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Tueur en série : le grêlé. :: RÉFÉRENCES et MÉDIAS :: Crimes et psychiatrie : articles et discussions sur ce sujet
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2019
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Par le psychiatre Jean-Batiste Causin
Plutôt que des maladies psychiatriques à part entière, on les définit comme un ensemble de comportements et relations inadaptées aux normes sociales ou morales en vigueur. Il s’agira par exemple d’une impulsivité responsable de mises en danger, d’une indifférence pour autrui entrainant violence et agressivité.
Pour parler de trouble de la personnalité, il faut que les symptômes soient présents avant la fin de l’adolescence et persistent tout au long de la vie. Ils ne doivent pas être associés uniquement à un contexte ou un moment particulier : une maladie psychiatrique, la prise de drogues ou de médicaments, certains milieux uniquement… Les fluctuations de l’humeur et l’irritabilité sont par exemple souvent présentes dans les épisodes dépressifs, mais régressent à la fin de ceux-ci-ci. Tout comme lors du sevrage en cannabis.
Les signes de la « personnalité antisociale »
Nous nous intéresserons ici au trouble de la personnalité de type « antisociale ». Le trouble de la personnalité antisociale est principalement caractérisé par une incapacité à ressentir de l'empathie pour autrui (c’est-à-dire de percevoir et prendre en considération les émotions d’autrui), une instabilité affective et relationnelle ainsi qu’une impulsivité psychique et comportementale.
Le DSM-5 (Diagnostic and Statistical Manual of Psychiatry) en donne la définition suivante (adaptation de l’auteur du présent article) :
« Ensemble de comportements répétés liés à un mépris et une violation des droits d’autrui chez un individu majeur, les troubles ayant débuté à l’adolescence. En dehors des conséquences d’une autre maladie mentale.
Le trouble est caractérisé par au moins trois des comportements suivants :
- Incapacité à se conformer aux règles sociales et comportements licites, (entrainant des conséquences policières et judiciaires)
- Tromperie et mensonge répétés,
- Impulsivité et imprévisibilité,
- Irritabilité et agressivité (se traduisant par des violences physiques),
- Mépris pour sa sécurité ou celle d’autrui, Incapacité d’assumer ses obligations professionnelles ou financières,
- Absence de remords, indifférence et rationalisation des conséquences de ses comportements. »
On estime la proportion des troubles de la personnalité de type psychopathique à environ 1 à 3 % de la population, avec une forte prédominance masculine.
Il convient de noter que suivant les ouvrages, on va trouver des termes comme « psychopathie », « sociopathie » ou « personnalité dyssociale » pour désigner ce même trouble.
Au quotidien, les traits de personnalité antisociale se traduisent par :
- une intolérance à la frustration
- impulsivité responsable d’agressions verbales et physiques,
- mépris pour les règles et normes sociales (difficulté à accepter les interdits sociaux ou moraux comme la loi ou les règlements)
- une absence de remords et de sentiment de culpabilité (rendant difficile la compréhension du caractère pathologique et la remise en question des actes).
- Oscillant entre sourire et menace, séduction et rejet, la personnalité psychopathique est marquée par une instabilité à la fois de l’humeur et relationnelle qui traduit de profondes angoisses et une immaturité affective.
Les principales conséquences de ces comportements sont judiciaires mais aussi familiales et professionnelles. Le parcours est émaillé de ruptures et de pertes au gré des désordres comportementaux: divorces, licenciements, incarcérations, expulsions… comme une vie écrite en pointillés.
Le débat fait rage entre les tenants d’une origine « morale » (la « folie morale » de l’anglais Pritchard décrite comme une maladie psychiatrique entrainant une « perversion maladive des sentiments, des penchants, et des dispositions morales ») et ceux de la « dégénérescence » comme Auguste Morel (origine héréditaire décadente de génération en génération).
Cesare Lombroso expose les traits du visage caractéristiques des « hommes délinquants » tandis que Franz-Joseph Gall imagine pouvoir lire sur les reliefs osseux du crâne la traduction des traits de caractère: c’est la naissance de la phrénologie.
Puis c'est Karl Birnbaum qui introduit en 1914 le terme de « sociopathie » avec une notion morale évidente : le sociopathe est à la fois le malade de la société et malade par la société.
Sigmund Freud, en inventant la psychanalyse, postule que la personnalité se construit au gré des interactions précoces de l’enfant avec ses parents. Des expériences infantiles de rupture et de perte aboutissent à une personnalité instable, marquée par des angoisses d’abandon et une fragilité narcissique (faiblesse de l’image de soi). Les sujets oscillent donc toujours entre fusion et rejet brutal, incapables de construire une relation s’inscrivant dans la durée par peur de rejouer la souffrance de la perte et de l’abandon.
Il s’agit plus probablement d’une intrication de troubles biologiques liés à l’hérédité avec des facteurs psychologiques et éducatifs et sociaux. En cas de doute, un bilan biologique et une imagerie cérébrale permettent d‘éliminer les diagnostics différentiels (qui va permettre d’éliminer d’autres maladies psychiques ou physiques).
Au plan psychiatrique, les troubles de la personnalité psychopathique sont à risque d’entrainer un épisode dépressif ou bien des troubles anxieux.
Le pronostic est sombre, avec une mortalité importante liée principalement à la violence, à la consommation de stupéfiants et au défaut de soins. Avec l’âge, les comportements violents ont tendance à s’appauvrir pour laisser place à une dépendance institutionnelle et sociale.
Du fait de leur complexité, la prise en charge des troubles de la personnalité psychopathique implique de multiples intervenants médicaux, psychologiques et sociaux.
Il n’existe pas de traitement médicamenteux spécifique. Certains médicaments peuvent être proposés pour soulager de façon transitoire comme des sédatifs en cas d’agitation ou des anxiolytiques en cas d’angoisses.
Il est primordial de prendre en charge les pathologies associées comme une dépression par un traitement antidépresseur, ou une addiction en accompagnant un sevrage.
Le support psychologique peut être individuel ou en groupe. On pourra envisager différents types de thérapies en fonction de la demande du patient et de l’évaluation de ses difficultés. L’objectif sera de limiter l’impulsivité et l’agressivité, réduire le recours aux toxiques pour lutter contre l’angoisse, d’apprendre à gérer les situations de stress et de fluctuations émotionnelles. Le cadre thérapeutique, par sa constance et sa résistance aux mouvements qui émaillent la prise en charge permet à la personne de faire l’expérience de la continuité et de la sécurité de la relation qui a jusque-là fait défaut.
Les travailleurs sociaux accompagneront la recherche d’un logement, d’un emploi ou d’une formation pour structurer un équilibre de vie propice à la prise en charge.
En cas d’acte pénalement répréhensible, les sanctions pourront aller de l’amende à l’incarcération. 30 à 60% des détenus présenteraient des traits de personnalité psychopathique.
Auteur: Jean-Batiste Causin
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Par le psychiatre Jean-Batiste Causin
Les troubles de la personnalité psychopathique
A l’interface des domaines médical, judiciaire et social, les troubles de la personnalité peuvent être appréhendés comme des pathologies de la relation et du lien à l’autre.Plutôt que des maladies psychiatriques à part entière, on les définit comme un ensemble de comportements et relations inadaptées aux normes sociales ou morales en vigueur. Il s’agira par exemple d’une impulsivité responsable de mises en danger, d’une indifférence pour autrui entrainant violence et agressivité.
Pour parler de trouble de la personnalité, il faut que les symptômes soient présents avant la fin de l’adolescence et persistent tout au long de la vie. Ils ne doivent pas être associés uniquement à un contexte ou un moment particulier : une maladie psychiatrique, la prise de drogues ou de médicaments, certains milieux uniquement… Les fluctuations de l’humeur et l’irritabilité sont par exemple souvent présentes dans les épisodes dépressifs, mais régressent à la fin de ceux-ci-ci. Tout comme lors du sevrage en cannabis.
Les signes de la « personnalité antisociale »
Nous nous intéresserons ici au trouble de la personnalité de type « antisociale ». Le trouble de la personnalité antisociale est principalement caractérisé par une incapacité à ressentir de l'empathie pour autrui (c’est-à-dire de percevoir et prendre en considération les émotions d’autrui), une instabilité affective et relationnelle ainsi qu’une impulsivité psychique et comportementale.
Le DSM-5 (Diagnostic and Statistical Manual of Psychiatry) en donne la définition suivante (adaptation de l’auteur du présent article) :
« Ensemble de comportements répétés liés à un mépris et une violation des droits d’autrui chez un individu majeur, les troubles ayant débuté à l’adolescence. En dehors des conséquences d’une autre maladie mentale.
Le trouble est caractérisé par au moins trois des comportements suivants :
- Incapacité à se conformer aux règles sociales et comportements licites, (entrainant des conséquences policières et judiciaires)
- Tromperie et mensonge répétés,
- Impulsivité et imprévisibilité,
- Irritabilité et agressivité (se traduisant par des violences physiques),
- Mépris pour sa sécurité ou celle d’autrui, Incapacité d’assumer ses obligations professionnelles ou financières,
- Absence de remords, indifférence et rationalisation des conséquences de ses comportements. »
On estime la proportion des troubles de la personnalité de type psychopathique à environ 1 à 3 % de la population, avec une forte prédominance masculine.
Il convient de noter que suivant les ouvrages, on va trouver des termes comme « psychopathie », « sociopathie » ou « personnalité dyssociale » pour désigner ce même trouble.
Au quotidien, les traits de personnalité antisociale se traduisent par :
- une intolérance à la frustration
- impulsivité responsable d’agressions verbales et physiques,
- mépris pour les règles et normes sociales (difficulté à accepter les interdits sociaux ou moraux comme la loi ou les règlements)
- une absence de remords et de sentiment de culpabilité (rendant difficile la compréhension du caractère pathologique et la remise en question des actes).
- Oscillant entre sourire et menace, séduction et rejet, la personnalité psychopathique est marquée par une instabilité à la fois de l’humeur et relationnelle qui traduit de profondes angoisses et une immaturité affective.
Les principales conséquences de ces comportements sont judiciaires mais aussi familiales et professionnelles. Le parcours est émaillé de ruptures et de pertes au gré des désordres comportementaux: divorces, licenciements, incarcérations, expulsions… comme une vie écrite en pointillés.
Histoire et évolution du concept
Les aliénistes, ces médecins comme Philippe Pinel et Jean-Etienne Esquirol qui ont inventé la psychiatrie moderne en décrivant les aliénations mentales, se sont dés le début intéressés à la compréhension des comportements violents. Ils dépeignent les « manies sans délires » et les « monomanies impulsives » caractérisées par la survenue brutale d’accès violents chez des sujets apparemment sains d’esprit.Le débat fait rage entre les tenants d’une origine « morale » (la « folie morale » de l’anglais Pritchard décrite comme une maladie psychiatrique entrainant une « perversion maladive des sentiments, des penchants, et des dispositions morales ») et ceux de la « dégénérescence » comme Auguste Morel (origine héréditaire décadente de génération en génération).
Cesare Lombroso expose les traits du visage caractéristiques des « hommes délinquants » tandis que Franz-Joseph Gall imagine pouvoir lire sur les reliefs osseux du crâne la traduction des traits de caractère: c’est la naissance de la phrénologie.
Puis c'est Karl Birnbaum qui introduit en 1914 le terme de « sociopathie » avec une notion morale évidente : le sociopathe est à la fois le malade de la société et malade par la société.
Sigmund Freud, en inventant la psychanalyse, postule que la personnalité se construit au gré des interactions précoces de l’enfant avec ses parents. Des expériences infantiles de rupture et de perte aboutissent à une personnalité instable, marquée par des angoisses d’abandon et une fragilité narcissique (faiblesse de l’image de soi). Les sujets oscillent donc toujours entre fusion et rejet brutal, incapables de construire une relation s’inscrivant dans la durée par peur de rejouer la souffrance de la perte et de l’abandon.
Causes de la personnalité psychopathique
De nombreuses hypothèses ont été proposées pour expliquer les troubles de la personnalité psychopathique : un dérèglement hormonal, des troubles neurologiques frontaux, un défaut de la régulation émotionnelle, des traumatismes psychiques infantiles… Force est de constater qu’aucune théorie ne suffit à elle seule à expliquer toute la symptomatologie des troubles de la personnalité.Il s’agit plus probablement d’une intrication de troubles biologiques liés à l’hérédité avec des facteurs psychologiques et éducatifs et sociaux. En cas de doute, un bilan biologique et une imagerie cérébrale permettent d‘éliminer les diagnostics différentiels (qui va permettre d’éliminer d’autres maladies psychiques ou physiques).
Conséquences de ce trouble de la personnalité
Les principales complications des troubles du comportement antisocial sont médicales (traumatismes en cas de rixes, transmissions virales en cas de consommation de stupéfiants, infections sexuellement transmissibles en cas de rapports non protégés…), addictologiques (dépendance à l’alcool, au cannabis et aux opiacés avec les risques liés au surdosage et au sevrage), mais aussi sociales (ruptures sentimentales, isolement voire rejet familial, difficultés financières), professionnelles (licenciements) et judiciaires (infractions à la loi sur les stupéfiants, conduites à risque, accidents de la voie publique, agressions physiques…).Au plan psychiatrique, les troubles de la personnalité psychopathique sont à risque d’entrainer un épisode dépressif ou bien des troubles anxieux.
Le pronostic est sombre, avec une mortalité importante liée principalement à la violence, à la consommation de stupéfiants et au défaut de soins. Avec l’âge, les comportements violents ont tendance à s’appauvrir pour laisser place à une dépendance institutionnelle et sociale.
Prise en charge des psychopathies
Du fait de leur complexité, la prise en charge des troubles de la personnalité psychopathique implique de multiples intervenants médicaux, psychologiques et sociaux.
Il n’existe pas de traitement médicamenteux spécifique. Certains médicaments peuvent être proposés pour soulager de façon transitoire comme des sédatifs en cas d’agitation ou des anxiolytiques en cas d’angoisses.
Il est primordial de prendre en charge les pathologies associées comme une dépression par un traitement antidépresseur, ou une addiction en accompagnant un sevrage.
Le support psychologique peut être individuel ou en groupe. On pourra envisager différents types de thérapies en fonction de la demande du patient et de l’évaluation de ses difficultés. L’objectif sera de limiter l’impulsivité et l’agressivité, réduire le recours aux toxiques pour lutter contre l’angoisse, d’apprendre à gérer les situations de stress et de fluctuations émotionnelles. Le cadre thérapeutique, par sa constance et sa résistance aux mouvements qui émaillent la prise en charge permet à la personne de faire l’expérience de la continuité et de la sécurité de la relation qui a jusque-là fait défaut.
Les travailleurs sociaux accompagneront la recherche d’un logement, d’un emploi ou d’une formation pour structurer un équilibre de vie propice à la prise en charge.
En cas d’acte pénalement répréhensible, les sanctions pourront aller de l’amende à l’incarcération. 30 à 60% des détenus présenteraient des traits de personnalité psychopathique.
Auteur: Jean-Batiste Causin
Tout ce que nous entendons est une opinion et non un fait;
Tout ce que nous voyons est une perspective et non la vérité.
Marc-Aurèle
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Marc-Aurèle
Casta- Administrateur du forum
Re: Articles intéressants
Merci à Kassandra et Sortciere pour cet autre article intéressant :
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les 10 métiers où l'on trouve le moins de psychopathes :
1 - Aide soignant
2 - infirmière
3 - psychothérapeute (et professions associés)
4 - artisan
5 - esthéticienne
6 - styliste
7 - enseignant
8 - artiste
9 - médecin (et professions associées)
10 - comptable.
les 10 métiers où l'on trouve le plus de psychopathes, selon l'étude de Kevin Dutton :
1 - Directeur d'entreprise et PDG
2 - avocat (et professions associées)
3 - Les médias et l'audiovisuels
4 - Vendeur
5 - Chirurgien
6 - Officier de police
7 - Journaliste
8 - Homme d'église
9 - Chef en cuisine
10 - Les hauts fonctionnaires (inclus les personnages politiques)
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les 10 métiers où l'on trouve le moins de psychopathes :
1 - Aide soignant
2 - infirmière
3 - psychothérapeute (et professions associés)
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5 - esthéticienne
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7 - enseignant
8 - artiste
9 - médecin (et professions associées)
10 - comptable.
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1 - Directeur d'entreprise et PDG
2 - avocat (et professions associées)
3 - Les médias et l'audiovisuels
4 - Vendeur
5 - Chirurgien
6 - Officier de police
7 - Journaliste
8 - Homme d'église
9 - Chef en cuisine
10 - Les hauts fonctionnaires (inclus les personnages politiques)
Tout ce que nous entendons est une opinion et non un fait;
Tout ce que nous voyons est une perspective et non la vérité.
Marc-Aurèle
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Casta- Administrateur du forum
Re: Articles intéressants
Bonjour à tous,
Christophe Hondelatte avait montré, lors d'une de ses émissions FELA (Faites entrer l'accusé), que tous les agresseurs dont il avait parlé avaient un point commun: ils avaient connu une enfance extrêmement pénible.
Heureusement, tous les enfants ayant vécu des choses horribles dans leur enfance ne deviennent pas des psychopathes. On constate même chez certains un altruisme hyper développé, comme s'ils voulaient expier les fautes de leurs géniteurs. Si je ne devais que citer un exemple, je prendrais celui de Selim Fourniret (voir le livre "le fils de l'ogre" Oli Porri Santoro).
Christophe Hondelatte avait montré, lors d'une de ses émissions FELA (Faites entrer l'accusé), que tous les agresseurs dont il avait parlé avaient un point commun: ils avaient connu une enfance extrêmement pénible.
Heureusement, tous les enfants ayant vécu des choses horribles dans leur enfance ne deviennent pas des psychopathes. On constate même chez certains un altruisme hyper développé, comme s'ils voulaient expier les fautes de leurs géniteurs. Si je ne devais que citer un exemple, je prendrais celui de Selim Fourniret (voir le livre "le fils de l'ogre" Oli Porri Santoro).
Re: Articles intéressants
Comment expliquer cette différence dans l'évolution des comportements des personnes qui ont connu de gros problèmes dans leur enfance?
Je pense qu'il n'y a pas une réponse unique, mais j'ai bien aimé cette approche scientifique. La mise en évidence d'un gène qui prédisposerait à la psychopathie: une variante du gène MAO-A.
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A tel point que la mise en évidence de la variante du gène MAO-A a fait l'objet d'un test de dépistage pour estimer les risques de récidive. Un avis qui ne pourrait bien sur que s'ajouter à d'autres évaluations.
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Je pense qu'il n'y a pas une réponse unique, mais j'ai bien aimé cette approche scientifique. La mise en évidence d'un gène qui prédisposerait à la psychopathie: une variante du gène MAO-A.
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Re: Articles intéressants
Bonjour Kassandra,
Merci. C'est très intéressant.
On peut se demander aussi si ce gène est transmis à l'enfant par un des deux parents. Autrement dit, si un des parents possède aussi un tel gène, cela suppose qu'il a lui-même des tendances psychopathiques, lesquelles peuvent amener à des comportements peu empathiques avec ses enfants... Ce serait un cercle vicieux en quelque sorte, si tel était le cas.
Merci. C'est très intéressant.
On peut se demander aussi si ce gène est transmis à l'enfant par un des deux parents. Autrement dit, si un des parents possède aussi un tel gène, cela suppose qu'il a lui-même des tendances psychopathiques, lesquelles peuvent amener à des comportements peu empathiques avec ses enfants... Ce serait un cercle vicieux en quelque sorte, si tel était le cas.
Tout ce que nous entendons est une opinion et non un fait;
Tout ce que nous voyons est une perspective et non la vérité.
Marc-Aurèle
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Marc-Aurèle
Casta- Administrateur du forum
Re: Articles intéressants
Casta a écrit:Bonjour Kassandra,
Merci. C'est très intéressant.
On peut se demander aussi si ce gène est transmis à l'enfant par un des deux parents. Autrement dit, si un des parents possède aussi un tel gène, cela suppose qu'il a lui-même des tendances psychopathiques, lesquelles peuvent amener à des comportements peu empathiques avec ses enfants... Ce serait un cercle vicieux en quelque sorte, si tel était le cas.
Bonjour Casta,
Je viens de lire plusieurs articles pour apprendre de que gène MAO-A
1) Est porté la le Chromosome X
2) Qu'il est récessif
Ce qui implique qu'un homme porteur de la variante du gène (impliqué dans le fonctionnement de neurotransmetteurs comme la dopamine l'adrenaline la noradrenaline et la sérotonine) présente obligatoirement des modifications neuronales. (pas de gène MAO-A sur le chromosome Y)
Par contre, pour qu'une femme soit atteinte des mêmes troubles, il faut que ses deux chromosomes X soient affectés. C'est comme pour la myopathie, la mucoviscidose... Si un seul de ses chromosomes X est atteint, elle devient une porteuse seine (comme pour la transmission de l'hémophilie).
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J'espère ne pas avoir été trop compliquée.
Re: Articles intéressants
C'est un article de vulgarisation mais il rappelle quelques différences à ne pas perdre de vue au niveau criminel :
Le psychotique est fou, pas le psychopathe.
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Quand on parle de 3% d'hommes psychopathes dans la population et de 1 % pour les femmes, ça me semble largement sous évalué. On voit bien à quel point il est difficile de les repérer au sein de la société et se déploient de plus en plus.
Tous les psychopathes, hommes ou femmes, ne sont pas des criminels de sang et heureusement. Mais tous se servent de l'autre, parfois jusqu'à le détruire psychiquement sans la moindre empathie réelle et au regard de leurs seuls intérêts et désirs. Ils n'ont pas d'autre freins que la peur d'être découverts et sanctionnés, ce qui les rend dangereux.
Il y a des psychopathes qui ont eu une enfance très heureuse mais ça n'a jamais comblé ce vide en eux qui les prive de se remplir de l'empathie envers les autres, me semble t-il …
J'en ai croisé quelques uns … ils sont tous affectés par une forme de … dissonance. Et la dissonance est destructrice du vivant.
Un psychopathe ne réalise sa culpabilité que lorsque la sanction lui tombe dessus.
Le psychotique est fou, pas le psychopathe.
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Quand on parle de 3% d'hommes psychopathes dans la population et de 1 % pour les femmes, ça me semble largement sous évalué. On voit bien à quel point il est difficile de les repérer au sein de la société et se déploient de plus en plus.
Tous les psychopathes, hommes ou femmes, ne sont pas des criminels de sang et heureusement. Mais tous se servent de l'autre, parfois jusqu'à le détruire psychiquement sans la moindre empathie réelle et au regard de leurs seuls intérêts et désirs. Ils n'ont pas d'autre freins que la peur d'être découverts et sanctionnés, ce qui les rend dangereux.
Il y a des psychopathes qui ont eu une enfance très heureuse mais ça n'a jamais comblé ce vide en eux qui les prive de se remplir de l'empathie envers les autres, me semble t-il …
J'en ai croisé quelques uns … ils sont tous affectés par une forme de … dissonance. Et la dissonance est destructrice du vivant.
Un psychopathe ne réalise sa culpabilité que lorsque la sanction lui tombe dessus.
Sortcière
Re: Articles intéressants
Le sens critique n'est pas ce qu'il y a de plus partagé, hélas. L'humain a besoin de "merveilleux" ce qui explique le succès des gourous et les tragédies qu'ils engendrent.
Sortcière
Re: Articles intéressants
J'en avais parlé avec Kassandra sur le forum France 2 et ce fil me permet d'en reparler ici pour ceux qui s'intéressent éventuellement au sujet. Il s'agit d'un ouvrage culte qui n'est pas tout récent et qui est un peu savant mais particulièrement édifiant sur le sujet des "psychopathes" qui nous gouvernent : "Ponérologie Politique" d' Andrzej LOBACZEWSKI.
Je mets en lien un article en trois parties issus d'échanges avec Silvia Cattori qui a voulu s’entretenir avec son auteur, Andrzej LOBACZEWSKI. Celui-ci étant très âgé et malade, n’était plus à même de répondre à ses questions. Finalement, ce sont Laura KNIGHT-JADCZYK et Henry SEE (éditeurs du livre Ponérologie Politique) qui ont répondu à sa place.
"Cet ouvrage qui fait la description du « mal » appliqué à des fins politiques nous paraît intéressant car il nous donne les clés nécessaires à la compréhension de phénomènes qui souvent nous dépassent. Il décrit le « mal », sa véritable nature, de façon très parlante, la manière dont il se répand et détruit nos sociétés. M. Lobaczewski a longuement observé ceux des gens au pouvoir dont l’action incarnait le mal, il a examiné ce que la psychanalyse actuelle appelle « troubles de la personnalité antisociale » ou « pervers caractériels ». Non pas pervers au sens sexuel, mais au sens moral et relationnel."
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Je mets en lien un article en trois parties issus d'échanges avec Silvia Cattori qui a voulu s’entretenir avec son auteur, Andrzej LOBACZEWSKI. Celui-ci étant très âgé et malade, n’était plus à même de répondre à ses questions. Finalement, ce sont Laura KNIGHT-JADCZYK et Henry SEE (éditeurs du livre Ponérologie Politique) qui ont répondu à sa place.
"Cet ouvrage qui fait la description du « mal » appliqué à des fins politiques nous paraît intéressant car il nous donne les clés nécessaires à la compréhension de phénomènes qui souvent nous dépassent. Il décrit le « mal », sa véritable nature, de façon très parlante, la manière dont il se répand et détruit nos sociétés. M. Lobaczewski a longuement observé ceux des gens au pouvoir dont l’action incarnait le mal, il a examiné ce que la psychanalyse actuelle appelle « troubles de la personnalité antisociale » ou « pervers caractériels ». Non pas pervers au sens sexuel, mais au sens moral et relationnel."
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Sortcière
Re: Articles intéressants
Le leader nord-coréen Kim Jong Un est "vivant et en bonne santé" , selon Séoul
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Kim Jong Un est "vivant et en bonne santé", a assuré le conseiller spécial à la sécurité nationale du président sud-coréen Moon Jae-in, minimisant les rumeurs sur des problèmes présumés de santé du leader nord-coréen.
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Kim Jong Un est "vivant et en bonne santé", a assuré le conseiller spécial à la sécurité nationale du président sud-coréen Moon Jae-in, minimisant les rumeurs sur des problèmes présumés de santé du leader nord-coréen.
Invité- Invité
Re: Articles intéressants
Pusher83 a écrit:Le leader nord-coréen Kim Jong Un est "vivant et en bonne santé" , selon Séoul
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Kim Jong Un est "vivant et en bonne santé", a assuré le conseiller spécial à la sécurité nationale du président sud-coréen Moon Jae-in, minimisant les rumeurs sur des problèmes présumés de santé du leader nord-coréen.
Hélas oui:
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Re: Articles intéressants
Pusher83 a écrit:Le leader nord-coréen Kim Jong Un est "vivant et en bonne santé" , selon Séoul
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Kim Jong Un est "vivant et en bonne santé", a assuré le conseiller spécial à la sécurité nationale du président sud-coréen Moon Jae-in, minimisant les rumeurs sur des problèmes présumés de santé du leader nord-coréen.
Cela devient un NE:
selon une ancienne députée britannique, c’est un SOSIE qui a assuré sa dernière apparition publique.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Re: Articles intéressants
Sortcière a écrit:Le sens critique n'est pas ce qu'il y a de plus partagé, hélas. L'humain a besoin de "merveilleux" ce qui explique le succès des gourous et les tragédies qu'ils engendrent.
Oui.
Et cela de plus en plus...
Depuis une trentaine d'années (fin de la Guerre Froide, mondialisation néolibérale), un phénomène basique s'amplifie: les sociétés modernes créent des consommateurs avant de fabriquer des citoyens...
Perte de sens générale.
Et la culture de masse tourne à fond pour atrophier le sens critique: télé réalité, soaps operas/ telenovelas, foot omniprésent, talkshows débiles...
Coté gouroutisme, l'actuel Pdt des USA (pour ne citer que lui) surfe à fond là-dessus pour vendre sa salade, ses slogans simplistes.
En 1930, Paul Valéry décrivait déjà comment l'intellect de ses contemporains n'évoluait pas du tout au rythme des progrès techniques.
Invité- Invité
Re: Articles intéressants
2021
Comme dans la plupart des maladies/troubles, il y'a une composante génétique et environnementale (même si pour certains, la composante génétique suffit). Les recherches sur la génétique, et le fonctionnent du cerveau sont tabou en France (théoriquement, l'analyse du génome du grêlé permettrait de connaitre certaines prédispositions à des maladies ou des troubles, voire même de trouver des mutations rares).
Kassandra88 a écrit:Comment expliquer cette différence dans l'évolution des comportements des personnes qui ont connu de gros problèmes dans leur enfance?
Je pense qu'il n'y a pas une réponse unique, mais j'ai bien aimé cette approche scientifique. La mise en évidence d'un gène qui prédisposerait à la psychopathie: une variante du gène MAO-A.
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A tel point que la mise en évidence de la variante du gène MAO-A a fait l'objet d'un test de dépistage pour estimer les risques de récidive. Un avis qui ne pourrait bien sur que s'ajouter à d'autres évaluations.
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Comme dans la plupart des maladies/troubles, il y'a une composante génétique et environnementale (même si pour certains, la composante génétique suffit). Les recherches sur la génétique, et le fonctionnent du cerveau sont tabou en France (théoriquement, l'analyse du génome du grêlé permettrait de connaitre certaines prédispositions à des maladies ou des troubles, voire même de trouver des mutations rares).
utilisateur
Re: Articles intéressants
Maltraitance : briser le cycle de la transmission intergénérationnelle
Une vaste étude australienne confirme que les enfants de mères maltraitées dans leur enfance ont plus de risques de l’être à leur tour. Les pédopsychiatres se demandent comment rompre cette reproduction de la violence, qui n’est d’ailleurs pas forcément perpétrée par les mères.
Par Laure Belot / Le Monde
Peut-on dire qu’un enfant, plus qu’un autre, est prédestiné à être maltraité ? Cette question âpre, qui d’emblée dérange, est le sujet de l’étude d’une cohorte australienne, inédite par son ampleur, menée rétrospectivement sur plus de 38 500 paires mère-enfants suivies sur une durée de trente ans, de 1986 à 2017.
Les auteurs, sept scientifiques pluridisciplinaires, ont cherché, par l’analyse de données massives, « à comprendre le plus finement possible la transmission intergénérationnelle de la maltraitance sur les enfants », explique l’initiatrice du projet Leonie Segal, professeure d’économie de la santé et de politique sociale, Centre australien pour la santé de précision, Université d’Australie du Sud. « Notre objectif est d’apporter des éléments afin d’alimenter une réponse politique qui puisse perturber cette chaîne de reproduction. »
« Notre étude montre un très fort risque de maltraitance familiale pour les enfants dont la mère a été maltraitée, enfant. » Leonie Segal, initiatrice de l’étude
Les résultats, publiés dans The Lancet Public Health le 30 avril, sont éloquents. Il apparaît que « 83 % des cas de négligence ou maltraitance constatés sur des enfants (2 173 cas sur 2 631) » concernent ceux dont les mères ont eu des antécédents de contacts avec les services de protection de l’enfance (CPS en Australie). Ainsi, un enfant dont la mère a fait l’objet d’au moins une « information préoccupante » durant son enfance, a 2,47 fois plus de risques d’être maltraité qu’un enfant dont la mère n’est pas connue de ces services. Ce chiffre atteint 6,25 si la mère a été placée jeune, et un certain temps, hors du foyer familial. Une inconnue cependant, « les données traitées n’ont malheureusement pas permis de savoir qui est l’auteur de la maltraitance, précise Leonie Segal. Mais notre étude montre un très fort risque de maltraitance familiale pour les enfants dont la mère a été maltraitée, enfant. »
Des résultats superposables
La transmission intergénérationnelle de la violence « faisait partie des facteurs de risque connus et pressentis », commente le professeur Christèle Gras-Le Guen, chef de service des urgences pédiatriques et pédiatrie générale du CHU de Nantes. « Cette recherche d’une très grande qualité méthodologique la confirme en évitant les biais d’obtention de données de certains travaux préalablement publiés. » Même si l’étude est australienne, poursuit-elle, « ces résultats paraissent malheureusement assez superposables à ce qu’on peut voir dans des pays plus proches, tel un récent travail britannique ». Pour la pédiatre, ces statistiques matérialisent un problème particulièrement d’actualité en cette période de crise sanitaire. « Parmi nous, certaines personnes sont plus vulnérables que d’autres, notamment parce qu’elles ont fait l’objet, enfant, de mauvais traitements. » Quelle que soit leur nature, ces maltraitances physiques, sexuelles ou psychiques « compliquent la gestion des émotions et exposent à ce que ces violences ou abus se reproduisent ».
Un résultat jusqu’à présent peu documenté est mis en avant par l’étude : le risque pour un enfant d’être maltraité – au point qu’il puisse être placé hors du foyer – est « considérablement accru », si sa mère a, elle-même, été victime de violences ou d’abus avant son premier anniversaire ou lors de son adolescence, de 13 ans à 17 ans. « Ces périodes d’âge correspondent aux violences les plus graves, réagit Christèle Gras-Le Guen. Avant un an, ce sont des fractures, des bébés secoués, des agressions très très brutales. Chez l’adolescente, comme chez l’adolescent d’ailleurs, ce sont des violences sexuelles, qui risquent d’être reproduites plus tard. »
Pour Clémentine Rappaport, chef de service de psychiatrie infantile au centre hospitalier Robert-Ballanger d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), « cette étude extrêmement intéressante apporte des chiffres bruts et c’est à nous d’avancer des hypothèses ». Elle poursuit : « Je ne sais pas comment cela se passe en Australie mais en France, ce ne sont que des situations gravissimes qui aboutissent au placement d’un bébé, tels des syndromes de Silverman (fractures multiples) ou des liens mère-enfant très dysfonctionnels. Nous nous posons souvent la question mais cette étude le souligne : est-ce le bon choix d’attendre ? », s’interroge-tt-elle.
Facteurs aggravants
Pour arriver à de tels résultats, l’équipe pluridisciplinaire a analysé les données administratives de toutes les femmes nées dans l’Etat d’Australie du Sud de 1986 à 2003 ayant donné naissance à un ou plusieurs enfants entre 2000 et 2017. Un travail dantesque pour lequel les chercheurs ont dû « nettoyer » des fichiers de sept sources d’informations différentes (registres des naissances et des mariages, comptes rendus hospitaliers, consultations périnatales de sages-femmes, services de protection de l’enfance…) afin, in fine, que ces données puissent « se parler » informatiquement. « Cette seule partie, préalable à l’étude proprement dite, a duré trois ans », se souvient Leonie Segal.
« Cette recherche massive ne parle pas des pères qui peuvent, bien sûr, aussi être auteurs des maltraitances » – Xavier Pommereau, psychiatre
La profondeur d’information obtenue permet aux chercheurs de souligner certains facteurs aggravant le niveau de maltraitance des enfants, telle une maternité précoce, le fait d’être seule pour gérer le quotidien, d’avoir au moins quatre enfants ou d’avoir été hospitalisée pour des problèmes desanté mentale. L’article du Lancet Public Health précise que « les situations familiales qui amènent à un contact avec la protection de l’enfance sont très complexes et peuvent impliquer violence domestique, abus de substance, pauvreté, maladie mentale, histoire parentale traumatique… »
Depuis Talence (Gironde), le psychiatre Xavier Pommereau, qui coordonne un hôpital de jour, précise : « Cette recherche massive ne parle pas des pères qui peuvent, bien sûr, aussi être auteurs des maltraitances. Une grossesse peut avoir été désirée par la mère pour consolider son couple, mais le père, refusant cette maternité, va se montrer violent et rejetant. On admet également que la coexistence de deux parents maltraités augmente le risque pour l’enfant. »
Ni fatalité, ni malédiction
La publication d’une telle recherche statistique présente cependant « quelques écueils », remarque Christèle Gras-Le Guen qui redoute « une possible interprétation fataliste faite à ces données ». Compte tenu des travaux de ces deux dernières décennies en épigénétique – mécanisme modifiant, par exemple à la suite d’un stress, l’expression des gènes de manière réversible, et transmissible (lors des divisions cellulaires) sans changer l’ADN –, « il ne faudrait pas que certains raccourcis amènent à penser que certaines mutations génétiques rendent maltraitant et que c’est une malédiction dont on n’échappe pas. Ce serait une aberration », affirme-elle.
Clémentine Rappaport abonde dans ce sens et poursuit : « Pour modifier le cours des choses, deux axes d’action sont possibles : travailler sur la prévention, du côté des familles, et travailler à l’amélioration des placements des enfants. » Dans cette optique, la pédopsychiatre a d’ailleurs imaginé un projet – qu’elle cherche à financer – appelé « Unité de premier placement », où « une équipe multidisciplinaire apporterait à un enfant des soins systématiques et suivis – ce qui n’est actuellement pas le cas –, dès qu’il est placé hors de son foyer », explique-t-elle.
En Australie, depuis la publication de cette étude, Leonie Segal communique avec des instances politiques et gouvernementales et « espère que cela fera bouger les choses ». Elle presentera une partie de ses travaux en juin au 17e Congrès mondial de la santé mentale du nourrisson à Brisbane. Deux autres publications utilisant cette base de données inédite sont attendues ces prochains mois.
Une vaste étude australienne confirme que les enfants de mères maltraitées dans leur enfance ont plus de risques de l’être à leur tour. Les pédopsychiatres se demandent comment rompre cette reproduction de la violence, qui n’est d’ailleurs pas forcément perpétrée par les mères.
Par Laure Belot / Le Monde
Peut-on dire qu’un enfant, plus qu’un autre, est prédestiné à être maltraité ? Cette question âpre, qui d’emblée dérange, est le sujet de l’étude d’une cohorte australienne, inédite par son ampleur, menée rétrospectivement sur plus de 38 500 paires mère-enfants suivies sur une durée de trente ans, de 1986 à 2017.
Les auteurs, sept scientifiques pluridisciplinaires, ont cherché, par l’analyse de données massives, « à comprendre le plus finement possible la transmission intergénérationnelle de la maltraitance sur les enfants », explique l’initiatrice du projet Leonie Segal, professeure d’économie de la santé et de politique sociale, Centre australien pour la santé de précision, Université d’Australie du Sud. « Notre objectif est d’apporter des éléments afin d’alimenter une réponse politique qui puisse perturber cette chaîne de reproduction. »
« Notre étude montre un très fort risque de maltraitance familiale pour les enfants dont la mère a été maltraitée, enfant. » Leonie Segal, initiatrice de l’étude
Les résultats, publiés dans The Lancet Public Health le 30 avril, sont éloquents. Il apparaît que « 83 % des cas de négligence ou maltraitance constatés sur des enfants (2 173 cas sur 2 631) » concernent ceux dont les mères ont eu des antécédents de contacts avec les services de protection de l’enfance (CPS en Australie). Ainsi, un enfant dont la mère a fait l’objet d’au moins une « information préoccupante » durant son enfance, a 2,47 fois plus de risques d’être maltraité qu’un enfant dont la mère n’est pas connue de ces services. Ce chiffre atteint 6,25 si la mère a été placée jeune, et un certain temps, hors du foyer familial. Une inconnue cependant, « les données traitées n’ont malheureusement pas permis de savoir qui est l’auteur de la maltraitance, précise Leonie Segal. Mais notre étude montre un très fort risque de maltraitance familiale pour les enfants dont la mère a été maltraitée, enfant. »
Des résultats superposables
La transmission intergénérationnelle de la violence « faisait partie des facteurs de risque connus et pressentis », commente le professeur Christèle Gras-Le Guen, chef de service des urgences pédiatriques et pédiatrie générale du CHU de Nantes. « Cette recherche d’une très grande qualité méthodologique la confirme en évitant les biais d’obtention de données de certains travaux préalablement publiés. » Même si l’étude est australienne, poursuit-elle, « ces résultats paraissent malheureusement assez superposables à ce qu’on peut voir dans des pays plus proches, tel un récent travail britannique ». Pour la pédiatre, ces statistiques matérialisent un problème particulièrement d’actualité en cette période de crise sanitaire. « Parmi nous, certaines personnes sont plus vulnérables que d’autres, notamment parce qu’elles ont fait l’objet, enfant, de mauvais traitements. » Quelle que soit leur nature, ces maltraitances physiques, sexuelles ou psychiques « compliquent la gestion des émotions et exposent à ce que ces violences ou abus se reproduisent ».
Un résultat jusqu’à présent peu documenté est mis en avant par l’étude : le risque pour un enfant d’être maltraité – au point qu’il puisse être placé hors du foyer – est « considérablement accru », si sa mère a, elle-même, été victime de violences ou d’abus avant son premier anniversaire ou lors de son adolescence, de 13 ans à 17 ans. « Ces périodes d’âge correspondent aux violences les plus graves, réagit Christèle Gras-Le Guen. Avant un an, ce sont des fractures, des bébés secoués, des agressions très très brutales. Chez l’adolescente, comme chez l’adolescent d’ailleurs, ce sont des violences sexuelles, qui risquent d’être reproduites plus tard. »
Pour Clémentine Rappaport, chef de service de psychiatrie infantile au centre hospitalier Robert-Ballanger d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), « cette étude extrêmement intéressante apporte des chiffres bruts et c’est à nous d’avancer des hypothèses ». Elle poursuit : « Je ne sais pas comment cela se passe en Australie mais en France, ce ne sont que des situations gravissimes qui aboutissent au placement d’un bébé, tels des syndromes de Silverman (fractures multiples) ou des liens mère-enfant très dysfonctionnels. Nous nous posons souvent la question mais cette étude le souligne : est-ce le bon choix d’attendre ? », s’interroge-tt-elle.
Facteurs aggravants
Pour arriver à de tels résultats, l’équipe pluridisciplinaire a analysé les données administratives de toutes les femmes nées dans l’Etat d’Australie du Sud de 1986 à 2003 ayant donné naissance à un ou plusieurs enfants entre 2000 et 2017. Un travail dantesque pour lequel les chercheurs ont dû « nettoyer » des fichiers de sept sources d’informations différentes (registres des naissances et des mariages, comptes rendus hospitaliers, consultations périnatales de sages-femmes, services de protection de l’enfance…) afin, in fine, que ces données puissent « se parler » informatiquement. « Cette seule partie, préalable à l’étude proprement dite, a duré trois ans », se souvient Leonie Segal.
« Cette recherche massive ne parle pas des pères qui peuvent, bien sûr, aussi être auteurs des maltraitances » – Xavier Pommereau, psychiatre
La profondeur d’information obtenue permet aux chercheurs de souligner certains facteurs aggravant le niveau de maltraitance des enfants, telle une maternité précoce, le fait d’être seule pour gérer le quotidien, d’avoir au moins quatre enfants ou d’avoir été hospitalisée pour des problèmes desanté mentale. L’article du Lancet Public Health précise que « les situations familiales qui amènent à un contact avec la protection de l’enfance sont très complexes et peuvent impliquer violence domestique, abus de substance, pauvreté, maladie mentale, histoire parentale traumatique… »
Depuis Talence (Gironde), le psychiatre Xavier Pommereau, qui coordonne un hôpital de jour, précise : « Cette recherche massive ne parle pas des pères qui peuvent, bien sûr, aussi être auteurs des maltraitances. Une grossesse peut avoir été désirée par la mère pour consolider son couple, mais le père, refusant cette maternité, va se montrer violent et rejetant. On admet également que la coexistence de deux parents maltraités augmente le risque pour l’enfant. »
Ni fatalité, ni malédiction
La publication d’une telle recherche statistique présente cependant « quelques écueils », remarque Christèle Gras-Le Guen qui redoute « une possible interprétation fataliste faite à ces données ». Compte tenu des travaux de ces deux dernières décennies en épigénétique – mécanisme modifiant, par exemple à la suite d’un stress, l’expression des gènes de manière réversible, et transmissible (lors des divisions cellulaires) sans changer l’ADN –, « il ne faudrait pas que certains raccourcis amènent à penser que certaines mutations génétiques rendent maltraitant et que c’est une malédiction dont on n’échappe pas. Ce serait une aberration », affirme-elle.
Clémentine Rappaport abonde dans ce sens et poursuit : « Pour modifier le cours des choses, deux axes d’action sont possibles : travailler sur la prévention, du côté des familles, et travailler à l’amélioration des placements des enfants. » Dans cette optique, la pédopsychiatre a d’ailleurs imaginé un projet – qu’elle cherche à financer – appelé « Unité de premier placement », où « une équipe multidisciplinaire apporterait à un enfant des soins systématiques et suivis – ce qui n’est actuellement pas le cas –, dès qu’il est placé hors de son foyer », explique-t-elle.
En Australie, depuis la publication de cette étude, Leonie Segal communique avec des instances politiques et gouvernementales et « espère que cela fera bouger les choses ». Elle presentera une partie de ses travaux en juin au 17e Congrès mondial de la santé mentale du nourrisson à Brisbane. Deux autres publications utilisant cette base de données inédite sont attendues ces prochains mois.
Lisetoct
Re: Articles intéressants
D’Outreau à l’affaire Sarah Halimi : Paul Bensussan, l’expert psychiatre qui dérange
Cet expert agréé par la Cour de cassation a été l’un des premiers à juger irresponsable le meurtrier de Sarah Halimi. Portrait d’un habitué des affaires retentissantes.
Agréé par la Cour de cassation, comme seule une dizaine de pairs, le médecin fait partie des sept experts sollicités sur l’affaire Sarah Halimi. Le collège a conclu que le tueur de cette femme juive de 65 ans, sa voisine à Belleville (Paris, XIe), ne pouvait être tenu pénalement responsable de ses actes. La cour d’appel, puis la Cour de cassation ont suivi. Le fait qu’un procès ne puisse se tenir a suscité l’émotion des proches de la victime, et la déception et la colère des représentants de la communauté juive. Alors, ce juif d’origine pied-noir s’est senti « désigné à la vindicte ».
Des internautes furieux assaillent la fiche Google de son cabinet, installé à Versailles (Yvelines). Sa boîte mail enregistre d’autres messages violents, le plus souvent anonymes. Et puis, il y a ces mots sans menace, mais douloureux. « J’espère que le souvenir de Sarah Halimi te hantera longtemps », lui assène un inconnu.
Paul Bensussan encaisse. Il cite son mentor, l’ancien professeur de neuropsychiatrie, Serge Brion. Dans les années 1980, alors interne, il écoutait avec avidité cet expert judiciaire évoquer ses analyses des parents du petit Grégory, de Francis Heaulme, du cannibale Issei Sagawa. « Un jour, il m’a dit, en réponse à ma question sur un dossier très sensible : Dans un rapport d’expertise, je dis ce que je pense, sinon il ne fallait pas me le demander. Cette phrase de simple bon sens, mais aussi de courage professionnel, m’a guidé toute ma vie. »
« J’ai peu de goût pour les indignations consensuelles »
Cette belle gueule aux traits bruts, à la mâchoire carrée et au regard bleu gris, prend plaisir dans le contre-courant. « J’ai peu de goût pour les indignations consensuelles », concède-t-il. Bravache ? « Si j’étais psychologue, je dirais qu’il souffre d’une surestimation pathologique du moi », cingle Me Francis Szpiner, avocat des enfants de Sarah Halimi.
La subversion lui a permis de se faire un nom. Le 17 mai 2004, Libération lui accorde une double page d’entretien. L’affaire d’Outreau se joue devant la cour d’assises de Saint-Omer (Pas-de-Calais). Dix-huit enfants doivent témoigner de violences sexuelles qu’ils auraient subies de la part de 17 adultes du voisinage. Paul Bensussan ne fait pas partie des experts cités dans l’affaire. Son interview porte sur le thème des fausses allégations, sa spécialité. « Prendre la parole d’un enfant au sérieux ne veut pas dire la prendre à la lettre », professe-t-il. Le lendemain, la principale accusatrice, Myriam Badaoui, disculpe la quasi-totalité de ses voisins. Des enfants ont menti. Pour l’expert, la tournée des médias commence…
Éric Dupond-Moretti, qui défend l’une des femmes accusées à tort, l’appelle à la barre de la cour d’appel de Paris l’année suivante. L’enceinte l’entend étriller le travail de ses confrères. Eux lui reprochent de ne même pas avoir examiné les enfants. « Ma mission consistait simplement à dire si les expertises étaient conformes aux règles de l’art, objecte-t-il. Je pense avoir démontré qu’elles ne l’étaient pas… »
Bête noire des féministes
Rictus : manière de sourire et de montrer les crocs. L’homme est un fauve aux manières délicates. Il se lève, traverse la baie vitrée qui sépare son jardin de son bel intérieur couleur ocre, fouille dans ses dossiers. Langage châtié, toutes griffes dehors. « Si la parole de la présumée victime est sacrée, si elle ne doit être ni interprétée, ni analysée, ni décryptée, nul besoin d’expert, ironise-t-il. L’accusation vaut preuve… »
Le discours porte. Les juges sollicitent son analyse dans le cadre de séparations conflictuelles. Surtout celles entachées d’accusations d’inceste. En 2018, le ministère de la Justice incrimine pourtant la théorie sur laquelle il a fondé une partie de sa carrière. Le syndrome d’aliénation parentale, au cœur de son premier livre, « L’Inceste, le piège du soupçon » (1999), voudrait que certains enfants se retournent contre l’un de leurs parent, sous l’influence de l’autre. Jusqu’à porter les accusations les plus graves. Une note d’information avertit les magistrats du « caractère controversé et non reconnu » du postulat. Rien n’y fait.
« C’est un psychiatre et sexologue de formation qui ne reçoit jamais d’enfant en consultation. Et on l’élève en référence dans les conflits de droit de garde… » persifle le psychiatre Gérard Lopez, lui-même expert judiciaire, et cofondateur de l’Institut de victimologie de Paris.
Les milieux féministes en ont fait leur bête noire. Céline Piques, du collectif Osez le féminisme !, connaît bien ces « théories anti-victimaires » qui nuiraient aux femmes. « Cela fait 20 ans qu’il permet à un certain nombre de pères incestueux d’obtenir la garde de leurs enfants », s’indigne-t-elle. Deux fois père et divorcé, l’intéressé hausse les épaules. « Les passionarias prétendent que l’aliénation parentale relèverait du négationnisme de l’inceste… En réalité, on trouve aujourd’hui quasiment autant de mères que de pères qui souffrent d’un rejet de leur enfant. »
Menacé de mort
Ses interventions et ses tribunes, dans les colonnes souvent réac’ de Causeur ou du FigaroVox, irritent les présidents de cours d’assises ou les avocats de parties civiles. L’époque est à la libération de la parole ? Lui se demande, dans la Gazette du Palais, si #MeToo et #Balancetonporc n’annoncent pas « la guerre des sexes ». Et rabroue la « psychologisation du droit », qui voudrait que « le but premier d’un procès » soit « la thérapie de la victime ».
« Paul assume ses positions quand il est minoritaire. Est-ce qu’il y a de la provoc’ ? Il y a en tout cas du courage », soutient Roland Coutanceau, autre star de l’expertise judiciaire. Le psychiatre préfère retenir « des expertises plus fouillées, plus intéressantes que la moyenne ». Et met en garde : « Il a été caricaturé comme le défenseur des hommes. Mais ceux qui le combattent ont intérêt à lui mettre cette étiquette dans le dos. »
Récemment, Paul Bensussan est allé porter plainte pour des menaces de mort reçues sur les réseaux sociaux. Il était intervenu dans le dossier de Julie, une adolescente accusant 22 pompiers de l’avoir violée de ses 13 à 15 ans. Il a décelé chez elle des « traits de personnalité franchement pathologiques », avec une « propension à la fabulation ». Les soutiens de la jeune femme voient rouge. Le CV de l’expert est connu… Il s’agace. « Nombre de psychiatres ou d’experts s’expriment beaucoup plus que moi, mais ils sont dans le camp du bien. Donc, on ne les accuse pas de parti pris. »
Début mai, la cour d’assises de la Savoie a rejeté son expertise psychiatrique de Nordahl Lelandais, jugé pour le meurtre du caporal Arthur Noyer. En cause, un de ses passages sur France 5. En 2018, l’émission « C Dans l’Air » prophétise sur les « aveux d’un tueur en série », bousculant la présomption d’innocence. L’invité a beau y être étranger, voilà son impartialité remise en cause, une fois de plus. Le prix de la médiatisation ? Sur ce procès-là, l’expert ne posera pas de diagnostic.
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Cet expert agréé par la Cour de cassation a été l’un des premiers à juger irresponsable le meurtrier de Sarah Halimi. Portrait d’un habitué des affaires retentissantes.
Agréé par la Cour de cassation, comme seule une dizaine de pairs, le médecin fait partie des sept experts sollicités sur l’affaire Sarah Halimi. Le collège a conclu que le tueur de cette femme juive de 65 ans, sa voisine à Belleville (Paris, XIe), ne pouvait être tenu pénalement responsable de ses actes. La cour d’appel, puis la Cour de cassation ont suivi. Le fait qu’un procès ne puisse se tenir a suscité l’émotion des proches de la victime, et la déception et la colère des représentants de la communauté juive. Alors, ce juif d’origine pied-noir s’est senti « désigné à la vindicte ».
Des internautes furieux assaillent la fiche Google de son cabinet, installé à Versailles (Yvelines). Sa boîte mail enregistre d’autres messages violents, le plus souvent anonymes. Et puis, il y a ces mots sans menace, mais douloureux. « J’espère que le souvenir de Sarah Halimi te hantera longtemps », lui assène un inconnu.
Paul Bensussan encaisse. Il cite son mentor, l’ancien professeur de neuropsychiatrie, Serge Brion. Dans les années 1980, alors interne, il écoutait avec avidité cet expert judiciaire évoquer ses analyses des parents du petit Grégory, de Francis Heaulme, du cannibale Issei Sagawa. « Un jour, il m’a dit, en réponse à ma question sur un dossier très sensible : Dans un rapport d’expertise, je dis ce que je pense, sinon il ne fallait pas me le demander. Cette phrase de simple bon sens, mais aussi de courage professionnel, m’a guidé toute ma vie. »
« J’ai peu de goût pour les indignations consensuelles »
Cette belle gueule aux traits bruts, à la mâchoire carrée et au regard bleu gris, prend plaisir dans le contre-courant. « J’ai peu de goût pour les indignations consensuelles », concède-t-il. Bravache ? « Si j’étais psychologue, je dirais qu’il souffre d’une surestimation pathologique du moi », cingle Me Francis Szpiner, avocat des enfants de Sarah Halimi.
La subversion lui a permis de se faire un nom. Le 17 mai 2004, Libération lui accorde une double page d’entretien. L’affaire d’Outreau se joue devant la cour d’assises de Saint-Omer (Pas-de-Calais). Dix-huit enfants doivent témoigner de violences sexuelles qu’ils auraient subies de la part de 17 adultes du voisinage. Paul Bensussan ne fait pas partie des experts cités dans l’affaire. Son interview porte sur le thème des fausses allégations, sa spécialité. « Prendre la parole d’un enfant au sérieux ne veut pas dire la prendre à la lettre », professe-t-il. Le lendemain, la principale accusatrice, Myriam Badaoui, disculpe la quasi-totalité de ses voisins. Des enfants ont menti. Pour l’expert, la tournée des médias commence…
Éric Dupond-Moretti, qui défend l’une des femmes accusées à tort, l’appelle à la barre de la cour d’appel de Paris l’année suivante. L’enceinte l’entend étriller le travail de ses confrères. Eux lui reprochent de ne même pas avoir examiné les enfants. « Ma mission consistait simplement à dire si les expertises étaient conformes aux règles de l’art, objecte-t-il. Je pense avoir démontré qu’elles ne l’étaient pas… »
Bête noire des féministes
Rictus : manière de sourire et de montrer les crocs. L’homme est un fauve aux manières délicates. Il se lève, traverse la baie vitrée qui sépare son jardin de son bel intérieur couleur ocre, fouille dans ses dossiers. Langage châtié, toutes griffes dehors. « Si la parole de la présumée victime est sacrée, si elle ne doit être ni interprétée, ni analysée, ni décryptée, nul besoin d’expert, ironise-t-il. L’accusation vaut preuve… »
Le discours porte. Les juges sollicitent son analyse dans le cadre de séparations conflictuelles. Surtout celles entachées d’accusations d’inceste. En 2018, le ministère de la Justice incrimine pourtant la théorie sur laquelle il a fondé une partie de sa carrière. Le syndrome d’aliénation parentale, au cœur de son premier livre, « L’Inceste, le piège du soupçon » (1999), voudrait que certains enfants se retournent contre l’un de leurs parent, sous l’influence de l’autre. Jusqu’à porter les accusations les plus graves. Une note d’information avertit les magistrats du « caractère controversé et non reconnu » du postulat. Rien n’y fait.
« C’est un psychiatre et sexologue de formation qui ne reçoit jamais d’enfant en consultation. Et on l’élève en référence dans les conflits de droit de garde… » persifle le psychiatre Gérard Lopez, lui-même expert judiciaire, et cofondateur de l’Institut de victimologie de Paris.
Les milieux féministes en ont fait leur bête noire. Céline Piques, du collectif Osez le féminisme !, connaît bien ces « théories anti-victimaires » qui nuiraient aux femmes. « Cela fait 20 ans qu’il permet à un certain nombre de pères incestueux d’obtenir la garde de leurs enfants », s’indigne-t-elle. Deux fois père et divorcé, l’intéressé hausse les épaules. « Les passionarias prétendent que l’aliénation parentale relèverait du négationnisme de l’inceste… En réalité, on trouve aujourd’hui quasiment autant de mères que de pères qui souffrent d’un rejet de leur enfant. »
Menacé de mort
Ses interventions et ses tribunes, dans les colonnes souvent réac’ de Causeur ou du FigaroVox, irritent les présidents de cours d’assises ou les avocats de parties civiles. L’époque est à la libération de la parole ? Lui se demande, dans la Gazette du Palais, si #MeToo et #Balancetonporc n’annoncent pas « la guerre des sexes ». Et rabroue la « psychologisation du droit », qui voudrait que « le but premier d’un procès » soit « la thérapie de la victime ».
« Paul assume ses positions quand il est minoritaire. Est-ce qu’il y a de la provoc’ ? Il y a en tout cas du courage », soutient Roland Coutanceau, autre star de l’expertise judiciaire. Le psychiatre préfère retenir « des expertises plus fouillées, plus intéressantes que la moyenne ». Et met en garde : « Il a été caricaturé comme le défenseur des hommes. Mais ceux qui le combattent ont intérêt à lui mettre cette étiquette dans le dos. »
Récemment, Paul Bensussan est allé porter plainte pour des menaces de mort reçues sur les réseaux sociaux. Il était intervenu dans le dossier de Julie, une adolescente accusant 22 pompiers de l’avoir violée de ses 13 à 15 ans. Il a décelé chez elle des « traits de personnalité franchement pathologiques », avec une « propension à la fabulation ». Les soutiens de la jeune femme voient rouge. Le CV de l’expert est connu… Il s’agace. « Nombre de psychiatres ou d’experts s’expriment beaucoup plus que moi, mais ils sont dans le camp du bien. Donc, on ne les accuse pas de parti pris. »
Début mai, la cour d’assises de la Savoie a rejeté son expertise psychiatrique de Nordahl Lelandais, jugé pour le meurtre du caporal Arthur Noyer. En cause, un de ses passages sur France 5. En 2018, l’émission « C Dans l’Air » prophétise sur les « aveux d’un tueur en série », bousculant la présomption d’innocence. L’invité a beau y être étranger, voilà son impartialité remise en cause, une fois de plus. Le prix de la médiatisation ? Sur ce procès-là, l’expert ne posera pas de diagnostic.
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