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Jacques Rançon

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Jacques Rançon - Page 9 Empty Re: Jacques Rançon

Message par Manor Lun 21 Aoû - 22:19

Bonsoir,
Oui j'avais partagé ce lien dans les "recommandations", tous les épisodes de la série sont très intéressants.

Je poste les dossiers sortis par lesjours sur Rançon, certains ne sont pas récents mais tous contiennent des détails intéressants (ou indicibles).

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Un sentier se détache. À peine plus d’un kilomètre sur une langue de terre que certains appelaient alors « le chemin des amoureux ». Entre champs et bois, on imagine le soleil passer à travers le feuillage en plein été. Les céréales finissent leur maturation sur les parcelles qui bordent la forêt. Un décor presque bucolique. Mais à l’abri du passage routier, le long de la route départementale 1029, à hauteur de Cachy, dans la Somme, on a retrouvé un corps, à moitié dénudé et grignoté par les insectes. Le 3 juillet 1986, en pleine canicule, Isabelle Mesnage gît sur le chemin.

Dans un mois, trente-cinq années auront passé depuis la mort de l’informaticienne de 20 ans, originaire du Pas-de-Calais. De sa disparition violente ne restent que les souvenirs de ses proches et l’imminence d’un procès. À partir du 8 juin, la cour d’assises de la Somme se penche sur ce meurtre longtemps oublié dans un placard du parquet d’Amiens.

Trois décennies de vide, d’incertitudes, de fausses pistes. L’affaire non élucidée intrigue, attise les passions, les supputations. En juin, Jacques Rançon prendra place dans le box des accusés pour, peut-être, effacer les doutes. Le natif de la Somme n’en est pas à son premier procès. Il y a 27 ans, dans la même ville d’Amiens, il était condamné par ces mêmes assises pour viol. Mais ce n’est pas une vieille histoire qui a précipité la nouvelle comparution de l’homme de 61 ans, dont le parcours ne manque pas de vieilles histoires. Avant d’être accusé du meurtre d’Isabelle Mesnage, il a été jugé et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour les homicides de deux jeunes femmes, commis à Perpignan en 1997 et 1998. Les mutilations infligées à leurs corps ont été scrutées par des experts et discutées au procès, en mars 2018. Jacques Rançon avait découpé les seins et le triangle pubien de Mokhtaria Chaïb, étudiante de 19 ans, après l’avoir tuée de douze coups de couteau. Six mois plus tard, il étranglait Marie-Hélène Gonzalez, 22 ans, avant de lui ôter la tête et les mains.

Corinne Herrmann sait le cadavre d’Isabelle Mesnage altéré au niveau des organes génitaux. Elle sait que le lieu du meurtre est proche du domicile de Rançon

En 2018, le détail de ces amputations interpelle Corinne Herrmann. Dans le bureau parisien qu’elle partage avec Didier Seban, l’avocate s’intéresse de près au procès de ces « disparues de Perpignan ». Avec son binôme, ils se sont faits spécialistes des affaires criminelles non élucidées – elle représente les familles dans une soixantaine de dossiers, donc celui des disparus de l’Isère, des disparues de l’A6, sans compter le cas Fourniret, désormais clos avec la mort du tueur, le 10 mai dernier. Corinne Herrmann scrute toutes les procédures ayant trait aux « cold cases ». Alors, elle sait. Elle sait le cadavre altéré d’Isabelle Mesnage, notamment au niveau des organes génitaux – altérations attribuées par les médecins légistes en 1986 aux insectes compte tenu de l’état de décomposition du corps. Elle sait les quelques kilomètres seulement qui séparaient alors le lieu du meurtre du domicile de Jacques Rançon, connu par la justice pour des faits de viols et d’agressions sexuelles dans l’Amiénois.

Et si c’était lui, la clé de l’énigme que plus personne ne cherche à résoudre ? En France, le délai de prescription pour les crimes commis sur des majeurs est de 20 ans – il était de 10 ans en 1986. Comment alors rouvrir un dossier vieux de 33 ans et considéré comme clos depuis 1992 ? « On a saisi le parquet en soutenant qu’il n’y avait pas prescription puisqu’on pouvait lier une série de meurtres et que chacun des meurtres interrompt la prescription », explique Didier Seban, devenu l’avocat de la famille Mesnage, en duo, toujours, avec Corinne Herrmann. L’argument porte et la procureure adjointe d’Amiens, Anne-Laure Sandretto, accepte de rouvrir le cold case. Très vite, la section de recherche de la gendarmerie reprend l’enquête, exhume le corps d’Isabelle Mesnage, commande de nouvelles analyses, suspecte à son tour Jacques Rançon d’être l’auteur du meurtre. En quinze mois, les enquêteurs accumulent assez d’éléments pour le mettre en garde à vue.

Il aura donc fallu 33 ans avant qu’un suspect soit sérieusement considéré dans le meurtre d’Isabelle Mesnage. En 1986, bien sûr, les enquêteurs s’étaient penchés sur son entourage, ses relations, sur ceux qui avaient découvert le corps. Sans résultat. « Au bout de six ou huit mois d’enquête infructueuse sur la proximité de la victime, on ne va pas chercher s’il y a eu un tueur de passage, s’il y a un tueur dans le coin, s’il y a quelqu’un qui a été jugé pour un certain nombre d’agressions sexuelles ou de crimes dans le coin, regrette Didier Seban. Or, si on n’a pas résolu l’affaire dans la proximité, c’est peut-être parce que c’est un tueur de passage… » L’avocat estime que « l’affaire Mesnage est la démonstration de la nécessité d’enquêter autrement sur les criminels en série ». Mais quand les crimes et délits se multiplient, que les affaires s’empilent sur les bureaux des procureurs et des juges d’instruction et que les années passent, irrémédiablement, les dossiers comme celui-ci sont archivés. La probabilité de les voir ressortir s’amoindrit. « Forcément, quand les affaires sont anciennes, elles deviennent complexes parce que les indices disparaissent, les témoignages disparaissent, les enquêteurs sont pris par des urgences ou des affaires récentes », constate Jacques Dallest, procureur général de la cour d’appel de Grenoble et président du « groupe de travail cold cases », mis sur pied par le ministère de la Justice en 2019. Et ne rouvre pas un cold case qui veut.

Les affaires terminées mais pas prescrites, les disparitions inquiétantes, les affaires qu’on pourrait encore travailler mais qui ont été clôturées… Ces dossiers, il faudrait les exhumer.

Jacques Dallest, président du « groupe de travail cold cases »
De toute façon, il faut déjà le vouloir. Et pour le vouloir, il faut avoir conscience des centaines de dossiers laissés pour compte. Des centaines ou peut-être même des milliers. Personne ne le sait : il n’existe aucune liste exhaustive des affaires non élucidées en France. « En matière de meurtres, on a fait un recensement sur la police judiciaire de province, hors Paris, indique Philippe Guichard, commissaire de police, sous-directeur adjoint chargé de la lutte contre la criminalité organisée et membre du groupe de travail cold cases. Actuellement, il y a 150 dossiers d’homicides qu’on peut qualifier de “cold cases”. Ça ne prend donc pas en compte Paris intra-muros, ni les affaires de la gendarmerie, et ça concerne les affaires encore en portefeuille – donc celles qui ont été clôturées ne rentrent pas dans le cadre. Ça ne prend pas non plus en compte les affaires qui auraient pu être gardées par la sécurité publique des grandes métropoles. »

Jacques Dallest détaille : « L’idée d’affaires non élucidées englobe toutes les affaires en cours, qu’on peut compter, mais il faudrait y ajouter les affaires terminées mais pas prescrites, les disparitions inquiétantes et les affaires qu’on pourrait encore travailler mais qui ont été clôturées parce que le dossier est arrivé à une impasse. Ces dossiers, il faudrait les exhumer, mais ce n’est pas facile de les retrouver. » D’où la nécessité de créer des pôles spécialisés dans les parquets, dédiés au suivi des affaires complexes et au fait du nombre de dossiers concernés dans la juridiction et de leur teneur. Ainsi serait entretenue la « mémoire criminelle des parquets ». C’est l’une des préconisations clés du rapport du groupe de travail cold cases, rendu en février 2021. Pour cela, un changement législatif s’impose, qui, lui aussi, se fait attendre. Car l’idée n’est pas nouvelle. En 2007 déjà, un groupe de travail sur le traitement des crimes en série – dans lequel Jacques Dallest intervenait en tant qu’expert – avait abouti aux mêmes préconisations. Aujourd’hui, l’idée pourrait avoir fait son chemin dans les couloirs de la Chancellerie. Le projet de loi pour la « confiance dans l’institution judiciaire », présenté en conseil des ministres le 14 avril dernier, prévoit « la création de juridictions interrégionales qui seront spécialisées pour connaître les crimes de meurtres, tortures et actes de barbarie, viols, enlèvement et séquestration, lorsque ces faits sont susceptibles d’avoir été commis de façon répétée, afin de renforcer l’efficacité de la répression contre les criminels en série ». Le 20 mai, les députés ont adopté cet amendement en première lecture. Un « pôle unique national » chargé de ces crimes pourrait donc être créé rapidement.

Parmi les autres propositions du groupe de travail, on trouve le besoin criant d’un droit à l’enquête sur les parcours criminels des auteurs d’infractions lourdes. Aujourd’hui, les juges d’instruction sont saisis sur les faits et non sur les individus. Si rien ne relie un homme à un crime – parce qu’il ne vit pas là où le crime a eu lieu, par exemple, et qu’aucune trace ADN n’a été trouvée sur place –, les enquêteurs n’ont aucune raison légitime pour se pencher sur un profil de criminel en série. Impossible donc, en l’état, de passer au crible toute la vie d’un homme déjà connu de la justice. Où a-t-il travaillé ? Où est-il parti en vacances ? Quelles victimes est-il susceptible d’avoir croisé sur sa route ?

Pour les meurtres de Perpignan, Jacques Rançon a bénéficié pendant dix-sept ans du manque de communication entre parquets sur les affaires criminelles

Pour les meurtres commis à Perpignan, Jacques Rançon a bénéficié pendant dix-sept ans de cette faille, de l’accumulation des dossiers et du manque de communication entre parquets sur les affaires criminelles. D’autant que, pendant longtemps, la génétique devenue reine ne pouvait rien pour la résolution des enquêtes comme celle des disparues de Perpignan. Car la science du crime a beau avoir fait de grands bonds, ses progrès ne sont pas rétroactifs. « Lors des autopsies dans les années 1980, il n’y avait pas de recherches ADN, rappelle Jacques Dallest. On peut retrouver les traces de quelqu’un en 2021 sur une scène de crime mais ne pas avoir de quoi le confondre sur une affaire qui remonte à trente ou quarante ans. » Et pourtant, c’est bien l’ADN qui a permis de coincer Jacques Rançon pour le meurtre de Mokhtaria Chaïb. Sur l’une des chaussures de la jeune Perpignanaise, les enquêteurs avaient relevé une trace. Début 1998, la technologie y voyait simplement un ADN partiel masculin. Le fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg) est créé quelques mois plus tard et la loi prévoit alors le prélèvement de tous les auteurs de délits et crimes sexuels et de violences volontaires. Or, Jacques Rançon est condamné en 1999 à Amiens pour agression sexuelle, puis en 2013 à Perpignan pour des violences sur son ex-compagne. Le Fnaeg ne relie cependant toujours pas la trace retrouvée sur la chaussure de Mokhtaria Chaïb à Jacques Rançon. Mais en octobre 2014, un nouveau logiciel tout droit venu des États-Unis est installé sur le fichier. Et ça matche.

Cette correspondance génétique n’existe pas dans l’affaire Mesnage. « Il n’y a aucune preuve scientifique dans ce deuxième dossier de la culpabilité de monsieur Rançon », appuie Gérald Brivet-Galaup, l’un de ses avocats. Lors de sa garde à vue, en juin 2019, son client avait avoué être l’auteur du meurtre de 1986. Quelques mois plus tard, en octobre, Jacques Rançon est revenu sur ses aveux. « Il maintient sa rétractation, et donc nous plaiderons l’acquittement », indique d’ores et déjà Gérald Brivet-Galaup. « Dans l’esprit des gens qui vont suivre ce procès ou s’y intéresser, le fait même que l’on puisse associer Rançon et acquittement est surprenant. Les deux termes a priori ne vont pas ensemble. Mais le procès de juin n’est pas celui de Perpignan. » L’enjeu est en effet majeur. Dans l’acception policière courante, les enquêteurs considèrent que ce qui définit le crime en série, ce sont « trois meurtres ou plus commis de sang froid et sans mobile apparent, à distance les uns des autres avec un intervalle de temps séparant chaque événement ». Jacques Rançon a déjà coché deux cases.

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Tout le monde s’accorde à le dire : Jacques Rançon est un « pauvre type ». Même son avocat tend à le désigner ainsi, « avec tout le respect qu’[il] lui doit ». Une manière de dire, en somme, que « Jacques Rançon n’est pas un génie du mal ». « Si on met de côté les actes qu’il a commis, c’est une personnalité normale, cordiale, presque attachante. Rien ne transparaît de sa personne qui laisserait à penser qu’il ait pu commettre des faits aussi graves, souligne Gérald Brivet-Galaup. Il a eu une vie dégueulasse, une enfance dégueulasse, mais ce n’est pas le prince des ténèbres. » Derrière les multiples agressions sexuelles, les viols et les homicides se cacheraient donc des traumatismes d’enfance. L’argument semble un peu convenu, presque épuisé dans la défense des criminels en attente d’un procès. Mais, une semaine avant l’audience pour le meurtre d’Isabelle Mesnage, peut-être cet argument vaut-il le coup d’être regardé de plus près.

À 15 ans, Jacques Rançon agresse une première femme. Plus tard, il est violent avec sa compagne enceinte

La vie de Jacques Rançon se forge dans la brique. Une brique rouge comme brûlée par le soleil voilé de la Picardie. Dans la Somme, où il naît en mars 1960, le bâti est ainsi fait. La brique écrase toute autre tentative d’urbanisme, l’ocre prend le pas sur le gris des routes et détonne avec la couleur paille des champs qui s’étendent à perte de vue jusqu’à Amiens, à une dizaine de kilomètres à l’ouest. Il pousse son premier cri à Hailles. Son père, maçon, a 53 ans et déjà treize enfants d’une précédente union. Lui et sa seconde femme en ont quatre autres. Toute la fratrie Rançon finit par être placée en foyer. Tous, sauf Jacques qui reste vivre avec ses parents et dort dans leur chambre. Pourquoi n’a-t-il pas été confié aux services sociaux ? À chacun de ses procès, la justice s’est posé la question, sans jamais obtenir la réponse.

Jacques Rançon grandit dans une extrême pauvreté. Ses premières années, il ne semble pas faire parler de lui. « Le début de la catastrophe Rançon commence quand il a 15 ans », retrace un magistrat qui s’est longuement penché sur le dossier et qui souhaite rester anonyme. Adolescent, Jacques Rançon agresse une jeune femme dans son village, alors qu’elle rentre du travail. Pas de viol, pas de coups. Mais quand la famille de la victime veut déposer plainte, « un gendarme […] explique aux parents de la jeune fille : “La famille Rançon a déjà beaucoup d’ennuis, ne leur rajoutons pas des emmerdements” ». Aucune plainte n’est déposée.

Alors la vie continue, parmi les briques… et les chaussettes. Jacques Rançon trouve un emploi à l’usine de textile Kindy, dans la ville de son enfance, Moreuil. Il fréquente quelques jeunes femmes, s’installe en couple avec l’une d’elle pendant quatre ans. Lorsqu’elle tombe enceinte, il devient violent. Il reconnaît son fils mais se sépare de la mère en 1991. L’année suivante, une autre de ses compagnes accouche d’un nouvel enfant. Cette fois, il ne le reconnaît pas.

Je suis dans la rue, il doit être 23 heures et il pleut. Je la vois, alors je sors mon couteau et je l’emmène là-haut sur le terrain vague. Là, je veux lui faire l’amour mais j’y arrive pas, elle crie, elle gueule : “Police !” Alors je lui mets des coups de couteau, je sais plus combien.

Jacques Rançon aux enquêteurs, à propos de Mokhtaria Chaïb
Le samedi, le trentenaire a pris l’habitude d’aider à l’organisation des bals populaires. À la sortie d’un de ces bals, un soir de 1992, il se met au volant de sa Renault Fuego noire, suit la voiture d’une jeune femme et parvient à la bloquer sur une route de campagne. À l’orée du bois de Gentelles, à quatre kilomètres à peine de l’endroit où, six ans auparavant, Isabelle Mesnage a été retrouvée morte, Jacques Rançon sort, un couteau à la main. Dans la Fuego, il viole la femme – il lui dira qu’il lui a « fait l’amour », comme pour les victimes suivantes sur son parcours. Puis il la raccompagne à sa voiture et lui vole son sac à main. « Il a imaginé que les choses ne s’étaient pas trop mal passées et qu’il avait une chance de la revoir. Alors, il lui a téléphoné pour lui rendre le sac. C’est comme ça qu’il a été interpellé », se souvient Hubert Delarue, avocat amiénois, commis d’office sur ce dossier à l’époque. « Il n’a jamais contesté les faits. Il n’était pas ennuyeux, pas revendicatif, pas agressif comme le sont parfois les violeurs à dire : “Elle l’avait bien cherché.” C’était un campagnard un peu arriéré avec un vocabulaire extrêmement limité. Donc il est bien passé devant le jury populaire. » En 1994, la cour d’assises d’Amiens condamne Jacques Rançon à huit ans de réclusion criminelle. Il sort au bout de cinq ans et demi de détention, le 6 septembre 1997. Il décide de quitter les briques, le nord, Amiens, et part vivre à Perpignan.

Installé à l’hôtel du Berry, en face de la gare, Jacques Rançon prend ses marques avec le sud. Quatre jours après sa sortie de prison, le 10 septembre 1997, il remarque une jeune fille qui lui plaît. Il l’attrape, la jette sur une pelouse en contrebas d’un pont, mais est stoppé dans son acte par des témoins, qui le chassent. Jacques Rançon continue ses maraudes. La journée, il travaille comme cariste-magasinier, le soir il se promène, tantôt à pied, tantôt en voiture, mais toujours un couteau dans la poche.

Au milieu des années 1990, Perpignan n’est pas sereine. En 1995, Tatiana Andujar, 17 ans, disparaît à la gare alors qu’elle revient de Toulouse. Elle n’a jamais été retrouvée. Le niveau de vigilance s’accroît petit à petit chez les jeunes femmes. La série d’agressions commises par Jacques Rançon accentue encore davantage la psychose perpignanaise. Dans la nuit du 20 au 21  décembre 1997, il croise la route de Mokhtaria Chaïb, qui rentre dans sa résidence universitaire après avoir passé la soirée chez un ami. « Je suis dans la rue, il doit être 23 heures et il pleut. Je la vois, alors je sors mon couteau et je l’emmène là-haut sur le terrain vague, avouera bien plus tard Jacques Rançon aux enquêteurs de la police judiciaire. Là, je veux lui faire l’amour mais j’y arrive pas, elle crie, elle gueule : “Police !” Alors je lui mets des coups de couteau, je sais plus combien. » Douze. Il plante sa lame douze fois dans le corps de la jeune femme. Puis il découpe ses organes génitaux, les met dans un sac qu’il balance dans une bouche d’égout en retournant à l’hôtel du Berry.

Le 26 juin 1998, le corps de Marie-Hélène Gonzalez est découvert près de l’A9, à Perpignan. Le cadavre n’a ni mains, ni tête, ni organes génitaux

La peur enfle à Perpignan et Rançon rôde toujours. Début mars 1998, il aperçoit Sabrina au pied d’un immeuble. Ni une, ni deux, il se gare et l’aborde. La Perpignanaise de 20 ans n’est pas intéressée mais il insiste pour qu’elle l’aide « à faire le code de l’immeuble ». Il n’y arrive pas seul, il a un peu bu, lui dit-il. Serviable, elle l’accompagne sous le porche. D’un geste net et rapide, il plante son couteau dans l’abdomen de Sabrina et l’ouvre du pubis au sternum. Un témoin assiste à la scène, hurle. Jacques Rançon déguerpit. Sabrina, qui survit à l’agression, porte plainte. Pendant seize ans, elle attend que son agresseur soit retrouvé.

Le 26 juin 1998, juste avant 10 heures, un cadavre est découvert sous des herbes hautes, à proximité du péage sud de l’autoroute A9, à Perpignan. Le corps n’a ni mains, ni tête, ni organes génitaux. Dix jours plus tôt, Jacques Rançon a laissé là la dépouille de Marie-Hélène Gonzalez après l’avoir prise en stop à la gare et avoir tenté de la violer. Malgré sa précédente condamnation pour viol et sa proximité avec les lieux de disparition des jeunes femmes, Jacques Rançon n’est pas dans le collimateur des enquêteurs, qui se grattent la tête jour et nuit pour faire la lumière sur ces crimes. En septembre 1998, en voiture, il suit une femme en essayant de la persuader que sa voiture à elle fait des étincelles et qu’elle doit s’arrêter. Mais la peur du crime a paralysé toute la ville, les Perpignanaises se méfient. La conductrice appelle son père, qui vient régler la situation à coups de batte de base-ball. Retour à la case prison pour quelques mois.

Septembre 1999. Après sa détention, Jacques Rançon retourne dans sa région natale. À peine arrivé, il agresse une femme dans le parc René-Goblet à Amiens et est condamné à cinq ans de prison. À sa sortie, il repart à Perpignan. Là, alors qu’il a 46 ans, il croise la route de Lolita, 16 ans. Ensemble, ils ont deux enfants. Et la vie suit son cours, loin de la prison, de la justice, des enquêtes. De temps en temps, il embarque sa famille dans l’amiénois. Chaque fois, dans les bois près des villages de son enfance, il reste plusieurs minutes, seul, pendant que Lolita attend dans la voiture. C’est elle qui le raconte, bien plus tard, une fois séparée de celui qui l’a menacée de mort, une fois qu’il a avoué le meurtre de Mokhtaria Chaïb, en octobre 2014.

C’est un paravent. Je suis persuadé qu’il y a d’autres affaires, mais il n’avoue que quand il y a des éléments contre lui, avance l’un d’eux. À Perpignan, il était coincé. Il a reconnu parce qu’il y avait de l’ADN.

Un magistrat qui a croisé la route de Jacques Rançon
Ses deux premiers procès d’assises ont beau être séparés de 24 ans, Jacques Rançon garde le même état d’esprit en 2018. Il n’est pas agressif, mais la salle et la ville entière le sont, à Perpignan. Quand les frères de Marie-Hélène Gonzalez tentent de le frapper à travers les ouvertures du box vitré, il recule simplement, les yeux toujours baissés. Pendant trois semaines, l’homme aux cheveux longs et gras reste assez mutique. « C’était difficile de lui arracher quelques mots, se souvient un magistrat. Objectivement, la tension était tellement dure dans la salle que ce n’était pas de la dissimulation de sa part parce que ce n’est pas un génie, il n’est pas agrégé de lettres classiques, notre ami. »

À l’approche de son troisième procès d’assises, Jacques Rançon sait désormais ce qui l’attend. « On lui demande d’être plus présent parce qu’il va falloir montrer sa bonne foi, on ne pourra pas se contenter du silence pour plaider l’acquittement, confie son avocat, Gérald Brivet-Galaup. Il est un peu inquiet mais il est beaucoup plus impliqué qu’à Perpignan, il pose des questions sur le raisonnement des argumentaires. Il est très combatif. » Pourtant, le sexagénaire vit à l’isolement depuis sept ans. D’abord incarcéré à Béziers en 2014 lors de son interpellation pour les meurtres de Mokhtaria Chaïb et Marie-Hélène Gonzalez, il a ensuite passé quelques temps à la maison d’arrêt de Perpignan avant d’être transféré à Amiens pour faciliter les investigations des enquêteurs autour d’Isabelle Mesnage. Il ne reçoit ni visites, ni appels, ni courriers, ni nouvelles de personne, y compris de ses enfants mineurs, placés. Ses avocats sont ses seuls liens avec le monde extérieur. « Quelqu’un d’autre à sa place serait complètement atteint psychologiquement par tout ça. Mais lui, il est comme d’habitude. Et ça pose question sur son état mental, sur la perception qu’il a de la réalité… Peut-être que ça le garde de la folie, justement », souffle Gérald Brivet-Galaup. Les magistrats qui ont déjà croisé sa route voient plutôt chez le sexagénaire un calculateur. « C’est un paravent. Je suis persuadé qu’il y a d’autres affaires, mais il n’avoue que quand il y a des éléments contre lui, avance l’un d’eux. À Perpignan, il était coincé. Il a reconnu parce qu’il y avait de l’ADN. »

Bientôt, Jacques Rançon sera à nouveau scruté, son parcours interrogé et ses réponses disséquées pour tenter d’y déceler une stratégie ou une dissimulation. Pour le moment, il patiente dans sa cellule, derrière les briques rouges de la maison d’arrêt d’Amiens.

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La première phrase a donné le ton. « Ce n’est pas moi qui ai assassiné mademoiselle Mesnage. » Pendant cinq jours, Jacques Rançon a gardé cette ligne de défense. Lui, l’auteur des meurtres de Mokhtaria Chaïb et Marie-Hélène Gonzalez, de viols et d’agressions sexuelles, l’a martelé : la jeune informaticienne de 20 ans, retrouvée morte le 3 juillet 1986 dans un petit bois à Cachy, n’a pas succombé de ses mains. Malgré quatre heures de délibéré, il n’a pas convaincu les jurés de la cour d’assises de la Somme. Le sexagénaire a été reconnu coupable de meurtre et viol, samedi 12 juin. Il a été condamné à trente ans de réclusion criminelle, dont vingt de sûreté.

Toute la semaine, des personnages d’un autre temps se sont succédé à la barre. Quand Isabelle Mesnage a été retrouvée dans une clairière du lieu-dit La Tête du Bois l’Abbé, il y a 35 ans, ils avaient 30 ans tout au plus. Les années ont déformé les visages, les corps et, parfois, les souvenirs. Dans le box vitré, les yeux la plupart du temps baissés vers le sol, Jacques Rançon est méconnaissable. Il porte une chemise blanche, de plus en plus froissée à mesure que les jours passent. Surtout, il est loin le Rançon à la barbe mal entretenue et au visage bouffi. Amaigri, rasé de près et lunettes sur le bout du nez, il faut le regarder longtemps pour voir celui dont le visage a marqué Perpignan lors de son procès en mars 2018.

Nouveau discours, nouveau visage, nouveau procès. Pour sa troisième fois aux assises, Jacques Rançon devait répondre de la disparition d’Isabelle Mesnage, jeune femme « affirmée, indépendante, libre ». Le 28 juin 1986, elle quittait son appartement de Corbie, près d’Amiens, pour une destination inconnue. Allait-elle à Outreau rejoindre des amis à un rassemblement catholique ? Partait-elle pour une randonnée ? Seule ? Accompagnée ? En tout cas, elle n’est pas arrivée à destination. Cinq jours plus tard, son corps est retrouvé dans une clairière. Sans short ni culotte, face contre terre. En la retournant, les gendarmes découvrent un visage dévoré par les vers et, à la place du pubis, un trou béant où des poignées d’asticots prolifèrent. À quelques mètres, dans les ronces, on trouve son short de course bleu électrique et sa culotte.

Près de l’endroit où a été retrouvé le corps d’Isabelle Mesnage, Jacques Rançon a déjà agressé deux femmes, il connaît l’endroit

Dit comme cela, la présence de Jacques Rançon à la barre ne semble pas évidente. Pourquoi donc, 35 ans après ces faits commis dans la Somme, un homme condamné en 2018 pour meurtres, viols, tentative de meurtre et agressions sexuelles à Perpignan serait-il entendu ? Les avocats de la famille Mesnage, Corinne Herrmann et Didier Seban, et l’avocate générale, Anne-Laure Sandretto, se sont évertués à tout expliquer aux neuf jurés.

D’abord, il y a l’endroit. Le corps d’Isabelle Mesnage est retrouvé dans un petit bois, accessible par un chemin de terre. « Pour s’engager sur ce chemin, il faut connaître un peu la région », a insisté le colonel de gendarmerie chargé de l’enquête en 1986, à la barre cette semaine. Le triangle entre Fouilloy, Villers-Bretonneux et Cachy, dans un rayon de deux kilomètres, justement, Jacques Rançon semble bien le connaître. « C’était son territoire de chasse », ont même avancé les enquêteurs. La formule est peut-être maladroitement choisie – et elle a fait tiquer les avocats de la défense – mais elle cache une vérité. Jacques Rançon a agressé deux femmes dans cette zone, il l’a reconnu. À quelques centaines de mètres du bois où a été trouvé Isabelle Mesnage, six ans plus tard, le natif du territoire commettait son premier viol. À la réouverture de l’affaire Mesnage, en 2018, les enquêteurs ont retrouvé une victime encore inconnue des tours en voiture de Rançon. Elle ne sait plus vraiment à quelle date c’est arrivé, peut-être en 1986, peut-être en 1987. Elle avait 16 ans, voulait aller au bal, dans le dos de ses parents. Elle allait rejoindre sa cousine un après-midi d’été et elle se souvient de cet homme, qui l’a gentiment prise en stop sur le bord de la route. Quand elle a compris qu’il n’empruntait pas le chemin qu’elle lui indiquait et qu’il se faisait insistant, l’adolescente a pris peur, a sauté de la voiture en marche. Elle n’a jamais porté plainte.

Pour Xavier Capelet et Gérald Brivet-Galaup, avocats de l’accusé, avoir agressé deux femmes dans ce périmètre ne signifie pas en avoir tué une autre. D’autant que leur client dit n’avoir jamais mis les pieds à La Tête du Bois l’Abbé. Le chemin pour y accéder est à quelques dizaines de mètres de l’endroit où il a garé sa Renault Fuego noire pour violer une jeune femme en 1992, mais il l’assure, il ne le connaît pas. Pourtant, Carole, sa compagne à la fin des années 1980, elle, a reconnu l’endroit. Ils venaient y promener Oscar, le chien. Elle a même détaillé comment y arriver. « Les seules promenades que j’ai faites, c’était avec lui. Je suis sûre de moi, je ne vais pas dans ces endroits toute seule, je suis une trouillarde ! », a soutenu la désormais quinquagénaire sans cesse sollicitée par la justice pour témoigner sur le père de son fils. « Il y a sûrement d’autres gens qui se sont promenés sur ce chemin ! Pourquoi ne veut-il même pas dire qu’il y est allé ? », s’est étonné Didier Seban, l’avocat de la famille Mesnage.

À cette époque, Jacques Rançon, qu’on surnommait « Nounours », installait la sono mobile Système 12 pour le bal du samedi soir

Isabelle Mesnage a disparu dans l’après-midi du 28 juin 1986. On ne sait pas vraiment où, ni comment. On ne sait pas où elle allait, si quelqu’un a fini par la prendre en stop, où elle comptait s’arrêter avec son sac, sa tente et ses quelques provisions. La seule certitude, c’est que sa montre a été remontée pour la dernière fois ce samedi-là entre 16 h 18 et 16 h 21. Selon toute logique, elle serait donc décédée après.

Et Jacques Rançon, que faisait-il le samedi après-midi à cette époque de sa vie ? Celui qu’on appelait alors « Nounours » installait la sono mobile Système 12 avec d’autres natifs du coin, devenus ses copains. « On se donnait rendez-vous, il me prenait en passant vers 17 heures et on allait à la sono », se souvient l’un d’eux. Entre 14 h 30 – à peu près l’heure à laquelle Isabelle Mesnage est aperçue dans la rue pour la dernière fois, à Fouilloy – et 17 heures, Jacques Rançon n’a donc aucune obligation. « Carole était toujours avec moi », a-t-il instinctivement déclaré aux juges d’instruction. Elle n’a pas été si catégorique. « J’y allais souvent, au bal, mais pas tout le temps. Parfois, je restais à la maison ou j’allais chez une copine. » « Rien ne dit qu’Isabelle Mesnage est morte le 28 juin », a avancé la défense. Des joggeurs interrogés en 1986 ont dit avoir couru le 29 le long du chemin où les affaires de la jeune sportive ont été retrouvées et n’y avoir rien vu. L’état de putréfaction du corps retrouvé le 3 juillet n’avait pas permis de dater le décès avec exactitude.


Pour les mêmes raisons, impossible aussi de savoir de quoi est morte Isabelle Mesnage. À l’époque, l’autopsie a lieu quatre jours après la découverte du corps. Le rapport est succinct, les photos quasi inexistantes et les conclusions décevantes : on ne sait pas. Ce qui est clair, c’est que le corps n’a plus ni vagin, ni vulve, ni anus, qu’on « ne retrouve pas de vessie » et que des insectes nécrophages ont pondu des œufs dans le corps, notamment dans la zone pubienne. « Je n’avais jamais vu ça. C’était une scène de film d’horreur, s’étonne encore Serge Écoute, gendarme désormais retraité. Quand on éloignait les asticots, on se rendait compte d’un manque de matière évident. »

Les insectes se posent davantage sur les plaies. Ils ont pu majorer la taille des plaies, mais ils n’en sont pas à l’origine.

Les experts au sujet des insectes retrouvés sur le corps
Justement, telle est la question qui a monopolisé une grande partie des débats et des esprits à l’audience. Y avait-il des vers parce qu’il y avait des plaies ou y avait-il des plaies parce qu’il y avait des vers ? La réponse est clé. Les apparentes similitudes entre les corps des victimes de Jacques Rançon à Perpignan et celui d’Isabelle Mesnage, entre autres, ont poussé le parquet à reprendre les investigations en 2018. En 1986, le légiste avait noté des lésions au niveau de la zone pubienne dues à la présence d’insectes. Rien de plus, rien de moins. En 2018, quatre nouveaux experts ont été mandatés pour avis. Trois ont été formels : « Les insectes se posent davantage sur les plaies. Ils ont pu majorer la taille des plaies, mais ils n’en sont pas à l’origine. »

Avant les vers, donc, une main humaine est venue couper dans les organes génitaux. Peut-être pas celle de Jacques Rançon, a tenté la défense. Et si Isabelle Mesnage avait été enceinte de son collègue, marié, qu’elle semblait fréquenter depuis sa prise de poste à Amiens ? Rien à l’autopsie sur une éventuelle grossesse et après douze heures d’interrogatoire, en 1986, les enquêteurs ont relâché cet homme, convaincus qu’il n’était pas impliqué dans son meurtre. Reste donc Rançon. Mais les coupes sont moins nettes que sur les victimes perpignanaises. « Un tueur en série commence par de premiers faits et apprend tout au long de sa vie, a expliqué Corinne Herrmann, l’avocate de la famille. Le premier crime, ça le dope, mais surtout ça tâtonne. »

Pendant l’audience, la défense a avancé un autre argument en faveur de l’innocence de Jacques Rançon. Isabelle Mesnage, sportive, aux allures de « fille-garçon » et aux cheveux courts, n’est pas son style. Elle allait sur la route en short et débardeur. « Vous aimez les femmes en short », a demandé Didier Seban. « Non. » « Et en jupe ? » « Oh… oui. » Parce que Jacques Rançon « aime regarder les jambes ». « Qu’on ne vienne pas me dire qu’elle ne correspondait pas à ses critères, a tonné Me Herrmann. Elle ne pourrait pas être sur sa liste parce qu’elle n’était pas belle ? Dans cette rue, sur cette route, elle était magnifique, Isabelle. »

« Tout se recoupe, monsieur Rançon », a soufflé l’avocate générale Anne-Laure Sandretto. D’une voix monocorde, sa réponse : « C’est le hasard, c’est quelqu’un d’autre. » « Vous avez beau insister sur ce fait, je vous dirai jamais que c’est moi parce que c’est pas moi ! Donc calmez-vous ! », s’est-il même emporté – pour la première fois de mémoire judiciaire – contre Me Didier Seban. Mais si parties civiles et parquet insistent, c’est parce que Jacques Rançon a avoué le meurtre en juin 2019. Avant de se rétracter.

Comme pour le meurtre de Mokhtaria Chaïb, Rançon avoue le crime d’Isabelle Mesnage en garde à vue puis se rétracte auprès du juge d’instruction

Négation, aveux, rétraction, re-aveux. Sur la plupart de ses affaires, Jacques Rançon a fonctionné comme cela. En 2014, il est interpellé à Perpignan. Les policiers l’interrogent sur le meurtre de Mokhtaria Chaïb, commis en 1997. Son ADN a été retrouvé sur une chaussure mais pendant des heures, il nie toute implication. Quelques instants seulement avant la fin de la garde à vue, Jacques Rançon dit tout, impassible, en détail, mutilations comprises. Trois mois plus tard, dans une lettre envoyée au juge d’instruction, il nie finalement avoir mutilé la jeune femme. Puis, dans deux nouvelles lettres, réfute toute implication : les policiers lui ont mis la pression, il a tout inventé. Un an plus tard, nouveau revirement de situation. C’est lui, pour tout.

Je me souviens pas. Il faut que j’invente ?

Jacques Rançon lors de sa garde à vue pour le meurtre d’Isabelle Mesnage
Dans l’affaire Mesnage, même scénario. Là encore, Jacques Rançon avoue quelques heures seulement avant la fin des 48 heures de garde à vue. Il déroule le fil de ce qu’il a fait à Isabelle Mesnage et, comme lors de ses aveux pour Mokhtaria Chaïb, lance : « Je me souviens pas. Il faut que j’invente ? » Mais il reprend et livre la même version aux juges d’instruction. Puis, encore, il envoie une lettre au magistrat quelques semaines plus tard, dénonçant les pressions policières et affirmant qu’il a tout inventé. « Il y a les aveux, certes. Mais on n’était pas loin de la suggestion de la part des policiers », a réagi Xavier Capelet à la lecture des procès-verbaux de garde à vue. Cette fois-ci, le scénario s’arrête là. Jacques Rançon n’a, depuis sa lettre au juge, jamais cessé de clamer son innocence. À un expert psychiatre, il a lancé : « Tant qu’ils n’auront pas mis sous le nez mon ADN, j’ai pas à avouer. » Cette semaine, devant la cour, le discours était autre. « Je ne vois pas pourquoi je mentirai. J’ai rien à perdre. J’ai déjà pris perpète ! » Jacques Rançon voudrait au moins laver son honneur. Pouvoir se tenir plus droit devant la société, devant sa demi-sœur, venue chaque jour au procès. Installée au deuxième rang, malgré ses 81 ans, elle a suivi les débats autour de cet homme qu’elle « ne pardonnera pas ».

Sur le banc des parties civiles, le frère et la belle-sœur d’Isabelle Mesnage aussi sont venus chaque jour. Ils ont étonné, voire ému, de chaque côté de la barre. « Il y a la justice humaine et la justice divine. Quoi qu’il arrive, justice sera faite, a murmuré l’amie devenue belle-sœur d’Isabelle Mesnage après sa mort. On peut pardonner à un assassin, mais jusqu’à un certain seuil parce qu’il nous restera toujours des souffrances. »

Téléphonie, ADN… Les techniques policières de 1986 n’avaient rien à voir avec ce que l’on sait faire aujourd’hui

Il y a des pardons plus difficiles que d’autres. L’attente, le flou, le vide sont encore difficiles à encaisser. Alors, le procès était presque double. Jacques Rançon, dans le box vitré, pour le meurtre et le viol d’Isabelle Mesnage, en 1986, comme prévu. Et dans les esprits, les 35 années d’enquête embourbées dans le silence. Tous l’ont rappelé, les techniques policières de 1986 n’avaient rien à voir avec ce que l’on sait faire aujourd’hui. Pas de téléphone portable, internet, les progrès de la science sur l’ADN. Les enquêteurs ont tout de même interrogé une vingtaine de personnes, procédé à sept gardes à vue, creusé les pistes. Mais certains éléments étonnent. Le sac d’Isabelle Mesnage, d’abord. Sur les consignes d’un gendarme, l’agriculteur qui le trouve dans son champ regroupe les affaires éparpillées, les remet dans la besace puis apporte le tout à la brigade. Les enquêteurs ont essayé de bien les replacer par la suite, mais c’était peine perdue. D’ailleurs, le croquis pour situer ces indices disposés approximativement dans le bois n’est pas à l’échelle. Est-ce une explication pour la découverte, un mois après la levée de corps, du bracelet d’Isabelle, à l’endroit où gisaient ses pieds ? Et pourquoi diable le corps exhumé d’Isabelle Mesnage, déjà autopsié en 1986, portait-il encore un débardeur et un soutien-gorge ? Les photos de la scène de crime font état d’un bâton ensanglanté de 80 cm à proximité du corps. Les techniques scientifiques de l’époque ne permettaient pas de l’analyser. Puis, les scellés de cette affaire ont disparu. Impossible donc de trouver la vérité.

Jacques Rançon a été déclaré coupable et condamné – il devrait faire appel, selon ses avocats –, mais sur certains points, le mystère demeure. « Beaucoup de choses ont été dites, mais beaucoup sont aussi restées sans réponse, a conclu Me Brivet-Galaup. Si des expertises se contredisent, c’est qu’il n’y a pas de certitude. » Au-delà d’Isabelle Mesnage, les crimes non élucidés sont empreints de questionnements. Et il y en a encore des poignées en France. Il y en a même un dans l’Aisne datant de 1985, où l’on a également retrouvé un bâton ensanglanté sur la scène de crime. Didier Seban ne s’est donc pas privé de demander : « Il y en a d’autres, monsieur Rançon ? » Négatif. Un regard, et dans un virevoltement de robe d’avocat : « On se reverra. »

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L'avocate générale, Anne-Laure Sandretto, ne voulait laisser aucune place au doute. « À aucun moment et pour aucune victime, Jacques Rançon n’est arrivé et a dit : “J’ai besoin de satisfaire ma conscience. Il y en a eu d’autres.” À chaque fois, il se trompe, il oublie de dire des choses, il ment… » Le 12 juin dernier, aux assises de la Somme, à Amiens, le sexagénaire a été condamné pour le meurtre et le viol d’Isabelle Mesnage, commis en 1986 (lire l’épisode 4, « Rançon : trente ans à l’ombre et un doute »). Il se dit innocent et a fait appel du verdict, mais cette condamnation pourrait soulever de nouveaux pans de son parcours criminel. Didier Seban, l’avocat de la famille Mesnage, lui avait d’ailleurs promis à la fin du procès : « On se reverra. »

Un élément a été évoqué à plusieurs reprises par les parties lors des audiences. Sur la scène de crime, à quelques mètres du corps à moitié dénudé et mutilé d’Isabelle Mesnage, les enquêteurs ont trouvé un bâton. 80 centimètres de mystère. « L’une des extrémités était effritée et, sur plusieurs centimètres, le bâton était couvert d’une substance marron, sûrement du sang », a rapporté un ancien gendarme lors du procès. Aucune analyse n’a été menée sur cet indice. En 1986, les techniques de police scientifique ne sont pas encore au point : passer au crible le bâton revient à le détruire. En 2018, les scellés ont disparu, le bâton et la vérité avec.

« Même si c’était l’époque de Cro-Magnon, comme on laisse à penser, on aurait pu faire des analyses biologiques, a cependant martelé Xavier Capelet, l’un des avocats de Jacques Rançon. Le problème dans cette enquête, c’est qu’on est parti de la fin pour arriver au début. On est parti de l’intuition que Jacques Rançon était coupable. » Ce bâton intrigue en effet davantage que sa présence est éludée. D’autant que les enquêteurs n’ont jamais retrouvé un objet de ce type sur les scènes des crimes commis, et avoués, par Jacques Rançon.

En 2017, à la faveur de nouvelles recherches, les gendarmes d’Amiens soupçonnent Jacques Rançon dans le dossier d’une des « disparues de l’A26 »

Mais ailleurs, oui. En 1985, un an avant la disparition d’Isabelle Mesnage, Sophie Borca est retrouvée morte à Homblières, dans l’Aisne. Près du corps dénudé et en partie démembré de la lycéenne : ses vêtements soigneusement pliés et un bâton ensanglanté. Comme pour Isabelle Mesnage, personne ne sait comment Sophie Borca est morte. Depuis trente-six ans, on ne sait pas non plus qui a tué la première victime de celles que les médias ont appelées « les disparues de l’A26 ». Entre mai 1985 et octobre 1988, quatre femmes sont tuées dans les alentours de Saint-Quentin, dans l’Aisne. À chaque fois, leur corps est retrouvé – dénudé, les habits disséminés à quelques mètres – non loin du chantier de l’autoroute A26 alors en construction. Sophie Borca, 16 ans ; Christel Oudin, 13 ans ; Ghislaine Charlier, 43 ans ; Marie-Thérèse Borde, 55 ans. Les quatre familles ont désormais comme avocats le duo Corinne Herrmann et Didier Seban, acteurs majeurs de la réouverture de « cold cases » en France : ils représentent les parties civiles dans près de 70 affaires non élucidées.

L’enquête sur les disparues de l’A26 s’est, elle aussi, parfois perdue dans les méandres des cabinets d’instruction. Mais en 2017, à la faveur de nouvelles recherches dans le dossier Borca, les gendarmes de la section de recherche d’Amiens soupçonnent Jacques Rançon d’être derrière ce meurtre. De Moreuil, dans la Somme, où il résidait en 1985, au petit bois d’Homblières où a été retrouvée la lycéenne, il y a moins de 100 km, à peine une heure de route. Lors des audiences à Amiens, Xavier Capelet a clairement demandé au gendarme chargé des deux enquêtes : « Est-ce qu’il y a un lien entre Jacques Rançon et l’affaire Borca ? » « J’ai vérifié, je n’ai pas pu le démontrer », a répondu le directeur d’enquête. « Donc il n’y a pas de lien entre Isabelle Mesnage et Sophie Borca, à part le bâton ensanglanté… » Une façon pour Me Capelet d’instiller le doute : et si les deux meurtres étaient liés par un même auteur… qui ne serait pas Jacques Rançon ?

« Dans les quatre autres dossiers qu’on a en Picardie, on ne dit pas que c’est Jacques Rançon, mais il faudrait interroger quand même, avançait auprès des Jours Didier Seban, en amont du procès. On a moins d’éléments que dans le dossier Mesnage où il y avait quand même deux éléments qui étaient très troublants : l’extrême proximité avec un viol – pour lequel il a été condamné – commis quelques centaines de mètres plus loin et le fait que c’est son domicile, son lieu familial… Sur Rançon, il faudrait, si on avait le temps, qu’on reprenne exactement son parcours de vie. »

Si c’était moi, en dix-sept ans, il y aurait eu d’autres cas similaires.

En retraçant point par point l’itinéraire de l’homme, on trouverait qu’à au moins une autre reprise il est passé au travers des mailles du filet. Fin septembre 1998, alors qu’il vit à Perpignan depuis tout juste un an, Jacques Rançon est arrêté pour violences avec menace d’une arme sur une automobiliste qu’il essaie de faire sortir de sa voiture pour la violer. En garde à vue, les policiers l’interrogent sur le meurtre de Marie-Hélène Gonzalez. La jeune femme a été retrouvée morte trois mois plus tôt, le 26 juin 1998, et les enquêteurs cherchent son assassin parmi les agresseurs sexuels de la région. Parce que son corps a été largement mutilé, la police cherche un professionnel des armes blanches. C’est ce qu’ils demandent à Jacques Rançon : a-t-il une passion pour les couteaux ? Une formation de boucher ? Ni l’une ni l’autre. Il n’est pas suspecté. Ce n’est que dix-huit ans plus tard, alors qu’il a déjà avoué aux enquêteurs le meurtre de Mokhtaria Chaïb, 19 ans, et l’agression de Sabrina, 20 ans, au pied de son immeuble, que Jacques Rançon craque. Il l’admet, c’est aussi lui qui a assassiné Marie-Hélène Gonzalez. Cette fois-ci, il n’échappe pas à la justice.

Mais ce n’est pas tout. Beaucoup pensent que le « mystère Jacques Rançon » – comme le désigne son propre avocat Gérald Brivet-Galaup – cache encore des secrets. Il faut dire qu’il a lui-même insinué des choses. En 2015, dans un courrier au juge d’instruction perpignanais, il revient sur ses aveux pour le meurtre de Mokhtaria Chaïb : « Si c’était moi, en dix-sept ans, il y aurait eu d’autres cas similaires. » Or c’était lui. Et jusqu’à présent, il n’a jamais été poursuivi pour des affaires postérieures à 1998.

Un dernier élément perturbe particulièrement la justice. Lorsqu’il avoue le meurtre de Marie-Hélène Gonzalez en 2015, Jacques Rançon détaille : « Je lui ai coupé la tête, les mains et les pieds. Je me souviens très bien, parce qu’ils dépassaient du chemin. » Mais le corps de la jeune femme a bien ses pieds… Jacques Rançon n’en démord pas, il est persuadé de les lui avoir sectionnés. Si bien que la juge d’instruction est obligée de lui montrer les photos du corps. « Serait-ce une autre victime ? C’est pas le moment de plaisanter… », souffle-t-il. Cette réaction est ancrée dans l’esprit des magistrats perpignanais. « On est tous persuadés, même si on n’a pas d’éléments pour le démontrer, que quelque part il doit y avoir un corps pour lequel il n’y a pas les pieds », craint l’un d’eux.

C’était très compliqué de retrouver la procédure originale. Puis, on a cherché les scellés dans tous les recoins. On n’a absolument rien trouvé.

Anne-Laure Sandretto, avocate générale du procès de Jacques Rançon, sur la réouverture du dossier
Si cette victime existe quelque part, combien de temps faudra-t-il pour l’identifier et lui rendre justice ? Et pour Sophie Borca ? Pour les autres disparues de l’A26 ? Pour tous les dossiers qui attendent encore sous des décennies de poussière dans les cabinets d’instruction ? Philippe Guichard, adjoint au sous-directeur de la lutte contre la criminalité organisée au sein de la police nationale, estimait dans l’épisode 1 à 150 le nombre d’homicides qu’on peut qualifier de « cold cases », en excluant Paris intra-muros, les grandes villes dotées d’une sécurité publique et les zones couvertes par la gendarmerie. Ce qui est susceptible d’ajouter énormément d’affaires. D’ailleurs, de simples – mais prenantes – recherches sur internet permettent d’en mettre bien plus en évidence et de comprendre pourquoi, sans coopération, elles ne seront pas résolues.

Il serait faux d’affirmer que rien n’est fait, que les services enquêteurs et la justice attendent simplement la création des pôles nationaux spécialisés sur les crimes sériels que les députés ont approuvés en mai. Mais pour l’instant, chacun œuvre dans son coin. Côté justice, les magistrats mus par l’envie de dépoussiérer les anciennes affaires s’activent. Anne-Laure Sandretto, par exemple, l’avocate générale du procès de Jacques Rançon à Amiens, a dédié trois ans de sa carrière au dossier Isabelle Mesnage. « Un jour, disait-elle lors de son réquisitoire, au hasard de la répartition du courrier, je reçois une lettre des avocats des oubliés de la justice, maîtres Herrmann et Seban. C’était très compliqué de retrouver la procédure originale. Puis, on a cherché les scellés dans tous les recoins. On n’a absolument rien trouvé. » Ensuite, c’est elle qui a fait appel à des experts pour comparer les mutilations entre victimes, qui a fait rouvrir l’information judiciaire auprès de la section de recherche d’Amiens, qui a assisté à la garde à vue de Jacques Rançon à Béziers, en juin 2019. À chaque étape, elle a suivi le dossier pour lui trouver un dénouement, même trois décennies plus tard. Jusqu’à requérir trente ans de réclusion.

Côté enquêteurs, police et gendarmerie ont saisi le sujet depuis un moment. En octobre 2020, le pôle judiciaire de la gendarmerie nationale a même créé la division des affaires non élucidées (DiANE), dont le travail ressemble à celui de l’Office central de répression des violences aux personnes (OCRVP), né en 2006, pour les zones couvertes par la police. « On n’a pas d’outils magiques non plus, nuance Éric Bérot, le directeur de l’OCRVP. On s’appuie sur la plateforme d’analyse criminelle et sur les informations qu’on a. On produit des graphes, des schémas, des éléments plus visuels du dossier pour avoir des pistes et des orientations plus creusées. Ensuite, on fait une reprise des scellés et on essaie de reconstituer le parcours criminel de l’auteur. On sollicite aussi l’avis des criminologues pour écarter ou conforter certaines pistes. » Alors qu’on pointe souvent du doigt les guerres de chapelle entre tous ces acteurs, même son de cloche ici : il faut davantage de coopération.

Le 7 juin, vingt-cinq ans après la dernière de « Témoin numéro 1 », M6 a lancé « Appel à témoins », en partenariat avec la police, la gendarmerie et la justice

Malgré cette prise de conscience collective, les affaires non élucidées s’accumulent plus qu’elles ne sont résolues. Et vient un moment où, sans les outils et les moyens adéquats, une émission en prime time devient une manière comme une autre de lever le voile sur un dossier. Le 7 juin dernier, à la veille du procès pour le meurtre d’Isabelle Mesnage, M6 lançait Appel à témoins, en partenariat avec la police, la gendarmerie et la justice – vingt-cinq ans après la dernière de Témoin numéro 1 avec Jacques Pradel. Ce premier épisode, consacré à trois affaires non élucidées datant pour l’une de 2007 et pour les deux autres de 2015, aurait permis de récolter près de 400 nouveaux témoignages parmi les 2,6 millions de téléspectateurs.

Et il se pourrait que ça ait fonctionné. Deux semaines après l’émission qui évoquait la disparition de Lucas Tronche, 15 ans, en 2015, des ossements et des vêtements ont été retrouvés à Bagnols-sur-Cèze, dans le Gard, sa ville d’origine. Des analyses doivent encore être menées pour déterminer avec certitude s’il s’agit des siens, mais pour la première fois depuis des années, l’enquête avance.

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Manor


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Message par Sortcière Mar 22 Aoû - 13:47

Bonjour Manor,

Merci. Intéressant, en effet.
Sortcière
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Message par Kassandra88 Mer 23 Aoû - 8:50

Si des expertises se contredisent, c’est qu’il n’y a pas de certitude. » Au-delà d’Isabelle Mesnage, les crimes non élucidés sont empreints de questionnements. Et il y en a encore des poignées en France. Il y en a même un dans l’Aisne datant de 1985, où l’on a également retrouvé un bâton ensanglanté sur la scène de crime. Didier Seban ne s’est donc pas privé de demander : « Il y en a d’autres, monsieur Rançon ?
Sophie Borca/Rançon?
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Message par L'horreur Humaine Mer 23 Aoû - 14:30

Très intéressant de relire cet article en effet !
Perso, Borca / Rançon, moi j'y crois !
Prions pour que le service des cold-cases puisse le confondre !

L'horreur Humaine


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Message par Sortcière Mer 23 Aoû - 15:59

L'horreur Humaine a écrit:Très intéressant de relire cet article en effet !
Perso, Borca / Rançon, moi j'y crois !
Prions pour que le service des cold-cases puisse le confondre !

"Les gendarmes sont en possession de plusieurs prélèvements conservés de la scène de crime, dont, dit-on, un cheveu qui n’appartient pas à Sophie Borca."

Il y a eu une campagne de relevés d'adn dans le coin, donc on a probablement de l'adn.
Si c'était celui de Rançon, ça se saurait à mon avis ...
Sortcière
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Message par L'horreur Humaine Mer 23 Aoû - 16:24

Merci de cette information. Je ne connaissais pas du tout l'existence d'un cheveu....
Ce serait tout de même incroyable que ce soit un autre meurtrier que JR qui puisse porter atteinte à l'intégrité d'un cadavre par l'usage d'un bâton, dans la même zone et à quelques mois d'écart !!!
Le cheveu peut avoir été trouvé sur place et appartenir à n'importe qui !
Svp,quelles sont vos sources par rapport à ces scellés ?
J'espère que ce dossier sortira !

L'horreur Humaine


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Message par Kassandra88 Mer 23 Aoû - 16:31

L'horreur Humaine a écrit:Merci de cette information. Je ne connaissais pas du tout l'existence d'un cheveu....
Ce serait tout de même incroyable que ce soit un autre meurtrier que JR qui puisse porter atteinte à l'intégrité d'un cadavre par l'usage d'un bâton, dans la même zone et à quelques mois d'écart !!!
Le cheveu peut avoir été trouvé sur place et appartenir à n'importe qui !
Svp,quelles sont vos sources par rapport à ces scellés ?
J'espère que ce dossier sortira !

@  Sortcière,
Merci pour ce rappel. On retrouve l'info ici:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]  Mar 05 Juil 2016, 23:58
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Message par Van-JM Mer 23 Aoû - 23:18

L'horreur humaine à écrit :

Merci de cette information. Je ne connaissais pas du tout l'existence d'un cheveu....
Ce serait tout de même incroyable que ce soit un autre meurtrier que JR qui puisse porter atteinte à l'intégrité d'un cadavre par l'usage d'un bâton,

Salut l'horreur humaine,

il arrive que des TES agissent de la sorte. Je prend l'exemple aux USA de Ted Bundy et de Gary Ridgway, qui tout deux introduisaient des pierres dans le sexe de leurs victimes. Cette action leur permettait de revenir par la suite, et de violer à nouveau la dépouille des victimes. Les nécrophiles agissent ainsi.
Il y a très certainement d'autres raisons, d'ordre psychologique ou utilitaire à cet acte, je ne sais pas. C'est un exemple parmi d'autres.


Cordialement,

Van-JM


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Message par L'horreur Humaine Jeu 24 Aoû - 17:09

Merci de votre réponse.

L'horreur Humaine


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Message par Tristanduvar Mer 20 Mar - 12:38

2024

En 2022, le tueur en série Jacques Rançon est de nouveau condamné à la pérpétuité. En 1986, il tue sa première victime, Isabelle Mesnage, 20 ans. Il va falloir 31 ans pour que la profileuse Marie-Laure Brunel-Dupin, notre invitée, lui attribue le meurtre. A 14h30 sur RTL.

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Pour rappel, Marie-Laure Brunel-Dupin est lieutenant-colonel de gendarmerie, chef de la Division des Affaires Non Élucidées (DiANE). Criminologue de formation, elle s’est spécialisée pour intégrer la gendarmerie nationale et devenir analyste comportementale en 2001. Elle a mis en place, structuré et commandé pendant près de 20 ans le département des Sciences du comportement aujourd’hui partie intégrante de la DiANE.

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Message par Manor Mer 20 Mar - 19:28

L'auto-stoppeuse Helena est encore évoquée mais il n'y a pas plus de détails que ceux déjà sortis.

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Message par Tristanduvar Jeu 21 Mar - 13:14

À vos agendas.

Disney + : l’affaire des « disparues de Perpignan » adaptée en série, avec Camille Razat, Patrick Timsit et Mélanie Doutey

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Tristanduvar
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Message par Tristanduvar Sam 23 Mar - 15:24

Le tueur de la gare de Perpignan
Épisodes [1/2] et [2/2]
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« À aucun moment, vous n’avez envisagé que cette viande dans le frigo... soit votre mère ? »
Tristanduvar
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