques et littéraires, il a ôté la vie de ses victimes dans des conditions horribles, allant jusqu’à « laper » leur sang, pour se donner « de la puissance ». Les experts psychiatres ont diagnostiqué une « psychose paranoïde » pour les uns, « une psychopathologie perverse d’allure psychotique » pour les autres.
Ces éléments ont convaincu les magistrats du pôle cold case de s’intéresser au passé de David Sagno, qui est l’un des premiers à faire l’objet d’une instruction sur son « parcours criminel ». Une voie d’investigations nouvelle, qui permet de travailler sur l’histoire d’un suspect. L’enquête consiste alors à retracer les étapes de son parcours de vie. Ainsi, au contraire des enquêtes criminelles, qui débutent par un fait à élucider, c’est la vie du suspect qui est passé au crible. Formellement, s’il existe « une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner » qu’une personne condamnée a pu commettre un crime non élucidé ou des crimes en série, le procureur peut désormais ordonner une enquête ou ouvrir une information judiciaire sur le « parcours criminel » de l’intéressé, prévoit la loi de 2021.
Retracer les déplacements, trouver des connexions
Il s’agit donc de retracer ses déplacements pour retrouver, ou pas, des connexions avec des affaires pour lesquelles les investigations n’ont pas abouti. « Ce qui est loin d’être évident, surtout en ce qui concerne des personnes sans attaches, sans travail », relève un magistrat spécialisé. C’est le cas de David Sagno, dont la vie chaotique donne peu de prise.
Né en 1974, David Sagno grandit à Dugny (Seine-Saint-Denis) dans une fratrie de neuf enfants. Prématuré, le petit David est chétif et considéré comme un « attardé » par ses proches, alors qu’en réalité il est d’une intelligence supérieure à la moyenne. Après la séparation de ses parents, la mère de David Sagno et ses enfants s’installent à Gonesse (Val-d’Oise) puis, en 1989, à Gisancourt, un hameau de Guerny, dans l’Eure. Humilié à l’école comme à la maison, David Sagno s’enferme dans sa tête où foisonne un monde imaginaire effrayant, s’isole, commence à boire dès l’âge de 16 ans « pour oublier ses cauchemars éveillés », dira-t-il à un psychiatre.
Meurtres, vol, bagarres, agression sexuelle…
Après un CAP de tourneur fraiseur raté, vient le temps du service militaire, qu’il effectue dans le Finistère, dans la marine nationale. Il a 20 ans. En 1995, à Brest, il agresse une femme avec un couteau à un arrêt d’autobus. À la fin de son service militaire, il erre entre le village de l’Eure où demeure sa mère et Paris, séjourne par intermittence chez ses sœurs. Puis il commence à fréquenter le quartier d’affaires de La Défense, où il est arrêté en janvier 1997 pour un vol de sac à main. Pendant l’année 2000, il y a des bagarres, des dégradations de véhicule, des violences légères, à Paris, où il zone dans les rues et trouve refuge dans un foyer d’hébergement.
Six jours avant le meurtre de Marie-Agnès Bedot, il s’en prend à des agents de la RATP. Le 22 mai 2002, il tue Maria-Judith Araujo sur le même pont de Neuilly. Cinq mois plus tard, il est arrêté pour une agression sexuelle dans ce parking de La Défense où il dort depuis des mois. En 2005, il étrangle une prostituée qu’il ne peut pas payer. Enfin, en novembre 2007, il casse la vitrine d’un supermarché du quartier d’affaires et est emprisonné pour cela pendant trois mois. C’est en sortant de détention qu’il décide de se rendre.
Douze criminels font l’objet d’investigations
En définitive, en plus de la période de son adolescence dans l’Eure, seul le parcours judiciaire de David Sagno, ponctué de séjours en prison, peut servir de trame au pôle cold case pour reconstituer son parcours. Les crimes et délits connus qu’il a commis permettent de le situer géographiquement à telle ou telle période et d’établir d’éventuelles connexions avec des faits non élucidés.
Parmi les douze criminels dont les parcours font l’objet d’investigations, les violeurs ou tueurs en série Francis Heaulme, le routard du crime Michel Fourniret, Arnaud Hopfner, le violeur de la N 4. Le parcours de Nordahl Lelandais, tueur de la petite Maëlys et du capitaine Noyer, intéresse aussi les juges du pôle cold case. Si un troisième meurtre devait lui être imputé, il basculerait dans la catégorie des tueurs en série. Comme David Sagno.
S’il n’est pas stricto sensu un tueur en série, le meurtrier du pont de Neuilly en présente certaines caractéristiques, selon l’expert psychiatre Daniel Zagury aux assises. Il avait relevé notamment « la succession de violences et aléas depuis 1995 comme de multiples brouillons du passage à l’acte ». L’expert notait aussi que les incarcérations de David Sagno avaient pu le protéger d’autres crimes. D’ailleurs, soulignait aussi l’expert, c’est « la peur de la récidive » qui a conduit Sagno à se livrer. Mais la question de crimes antérieurs reste entière.
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Re: Cellule Cold Case
Fourgon jaune, bagages volatilisés… L’énigme des doubles meurtres de touristes au pays de Dinan
Le pôle national dédié aux crimes non élucidés de Nanterre vient de reprendre les enquêtes sur deux doubles homicides jamais résolus en Bretagne : les meurtres de deux couples, un Belge et un Britannique, en 1979 et 1986 dans la campagne des Côtes-d’Armor.
Par Solenne Durox, correspondante à Rennes (Ille-et-Vilaine)
Le 19 août 2024 à 06h20
Lors de ses balades, Pierrick passe souvent devant ce champ bordé par un ruisseau. C’est ici, à la sortie du bourg de Saint-Solen à Lanvallay (Côtes-d’Armor), qu’ont été découverts le 1er octobre 1986 les corps de deux touristes anglais. Trente-huit ans après, le retraité breton se souvient de cette affaire hors du commun. « J’étais en vacances chez mes grands-parents, j’avais 17 ans. On a vu les policiers aller et venir. Après la messe, tout le monde ne parlait que de ça. » Paulette, 87 ans, n’a pas oublié non plus. « Les enquêteurs sont venus nous poser des questions. Il y a eu un défilé de curieux dans le champ. Moi, j’avais trop la trouille pour y aller », raconte l’ancienne agricultrice.
C’est un gars du coin, Gérard Le Bec, qui a fait la macabre découverte dans la matinée. Il chassait avec son chien Ubik quand l’animal s’est soudain mis à l’arrêt avant de l’entraîner au milieu de la parcelle de maïs. Là gisaient les cadavres d’un homme et d’une femme, tous deux en état de décomposition avancée, les visages défigurés et bâillonnés, les corps ligotés dos à dos avec une cordelette. Les malheureux, dont la peau et les vêtements sont infestés de fourmis, ont été visiblement traînés sur les lieux avec une longe et abattus sur place avec un fusil de chasse. La ceinture de la femme est grossièrement nouée, laissant supposer une agression sexuelle.
« J’avais un pressentiment »
La police fait rapidement le lien avec un couple de touristes anglais porté disparu quelques semaines plus tôt, fin août. Lorraine Glasby, 28 ans, et Paul Bellion, 29 ans, tous deux enseignants, sillonnaient l’ouest de la France à vélo. D’abord la Charente-Maritime, puis la Bretagne. Ils devaient rentrer en Grande-Bretagne par un ferry de Saint-Malo le 24 août. Ils n’ont jamais embarqué.
Inquiètes, leurs familles avaient traversé la Manche pour signaler leur disparition inexpliquée au commissariat de Saint-Malo. « Je ne comprends pas pourquoi ils ont été tués. Ils n’avaient pas beaucoup d’argent sur eux, en tout et pour tout 700 livres sterling (7 000 francs) au début de leur séjour de quatre semaines », expliquait la mère de Lorraine au journal Sud-Ouest le 3 octobre 1986. La maman avait confié son inquiétude quant à ce périple à vélo : « Je leur avais conseillé de prendre la voiture. J’avais un pressentiment. »
L’enquête permet de découvrir, à quelques kilomètres, un fourgon jaune Volkswagen, volé en Allemagne et muni de fausses plaques d’immatriculation. Des cheveux prélevés à l’intérieur sont comparés avec ceux des victimes. Ils correspondent. Si les bagages des jeunes professeurs ne sont jamais retrouvés, l’autopsie des corps permettra de dater leur mort au 24 août.
Un crime qui en rappelle un autre
Cette affaire criminelle peu banale fait grand bruit dans le pays de Dinan. Elle réveille aussi des souvenirs. Sept ans plus tôt, un double crime similaire avait déjà semé le trouble parmi les habitants. Le 15 juillet 1979, les cadavres d’un couple de touristes, de nationalité belge cette fois, avaient été découverts à Trélivan, non loin de Lanvallay. Marie-Christine et André Van Erpen avaient été abattus de trois balles de 22 long rifle puis abandonnés côte à côte dans un champ. Leurs bagages non plus n’avaient jamais été retrouvés.
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L’enquête n’avait pas vraiment prospéré en dépit d’un témoignage parvenu aux enquêteurs un an et demi plus tard. En décembre 1980, une femme prénommée Marceline s’était rendue à la gendarmerie d’Arlon, en Belgique, pour accuser son ex-compagnon, Roger H., de piller des églises et, surtout, d’avoir tué des touristes belges qui l’auraient surpris en plein forfait de vol en Bretagne.
Pour les embobiner, Roger H. aurait proposé d’acheter la bague de Marie-Christine. Ils seraient montés ensemble dans la voiture du couple pour aller boire un verre. Le voleur aurait tué les Belges avant de se débarrasser de leurs bagages dans une décharge. Mais la version de Marceline varie plusieurs fois, son témoignage ne sera pas considéré comme fiable. L’affaire sera classée.
Les investigations relancées
Durant plusieurs années, les investigations sur le double meurtre des Britanniques restent au point mort jusqu’à ce qu’un inspecteur de la police judiciaire de Rennes, Pascal Huche, reprenne le dossier en 2001. Il se met en quête des derniers scellés du dossier (une partie a malencontreusement été détruite), mais les analyses, très coûteuses, lui sont refusées. Après avoir sollicité les services de gendarmerie et de police judiciaire afin de lister les meurtres de touristes en milieu rural, il apprend qu’un détenu a essayé de monnayer un aménagement de peine contre l’information selon laquelle son codétenu s’était vanté d’avoir tué deux touristes en Bretagne sans être inquiété.
Il s’avère alors que ce codétenu est Michel H., le fils de Roger H., dénoncé par Marceline. L’homme est connu de la justice avec plus de trente faits à son actif. Pourtant, en 2006, un non-lieu sera prononcé.
Deux ans plus tard, Michel H. tentera d’assassiner son frère, sa belle-sœur et leur bébé. Ce qui lui vaudra un séjour en prison. Pascal Huche, l’enquêteur qui s’est toujours accroché à l’idée que la vérité serait un jour connue pour les deux doubles crimes, peut à nouveau espérer. Estimant qu’il y avait encore des éléments à exploiter dans ces deux dossiers, le pôle cold case de Nanterre vient de relancer les investigations il y a quelques mois. Les familles des victimes auront-elles enfin des réponses ?
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Le pôle national dédié aux crimes non élucidés de Nanterre vient de reprendre les enquêtes sur deux doubles homicides jamais résolus en Bretagne : les meurtres de deux couples, un Belge et un Britannique, en 1979 et 1986 dans la campagne des Côtes-d’Armor.
Par Solenne Durox, correspondante à Rennes (Ille-et-Vilaine)
Le 19 août 2024 à 06h20
Lors de ses balades, Pierrick passe souvent devant ce champ bordé par un ruisseau. C’est ici, à la sortie du bourg de Saint-Solen à Lanvallay (Côtes-d’Armor), qu’ont été découverts le 1er octobre 1986 les corps de deux touristes anglais. Trente-huit ans après, le retraité breton se souvient de cette affaire hors du commun. « J’étais en vacances chez mes grands-parents, j’avais 17 ans. On a vu les policiers aller et venir. Après la messe, tout le monde ne parlait que de ça. » Paulette, 87 ans, n’a pas oublié non plus. « Les enquêteurs sont venus nous poser des questions. Il y a eu un défilé de curieux dans le champ. Moi, j’avais trop la trouille pour y aller », raconte l’ancienne agricultrice.
C’est un gars du coin, Gérard Le Bec, qui a fait la macabre découverte dans la matinée. Il chassait avec son chien Ubik quand l’animal s’est soudain mis à l’arrêt avant de l’entraîner au milieu de la parcelle de maïs. Là gisaient les cadavres d’un homme et d’une femme, tous deux en état de décomposition avancée, les visages défigurés et bâillonnés, les corps ligotés dos à dos avec une cordelette. Les malheureux, dont la peau et les vêtements sont infestés de fourmis, ont été visiblement traînés sur les lieux avec une longe et abattus sur place avec un fusil de chasse. La ceinture de la femme est grossièrement nouée, laissant supposer une agression sexuelle.
« J’avais un pressentiment »
La police fait rapidement le lien avec un couple de touristes anglais porté disparu quelques semaines plus tôt, fin août. Lorraine Glasby, 28 ans, et Paul Bellion, 29 ans, tous deux enseignants, sillonnaient l’ouest de la France à vélo. D’abord la Charente-Maritime, puis la Bretagne. Ils devaient rentrer en Grande-Bretagne par un ferry de Saint-Malo le 24 août. Ils n’ont jamais embarqué.
Inquiètes, leurs familles avaient traversé la Manche pour signaler leur disparition inexpliquée au commissariat de Saint-Malo. « Je ne comprends pas pourquoi ils ont été tués. Ils n’avaient pas beaucoup d’argent sur eux, en tout et pour tout 700 livres sterling (7 000 francs) au début de leur séjour de quatre semaines », expliquait la mère de Lorraine au journal Sud-Ouest le 3 octobre 1986. La maman avait confié son inquiétude quant à ce périple à vélo : « Je leur avais conseillé de prendre la voiture. J’avais un pressentiment. »
L’enquête permet de découvrir, à quelques kilomètres, un fourgon jaune Volkswagen, volé en Allemagne et muni de fausses plaques d’immatriculation. Des cheveux prélevés à l’intérieur sont comparés avec ceux des victimes. Ils correspondent. Si les bagages des jeunes professeurs ne sont jamais retrouvés, l’autopsie des corps permettra de dater leur mort au 24 août.
Un crime qui en rappelle un autre
Cette affaire criminelle peu banale fait grand bruit dans le pays de Dinan. Elle réveille aussi des souvenirs. Sept ans plus tôt, un double crime similaire avait déjà semé le trouble parmi les habitants. Le 15 juillet 1979, les cadavres d’un couple de touristes, de nationalité belge cette fois, avaient été découverts à Trélivan, non loin de Lanvallay. Marie-Christine et André Van Erpen avaient été abattus de trois balles de 22 long rifle puis abandonnés côte à côte dans un champ. Leurs bagages non plus n’avaient jamais été retrouvés.
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L’enquête n’avait pas vraiment prospéré en dépit d’un témoignage parvenu aux enquêteurs un an et demi plus tard. En décembre 1980, une femme prénommée Marceline s’était rendue à la gendarmerie d’Arlon, en Belgique, pour accuser son ex-compagnon, Roger H., de piller des églises et, surtout, d’avoir tué des touristes belges qui l’auraient surpris en plein forfait de vol en Bretagne.
Pour les embobiner, Roger H. aurait proposé d’acheter la bague de Marie-Christine. Ils seraient montés ensemble dans la voiture du couple pour aller boire un verre. Le voleur aurait tué les Belges avant de se débarrasser de leurs bagages dans une décharge. Mais la version de Marceline varie plusieurs fois, son témoignage ne sera pas considéré comme fiable. L’affaire sera classée.
Les investigations relancées
Durant plusieurs années, les investigations sur le double meurtre des Britanniques restent au point mort jusqu’à ce qu’un inspecteur de la police judiciaire de Rennes, Pascal Huche, reprenne le dossier en 2001. Il se met en quête des derniers scellés du dossier (une partie a malencontreusement été détruite), mais les analyses, très coûteuses, lui sont refusées. Après avoir sollicité les services de gendarmerie et de police judiciaire afin de lister les meurtres de touristes en milieu rural, il apprend qu’un détenu a essayé de monnayer un aménagement de peine contre l’information selon laquelle son codétenu s’était vanté d’avoir tué deux touristes en Bretagne sans être inquiété.
Il s’avère alors que ce codétenu est Michel H., le fils de Roger H., dénoncé par Marceline. L’homme est connu de la justice avec plus de trente faits à son actif. Pourtant, en 2006, un non-lieu sera prononcé.
Deux ans plus tard, Michel H. tentera d’assassiner son frère, sa belle-sœur et leur bébé. Ce qui lui vaudra un séjour en prison. Pascal Huche, l’enquêteur qui s’est toujours accroché à l’idée que la vérité serait un jour connue pour les deux doubles crimes, peut à nouveau espérer. Estimant qu’il y avait encore des éléments à exploiter dans ces deux dossiers, le pôle cold case de Nanterre vient de relancer les investigations il y a quelques mois. Les familles des victimes auront-elles enfin des réponses ?
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Re: Cellule Cold Case
Je suis étonné que le meurtre non élucidé de Vincent Dorado, professeur de SVT assassiné en Corse en 2016 n'ait pas encore été ajouté au pôle cold case car il remplit toutes les conditions pour y être traité?
critias
Re: Cellule Cold Case
239675Ŧcritias a écrit:Je suis étonné que le meurtre non élucidé de Vincent Dorado, professeur de SVT assassiné en Corse en 2016 n'ait pas encore été ajouté au pôle cold case car il remplit toutes les conditions pour y être traité?
Bonjour Critias,
Si tu veux développer le sujet, Colombo vient d'ouvrir un topic concernant des affaires se déroulant en Corse:
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Re: Cellule Cold Case
C'est possible que l'affaire soit au PCSNE depuis sa création sans que ça n'ait été communiqué. Les médias corses avaient dit qu'aucune affaire provenant de leur île n'y avait été transférée mais c'est à prendre avec des pincettes, le pôle préfère opérer discrètement.239675Ŧcritias a écrit:Je suis étonné que le meurtre non élucidé de Vincent Dorado, professeur de SVT assassiné en Corse en 2016 n'ait pas encore été ajouté au pôle cold case car il remplit toutes les conditions pour y être traité?
Je trouve curieux que cette affaire ne soit pas plus médiatisée, elle contient tous les éléments qui peuvent intriguer les gens et les inciter à échafauder toutes sortes de théories. Sûrement car ça se déroule en Corse.
Association d'Aide aux Victimes des Affaires Non Élucidées
Carte des affaires non élucidées francophones
Manor
Re: Cellule Cold Case
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Limoges : 22 ans après, le meurtrier présumé d’une prostituée mis en examen
Le 10 février 2002, une femme de 39 ans originaire du Ghana avait été retrouvée gisant dans une mare de sang par un passant près du centre de la ville, tuée de plusieurs de coups de couteau, dans un quartier où se retrouvaient habituellement des prostituées.
L’auteur présumé, placé en détention provisoire, a été confondu par son ADN vingt-deux ans après les faits, après un prélèvement d’empreintes génétiques conduit « récemment (...) dans le cadre d’infractions routières », a précisé le parquet de Limoges dans un communiqué Réagir
Le pôle dédié aux « cold cases » a peut-être résolu une affaire vieille de vingt-deux ans. Un homme suspecté d’avoir tué une prostituée en 2002 à Limoges a été mis en examen des chefs « d’assassinat et d’actes de torture et de barbarie », a annoncé jeudi le parquet.
L’auteur présumé, placé en détention provisoire, a été confondu par son ADN vingt-deux ans après les faits, après un prélèvement d’empreintes génétiques conduit « récemment (…) dans le cadre d’infractions routières », a précisé le parquet de Limoges dans un communiqué, sans donner de précisions sur l’identité du suspect.
Le dossier repris en 2022
Le 10 février 2002, une femme de 39 ans originaire du Ghana avait été retrouvée gisant dans une mare de sang par un passant près du centre de la ville, tuée de plusieurs de coups de couteau, dans un quartier où se retrouvaient habituellement des prostituées. À l’époque, aucune piste n’avait été écartée rappellent nos confrères de France 3 Régions, y compris celle d’un règlement de compte dans le cadre d’une « hausse d’un climat de violence dans le milieu de la prostitution à Limoges. »
Si plusieurs pistes avaient été explorées au cours de l’enquête, aucune n’avait mené à une mise en examen d’un éventuel suspect. En 2022, ce dossier avait été repris par le pôle national des crimes sériels ou non élucidés de Nanterre dédié aux « cold cases ».
Limoges : 22 ans après, le meurtrier présumé d’une prostituée mis en examen
Le 10 février 2002, une femme de 39 ans originaire du Ghana avait été retrouvée gisant dans une mare de sang par un passant près du centre de la ville, tuée de plusieurs de coups de couteau, dans un quartier où se retrouvaient habituellement des prostituées.
L’auteur présumé, placé en détention provisoire, a été confondu par son ADN vingt-deux ans après les faits, après un prélèvement d’empreintes génétiques conduit « récemment (...) dans le cadre d’infractions routières », a précisé le parquet de Limoges dans un communiqué Réagir
Le pôle dédié aux « cold cases » a peut-être résolu une affaire vieille de vingt-deux ans. Un homme suspecté d’avoir tué une prostituée en 2002 à Limoges a été mis en examen des chefs « d’assassinat et d’actes de torture et de barbarie », a annoncé jeudi le parquet.
L’auteur présumé, placé en détention provisoire, a été confondu par son ADN vingt-deux ans après les faits, après un prélèvement d’empreintes génétiques conduit « récemment (…) dans le cadre d’infractions routières », a précisé le parquet de Limoges dans un communiqué, sans donner de précisions sur l’identité du suspect.
Le dossier repris en 2022
Le 10 février 2002, une femme de 39 ans originaire du Ghana avait été retrouvée gisant dans une mare de sang par un passant près du centre de la ville, tuée de plusieurs de coups de couteau, dans un quartier où se retrouvaient habituellement des prostituées. À l’époque, aucune piste n’avait été écartée rappellent nos confrères de France 3 Régions, y compris celle d’un règlement de compte dans le cadre d’une « hausse d’un climat de violence dans le milieu de la prostitution à Limoges. »
Si plusieurs pistes avaient été explorées au cours de l’enquête, aucune n’avait mené à une mise en examen d’un éventuel suspect. En 2022, ce dossier avait été repris par le pôle national des crimes sériels ou non élucidés de Nanterre dédié aux « cold cases ».
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Manor
Re: Cellule Cold Case
Selon France Bleu de février 2024 , il y aurait 3 affaires corses transmises au PCSNE , peut être celle de Vincent Dorado ?239704ŦManor a écrit:C'est possible que l'affaire soit au PCSNE depuis sa création sans que ça n'ait été communiqué. Les médias corses avaient dit qu'aucune affaire provenant de leur île n'y avait été transférée mais c'est à prendre avec des pincettes, le pôle préfère opérer discrètement.239675Ŧcritias a écrit:Je suis étonné que le meurtre non élucidé de Vincent Dorado, professeur de SVT assassiné en Corse en 2016 n'ait pas encore été ajouté au pôle cold case car il remplit toutes les conditions pour y être traité?
Je trouve curieux que cette affaire ne soit pas plus médiatisée, elle contient tous les éléments qui peuvent intriguer les gens et les inciter à échafauder toutes sortes de théories. Sûrement car ça se déroule en Corse.
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anabase
Re: Cellule Cold Case
239979ŦManor a écrit:[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Limoges : 22 ans après, le meurtrier présumé d’une prostituée mis en examen
Le 10 février 2002, une femme de 39 ans originaire du Ghana avait été retrouvée gisant dans une mare de sang par un passant près du centre de la ville, tuée de plusieurs de coups de couteau, dans un quartier où se retrouvaient habituellement des prostituées.
L’auteur présumé, placé en détention provisoire, a été confondu par son ADN vingt-deux ans après les faits, après un prélèvement d’empreintes génétiques conduit « récemment (...) dans le cadre d’infractions routières », a précisé le parquet de Limoges dans un communiqué Réagir
Le pôle dédié aux « cold cases » a peut-être résolu une affaire vieille de vingt-deux ans. Un homme suspecté d’avoir tué une prostituée en 2002 à Limoges a été mis en examen des chefs « d’assassinat et d’actes de torture et de barbarie », a annoncé jeudi le parquet.
L’auteur présumé, placé en détention provisoire, a été confondu par son ADN vingt-deux ans après les faits, après un prélèvement d’empreintes génétiques conduit « récemment (…) dans le cadre d’infractions routières », a précisé le parquet de Limoges dans un communiqué, sans donner de précisions sur l’identité du suspect.
Le dossier repris en 2022
Le 10 février 2002, une femme de 39 ans originaire du Ghana avait été retrouvée gisant dans une mare de sang par un passant près du centre de la ville, tuée de plusieurs de coups de couteau, dans un quartier où se retrouvaient habituellement des prostituées. À l’époque, aucune piste n’avait été écartée rappellent nos confrères de France 3 Régions, y compris celle d’un règlement de compte dans le cadre d’une « hausse d’un climat de violence dans le milieu de la prostitution à Limoges. »
Si plusieurs pistes avaient été explorées au cours de l’enquête, aucune n’avait mené à une mise en examen d’un éventuel suspect. En 2022, ce dossier avait été repris par le pôle national des crimes sériels ou non élucidés de Nanterre dédié aux « cold cases ».
Bonjour Manor,
J'aimerai bien savoir de quelles infractions routières (et plutôt délits routiers) il s'agit ...
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Sortcière
Re: Cellule Cold Case
Oui c'est possible, j'en ai 2 sur ma carte susceptible d'intéresser le PCSNE et il en fait partie.
Bonjour Sortcière, oui l'info risque de ne pas tarder à tomber. Stupéfiants ? Dégradations de biens ?
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Manor
Re: Cellule Cold Case
Re: Cellule Cold Case
C'est très bien d'avoir créé ce Pôle. Tellement d'affaires non élucidées! Même si les enquêteurs font leur maximum et que le temps de la Justice est un temps long, on a l'impression que rien n'avance. Force au Pôle !
Colombo
Re: Cellule Cold Case
J'ai appris qu'il y a désormais un Bureau des cold cases en Belgique. Si cet article date d'un an,
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la création de ce bureau a été confirmée lors de l'émission "l'heure du crime" consacrée à Ingrid Caeckert.
Bon à savoir:
Il est destiné à accueillir des survivants ou proches qui cherchent des réponses sur une affaire criminelle, mais aussi des criminels qui éprouvent le besoin de parler, après de nombreuses années ou des personnes qui partagent un secret et se taisent.
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la création de ce bureau a été confirmée lors de l'émission "l'heure du crime" consacrée à Ingrid Caeckert.
Bon à savoir:
Il est destiné à accueillir des survivants ou proches qui cherchent des réponses sur une affaire criminelle, mais aussi des criminels qui éprouvent le besoin de parler, après de nombreuses années ou des personnes qui partagent un secret et se taisent.
Re: Cellule Cold Case
INFO RMC. Meurtre d'un travesti à Paris: 13 ans après, l'affaire rejoint le pôle "cold case"
Treize ans après le meurtre d’un travesti à Paris, l’enquête continue: le dossier criminel vient de rejoindre le pôle "cold case" de Nanterre, d’après nos informations.
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Un dossier criminel vient de rejoindre le pôle "cold case" de Nanterre... Ce n’est pas un dossier connu, comme le sont les dossiers Monique Olivier ou bien PPDA: c’est un meurtre non résolu qui remonte à la nuit du 24 au 25 aout 2011.
Il avait fait l’objet d’un simple entre filet dans Le Parisien à l’époque. “Un travesti tué à coup de couteau” à Paris. La victime avait été retrouvée vers 2h du matin gisant sur le palier de son appartement. Avec un couteau de cuisine ensanglanté à proximité.
Treize ans plus tard, grâce à la ténacité des enquêteurs de la brigade criminelle qui n’ont jamais enterré ce dossier, l’affaire rejoint la centaine de dossiers instruits au pôle des crimes non résolus de Nanterre. Une petite victoire pour les policiers qui ont travaillé sur l’enquête et qui ont le sentiment d’être les seuls à s’être souciés de la victime.
La famille qui réside à l’étranger n’a jamais répondu aux sollicitations de la police. Sans doute parce que la victime était un travesti qui se prostituait. “C'est quelqu'un qui a traversé la vie sans que personne ne s'en soucie”, explique un proche du dossier, avant d’ajouter: “On lui doit bien ça”.
Sur la scène de crime, les policiers ont prélevé l’ADN du tueur et il a été intégré au fichier qui regroupe les ADN de tous les délinquants et criminels pris dans les filets de la police. Mais pour le moment, aucune correspondance.
L’auteur reste inconnu de la justice, mais rien ne dit que demain, il ne sera pas arrêté, même pour une broutille, une conduite en état d’ivresse, une bagarre… Son ADN sera alors prélevé et enregistré et cela pourra relancer l’enquête, qui est désormais officiellement rouverte.
Marion Dubreuil.
Treize ans après le meurtre d’un travesti à Paris, l’enquête continue: le dossier criminel vient de rejoindre le pôle "cold case" de Nanterre, d’après nos informations.
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Un dossier criminel vient de rejoindre le pôle "cold case" de Nanterre... Ce n’est pas un dossier connu, comme le sont les dossiers Monique Olivier ou bien PPDA: c’est un meurtre non résolu qui remonte à la nuit du 24 au 25 aout 2011.
Il avait fait l’objet d’un simple entre filet dans Le Parisien à l’époque. “Un travesti tué à coup de couteau” à Paris. La victime avait été retrouvée vers 2h du matin gisant sur le palier de son appartement. Avec un couteau de cuisine ensanglanté à proximité.
Treize ans plus tard, grâce à la ténacité des enquêteurs de la brigade criminelle qui n’ont jamais enterré ce dossier, l’affaire rejoint la centaine de dossiers instruits au pôle des crimes non résolus de Nanterre. Une petite victoire pour les policiers qui ont travaillé sur l’enquête et qui ont le sentiment d’être les seuls à s’être souciés de la victime.
La famille qui réside à l’étranger n’a jamais répondu aux sollicitations de la police. Sans doute parce que la victime était un travesti qui se prostituait. “C'est quelqu'un qui a traversé la vie sans que personne ne s'en soucie”, explique un proche du dossier, avant d’ajouter: “On lui doit bien ça”.
Sur la scène de crime, les policiers ont prélevé l’ADN du tueur et il a été intégré au fichier qui regroupe les ADN de tous les délinquants et criminels pris dans les filets de la police. Mais pour le moment, aucune correspondance.
L’auteur reste inconnu de la justice, mais rien ne dit que demain, il ne sera pas arrêté, même pour une broutille, une conduite en état d’ivresse, une bagarre… Son ADN sera alors prélevé et enregistré et cela pourra relancer l’enquête, qui est désormais officiellement rouverte.
Marion Dubreuil.
Invité- Invité
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Tueur en série : le grêlé. :: AFFAIRES EN COURS :: NON ÉLUCIDÉ
Cellule Cold cases, É. Foray, M.Boisseranc, S.Alloard, C.Giboire, K.Leroy, J.Heusèle, S. Viguier...
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