Meurtre de Sophie Narme
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Tueur en série : le grêlé. :: AFFAIRES EN COURS :: AFFAIRES RÉSOLUES .... ou presque
affaires TROADEC, DAVAL, Anaïs G, WISSEM, Lucas T., Sophie Narme
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Re: Meurtre de Sophie Narme
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ENQUÊTE Un procès historique s’annonce à la cour criminelle du Vaucluse : des dizaines d’hommes ont violé la même femme, droguée par son époux et mise à leur disposition sur un forum Internet. Le mari a aussi été mis en examen pour meurtre par un juge d’instruction du pôle « cold cases » de Nanterre.
Au policier du commissariat de Carpentras (Vaucluse) qui lui demande de parler de son mari, en novembre 2020, Françoise P. (le prénom a été modifié) le décrit comme « un super mec », bienveillant et attentionné. Cinquante ans de vie commune, trois enfants, le couple coule une retraite « heureuse » dans leur maison du village de Mazan. Alors, oui, le 12 septembre 2020, il y a bien eu un petit incident que Dominique P., son époux, lui a avoué : il venait d’être arrêté pour avoir filmé l’intimité des femmes au supermarché du coin. Mais elle lui a vite pardonné, ça n’était pas dans ses habitudes : ils ont une sexualité « normale ». Lui sollicite un peu l’échangisme, qu’elle refuse – elle n’aime pas être touchée sans avoir de sentiments.
Un mois et demi plus tard, cet ancien commercial dans l’immobilier puis l’électricité retourne en garde à vue. Car, au cours de l’enquête préliminaire ouverte en septembre, les policiers ont saisi son téléphone, son ordinateur et ses disques durs. A l’intérieur, des milliers d’échanges sur un site de rencontre, Coco.fr, et surtout sur un salon de discussion précis, baptisé « A son insu » – un forum, encore actif à ce jour, au sein duquel de nombreux hommes échangent sur des rapports sexuels qu’ils arrivent à obtenir à l’insu de leurs partenaires, soit des viols, selon le code pénal. Dominique P. administre régulièrement plusieurs comprimés de Témesta à Françoise, un puissant anxiolytique qu’il écrase dans son dîner du soir. Il invite ensuite les inconnus du forum dans la chambre conjugale pour la livrer inconsciente à des viols.
En collectionneur, il filme tout. En fouillant sur une clé USB, les enquêteurs tombent sur un dossier intitulé « ABUS ». Les titres des centaines de vidéos indiquent une date, un prénom et la nature des agissements : « ABUS/nuit du 26 mai 2020 avec MARC SODO 5e fois » ou « ABUS/nuit du 09 06 2020 avec Charly 6e fois ». Tout cela dure depuis presque dix ans, de juillet 2011 à octobre 2020. Cent vingt-huit sous-dossiers émergent. Quatre-vingt-douze viols commis sur Françoise sont répertoriés. Une liste de 83 agresseurs est établie. Les policiers de Carpentras en identifient 51, tous arrêtés au cours d’une dizaine de vagues d’interpellations, puis incarcérés, et dont le renvoi devant la cour criminelle départementale pour viol aggravé a été requis par le parquet d’Avignon.
Si le juge d’instruction suit le réquisitoire du procureur, un procès historique se tiendra au printemps 2024, avec 52 accusés dans le même box, nombre d’entre eux comparaissant détenus. Ce document, dévoilé par Le Parisien et consulté par Le Monde, fait 350 pages. Avec 52 hommes mis en cause, ce sont 52 profils psychologiques, professions, vies intimes et lignes de défense qui se retrouveront en même temps devant la cour. Des hommes ordinaires, qui puisent leurs justifications dans le bréviaire classique des affaires de viol, où la gravité des faits est incomprise, minimisée ou assumée.
« J’étais sa chose »
Au-delà du profil de prédateur chevronné de l’ordonnateur de ce schéma criminel, il y a surtout ces 51 personnes qui ont trouvé qu’avoir un rapport sexuel avec une femme inconsciente d’une soixantaine d’années était quelque chose de possible. En effet, Dominique P. le revendique dans ses échanges, il aime le « mode viol », et il n’est pas le seul.
Lors de ses interrogatoires de comparution, il précise sans complexe qu’il a toujours été transparent sur son mode opératoire auprès des agresseurs. Sa femme est sédatée par ses soins. Les rapports sexuels sont filmés. Le tabac et le parfum sont interdits pour éviter les odeurs trop fortes. Il faut se laver les mains à l’eau chaude pour que Françoise ne se réveille pas à cause d’une différence de température. Se déshabiller dans la cuisine pour ne pas oublier de vêtements dans la chambre. Se garer sur le parking à côté du collège et marcher dans la nuit jusqu’à la maison, pour que toutes ces allées et venues nocturnes n’éveillent pas les soupçons.
Ces conditions ne dérangent pas les participants du forum : seuls trois sur dix refusent la proposition gratuite de Dominique P., selon lui. Il n’a pas trop besoin d’insister. « Il affirmait qu’aucun des hommes qui s’étaient rendus à son domicile n’avait renoncé à réaliser des actes sexuels sur son épouse, au regard de son état. Il n’a jamais usé de violence ni de menace contre quiconque pour que les viols soient perpétrés. Chaque individu disposait de son libre arbitre pour cesser ces agissements et quitter les lieux », écrit la vice-procureure d’Avignon.
Alors quand les policiers montrent à Françoise P. des photos extraites des vidéos réalisées par son mari, elle s’effondre : elle ne connaît aucun de ces hommes. Sous le choc, elle retrace ensuite tous ces événements signifiants. Ces réveils en sursaut en pleine nuit parce que Dominique P. la viole dans son sommeil. Ce texto d’un numéro inconnu, en 2015, qu’elle voit apparaître sur l’écran du portable de son mari : « Je n’ai pas reçu les photos. » Ses absences, sa fatigue chronique, qu’elle a évoquées plusieurs fois auprès de ses enfants et de son généraliste. Et ses douleurs gynécologiques : une échographie révèle une grosse inflammation du col de l’utérus. « Mais que fais-tu de tes journées ? », s’en amuse son mari.
Un psychiatre examine Françoise et diagnostique un traumatisme psychique grave, avec risque important de suicide. « J’étais sa chose », lui explique-t-elle. Un médecin légiste trouve quatre maladies sexuelles transmissibles dans le corps de la sexagénaire – Dominique P. poussant les violeurs de sa femme à ne pas mettre de préservatif. La soumission chimique et l’exposition aux MST représentent une « mise en danger de façon itérative de sa vie », écrit le praticien.
Images d’exploitation d’enfants
Les enquêteurs de Carpentras entendent ensuite l’entourage du couple. La fille aînée apparaît sur les images de son père, elle aussi inconsciente et en sous-vêtements. Son audition l’emmène directement aux urgences psychiatriques. Dominique P. a aussi filmé ses belles-filles dans la salle de bains, à l’aide d’un téléphone caché dans une trousse de toilette, puis a diffusé les images sur Coco.fr. Ses petits-enfants parlent de son insistance à vouloir jouer au docteur ou à accepter de leur acheter des jouets que s’ils se déshabillent. Ces accusations d’inceste révoltent le retraité, qui s’insurge depuis sa prison : « C’est trop dégueulasse de m’accuser de la sorte. Je suis responsable pour ce qui concerne maman, je l’ai dit depuis le début, mais là c’est trop. »
Les amis et les voisins racontent un couple fusionnel. Lui jovial, mais parfois autoritaire. Il tient en public des propos déplacés sur le physique des femmes. Dans ses vidéos, il traite des centaines de fois sa femme de « salope », terme qu’il qualifie de « compliment » devant le juge d’instruction, et dit toujours l’aimer, que c’est une « sainte » à laquelle il n’a rien à reprocher, même si c’est « paradoxal » avec ce qu’il lui a fait. « C’est son premier amour, et même le seul de toute sa vie. Il l’aime vraiment », précise Béatrice Zavarro, l’avocate de Dominique P.
Les 51 violeurs du Vaucluse constituent un kaléidoscope de la société française. Le plus jeune a 26 ans, le plus vieux 73 ans. Ils viennent tous de la région, vivent à quelques encablures du couple. Nombre d’entre eux ont des professions d’utilité publique, pompier, militaire, gardien de prison, infirmier, journaliste. D’autres sont chauffeurs routiers, ont des responsabilités dans des entreprises, un est conseiller municipal. Certains sont précaires, sous tutelle, ou déjà en prison pour des violences commises sur des femmes. Cinq d’entre eux font l’objet d’une mise en examen supplétive : au cours de la perquisition de leurs ordinateurs, les policiers retrouvent de grandes quantités d’images d’exploitation d’enfants.
Sur les vidéos de Dominique P., Christian L. se livre à des viols avec son haut d’uniforme siglé « Sapeurs-pompiers Vaucluse ». Il fait attention à chuchoter et à ne pas avoir de gestes brusques. En garde à vue, il proteste mollement, explique que le mari lui aurait annoncé que son épouse était d’accord, mais qu’elle était timide. Face aux échanges sur Coco.fr puis aux images, il se dit dérangé par l’absence de consentement de Françoise P., pour finalement avouer que le fait qu’elle soit inconsciente l’excite.
De sa prison, le pompier insiste auprès de sa compagne pour qu’elle récupère son ordinateur à la caserne, sinon « on est partis pour des années », selon une conversation interceptée par l’administration pénitentiaire. Effectivement, dans ses disques durs, les policiers retrouvent 728 images d’exploitation sexuelle d’enfants, et une négociation sur Skype avec un habitant de Metz pour violer sa fille sédatée de 15 ans. A ses parents, Christian se justifie : il est victime d’une « chasse aux sorcières, d’un enchaînement de circonstances au mauvais moment » qui l’emmène en prison, mais que ça n’est pas l’« affaire du siècle ».
« Je n’ai pas pu m’arrêter »
Charly A. a, lui, commis six viols sur Françoise. A 29 ans, il est intérimaire, vit chez sa mère, ne comprend pas tout de suite pourquoi elle ne bouge pas, mais, au bout de la troisième fois, il admet que c’est impossible de ne pas se réveiller au regard des actes subis. Nicolas F. est journaliste pour la presse quotidienne régionale. Face aux policiers, il s’estime gentil et respectueux à l’égard des femmes, pouvant même parfois n’être pas assez entreprenant. Certes, il est surpris par l’inertie de la victime, « mais comme son mari lui avait assuré qu’elle était d’accord, il avait procédé aux attouchements ». Il évoque « un gros manque de discernement ». Dans son ordinateur : 4 284 images et 262 vidéos d’exploitation d’enfants.
A 53 ans, Cyrille D. travaille dans le bâtiment. Confronté aux vidéos, il ressent de la honte et prend conscience de ce qu’il a fait. « Je faisais ce qu’il me demandait et je ne sais pas pourquoi. » Il dit avoir été sidéré et avoir obéi à Dominique P., tout en concédant qu’il ne risque rien s’il ne lui obéit pas. Il ne demande pas pourquoi son épouse dort : il pense que c’est un fantasme, tout en trouvant étrange qu’elle ne réagisse pas pendant les pénétrations. « J’ai bien vu qu’elle était inconsciente, mais je n’ai pas pu m’arrêter », finit-il par convenir. En détention, il fait une tentative de suicide.
Patrice N. est un électricien de 54 ans. Il n’a jamais recueilli l’accord de Françoise P., mais il n’a pas commis de viol, selon lui, car c’est son mari qui propose, détenteur de l’usufruit du corps de sa femme. Lionel R., lui, a avoué ne s’être préoccupé que de son plaisir. Didier, un retraité de 66 ans, a cette formule : c’est un « viol involontaire de ma part ». Et, d’ailleurs, il ne se sent pas coupable, car il n’avait aucune mauvaise intention et sa participation personnelle est minime.
Sur la vidéo des viols perpétrés par Mathieu D., on l’entend dire : « C’est dingue qu’elle ne se réveille pas. » Et Dominique P. de répondre : « Ça fait des années que je la baise comme ça. » Gardien de prison à la maison d’arrêt du Pontet, Quentin H. s’attend à être entendu, car, dès le soir des faits, il a pris conscience d’avoir participé à un viol. Il déclare ne pas être attiré ni par le scénario ni par le physique de Françoise P., pourtant il se rend sur place. Avant le rapport, il comprend qu’elle est réellement endormie, mais il ne s’arrête pas. Il n’a pas pris de plaisir, dit-il, à une relation qu’il ne trouve pas normale.
Sous le commandement de Dominique P.
Ancien pompier volontaire, Jérôme V. travaille dans un magasin d’alimentation. Il s’est rendu six fois à Mazan en quatre mois. Il confirme n’avoir jamais discuté avec Françoise. Il donne des précisions sur Dominique P., qui s’organise pour ne pas la droguer inutilement, et fait attention à ce que les rendez-vous ne soient pas trop rapprochés, pour limiter les effets secondaires du lendemain. La chambre est surchauffée, Françoise ne doit pas se réveiller parce qu’elle a froid. Parfois Jérôme V. doit se cacher au pied du lit, car elle bouge beaucoup, ou s’échapper dans la cuisine. « Oui, c’est une situation complexe », exprime-t-il. L’employé assume, il a une sexualité hors norme, c’était le seul moyen qu’il avait d’avoir des relations sexuelles à cause du confinement et de sa séparation avec sa compagne. Il n’avait pas le choix, estime-t-il, et il s’est rendu à Mazan en toute connaissance de cause, après avoir pris le temps de réfléchir aux conséquences morales et judiciaires.
Dominique P. contacte Hamida N. le jour de la sortie de sa première garde à vue, début octobre 2020. Le retraité sait que tout va bientôt s’arrêter, mais il a envie d’en profiter jusqu’au bout. Hamida N. ne reconnaît aucune responsabilité, se présentant comme un « robot » sous le commandement de Dominique P. Trois hommes sont encore venus violer Françoise à l’automne 2020, dans le petit mois qui s’est écoulé entre les deux arrestations du retraité.
Dominique D. est un ancien militaire devenu chauffeur routier : la victime complètement soumise et réduite à un objet sexuel, ça l’a, lui aussi, « excité ». Simone M., chasseur alpin pendant douze ans, est désormais dans le bâtiment. Il n’a jamais dénoncé les viols, considérant que « c’est sa femme, il fait ce qu’il veut avec sa femme ». Lorsque l’affaire sort dans la presse locale, il prend conscience de la gravité de ses actes. Joan K., lui, est encore en service, militaire de première classe, interpellé à la caserne d’Auxonne (Côte-d’Or).
Karim S. est expert en performance informatique pour une grande banque. En garde à vue, il émet les dénégations habituelles, jusqu’à ce que les policiers lui lisent ce message qu’il a envoyé à Dominique P. : « Le somnifère fait effet ? Préviens-moi à l’avance, car j’ai vingt minutes de route quand même. » Il y a des images d’exploitation sexuelle d’enfants dans son ordinateur.
Antécédents de violences sur les femmes
Certains des violeurs de Françoise P. ont des antécédents de violences commises sur les femmes. Vincent C. a déjà été condamné pour « violences conjugales ». Pour être inculpé dans ce dossier, Redouane A. doit être extrait de prison, où il est déjà incarcéré pour des violences contre sa compagne. Mohamed R., lui, a fait cinq ans de détention pour avoir violé sa fille.
Dans la promiscuité de leur cellule du Pontet à Avignon, Dominique P. et Adrien L. discutent. Le retraité ment à son codétenu : il serait incarcéré pour avoir détourné des fonds dans une entreprise d’électricité. Les deux hommes se connaissent déjà : l’un est venu chez l’autre pour violer Françoise, mais ils ne se reconnaissent pas. Mis en examen dans le dossier, Adrien L. se défend : « A partir du moment où le mari était présent, il n’y avait pas viol » et l’épouse ne lui a pas dit non. Le chef de chantier est familier de la législation sur la violence sexuelle, il est là en détention provisoire pour ce motif. Le 8 avril, Adrien L. est condamné à dix-huit ans de prison pour viols et violences sur ses anciennes concubines.
Redouane E. est infirmier libéral. Après une journée de travail stressante, il cherche les mots-clés « inceste », « soumission » ou « young » sur les sites pornographiques. Devant le juge, il se plaint d’être traité à tort comme un criminel, et de sa vie brisée, alors que Dominique P. lui avait seulement « offert » son épouse. Ludovik B. est un magasinier au chômage qui fume dix joints par jour. Il pense que ce sont des couples « qui font des trucs bizarres ». Le policier lui fait comprendre que c’est un viol. C’est l’un des rares sur les 51 à s’excuser auprès de la victime.
Enfin, des 51, Jean-Pierre M. est celui qui est allé le plus loin. Dominique P. lui a fourni des médicaments pour qu’il drogue sa propre femme, Diane (le prénom a été modifié). Les deux hommes sont allés la violer une dizaine de fois, selon son époux. Jusqu’à l’été 2020, où la femme de Jean-Pierre se réveille en sursaut et trouve dans sa chambre un homme bedonnant qu’elle ne connaît pas – Dominique P., que son mari fait passer pour un inconnu qu’il a croisé à vélo et qui voulait la voir en sous-vêtements. Diane n’est, pour l’instant, pas partie civile dans le dossier, elle ne veut pas s’opposer à Jean-Pierre, qu’elle considère comme un bon conjoint et un bon père. Elle ne veut pas le quitter, pour les enfants.
Meurtre non élucidé de Sophie Narme
A la litanie des gardes à vue succède celle des très nombreuses confrontations entre les 51 agresseurs et Dominique P. : « Jusqu’à huit par semaine, une à deux semaines par mois », selon son avocate. Le dossier embolise le cabinet du juge d’instruction, à tel point qu’un greffier est spécialement détaché pour ne s’occuper que de cette immense procédure.
Dominique P. « prend ses responsabilités, mais que les siennes » et veut s’expliquer, selon son conseil, notamment en évoquant son passé au procès. Il apparaît comme victime d’un viol par un soignant quand il était hospitalisé, enfant. Il grandit dans une famille aux repères troublés, dans laquelle son père était soupçonné d’avoir des relations sexuelles avec sa sœur adoptive, déficiente mentale. Dominique P. et son frère ont essayé plusieurs fois de la sauver de ses griffes et ont insisté auprès de leur père pour qu’elle ne tombe pas enceinte, afin d’éviter le scandale. Le retraité ne respecte pas les limites de l’intime du corporel et manque d’empathie, selon le premier psychiatre qui l’examine. Pourtant, ce même médecin estime que sa dangerosité criminologique est « faible ».
C’était sans compter sur la chaussure gauche d’Estella B., agressée le 11 mai 1999, à Villeparisis (Seine-et-Marne). A l’agence où la jeune femme exerce comme agente immobilière, un homme se présente pour visiter un appartement. Une fois sur place, il étrangle la victime, lui place un cutter sur la carotide, l’oblige à s’allonger sur le ventre, lui lie les mains dans le dos et lui plaque sur la bouche une compresse imbibée d’éther, lui retire ses chaussures et son pantalon et lui impose des caresses. Estella B. parvient à s’échapper et l’homme s’enfuit. En 2010, Dominique P. est arrêté dans un supermarché de Seine-et-Marne : il a filmé sous les jupes des femmes avec un stylo-caméra. Son ADN est prélevé. Il « matche » avec celui qui est recueilli sur la chaussure d’Estella B., mais l’information n’est pas exploitée pendant dix ans, jusqu’à la procédure d’Avignon.
Les policiers spécialisés des parcours criminels rapprochent l’agression d’Estella du meurtre non élucidé de Sophie Narme, retrouvée violée et tuée dans un appartement du 19e arrondissement de Paris, le 4 décembre 1991. Selon eux, « plusieurs éléments de connexité » : « Les victimes, des jeunes femmes d’une vingtaine d’années, travaillaient dans des agences immobilières, le mode opératoire est similaire, avec prise de rendez-vous sous un faux nom, agression commise dans le lieu visité, usage de liens et d’un produit chimique pour endormir la victime et d’une arme blanche. » Confronté aux enquêteurs de la brigade criminelle de Paris, Dominique P. conteste d’abord les faits. Face à la trace ADN, il admet avoir attaqué Estella sous l’effet d’une « pulsion » et avoir fui en constatant qu’elle se détachait. Il conteste, en revanche, être l’auteur du meurtre de Sophie Narme – « l’ADN de l’affaire a été perdu par le service des scellés, il n’y a aucun élément objectif pour l’accrocher », soutient Béatrice Zavarro. Un juge d’instruction du pôle « cold cases » de Nanterre l’a mis en examen pour ces deux crimes.
Une nouvelle expertise psychiatrique de Dominique P. est diligentée. Le deuxième expert se montre beaucoup plus alarmiste. Selon lui, Françoise P. était utilisée comme appât. Son mari présente une psychorigidité, une froideur affective, une capacité à réifier l’autre : son niveau de dangerosité devient élevé et le risque de récidive significatif. Françoise P., quant à elle, a du mal à effacer cinq décennies de vie commune durant lesquelles elle s’estimait « heureuse » – le divorce est en cours. Elle attend le procès pour avoir des réponses et s’accroche à son anonymat comme barrage indispensable à sa reconstruction.
ENQUÊTE Un procès historique s’annonce à la cour criminelle du Vaucluse : des dizaines d’hommes ont violé la même femme, droguée par son époux et mise à leur disposition sur un forum Internet. Le mari a aussi été mis en examen pour meurtre par un juge d’instruction du pôle « cold cases » de Nanterre.
Au policier du commissariat de Carpentras (Vaucluse) qui lui demande de parler de son mari, en novembre 2020, Françoise P. (le prénom a été modifié) le décrit comme « un super mec », bienveillant et attentionné. Cinquante ans de vie commune, trois enfants, le couple coule une retraite « heureuse » dans leur maison du village de Mazan. Alors, oui, le 12 septembre 2020, il y a bien eu un petit incident que Dominique P., son époux, lui a avoué : il venait d’être arrêté pour avoir filmé l’intimité des femmes au supermarché du coin. Mais elle lui a vite pardonné, ça n’était pas dans ses habitudes : ils ont une sexualité « normale ». Lui sollicite un peu l’échangisme, qu’elle refuse – elle n’aime pas être touchée sans avoir de sentiments.
Un mois et demi plus tard, cet ancien commercial dans l’immobilier puis l’électricité retourne en garde à vue. Car, au cours de l’enquête préliminaire ouverte en septembre, les policiers ont saisi son téléphone, son ordinateur et ses disques durs. A l’intérieur, des milliers d’échanges sur un site de rencontre, Coco.fr, et surtout sur un salon de discussion précis, baptisé « A son insu » – un forum, encore actif à ce jour, au sein duquel de nombreux hommes échangent sur des rapports sexuels qu’ils arrivent à obtenir à l’insu de leurs partenaires, soit des viols, selon le code pénal. Dominique P. administre régulièrement plusieurs comprimés de Témesta à Françoise, un puissant anxiolytique qu’il écrase dans son dîner du soir. Il invite ensuite les inconnus du forum dans la chambre conjugale pour la livrer inconsciente à des viols.
En collectionneur, il filme tout. En fouillant sur une clé USB, les enquêteurs tombent sur un dossier intitulé « ABUS ». Les titres des centaines de vidéos indiquent une date, un prénom et la nature des agissements : « ABUS/nuit du 26 mai 2020 avec MARC SODO 5e fois » ou « ABUS/nuit du 09 06 2020 avec Charly 6e fois ». Tout cela dure depuis presque dix ans, de juillet 2011 à octobre 2020. Cent vingt-huit sous-dossiers émergent. Quatre-vingt-douze viols commis sur Françoise sont répertoriés. Une liste de 83 agresseurs est établie. Les policiers de Carpentras en identifient 51, tous arrêtés au cours d’une dizaine de vagues d’interpellations, puis incarcérés, et dont le renvoi devant la cour criminelle départementale pour viol aggravé a été requis par le parquet d’Avignon.
Si le juge d’instruction suit le réquisitoire du procureur, un procès historique se tiendra au printemps 2024, avec 52 accusés dans le même box, nombre d’entre eux comparaissant détenus. Ce document, dévoilé par Le Parisien et consulté par Le Monde, fait 350 pages. Avec 52 hommes mis en cause, ce sont 52 profils psychologiques, professions, vies intimes et lignes de défense qui se retrouveront en même temps devant la cour. Des hommes ordinaires, qui puisent leurs justifications dans le bréviaire classique des affaires de viol, où la gravité des faits est incomprise, minimisée ou assumée.
« J’étais sa chose »
Au-delà du profil de prédateur chevronné de l’ordonnateur de ce schéma criminel, il y a surtout ces 51 personnes qui ont trouvé qu’avoir un rapport sexuel avec une femme inconsciente d’une soixantaine d’années était quelque chose de possible. En effet, Dominique P. le revendique dans ses échanges, il aime le « mode viol », et il n’est pas le seul.
Lors de ses interrogatoires de comparution, il précise sans complexe qu’il a toujours été transparent sur son mode opératoire auprès des agresseurs. Sa femme est sédatée par ses soins. Les rapports sexuels sont filmés. Le tabac et le parfum sont interdits pour éviter les odeurs trop fortes. Il faut se laver les mains à l’eau chaude pour que Françoise ne se réveille pas à cause d’une différence de température. Se déshabiller dans la cuisine pour ne pas oublier de vêtements dans la chambre. Se garer sur le parking à côté du collège et marcher dans la nuit jusqu’à la maison, pour que toutes ces allées et venues nocturnes n’éveillent pas les soupçons.
Ces conditions ne dérangent pas les participants du forum : seuls trois sur dix refusent la proposition gratuite de Dominique P., selon lui. Il n’a pas trop besoin d’insister. « Il affirmait qu’aucun des hommes qui s’étaient rendus à son domicile n’avait renoncé à réaliser des actes sexuels sur son épouse, au regard de son état. Il n’a jamais usé de violence ni de menace contre quiconque pour que les viols soient perpétrés. Chaque individu disposait de son libre arbitre pour cesser ces agissements et quitter les lieux », écrit la vice-procureure d’Avignon.
Alors quand les policiers montrent à Françoise P. des photos extraites des vidéos réalisées par son mari, elle s’effondre : elle ne connaît aucun de ces hommes. Sous le choc, elle retrace ensuite tous ces événements signifiants. Ces réveils en sursaut en pleine nuit parce que Dominique P. la viole dans son sommeil. Ce texto d’un numéro inconnu, en 2015, qu’elle voit apparaître sur l’écran du portable de son mari : « Je n’ai pas reçu les photos. » Ses absences, sa fatigue chronique, qu’elle a évoquées plusieurs fois auprès de ses enfants et de son généraliste. Et ses douleurs gynécologiques : une échographie révèle une grosse inflammation du col de l’utérus. « Mais que fais-tu de tes journées ? », s’en amuse son mari.
Un psychiatre examine Françoise et diagnostique un traumatisme psychique grave, avec risque important de suicide. « J’étais sa chose », lui explique-t-elle. Un médecin légiste trouve quatre maladies sexuelles transmissibles dans le corps de la sexagénaire – Dominique P. poussant les violeurs de sa femme à ne pas mettre de préservatif. La soumission chimique et l’exposition aux MST représentent une « mise en danger de façon itérative de sa vie », écrit le praticien.
Images d’exploitation d’enfants
Les enquêteurs de Carpentras entendent ensuite l’entourage du couple. La fille aînée apparaît sur les images de son père, elle aussi inconsciente et en sous-vêtements. Son audition l’emmène directement aux urgences psychiatriques. Dominique P. a aussi filmé ses belles-filles dans la salle de bains, à l’aide d’un téléphone caché dans une trousse de toilette, puis a diffusé les images sur Coco.fr. Ses petits-enfants parlent de son insistance à vouloir jouer au docteur ou à accepter de leur acheter des jouets que s’ils se déshabillent. Ces accusations d’inceste révoltent le retraité, qui s’insurge depuis sa prison : « C’est trop dégueulasse de m’accuser de la sorte. Je suis responsable pour ce qui concerne maman, je l’ai dit depuis le début, mais là c’est trop. »
Les amis et les voisins racontent un couple fusionnel. Lui jovial, mais parfois autoritaire. Il tient en public des propos déplacés sur le physique des femmes. Dans ses vidéos, il traite des centaines de fois sa femme de « salope », terme qu’il qualifie de « compliment » devant le juge d’instruction, et dit toujours l’aimer, que c’est une « sainte » à laquelle il n’a rien à reprocher, même si c’est « paradoxal » avec ce qu’il lui a fait. « C’est son premier amour, et même le seul de toute sa vie. Il l’aime vraiment », précise Béatrice Zavarro, l’avocate de Dominique P.
Les 51 violeurs du Vaucluse constituent un kaléidoscope de la société française. Le plus jeune a 26 ans, le plus vieux 73 ans. Ils viennent tous de la région, vivent à quelques encablures du couple. Nombre d’entre eux ont des professions d’utilité publique, pompier, militaire, gardien de prison, infirmier, journaliste. D’autres sont chauffeurs routiers, ont des responsabilités dans des entreprises, un est conseiller municipal. Certains sont précaires, sous tutelle, ou déjà en prison pour des violences commises sur des femmes. Cinq d’entre eux font l’objet d’une mise en examen supplétive : au cours de la perquisition de leurs ordinateurs, les policiers retrouvent de grandes quantités d’images d’exploitation d’enfants.
Sur les vidéos de Dominique P., Christian L. se livre à des viols avec son haut d’uniforme siglé « Sapeurs-pompiers Vaucluse ». Il fait attention à chuchoter et à ne pas avoir de gestes brusques. En garde à vue, il proteste mollement, explique que le mari lui aurait annoncé que son épouse était d’accord, mais qu’elle était timide. Face aux échanges sur Coco.fr puis aux images, il se dit dérangé par l’absence de consentement de Françoise P., pour finalement avouer que le fait qu’elle soit inconsciente l’excite.
De sa prison, le pompier insiste auprès de sa compagne pour qu’elle récupère son ordinateur à la caserne, sinon « on est partis pour des années », selon une conversation interceptée par l’administration pénitentiaire. Effectivement, dans ses disques durs, les policiers retrouvent 728 images d’exploitation sexuelle d’enfants, et une négociation sur Skype avec un habitant de Metz pour violer sa fille sédatée de 15 ans. A ses parents, Christian se justifie : il est victime d’une « chasse aux sorcières, d’un enchaînement de circonstances au mauvais moment » qui l’emmène en prison, mais que ça n’est pas l’« affaire du siècle ».
« Je n’ai pas pu m’arrêter »
Charly A. a, lui, commis six viols sur Françoise. A 29 ans, il est intérimaire, vit chez sa mère, ne comprend pas tout de suite pourquoi elle ne bouge pas, mais, au bout de la troisième fois, il admet que c’est impossible de ne pas se réveiller au regard des actes subis. Nicolas F. est journaliste pour la presse quotidienne régionale. Face aux policiers, il s’estime gentil et respectueux à l’égard des femmes, pouvant même parfois n’être pas assez entreprenant. Certes, il est surpris par l’inertie de la victime, « mais comme son mari lui avait assuré qu’elle était d’accord, il avait procédé aux attouchements ». Il évoque « un gros manque de discernement ». Dans son ordinateur : 4 284 images et 262 vidéos d’exploitation d’enfants.
A 53 ans, Cyrille D. travaille dans le bâtiment. Confronté aux vidéos, il ressent de la honte et prend conscience de ce qu’il a fait. « Je faisais ce qu’il me demandait et je ne sais pas pourquoi. » Il dit avoir été sidéré et avoir obéi à Dominique P., tout en concédant qu’il ne risque rien s’il ne lui obéit pas. Il ne demande pas pourquoi son épouse dort : il pense que c’est un fantasme, tout en trouvant étrange qu’elle ne réagisse pas pendant les pénétrations. « J’ai bien vu qu’elle était inconsciente, mais je n’ai pas pu m’arrêter », finit-il par convenir. En détention, il fait une tentative de suicide.
Patrice N. est un électricien de 54 ans. Il n’a jamais recueilli l’accord de Françoise P., mais il n’a pas commis de viol, selon lui, car c’est son mari qui propose, détenteur de l’usufruit du corps de sa femme. Lionel R., lui, a avoué ne s’être préoccupé que de son plaisir. Didier, un retraité de 66 ans, a cette formule : c’est un « viol involontaire de ma part ». Et, d’ailleurs, il ne se sent pas coupable, car il n’avait aucune mauvaise intention et sa participation personnelle est minime.
Sur la vidéo des viols perpétrés par Mathieu D., on l’entend dire : « C’est dingue qu’elle ne se réveille pas. » Et Dominique P. de répondre : « Ça fait des années que je la baise comme ça. » Gardien de prison à la maison d’arrêt du Pontet, Quentin H. s’attend à être entendu, car, dès le soir des faits, il a pris conscience d’avoir participé à un viol. Il déclare ne pas être attiré ni par le scénario ni par le physique de Françoise P., pourtant il se rend sur place. Avant le rapport, il comprend qu’elle est réellement endormie, mais il ne s’arrête pas. Il n’a pas pris de plaisir, dit-il, à une relation qu’il ne trouve pas normale.
Sous le commandement de Dominique P.
Ancien pompier volontaire, Jérôme V. travaille dans un magasin d’alimentation. Il s’est rendu six fois à Mazan en quatre mois. Il confirme n’avoir jamais discuté avec Françoise. Il donne des précisions sur Dominique P., qui s’organise pour ne pas la droguer inutilement, et fait attention à ce que les rendez-vous ne soient pas trop rapprochés, pour limiter les effets secondaires du lendemain. La chambre est surchauffée, Françoise ne doit pas se réveiller parce qu’elle a froid. Parfois Jérôme V. doit se cacher au pied du lit, car elle bouge beaucoup, ou s’échapper dans la cuisine. « Oui, c’est une situation complexe », exprime-t-il. L’employé assume, il a une sexualité hors norme, c’était le seul moyen qu’il avait d’avoir des relations sexuelles à cause du confinement et de sa séparation avec sa compagne. Il n’avait pas le choix, estime-t-il, et il s’est rendu à Mazan en toute connaissance de cause, après avoir pris le temps de réfléchir aux conséquences morales et judiciaires.
Dominique P. contacte Hamida N. le jour de la sortie de sa première garde à vue, début octobre 2020. Le retraité sait que tout va bientôt s’arrêter, mais il a envie d’en profiter jusqu’au bout. Hamida N. ne reconnaît aucune responsabilité, se présentant comme un « robot » sous le commandement de Dominique P. Trois hommes sont encore venus violer Françoise à l’automne 2020, dans le petit mois qui s’est écoulé entre les deux arrestations du retraité.
Dominique D. est un ancien militaire devenu chauffeur routier : la victime complètement soumise et réduite à un objet sexuel, ça l’a, lui aussi, « excité ». Simone M., chasseur alpin pendant douze ans, est désormais dans le bâtiment. Il n’a jamais dénoncé les viols, considérant que « c’est sa femme, il fait ce qu’il veut avec sa femme ». Lorsque l’affaire sort dans la presse locale, il prend conscience de la gravité de ses actes. Joan K., lui, est encore en service, militaire de première classe, interpellé à la caserne d’Auxonne (Côte-d’Or).
Karim S. est expert en performance informatique pour une grande banque. En garde à vue, il émet les dénégations habituelles, jusqu’à ce que les policiers lui lisent ce message qu’il a envoyé à Dominique P. : « Le somnifère fait effet ? Préviens-moi à l’avance, car j’ai vingt minutes de route quand même. » Il y a des images d’exploitation sexuelle d’enfants dans son ordinateur.
Antécédents de violences sur les femmes
Certains des violeurs de Françoise P. ont des antécédents de violences commises sur les femmes. Vincent C. a déjà été condamné pour « violences conjugales ». Pour être inculpé dans ce dossier, Redouane A. doit être extrait de prison, où il est déjà incarcéré pour des violences contre sa compagne. Mohamed R., lui, a fait cinq ans de détention pour avoir violé sa fille.
Dans la promiscuité de leur cellule du Pontet à Avignon, Dominique P. et Adrien L. discutent. Le retraité ment à son codétenu : il serait incarcéré pour avoir détourné des fonds dans une entreprise d’électricité. Les deux hommes se connaissent déjà : l’un est venu chez l’autre pour violer Françoise, mais ils ne se reconnaissent pas. Mis en examen dans le dossier, Adrien L. se défend : « A partir du moment où le mari était présent, il n’y avait pas viol » et l’épouse ne lui a pas dit non. Le chef de chantier est familier de la législation sur la violence sexuelle, il est là en détention provisoire pour ce motif. Le 8 avril, Adrien L. est condamné à dix-huit ans de prison pour viols et violences sur ses anciennes concubines.
Redouane E. est infirmier libéral. Après une journée de travail stressante, il cherche les mots-clés « inceste », « soumission » ou « young » sur les sites pornographiques. Devant le juge, il se plaint d’être traité à tort comme un criminel, et de sa vie brisée, alors que Dominique P. lui avait seulement « offert » son épouse. Ludovik B. est un magasinier au chômage qui fume dix joints par jour. Il pense que ce sont des couples « qui font des trucs bizarres ». Le policier lui fait comprendre que c’est un viol. C’est l’un des rares sur les 51 à s’excuser auprès de la victime.
Enfin, des 51, Jean-Pierre M. est celui qui est allé le plus loin. Dominique P. lui a fourni des médicaments pour qu’il drogue sa propre femme, Diane (le prénom a été modifié). Les deux hommes sont allés la violer une dizaine de fois, selon son époux. Jusqu’à l’été 2020, où la femme de Jean-Pierre se réveille en sursaut et trouve dans sa chambre un homme bedonnant qu’elle ne connaît pas – Dominique P., que son mari fait passer pour un inconnu qu’il a croisé à vélo et qui voulait la voir en sous-vêtements. Diane n’est, pour l’instant, pas partie civile dans le dossier, elle ne veut pas s’opposer à Jean-Pierre, qu’elle considère comme un bon conjoint et un bon père. Elle ne veut pas le quitter, pour les enfants.
Meurtre non élucidé de Sophie Narme
A la litanie des gardes à vue succède celle des très nombreuses confrontations entre les 51 agresseurs et Dominique P. : « Jusqu’à huit par semaine, une à deux semaines par mois », selon son avocate. Le dossier embolise le cabinet du juge d’instruction, à tel point qu’un greffier est spécialement détaché pour ne s’occuper que de cette immense procédure.
Dominique P. « prend ses responsabilités, mais que les siennes » et veut s’expliquer, selon son conseil, notamment en évoquant son passé au procès. Il apparaît comme victime d’un viol par un soignant quand il était hospitalisé, enfant. Il grandit dans une famille aux repères troublés, dans laquelle son père était soupçonné d’avoir des relations sexuelles avec sa sœur adoptive, déficiente mentale. Dominique P. et son frère ont essayé plusieurs fois de la sauver de ses griffes et ont insisté auprès de leur père pour qu’elle ne tombe pas enceinte, afin d’éviter le scandale. Le retraité ne respecte pas les limites de l’intime du corporel et manque d’empathie, selon le premier psychiatre qui l’examine. Pourtant, ce même médecin estime que sa dangerosité criminologique est « faible ».
C’était sans compter sur la chaussure gauche d’Estella B., agressée le 11 mai 1999, à Villeparisis (Seine-et-Marne). A l’agence où la jeune femme exerce comme agente immobilière, un homme se présente pour visiter un appartement. Une fois sur place, il étrangle la victime, lui place un cutter sur la carotide, l’oblige à s’allonger sur le ventre, lui lie les mains dans le dos et lui plaque sur la bouche une compresse imbibée d’éther, lui retire ses chaussures et son pantalon et lui impose des caresses. Estella B. parvient à s’échapper et l’homme s’enfuit. En 2010, Dominique P. est arrêté dans un supermarché de Seine-et-Marne : il a filmé sous les jupes des femmes avec un stylo-caméra. Son ADN est prélevé. Il « matche » avec celui qui est recueilli sur la chaussure d’Estella B., mais l’information n’est pas exploitée pendant dix ans, jusqu’à la procédure d’Avignon.
Les policiers spécialisés des parcours criminels rapprochent l’agression d’Estella du meurtre non élucidé de Sophie Narme, retrouvée violée et tuée dans un appartement du 19e arrondissement de Paris, le 4 décembre 1991. Selon eux, « plusieurs éléments de connexité » : « Les victimes, des jeunes femmes d’une vingtaine d’années, travaillaient dans des agences immobilières, le mode opératoire est similaire, avec prise de rendez-vous sous un faux nom, agression commise dans le lieu visité, usage de liens et d’un produit chimique pour endormir la victime et d’une arme blanche. » Confronté aux enquêteurs de la brigade criminelle de Paris, Dominique P. conteste d’abord les faits. Face à la trace ADN, il admet avoir attaqué Estella sous l’effet d’une « pulsion » et avoir fui en constatant qu’elle se détachait. Il conteste, en revanche, être l’auteur du meurtre de Sophie Narme – « l’ADN de l’affaire a été perdu par le service des scellés, il n’y a aucun élément objectif pour l’accrocher », soutient Béatrice Zavarro. Un juge d’instruction du pôle « cold cases » de Nanterre l’a mis en examen pour ces deux crimes.
Une nouvelle expertise psychiatrique de Dominique P. est diligentée. Le deuxième expert se montre beaucoup plus alarmiste. Selon lui, Françoise P. était utilisée comme appât. Son mari présente une psychorigidité, une froideur affective, une capacité à réifier l’autre : son niveau de dangerosité devient élevé et le risque de récidive significatif. Françoise P., quant à elle, a du mal à effacer cinq décennies de vie commune durant lesquelles elle s’estimait « heureuse » – le divorce est en cours. Elle attend le procès pour avoir des réponses et s’accroche à son anonymat comme barrage indispensable à sa reconstruction.
Association d'Aide aux Victimes des Affaires Non Élucidées
Carte des affaires non élucidées francophones
Manor
Re: Meurtre de Sophie Narme
Bonjour,
Je pense qu'on peut aussi s'interroger sur l'implication de DP dans un ou plusieurs des enlèvements et meurtres de petites filles commis en région parisienne pendant l'été 87 :
* Virginie DELMAS le 5 mai 1987 à Neuilly-sur-Marne en Seine-Saint-Denis ;
* Hemma DAVY-GREEDHARRY le 30 mai 1987 à Malakoff dans les Hauts-de-Seine.
* Perrine VIGNERON le 3 juin 1987 à Bouleurs en Seine-et-Marne
* Sabine DUMONT le 27 juin 1987 à Bièvres dans l'Essonne.
On en a déjà pas mal parlé sur ce forum mais pour résumer très rapidement la proximité de temps et la similitude des MO font penser à une série commise par un auteur, même si en fait c'est plus compliqué. Sabine Dumont et Hemma Davy-Greedharry ont été brulées contrairement aux deux autres et il y a quelques autres différences de MO. Un seul ou plusieurs auteurs ?
Du sang d'un individu non-identifié a été prélevé dans le cas de Sabine Dumont mais n'a jamais matché. Il y a eu pas mal de suspects "intéressants", notamment celui du tortionnaire Raymond Gouardo en raison de plusieurs éléments troublants, mais son ADN n'a pas matché avec celui retrouvé sur le corps de Sabine. Ce qui pour moi ne l'exclut pas forcément dans les autres affaires.
Pour revenir à Dominique P, quelques éléments troublants :
* Il possédait des contenus pédopornographiques dans son ordinateur lors de son arrestation, donc on ne peut exclure des agressions commises sur des enfants, même si dans tous les faits connus ses victimes sont des adultes.
* Dans le cas de Perrine Vigneron, elle est morte étranglée avec une cordelette synthétique (de nylon ?), et surtout ses vêtements sont pliés et ses chaussures alignés à côté d'elle, ce qui me fait penser à Dominique P (mais c'est aussi une caractéristique de Guardio.
Je pense qu'on peut aussi s'interroger sur l'implication de DP dans un ou plusieurs des enlèvements et meurtres de petites filles commis en région parisienne pendant l'été 87 :
* Virginie DELMAS le 5 mai 1987 à Neuilly-sur-Marne en Seine-Saint-Denis ;
* Hemma DAVY-GREEDHARRY le 30 mai 1987 à Malakoff dans les Hauts-de-Seine.
* Perrine VIGNERON le 3 juin 1987 à Bouleurs en Seine-et-Marne
* Sabine DUMONT le 27 juin 1987 à Bièvres dans l'Essonne.
On en a déjà pas mal parlé sur ce forum mais pour résumer très rapidement la proximité de temps et la similitude des MO font penser à une série commise par un auteur, même si en fait c'est plus compliqué. Sabine Dumont et Hemma Davy-Greedharry ont été brulées contrairement aux deux autres et il y a quelques autres différences de MO. Un seul ou plusieurs auteurs ?
Du sang d'un individu non-identifié a été prélevé dans le cas de Sabine Dumont mais n'a jamais matché. Il y a eu pas mal de suspects "intéressants", notamment celui du tortionnaire Raymond Gouardo en raison de plusieurs éléments troublants, mais son ADN n'a pas matché avec celui retrouvé sur le corps de Sabine. Ce qui pour moi ne l'exclut pas forcément dans les autres affaires.
Pour revenir à Dominique P, quelques éléments troublants :
* Il possédait des contenus pédopornographiques dans son ordinateur lors de son arrestation, donc on ne peut exclure des agressions commises sur des enfants, même si dans tous les faits connus ses victimes sont des adultes.
* Dans le cas de Perrine Vigneron, elle est morte étranglée avec une cordelette synthétique (de nylon ?), et surtout ses vêtements sont pliés et ses chaussures alignés à côté d'elle, ce qui me fait penser à Dominique P (mais c'est aussi une caractéristique de Guardio.
Cyclope
Re: Meurtre de Sophie Narme
Merci de nous faire partager cet article INCROYABLEMENT riche en information, et effrayant par la perversité sans limite.
Comme bien souvent, il n'y a pas de profil type.... Du simple intérimaire qui vit chez sa mère, jusqu'à l'expert en performance informatique pour une grande banque, ou encore un militaire de première classe ( un certain prestige....)
Comme bien souvent, il n'y a pas de profil type.... Du simple intérimaire qui vit chez sa mère, jusqu'à l'expert en performance informatique pour une grande banque, ou encore un militaire de première classe ( un certain prestige....)
Invité- Invité
Re: Meurtre de Sophie Narme
Bonsoir Cyclope,
Bonsoir à tous.
On peut exclure Pélicot pour Sabine. Si l'ADN de ce sombre individu avait matché avec l'ADN du sperme présent sur le T shirt de Sabine, on le saurait.
Bonsoir à tous.
On peut exclure Pélicot pour Sabine. Si l'ADN de ce sombre individu avait matché avec l'ADN du sperme présent sur le T shirt de Sabine, on le saurait.
Re: Meurtre de Sophie Narme
Je ne pensais pas tant à Sabine qu'a Perrine Vigneron. Sur ces quatre affaires j'ai tendance à penser qu'il y a deux auteurs distincts. Celui qui brûle les corps et l'autre. Mais bon rien n'est certain.
Cyclope
Re: Meurtre de Sophie Narme
Bonjour,
Je viens de réécouter "l'heure du crime" longuement commenté en janvier 2023.
Me Béatrice Zavarro, qui défend Dominique P., tente de réorienter les soupçons vers d'autres suspects et fait une déclaration surprenante:
les prélèvements ont disparu mais (je cite), monsieur le grêlé portait l'uniforme à l'époque.
P. est présumé innocent, certes mais si Vérove était intervenu en tant qu'enquêteur, ça se saurait.
Re: Meurtre de Sophie Narme
Il livrait sa femme inconsciente à des violeurs : mon frère, le monstre de Mazan
Ce retraité du Vaucluse a drogué puis livré son épouse à plus de 50 violeurs. Alors que s’ouvrira fin 2024 un procès hors norme, nous avons rencontré son aîné, médecin, encore sous le choc.
Il aura fallu une erreur d’inattention, l’envie irrépressible d’un homme, pour percer à jour une vie de perversion, tenue secrète pendant près de dix ans.
Le 12 septembre 2020, Dominique P., 68 ans, est arrêté par le vigile d’un supermarché de Carpentras, dans le Vaucluse, où il vient de filmer sous les jupes des clientes à l’aide de son téléphone portable. Dans sa sacoche : un Caméscope, un appareil photo et des préservatifs.
Devant les policiers du commissariat d’Avignon, celui qui fait figure de paisible retraité se défend d’être un habitué de telles pratiques, mais, explique-t-il, son épouse étant absente du domicile depuis un mois, il a ressenti des pulsions qu’il regrette à présent. On le libère dans l’attente de l’exploitation de son téléphone, du matériel informatique et numérique saisi à son domicile.
Mais alors que les enquêteurs commencent à analyser ces supports, les contacts de plusieurs hommes régulièrement invités à venir chez Dominique P. pour abuser de sa femme apparemment droguée et inconsciente, disparaissent de leur écran à mesure qu’ils les consultent. À l’évidence, Dominique P. n’est pas celui qu’il prétend être, du moins maîtrise-t-il l’art d’effacer les traces de ses crimes, même à distance…
Pour l'endormir, il lui administre 10 cachets de Témesta en une seule prise
Un appel de Dominique P., à la même époque, laisse aussi sceptique son frère aîné, Thierry*, médecin retraité de 72 ans, résidant dans le Grand Ouest. Quelques jours après son interpellation, il l’a prévenu qu’il ne participerait pas à leur régate autour de la péninsule ibérique, prévue fin septembre, au départ de Port-Leucate. « Écoute, je ne peux pas venir, parce que voilà, j’ai boxé un gugusse sur le parking d’un supermarché, prétexte-t-il. Et je dois aller voir un juge d’instruction début octobre. »
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Premier mariage à Azay-le-Ferron (Indre), en avril 1973. Ils ont alors 21 ans
« J’ai tout de suite trouvé ça suspect. On ne passe pas devant un juge pour une bagarre sans gravité ! » confie le frère. Les deux appels suivants confirment son intuition : « Ma sœur m’a d’abord révélé la vraie raison de son arrestation. J’ai pensé “quel con !” puis j’ai contacté Françoise*, la femme de Dominique, pour en savoir plus. Au bout du fil, elle a explosé : « Dominique est un monstre ! C’est scandaleux, inadmissible ce qu’il a fait, c’est un salaud ! Tu ne connais pas ton frère ! »
Convoqué par la police judiciaire d’Avignon, Thierry est aussitôt prévenu du choc à venir : « Monsieur, ce qu’a fait votre frère est très grave. » Des disques durs, clés USB et ordinateurs épluchés par les enquêteurs émergent des centaines d’échanges explicites entre Dominique P. et des dizaines d’hommes reliés d’abord par un forum intitulé « À l’insu », puis via Skype. Il y explique parvenir à endormir son épouse à raison de 10 cachets de Témesta (un anxiolytique) en une seule prise. Il invite ensuite ses interlocuteurs ponctuels ou réguliers à venir profiter d’elle à leur domicile, sans contrepartie financière, son plaisir consistant à diriger et à filmer les ébats.
Le plus jeune agresseur est un militaire de 25 ans, le plus âgé, un retraité de 72 ans
Des images de Françoise inerte, violée, sont ainsi retrouvées par centaines dans les fichiers conservés par l’époux pervers. Des documents triés par date, noms et nature des agissements effectués sur sa femme, assommée par les médicaments : « ABUS / nuit du 26 mai 2020 avec Marc Sodo 5e fois », peut-on lire par exemple. Des actes commis entre 2011 et 2020, dans une maison que le couple occupait en location à Mazan, commune tranquille du Vaucluse.
Selon l’enquête, Dominique P. aurait également sévi au domicile de leur fille, prêté à l’occasion de fêtes de fin d’année, ainsi que dans sa résidence secondaire. « Et aussi sur une aire d’autoroute du côté de Lyon, au vu et au su de tous. Il n’a aucun frein, c’est inimaginable ! » s’insurge Thierry.
Cinquante et un agresseurs identifiés sont renvoyés, tout comme Dominique P., devant la justice. Le plus jeune est un militaire de 25 ans, le plus âgé, un retraité de 72 ans. Pompier, chauffeur routier, infirmier, plombier, gardien de prison ou encore journaliste, ces hommes ont des profils variés. Avec certains, Dominique P. a eu des relations homosexuelles. À d’autres, il a conseillé les produits et dosages nécessaires pour endormir leurs épouses.
« L’un des abuseurs, porteur du VIH, a ainsi opéré sans préservatif »
À chaque visite, il leur impose un rituel : garer leur véhicule à quelques ruelles de la maison pour ne pas se faire remarquer, ne porter aucun parfum et ne pas fumer au préalable afin de ne pas éveiller les soupçons de Françoise, sensible aux odeurs. Et aussi, se déshabiller dans la cuisine ou le salon pour éviter d’oublier un vêtement dans la chambre.
Beaucoup de précautions mais aucune pour protéger « l’amour de sa vie » de maladies sexuellement transmissibles – l’un des abuseurs, porteur du VIH, a ainsi opéré sans préservatif –, et d’une surdose létale d’anxiolytiques. Selon la Caisse primaire d’assurance maladie, Dominique P. se serait fait prescrire près de 450 cachets en l’espace d’un an. Françoise était sujette à de fréquentes absences, parfois inquiétantes, au point que ses enfants redoutaient qu’elle soit atteinte de la maladie d’Alzheimer. La septuagénaire avait perdu près de 16 kilos. La cour aura à apprécier l’ensemble des éléments du dossier et de personnalité pour déterminer la responsabilité pénale de Dominique P.
« C’est fou cette double personnalité, c’est Docteur Jekyll et Mister Hyde! »
Thierry n’a jamais remarqué la moindre attitude déplacée de Dominique à l’égard d’une femme. Il décrit un frère fort en gueule et flambeur, un peu mythomane qui, enfant, s’inventait des histoires. « Il avait tendance à vivre au-dessus de ses moyens. Au cours de sa vie, je lui ai prêté près de 75 000 euros, somme que je n’ai jamais revue. » Mais dans son comportement, rien de suspect. Thierry le trouvait même un peu coincé. « Il ne supportait pas les blagues grivoises. Si on regardait la télévision et qu’il était question d’échangisme, par exemple, c’était lui le plus choqué. C’est fou cette double personnalité, c’est Dr Jekyll et Mr Hyde ! »
Comment cet homme, si conventionnel en apparence, s’est-il mu en pervers aux multiples déviances paraphiliques ? « J’ai tenté de trouver l’élément déclencheur qui pourrait tout expliquer, mais je ne l’ai pas, répond Thierry. Durant toute notre enfance, je n’ai rien remarqué. On a dormi dans la même chambre pendant quinze ans. Et dans le même petit lit pendant longtemps. Nous étions très proches. » Il évoque des souvenirs heureux au domaine du château d’Oublaise (Indre), centre d’accueil occupé notamment par des repris de justice, où leur père était chargé de l’entretien électrique. « On faisait tout ce qu’on voulait. On construisait des cabanes, on allait à la pêche aux grenouilles, on s’exerçait au rodéo sur les moutons. C’était un espace de jeu extraordinaire ! »
« C’était le chouchou de la famille, comme souvent les petits derniers »
Devant l’enquêtrice de personnalité mandatée par le juge d’instruction, Dominique P. rapporte avoir été abusé par un infirmier à l’âge de 9 ans après une blessure à la tête infligée par son frère. « Je suis resté plusieurs jours sous perfusion, j’ai vécu un enfer, il m’a violé de toutes les manières possibles », déclare-t-il. « Il n’a passé qu’une seule nuit à la clinique et, en revenant, il a seulement parlé d’attouchements, corrige Thierry. Ma mère, qui connaissait bien l’établissement, s’est renseignée et il n’y avait que des infirmières cette nuit-là : aucun homme ! Je n’ai jamais vraiment cru à cette histoire, il l’a inventée pour se victimiser et minimiser sa responsabilité, j’en suis convaincu. »
Au cours de cette même audition, l’accusé évoque un père violent avec leur mère. « Cela ne correspond pas à mes souvenirs. Nos parents avaient des engueulades, oui. Et peut-être une fois, pas deux, mon père a pu gifler ma mère », rectifie son frère. Dominique P. ajoute ne pas avoir eu le choix d’une vie professionnelle plus ambitieuse, ses parents ayant investi tout leur argent dans le financement des études de médecine de son frère aîné.
« J’étais boursier, rétorque ce dernier. Si Dominique n’a pas fait d’études, c’est parce qu’il était un élève médiocre, il a d’ailleurs eu son CAP de justesse… Il a été adoré, choyé. C’était le chouchou de la famille, comme souvent les petits derniers. C’est pour cela que je m’inscris en faux quand il dit qu’il y a quoi que ce soit dans son enfance qui expliquerait qui il est devenu. »
Il y a aussi deux clichés de sa fille inerte sur un lit, portant les sous-vêtements de sa mère
Adolescent, Dominique P. intègre un apprentissage chez un électricien et bâtira une partie de sa carrière dans ce domaine. Il sera ensuite agent immobilier puis s’orientera comme agent technico-commercial d’alarmes incendie et de matériel informatique. C’est dans l’une des entreprises où il travaille qu’il rencontre Françoise, en 1971. Ils se marient deux ans plus tard et, très vite, naissent trois enfants, une fille et deux garçons. Un modèle d’unité, vu de l’extérieur, selon les témoignages de leurs amis. Le couple formé par Dominique et Françoise est décrit comme complice et aimant. Françoise dit d’ailleurs de son époux qu’il est « un super mec », bienveillant et attentionné.
Mais derrière les murs de leur maison, des incidents écornent cette image sans fausses notes. À commencer par le caractère « cachottier et menteur » de Dominique, qui dissimule notamment des impayés. En 2001, après la faillite de la société d’études électriques créée par Dominique P., le couple divorce pour protéger Françoise d’un plan d’apurement de dettes.
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En vacances à l’île de Ré, en 2018, avec sa victime
La sexualité et une certaine nudité débridée sont aussi présentes dans le foyer. En 2019, l’une des belles-filles de Dominique P. le surprend dans son bureau, en train de se masturber, porte ouverte. Choquée, elle en réfère lors d’un conseil de famille au cours duquel Françoise banalise l’incident, insinuant que la jeune femme serait un peu trop sensible. Le couple a pris l’habitude de se promener et de se baigner nu dans la piscine familiale de Mazan. « Ils étaient un peu exhibitionnistes. Je ne juge pas leur mode de vie, mais quand il y a les petits-enfants… »
« En tant que médecin, je peux le dire, sa femme aurait dû finir entre quatre planches avec le dosage d’anxiolytiques et de somnifères qu’il lui administrait »
Sous ce même toit, et aussi chez ses enfants, Dominique P. a assouvi d’autres fantasmes que ceux pratiqués sur son épouse. Il a ainsi photographié à leur insu ses deux belles-filles sous la douche. Fichiers qu’il a ensuite partagés sur Internet. Il y a également ces deux clichés de sa propre fille, pris alors qu’elle avait une trentaine d’années, sur lesquels on la découvre inerte, comme anesthésiée, sur un lit, vêtue des sous-vêtements de sa mère. « Dominique n’a jamais reconnu avoir drogué Caroline, ni l’avoir touchée », dit Thierry.
En 2020, la chute du patriarche entraîne l’implosion de toute la famille. Et l’attitude de Françoise, d’abord en état de choc et furieuse à l’égard de son époux, n’y est pas étrangère. Thierry poursuit : « En audition, les policiers lui ont montré deux photos et des vidéos. Elle les a stoppés net et leur a dit : “Je ne veux rien voir d’autre.” Malgré cela, elle le défend désormais. Elle en veut plus aux hommes qui l’ont violée qu’à son mari qui les a autorisés à le faire. Non seulement il a permis ça, mais il aurait pu la tuer. En tant que médecin, je peux le dire, elle aurait dû finir entre quatre planches avec le dosage d’anxiolytiques et de somnifères qu’il lui administrait. Mais elle est dans le déni complet. Au moment du procès, elle va tout voir, tout savoir et ça va être violent. Pour le moment, elle s’enferme dans sa bulle de protection. Moi, je vivrai cela de loin. »
« Il ne reçoit aucune visite à part les miennes »
Me Béatrice Zavarro, son avocate
Contre toute attente, Françoise aurait même demandé à pouvoir visiter son mari en détention. Impossible compte tenu de son statut de partie civile. Une expertise psychologique à laquelle elle s’est soumise rapporte le « fort sentiment de honte et de trahison » qu’elle éprouve, le choc post-traumatique qui en découle et la décrit comme quelqu’un d’« influençable et impressionnable » ayant « une absolue confiance en lui [son mari] ».
Contacté pour une demande d’interview, son conseil, Me Stéphane Babonneau, n’a pas donné suite à nos sollicitations. Depuis, à le lire, Dominique P. est un homme à terre, esseulé. Dans un courrier adressé à des amis au début de sa détention, sorti grâce à un codétenu libéré, il s’épanche : « Ne m’abandonnez pas. Je sais que je vous déçois, mais vous êtes mon seul lien avec l’extérieur car je n’ai pas le droit de contacter ma famille, qui me manque terriblement. Ormis (sic) l’angoisse et la peur, le vide, la solitude, ici c’est atroce. Je sais que je suis ici pour payer ce que j’ai fait à l’amour de ma vie […], mais c’est trop tard. Je ne sais pas où je vais et comment ça va se finir… »
Il qualifie sa femme de « sainte »
« Il ne reçoit aucune visite à part les miennes », confirme Me Béatrice Zavarro, son avocate. Il ne travaille pas, mais se rend à la bibliothèque et lit énormément. Il participe à quelques activités et progresse dans son autoréflexion. » Devant les différents interlocuteurs judiciaires qui l’ont interrogé, Dominique P. répète : « J’ai toujours respecté mon épouse. » Une femme qu’il qualifie de « sainte ». « Elle m’a fait oublier tout ce que j’avais vécu avant », dit-il, faisant référence à l’agression sexuelle dont il aurait été victime enfant.
Ses déclarations sont en totale discordance avec les faits commis, note l’expert psychiatre dans son rapport : « Il ne voit pas le problème dans le fait d’avoir utilisé sa femme contre son gré et prétend que c’était pour qu’elle ne souffre pas », explique-t-il. Et de détailler les différents fantasmes paraphiliques de Dominique P. : voyeurisme, fétichisme, domination et volonté de soumission, sadisme sexuel, candaulisme (fait de partager son conjoint avec d’autres partenaires) et somnophilie (excitation sexuelle provoquée par une personne endormie). Et de conclure à une dangerosité criminologique élevée.
« Il a fallu que je regarde les choses en face : j’ai perdu mon petit frère… »
« Il reconnaît sa responsabilité, mais demeure dans une ambivalence terrible, admet son avocate. Il dit ne pas avoir voulu faire du mal à son épouse. C’est effectivement en contradiction avec la nature des faits et il s’en expliquera au procès. Il est en pleine prise de conscience, il s’attend à être lourdement condamné. »
Trois ans après la révélation des faits, Thierry, son aîné, conclut par un constat amer : « Quand j’ai su, je me suis fait aider par un psy car ce n’est pas facile. Il a fallu que je regarde les choses en face : j’ai perdu mon petit frère… »
* Les prénoms ont été modifiés.
De nos envoyés spéciaux Marine Mazéas et Julien Mignot.
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Ce retraité du Vaucluse a drogué puis livré son épouse à plus de 50 violeurs. Alors que s’ouvrira fin 2024 un procès hors norme, nous avons rencontré son aîné, médecin, encore sous le choc.
Il aura fallu une erreur d’inattention, l’envie irrépressible d’un homme, pour percer à jour une vie de perversion, tenue secrète pendant près de dix ans.
Le 12 septembre 2020, Dominique P., 68 ans, est arrêté par le vigile d’un supermarché de Carpentras, dans le Vaucluse, où il vient de filmer sous les jupes des clientes à l’aide de son téléphone portable. Dans sa sacoche : un Caméscope, un appareil photo et des préservatifs.
Devant les policiers du commissariat d’Avignon, celui qui fait figure de paisible retraité se défend d’être un habitué de telles pratiques, mais, explique-t-il, son épouse étant absente du domicile depuis un mois, il a ressenti des pulsions qu’il regrette à présent. On le libère dans l’attente de l’exploitation de son téléphone, du matériel informatique et numérique saisi à son domicile.
Mais alors que les enquêteurs commencent à analyser ces supports, les contacts de plusieurs hommes régulièrement invités à venir chez Dominique P. pour abuser de sa femme apparemment droguée et inconsciente, disparaissent de leur écran à mesure qu’ils les consultent. À l’évidence, Dominique P. n’est pas celui qu’il prétend être, du moins maîtrise-t-il l’art d’effacer les traces de ses crimes, même à distance…
Pour l'endormir, il lui administre 10 cachets de Témesta en une seule prise
Un appel de Dominique P., à la même époque, laisse aussi sceptique son frère aîné, Thierry*, médecin retraité de 72 ans, résidant dans le Grand Ouest. Quelques jours après son interpellation, il l’a prévenu qu’il ne participerait pas à leur régate autour de la péninsule ibérique, prévue fin septembre, au départ de Port-Leucate. « Écoute, je ne peux pas venir, parce que voilà, j’ai boxé un gugusse sur le parking d’un supermarché, prétexte-t-il. Et je dois aller voir un juge d’instruction début octobre. »
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Premier mariage à Azay-le-Ferron (Indre), en avril 1973. Ils ont alors 21 ans
« J’ai tout de suite trouvé ça suspect. On ne passe pas devant un juge pour une bagarre sans gravité ! » confie le frère. Les deux appels suivants confirment son intuition : « Ma sœur m’a d’abord révélé la vraie raison de son arrestation. J’ai pensé “quel con !” puis j’ai contacté Françoise*, la femme de Dominique, pour en savoir plus. Au bout du fil, elle a explosé : « Dominique est un monstre ! C’est scandaleux, inadmissible ce qu’il a fait, c’est un salaud ! Tu ne connais pas ton frère ! »
Convoqué par la police judiciaire d’Avignon, Thierry est aussitôt prévenu du choc à venir : « Monsieur, ce qu’a fait votre frère est très grave. » Des disques durs, clés USB et ordinateurs épluchés par les enquêteurs émergent des centaines d’échanges explicites entre Dominique P. et des dizaines d’hommes reliés d’abord par un forum intitulé « À l’insu », puis via Skype. Il y explique parvenir à endormir son épouse à raison de 10 cachets de Témesta (un anxiolytique) en une seule prise. Il invite ensuite ses interlocuteurs ponctuels ou réguliers à venir profiter d’elle à leur domicile, sans contrepartie financière, son plaisir consistant à diriger et à filmer les ébats.
Le plus jeune agresseur est un militaire de 25 ans, le plus âgé, un retraité de 72 ans
Des images de Françoise inerte, violée, sont ainsi retrouvées par centaines dans les fichiers conservés par l’époux pervers. Des documents triés par date, noms et nature des agissements effectués sur sa femme, assommée par les médicaments : « ABUS / nuit du 26 mai 2020 avec Marc Sodo 5e fois », peut-on lire par exemple. Des actes commis entre 2011 et 2020, dans une maison que le couple occupait en location à Mazan, commune tranquille du Vaucluse.
Selon l’enquête, Dominique P. aurait également sévi au domicile de leur fille, prêté à l’occasion de fêtes de fin d’année, ainsi que dans sa résidence secondaire. « Et aussi sur une aire d’autoroute du côté de Lyon, au vu et au su de tous. Il n’a aucun frein, c’est inimaginable ! » s’insurge Thierry.
Cinquante et un agresseurs identifiés sont renvoyés, tout comme Dominique P., devant la justice. Le plus jeune est un militaire de 25 ans, le plus âgé, un retraité de 72 ans. Pompier, chauffeur routier, infirmier, plombier, gardien de prison ou encore journaliste, ces hommes ont des profils variés. Avec certains, Dominique P. a eu des relations homosexuelles. À d’autres, il a conseillé les produits et dosages nécessaires pour endormir leurs épouses.
« L’un des abuseurs, porteur du VIH, a ainsi opéré sans préservatif »
À chaque visite, il leur impose un rituel : garer leur véhicule à quelques ruelles de la maison pour ne pas se faire remarquer, ne porter aucun parfum et ne pas fumer au préalable afin de ne pas éveiller les soupçons de Françoise, sensible aux odeurs. Et aussi, se déshabiller dans la cuisine ou le salon pour éviter d’oublier un vêtement dans la chambre.
Beaucoup de précautions mais aucune pour protéger « l’amour de sa vie » de maladies sexuellement transmissibles – l’un des abuseurs, porteur du VIH, a ainsi opéré sans préservatif –, et d’une surdose létale d’anxiolytiques. Selon la Caisse primaire d’assurance maladie, Dominique P. se serait fait prescrire près de 450 cachets en l’espace d’un an. Françoise était sujette à de fréquentes absences, parfois inquiétantes, au point que ses enfants redoutaient qu’elle soit atteinte de la maladie d’Alzheimer. La septuagénaire avait perdu près de 16 kilos. La cour aura à apprécier l’ensemble des éléments du dossier et de personnalité pour déterminer la responsabilité pénale de Dominique P.
« C’est fou cette double personnalité, c’est Docteur Jekyll et Mister Hyde! »
Thierry n’a jamais remarqué la moindre attitude déplacée de Dominique à l’égard d’une femme. Il décrit un frère fort en gueule et flambeur, un peu mythomane qui, enfant, s’inventait des histoires. « Il avait tendance à vivre au-dessus de ses moyens. Au cours de sa vie, je lui ai prêté près de 75 000 euros, somme que je n’ai jamais revue. » Mais dans son comportement, rien de suspect. Thierry le trouvait même un peu coincé. « Il ne supportait pas les blagues grivoises. Si on regardait la télévision et qu’il était question d’échangisme, par exemple, c’était lui le plus choqué. C’est fou cette double personnalité, c’est Dr Jekyll et Mr Hyde ! »
Comment cet homme, si conventionnel en apparence, s’est-il mu en pervers aux multiples déviances paraphiliques ? « J’ai tenté de trouver l’élément déclencheur qui pourrait tout expliquer, mais je ne l’ai pas, répond Thierry. Durant toute notre enfance, je n’ai rien remarqué. On a dormi dans la même chambre pendant quinze ans. Et dans le même petit lit pendant longtemps. Nous étions très proches. » Il évoque des souvenirs heureux au domaine du château d’Oublaise (Indre), centre d’accueil occupé notamment par des repris de justice, où leur père était chargé de l’entretien électrique. « On faisait tout ce qu’on voulait. On construisait des cabanes, on allait à la pêche aux grenouilles, on s’exerçait au rodéo sur les moutons. C’était un espace de jeu extraordinaire ! »
« C’était le chouchou de la famille, comme souvent les petits derniers »
Devant l’enquêtrice de personnalité mandatée par le juge d’instruction, Dominique P. rapporte avoir été abusé par un infirmier à l’âge de 9 ans après une blessure à la tête infligée par son frère. « Je suis resté plusieurs jours sous perfusion, j’ai vécu un enfer, il m’a violé de toutes les manières possibles », déclare-t-il. « Il n’a passé qu’une seule nuit à la clinique et, en revenant, il a seulement parlé d’attouchements, corrige Thierry. Ma mère, qui connaissait bien l’établissement, s’est renseignée et il n’y avait que des infirmières cette nuit-là : aucun homme ! Je n’ai jamais vraiment cru à cette histoire, il l’a inventée pour se victimiser et minimiser sa responsabilité, j’en suis convaincu. »
Au cours de cette même audition, l’accusé évoque un père violent avec leur mère. « Cela ne correspond pas à mes souvenirs. Nos parents avaient des engueulades, oui. Et peut-être une fois, pas deux, mon père a pu gifler ma mère », rectifie son frère. Dominique P. ajoute ne pas avoir eu le choix d’une vie professionnelle plus ambitieuse, ses parents ayant investi tout leur argent dans le financement des études de médecine de son frère aîné.
« J’étais boursier, rétorque ce dernier. Si Dominique n’a pas fait d’études, c’est parce qu’il était un élève médiocre, il a d’ailleurs eu son CAP de justesse… Il a été adoré, choyé. C’était le chouchou de la famille, comme souvent les petits derniers. C’est pour cela que je m’inscris en faux quand il dit qu’il y a quoi que ce soit dans son enfance qui expliquerait qui il est devenu. »
Il y a aussi deux clichés de sa fille inerte sur un lit, portant les sous-vêtements de sa mère
Adolescent, Dominique P. intègre un apprentissage chez un électricien et bâtira une partie de sa carrière dans ce domaine. Il sera ensuite agent immobilier puis s’orientera comme agent technico-commercial d’alarmes incendie et de matériel informatique. C’est dans l’une des entreprises où il travaille qu’il rencontre Françoise, en 1971. Ils se marient deux ans plus tard et, très vite, naissent trois enfants, une fille et deux garçons. Un modèle d’unité, vu de l’extérieur, selon les témoignages de leurs amis. Le couple formé par Dominique et Françoise est décrit comme complice et aimant. Françoise dit d’ailleurs de son époux qu’il est « un super mec », bienveillant et attentionné.
Mais derrière les murs de leur maison, des incidents écornent cette image sans fausses notes. À commencer par le caractère « cachottier et menteur » de Dominique, qui dissimule notamment des impayés. En 2001, après la faillite de la société d’études électriques créée par Dominique P., le couple divorce pour protéger Françoise d’un plan d’apurement de dettes.
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En vacances à l’île de Ré, en 2018, avec sa victime
La sexualité et une certaine nudité débridée sont aussi présentes dans le foyer. En 2019, l’une des belles-filles de Dominique P. le surprend dans son bureau, en train de se masturber, porte ouverte. Choquée, elle en réfère lors d’un conseil de famille au cours duquel Françoise banalise l’incident, insinuant que la jeune femme serait un peu trop sensible. Le couple a pris l’habitude de se promener et de se baigner nu dans la piscine familiale de Mazan. « Ils étaient un peu exhibitionnistes. Je ne juge pas leur mode de vie, mais quand il y a les petits-enfants… »
« En tant que médecin, je peux le dire, sa femme aurait dû finir entre quatre planches avec le dosage d’anxiolytiques et de somnifères qu’il lui administrait »
Sous ce même toit, et aussi chez ses enfants, Dominique P. a assouvi d’autres fantasmes que ceux pratiqués sur son épouse. Il a ainsi photographié à leur insu ses deux belles-filles sous la douche. Fichiers qu’il a ensuite partagés sur Internet. Il y a également ces deux clichés de sa propre fille, pris alors qu’elle avait une trentaine d’années, sur lesquels on la découvre inerte, comme anesthésiée, sur un lit, vêtue des sous-vêtements de sa mère. « Dominique n’a jamais reconnu avoir drogué Caroline, ni l’avoir touchée », dit Thierry.
En 2020, la chute du patriarche entraîne l’implosion de toute la famille. Et l’attitude de Françoise, d’abord en état de choc et furieuse à l’égard de son époux, n’y est pas étrangère. Thierry poursuit : « En audition, les policiers lui ont montré deux photos et des vidéos. Elle les a stoppés net et leur a dit : “Je ne veux rien voir d’autre.” Malgré cela, elle le défend désormais. Elle en veut plus aux hommes qui l’ont violée qu’à son mari qui les a autorisés à le faire. Non seulement il a permis ça, mais il aurait pu la tuer. En tant que médecin, je peux le dire, elle aurait dû finir entre quatre planches avec le dosage d’anxiolytiques et de somnifères qu’il lui administrait. Mais elle est dans le déni complet. Au moment du procès, elle va tout voir, tout savoir et ça va être violent. Pour le moment, elle s’enferme dans sa bulle de protection. Moi, je vivrai cela de loin. »
« Il ne reçoit aucune visite à part les miennes »
Me Béatrice Zavarro, son avocate
Contre toute attente, Françoise aurait même demandé à pouvoir visiter son mari en détention. Impossible compte tenu de son statut de partie civile. Une expertise psychologique à laquelle elle s’est soumise rapporte le « fort sentiment de honte et de trahison » qu’elle éprouve, le choc post-traumatique qui en découle et la décrit comme quelqu’un d’« influençable et impressionnable » ayant « une absolue confiance en lui [son mari] ».
Contacté pour une demande d’interview, son conseil, Me Stéphane Babonneau, n’a pas donné suite à nos sollicitations. Depuis, à le lire, Dominique P. est un homme à terre, esseulé. Dans un courrier adressé à des amis au début de sa détention, sorti grâce à un codétenu libéré, il s’épanche : « Ne m’abandonnez pas. Je sais que je vous déçois, mais vous êtes mon seul lien avec l’extérieur car je n’ai pas le droit de contacter ma famille, qui me manque terriblement. Ormis (sic) l’angoisse et la peur, le vide, la solitude, ici c’est atroce. Je sais que je suis ici pour payer ce que j’ai fait à l’amour de ma vie […], mais c’est trop tard. Je ne sais pas où je vais et comment ça va se finir… »
Il qualifie sa femme de « sainte »
« Il ne reçoit aucune visite à part les miennes », confirme Me Béatrice Zavarro, son avocate. Il ne travaille pas, mais se rend à la bibliothèque et lit énormément. Il participe à quelques activités et progresse dans son autoréflexion. » Devant les différents interlocuteurs judiciaires qui l’ont interrogé, Dominique P. répète : « J’ai toujours respecté mon épouse. » Une femme qu’il qualifie de « sainte ». « Elle m’a fait oublier tout ce que j’avais vécu avant », dit-il, faisant référence à l’agression sexuelle dont il aurait été victime enfant.
Ses déclarations sont en totale discordance avec les faits commis, note l’expert psychiatre dans son rapport : « Il ne voit pas le problème dans le fait d’avoir utilisé sa femme contre son gré et prétend que c’était pour qu’elle ne souffre pas », explique-t-il. Et de détailler les différents fantasmes paraphiliques de Dominique P. : voyeurisme, fétichisme, domination et volonté de soumission, sadisme sexuel, candaulisme (fait de partager son conjoint avec d’autres partenaires) et somnophilie (excitation sexuelle provoquée par une personne endormie). Et de conclure à une dangerosité criminologique élevée.
« Il a fallu que je regarde les choses en face : j’ai perdu mon petit frère… »
« Il reconnaît sa responsabilité, mais demeure dans une ambivalence terrible, admet son avocate. Il dit ne pas avoir voulu faire du mal à son épouse. C’est effectivement en contradiction avec la nature des faits et il s’en expliquera au procès. Il est en pleine prise de conscience, il s’attend à être lourdement condamné. »
Trois ans après la révélation des faits, Thierry, son aîné, conclut par un constat amer : « Quand j’ai su, je me suis fait aider par un psy car ce n’est pas facile. Il a fallu que je regarde les choses en face : j’ai perdu mon petit frère… »
* Les prénoms ont été modifiés.
De nos envoyés spéciaux Marine Mazéas et Julien Mignot.
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Invité- Invité
Re: Meurtre de Sophie Narme
190417ŦKassandra88 a écrit:
Bonjour,
Je viens de réécouter "l'heure du crime" longuement commenté en janvier 2023.
Me Béatrice Zavarro, qui défend Dominique P., tente de réorienter les soupçons vers d'autres suspects et fait une déclaration surprenante:
les prélèvements ont disparu mais (je cite), monsieur le grêlé portait l'uniforme à l'époque.
P. est présumé innocent, certes mais si Vérove était intervenu en tant qu'enquêteur, ça se saurait.
Hello,
Elle y va franco.
Mais rien que de bien classique, dès lors qu'il s'agit de cette corporation.
Vision manichéenne et hystérisée du monde (purement de façade, d'ailleurs): tout est blanc chez le client, noir en face.
Ce qui donne un aperçu de ce qu'elle va nous servir aux Assises: rhétorique, pathos, effets de manches, mauvaise foi à couper au couteau...
Invité- Invité
Dominique P.
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Dominique et Françoise lors de leur second mariage, le 11 juillet 2007. Ils avaient divorcé pour mettre Françoise à l’abri des dettes de son mari. DR
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En 2018
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Dominique et Françoise lors de leur second mariage, le 11 juillet 2007. Ils avaient divorcé pour mettre Françoise à l’abri des dettes de son mari. DR
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En 2018
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Re: Meurtre de Sophie Narme
Pendant dix ans, dans le Vaucluse, Dominique P. a drogué et livré sa femme, inconsciente, à plus d’une cinquantaine de violeurs. Le septuagénaire, aujourd’hui incarcéré, a grandi dans l’Indre, où il y a rencontré son épouse.
L’affaire est apparue au grand jour en septembre 2021 avec l’interpellation d’une quarantaine d’hommes dans le cadre d’une enquête pour viols répétés sur une sexagénaire, à Mazan, dans le Vaucluse. Elle a connu un retentissement supplémentaire, en juin 2023, avec la révélation, par Le Monde, du profil des agresseurs, une plongée dans l’atrocité d’un fait divers hors norme. Pendant dix ans au moins, de juillet 2011 à octobre 2020, Dominique P. a drogué sa femme, Françoise (1), et l’a livrée, inconsciente, aux viols de plus d’une cinquantaine d’hommes, sous l’œil de sa caméra. Présumé innocent, il a reconnu ces faits. Des centaines de documents, images et vidéos, ont été retrouvées à son domicile. L’épilogue cauchemardesque d’une relation qui a débuté dans le département de l’Indre, au début des années 1970.
Dominique et Françoise P. se sont mariés à l’âge de 21 ans, en avril 1973, à Azay-le-Ferron. Une photo de cette journée, lui en costume et nœud papillon, elle en robe et chapeau de mariée, a été publiée par nos confrères de Paris Match, en novembre 2023. Ils s’étaient rencontrés en 1971, dans une entreprise de cette commune de l’ouest de l’Indre. Françoise était une fille du coin. « Cette femme a été son coup de foudre », rapporte l’avocate de Dominique P., Béatrice Zavarro.
De Luçay-le-Mâle à Châtillon, en passant par Écueillé
Si Françoise est née dans l’Indre, lui avait déjà 7 ans lorsqu’il est arrivé dans le département avec son père, Denis, sa mère, Juliette, et son frère, Thierry (2), de quatre ans son aîné. Denis avait été embauché comme contremaître du domaine d’Oublaise, centre de réadaptation pour vétérans de l’armée créé par le commandant Perrette, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, à Luçay-le-Mâle. « Denis était un sacré personnage, se souvient un habitant le Luçay-le-Mâle. Il avait un vrai savoir-faire. » « Des mains en or », ajoute un autre, prenant pour exemple l’électrification du théâtre de 500 places créé sur le domaine. Le père concentre les souvenirs des témoins de l’époque. « Dominique et Thierry étaient sans doute scolarisés au domaine, ils n’étaient donc pas à l’école avec nous. »
Dominique entre au collège, à Écueillé, vers 1963. « Mes parents habitaient route de Luçay. Il passait devant chez nous tous les jours à vélo, il hochait étrangement la tête, il avait une sorte de tic », raconte Mireille, une camarade de l’époque. « Nous n’étions pas amis mais je me souviens très bien des deux frères, explique un autre. On trouvait qu’ils avaient bien du mérite en habitant Oublaise. »
La famille P. quitte le domaine en 1968 pour Châtillon-sur-Indre où Denis va lancer son entreprise de travaux électriques, jusqu’en 1990. Après avoir vécu dans un appartement pendant trois ans, tous s’installent dans une longère à retaper, à 2 km du bourg. « C’était un hameau de trois maisons, précise une voisine. Je suis né en 1967, Dominique avait déjà 15 ans. Je jouais surtout avec Nicole (une enfant de la Ddass recueillie par le couple). Denis et Juliette m’ont plusieurs fois emmenée en vacances avec eux sur l’île de Ré. »
Ses parents enterrés à Châtillon-sur-Indre
Dominique n’était pas là. Il a quitté le collège après la 5e pour entamer un apprentissage dans l’électricité, à Écueillé, avant d’enchaîner stages et expériences professionnelles dans les environs, à Châtillon comme à Azay-le-Ferron. Il raconte avoir été témoin d’un viol sur un chantier, lorsqu’il était adolescent. L’un des deux traumatismes de son enfance, selon son avocate, Béatrice Zavarro. Car lorsqu’il avait « 8 ou 9 ans », Dominique P. aurait lui-même été victime d’un viol alors qu’il était hospitalisé dans une clinique, à Châteauroux.
Dominique P. a quitté l’Indre après son mariage avec Françoise, en 1973, pour s’installer dans la région parisienne. Ses parents, Juliette et Denis, décédés respectivement en 1986 et 2004, ont fini leur vie à Châtillon-sur-Indre, où ils sont aujourd’hui enterrés. Son frère Thierry est devenu médecin dans un autre département.
C’est loin de l’Indre que Dominique P. aurait débuté son parcours criminel. Il est aussi soupçonné du meurtre de Sophie Narme, en 1991, à Paris, et d’au moins une autre tentative de viol, en 1999. Les enquêteurs sont-ils remontés plus loin dans son passé ? Dans l’Indre ? Contacté, le parquet d’Avignon n’a pas répondu à nos sollicitations. Celui de Châteauroux dit ne pas disposer d’informations en ce sens.
(1) (2) Les prénoms ont été modifiés.
L’affaire Dominique P.
L’affaire Dominique P. a débuté le 12 septembre 2020 lorsque celui-ci est interpellé après avoir filmé sous les jupes des clientes dans un supermarché de Carpentras, dans le Vaucluse. Au cours d’une perquisition à son domicile, à Mazan, les policiers saisissent son téléphone, son ordinateur et ses disques durs. Ils y retrouvent trace de milliers d’échanges sur un site de rencontre, Coco.fr, et surtout sur un salon de discussion baptisé « À son insu ». Sur ce forum, des hommes discutent à propos de rapports sexuels obtenus à l’insu de leurs partenaires (des viols, selon le Code pénal).
C’est là que Dominique P. invite des inconnus auxquels il propose de livrer sa femme, droguée à l’aide d’un anxiolytique écrasé dans son dîner. Les enquêteurs mettent la main sur des centaines de documents, vidéos et photos. Quatre-vingt-douze viols commis sur Françoise (1) sont répertoriés, entre 2011 et 2020, 51 violeurs sont identifiés. Le procès de cette affaire hors norme doit avoir lieu en 2024. La date n’est pas encore connue.
Lors de l’enquête, un ancien prélèvement de l’ADN de Dominique P. est ressorti et l’implique dans une affaire d’agression sexuelle non élucidée sur une agente immobilière, le 11 mai 1999, à Villeparisis (Seine-et-Marne). Le suspect s’était présenté sous une fausse identité et avait communiqué une fausse adresse à Châteauroux.
Le parallèle est fait avec le meurtre de Sophie Narme, retrouvée violée et tuée dans un appartement du 19e arrondissement de Paris, le 4 décembre 1991. Un juge d’instruction du pôle « cold cases » de Nanterre a mis en examen Dominique P. pour ces deux crimes. Celui-ci reconnaît le premier, pas le second.
(1) Le prénom a été modifié.
L’affaire est apparue au grand jour en septembre 2021 avec l’interpellation d’une quarantaine d’hommes dans le cadre d’une enquête pour viols répétés sur une sexagénaire, à Mazan, dans le Vaucluse. Elle a connu un retentissement supplémentaire, en juin 2023, avec la révélation, par Le Monde, du profil des agresseurs, une plongée dans l’atrocité d’un fait divers hors norme. Pendant dix ans au moins, de juillet 2011 à octobre 2020, Dominique P. a drogué sa femme, Françoise (1), et l’a livrée, inconsciente, aux viols de plus d’une cinquantaine d’hommes, sous l’œil de sa caméra. Présumé innocent, il a reconnu ces faits. Des centaines de documents, images et vidéos, ont été retrouvées à son domicile. L’épilogue cauchemardesque d’une relation qui a débuté dans le département de l’Indre, au début des années 1970.
Dominique et Françoise P. se sont mariés à l’âge de 21 ans, en avril 1973, à Azay-le-Ferron. Une photo de cette journée, lui en costume et nœud papillon, elle en robe et chapeau de mariée, a été publiée par nos confrères de Paris Match, en novembre 2023. Ils s’étaient rencontrés en 1971, dans une entreprise de cette commune de l’ouest de l’Indre. Françoise était une fille du coin. « Cette femme a été son coup de foudre », rapporte l’avocate de Dominique P., Béatrice Zavarro.
De Luçay-le-Mâle à Châtillon, en passant par Écueillé
Si Françoise est née dans l’Indre, lui avait déjà 7 ans lorsqu’il est arrivé dans le département avec son père, Denis, sa mère, Juliette, et son frère, Thierry (2), de quatre ans son aîné. Denis avait été embauché comme contremaître du domaine d’Oublaise, centre de réadaptation pour vétérans de l’armée créé par le commandant Perrette, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, à Luçay-le-Mâle. « Denis était un sacré personnage, se souvient un habitant le Luçay-le-Mâle. Il avait un vrai savoir-faire. » « Des mains en or », ajoute un autre, prenant pour exemple l’électrification du théâtre de 500 places créé sur le domaine. Le père concentre les souvenirs des témoins de l’époque. « Dominique et Thierry étaient sans doute scolarisés au domaine, ils n’étaient donc pas à l’école avec nous. »
Dominique entre au collège, à Écueillé, vers 1963. « Mes parents habitaient route de Luçay. Il passait devant chez nous tous les jours à vélo, il hochait étrangement la tête, il avait une sorte de tic », raconte Mireille, une camarade de l’époque. « Nous n’étions pas amis mais je me souviens très bien des deux frères, explique un autre. On trouvait qu’ils avaient bien du mérite en habitant Oublaise. »
La famille P. quitte le domaine en 1968 pour Châtillon-sur-Indre où Denis va lancer son entreprise de travaux électriques, jusqu’en 1990. Après avoir vécu dans un appartement pendant trois ans, tous s’installent dans une longère à retaper, à 2 km du bourg. « C’était un hameau de trois maisons, précise une voisine. Je suis né en 1967, Dominique avait déjà 15 ans. Je jouais surtout avec Nicole (une enfant de la Ddass recueillie par le couple). Denis et Juliette m’ont plusieurs fois emmenée en vacances avec eux sur l’île de Ré. »
Ses parents enterrés à Châtillon-sur-Indre
Dominique n’était pas là. Il a quitté le collège après la 5e pour entamer un apprentissage dans l’électricité, à Écueillé, avant d’enchaîner stages et expériences professionnelles dans les environs, à Châtillon comme à Azay-le-Ferron. Il raconte avoir été témoin d’un viol sur un chantier, lorsqu’il était adolescent. L’un des deux traumatismes de son enfance, selon son avocate, Béatrice Zavarro. Car lorsqu’il avait « 8 ou 9 ans », Dominique P. aurait lui-même été victime d’un viol alors qu’il était hospitalisé dans une clinique, à Châteauroux.
Dominique P. a quitté l’Indre après son mariage avec Françoise, en 1973, pour s’installer dans la région parisienne. Ses parents, Juliette et Denis, décédés respectivement en 1986 et 2004, ont fini leur vie à Châtillon-sur-Indre, où ils sont aujourd’hui enterrés. Son frère Thierry est devenu médecin dans un autre département.
C’est loin de l’Indre que Dominique P. aurait débuté son parcours criminel. Il est aussi soupçonné du meurtre de Sophie Narme, en 1991, à Paris, et d’au moins une autre tentative de viol, en 1999. Les enquêteurs sont-ils remontés plus loin dans son passé ? Dans l’Indre ? Contacté, le parquet d’Avignon n’a pas répondu à nos sollicitations. Celui de Châteauroux dit ne pas disposer d’informations en ce sens.
(1) (2) Les prénoms ont été modifiés.
L’affaire Dominique P.
L’affaire Dominique P. a débuté le 12 septembre 2020 lorsque celui-ci est interpellé après avoir filmé sous les jupes des clientes dans un supermarché de Carpentras, dans le Vaucluse. Au cours d’une perquisition à son domicile, à Mazan, les policiers saisissent son téléphone, son ordinateur et ses disques durs. Ils y retrouvent trace de milliers d’échanges sur un site de rencontre, Coco.fr, et surtout sur un salon de discussion baptisé « À son insu ». Sur ce forum, des hommes discutent à propos de rapports sexuels obtenus à l’insu de leurs partenaires (des viols, selon le Code pénal).
C’est là que Dominique P. invite des inconnus auxquels il propose de livrer sa femme, droguée à l’aide d’un anxiolytique écrasé dans son dîner. Les enquêteurs mettent la main sur des centaines de documents, vidéos et photos. Quatre-vingt-douze viols commis sur Françoise (1) sont répertoriés, entre 2011 et 2020, 51 violeurs sont identifiés. Le procès de cette affaire hors norme doit avoir lieu en 2024. La date n’est pas encore connue.
Lors de l’enquête, un ancien prélèvement de l’ADN de Dominique P. est ressorti et l’implique dans une affaire d’agression sexuelle non élucidée sur une agente immobilière, le 11 mai 1999, à Villeparisis (Seine-et-Marne). Le suspect s’était présenté sous une fausse identité et avait communiqué une fausse adresse à Châteauroux.
Le parallèle est fait avec le meurtre de Sophie Narme, retrouvée violée et tuée dans un appartement du 19e arrondissement de Paris, le 4 décembre 1991. Un juge d’instruction du pôle « cold cases » de Nanterre a mis en examen Dominique P. pour ces deux crimes. Celui-ci reconnaît le premier, pas le second.
(1) Le prénom a été modifié.
Invité- Invité
Re: Meurtre de Sophie Narme
Indre : les fantômes du passé de Dominique P., devenu le « Monstre de Mazan »
Accusé d’avoir drogué puis livré sa femme à plus d’une cinquantaine de violeurs, Dominique P. a raconté aux enquêteurs les traumatismes de son enfance, dans l’Indre.
L’enfance de Dominique P., dans l’Indre, est-elle idyllique, comme peut le décrire son frère, Thierry P. (1) ? Dans les colonnes de Paris Match , celui-ci évoque une relation fraternelle solide et des souvenirs heureux au domaine d’Oublaise, à Luçay-le-Mâle. « On faisait tout ce qu’on voulait. On construisait des cabanes, on allait à la pêche aux grenouilles, on s’exerçait au rodéo sur les moutons. C’était un espace de jeu extraordinaire. »
C’est dans ce contexte singulier, au milieu de vétérans de l’armée et de repris de justice, que va grandir, pendant une dizaine d’années, de la fin des années 1950 à la fin des années 1960, Dominique P., accusé d’avoir drogué puis livré sa femme, rencontrée dans l’Indre, à des dizaines de violeurs, de 2011 à 2020, à Mazan, dans le Vaucluse.
« À Oublaise, ce sont les meilleurs moments de notre enfance »
« Mon client a le souvenir d’une enfance un peu décalée », raconte son avocate, Béatrice Zavarro. Le père, Denis P., avait été embauché à Oublaise comme contremaître. « Il était peut-être reconnu pour les services qu’il rendait mais, quand la porte d’une maison se ferme, on ne sait pas ce qu’il s’y passe. »
Dominique P. évoque le souvenir « d’un père dur, sévère, autoritaire, selon l’avocate. Il n’était pas aimant. » C’est à cette époque qu’il aurait été victime de viols multiples, dans une clinique, à Châteauroux. Aux enquêteurs, il raconte avoir été hospitalisé plusieurs nuits, avoir subi « l’enfer », à la merci d’un infirmier agresseur. « Il avait 8 ou 9 ans », précise Me Zavarro qui parle notamment d’une fellation imposée, « dans un demi-sommeil ».
Victime puis témoin d’un viol
Dans Paris Match, Thierry P. affirme que l’hospitalisation n’a duré qu’une nuit, pour une blessure à l’arcade : « Ma mère s’est renseignée et il n’y avait que des infirmières cette nuit-là. » Pour lui, son frère a menti. L’avocate s’étonne : « Dominique dit n’en avoir jamais parlé à ses parents. Il ne le fera qu’une fois adulte, à son épouse. » Contacté, Thierry P. n’a pas souhaité témoigner à nouveau. « Mais, a-t-il insisté, vous pouvez écrire qu’à Oublaise, ce sont probablement les meilleurs moments de notre enfance. »
Selon Me Zavarro, Dominique P. a subi un autre traumatisme durant ses jeunes années, dans l’Indre. Adolescent, il avait très vite quitté l’école. « Son frère était le préféré de Denis, celui qui faisait des études, qui allait devenir quelqu’un. » Son aîné file vers un destin de médecin, lui intègre très tôt le monde du travail et des chantiers. Il est alors « témoin d’un viol en réunion sur un chantier », révèle son avocate. Des faits datés en 1966, dans une entreprise de la région.
« Il a d’abord vu une femme entrer dans un bureau avant de l’entendre crier. » Dominique P. se serait précipité à l’intérieur. « On l’a saisi par la nuque, obligé à regarder de près. C’est un souvenir qui le hante. »
Une famille aux repères troublés
Dominique P. a grandi dans une famille aux repères troublés. Sa mère Juliette avait eu deux enfants avec André, le frère de son père Denis. En 1969, à Châtillon-sur-Indre, le foyer accueillera Nicole, une enfant de la Ddass, avec qui Denis sera soupçonné d’avoir eu, plus tard, des relations sexuelles. La mort de Juliette, en 1986, va profondément marquer Dominique P. « Il en était très proche, souligne son avocate. C’était une femme malheureuse qui se battait pour ses enfants. »
Treize ans plus tôt, Dominique avait rencontré Françoise (2) à Azay-le-Ferron. Son premier amour, alors qu’il était à peine adulte. « Sincèrement, et c’est tout le paradoxe, je pense que cette femme a été un vrai régulateur pour lui, elle a réussi à l’apaiser, à calmer ses angoisses », analyse Béatrice Zavarro. Des années plus tard, à des centaines de kilomètres de son Indre adolescente, il deviendra pourtant son pire tortionnaire.
(1) (2) Les prénoms ont été modifiés.
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Accusé d’avoir drogué puis livré sa femme à plus d’une cinquantaine de violeurs, Dominique P. a raconté aux enquêteurs les traumatismes de son enfance, dans l’Indre.
L’enfance de Dominique P., dans l’Indre, est-elle idyllique, comme peut le décrire son frère, Thierry P. (1) ? Dans les colonnes de Paris Match , celui-ci évoque une relation fraternelle solide et des souvenirs heureux au domaine d’Oublaise, à Luçay-le-Mâle. « On faisait tout ce qu’on voulait. On construisait des cabanes, on allait à la pêche aux grenouilles, on s’exerçait au rodéo sur les moutons. C’était un espace de jeu extraordinaire. »
C’est dans ce contexte singulier, au milieu de vétérans de l’armée et de repris de justice, que va grandir, pendant une dizaine d’années, de la fin des années 1950 à la fin des années 1960, Dominique P., accusé d’avoir drogué puis livré sa femme, rencontrée dans l’Indre, à des dizaines de violeurs, de 2011 à 2020, à Mazan, dans le Vaucluse.
« À Oublaise, ce sont les meilleurs moments de notre enfance »
« Mon client a le souvenir d’une enfance un peu décalée », raconte son avocate, Béatrice Zavarro. Le père, Denis P., avait été embauché à Oublaise comme contremaître. « Il était peut-être reconnu pour les services qu’il rendait mais, quand la porte d’une maison se ferme, on ne sait pas ce qu’il s’y passe. »
Dominique P. évoque le souvenir « d’un père dur, sévère, autoritaire, selon l’avocate. Il n’était pas aimant. » C’est à cette époque qu’il aurait été victime de viols multiples, dans une clinique, à Châteauroux. Aux enquêteurs, il raconte avoir été hospitalisé plusieurs nuits, avoir subi « l’enfer », à la merci d’un infirmier agresseur. « Il avait 8 ou 9 ans », précise Me Zavarro qui parle notamment d’une fellation imposée, « dans un demi-sommeil ».
Victime puis témoin d’un viol
Dans Paris Match, Thierry P. affirme que l’hospitalisation n’a duré qu’une nuit, pour une blessure à l’arcade : « Ma mère s’est renseignée et il n’y avait que des infirmières cette nuit-là. » Pour lui, son frère a menti. L’avocate s’étonne : « Dominique dit n’en avoir jamais parlé à ses parents. Il ne le fera qu’une fois adulte, à son épouse. » Contacté, Thierry P. n’a pas souhaité témoigner à nouveau. « Mais, a-t-il insisté, vous pouvez écrire qu’à Oublaise, ce sont probablement les meilleurs moments de notre enfance. »
Selon Me Zavarro, Dominique P. a subi un autre traumatisme durant ses jeunes années, dans l’Indre. Adolescent, il avait très vite quitté l’école. « Son frère était le préféré de Denis, celui qui faisait des études, qui allait devenir quelqu’un. » Son aîné file vers un destin de médecin, lui intègre très tôt le monde du travail et des chantiers. Il est alors « témoin d’un viol en réunion sur un chantier », révèle son avocate. Des faits datés en 1966, dans une entreprise de la région.
« Il a d’abord vu une femme entrer dans un bureau avant de l’entendre crier. » Dominique P. se serait précipité à l’intérieur. « On l’a saisi par la nuque, obligé à regarder de près. C’est un souvenir qui le hante. »
Une famille aux repères troublés
Dominique P. a grandi dans une famille aux repères troublés. Sa mère Juliette avait eu deux enfants avec André, le frère de son père Denis. En 1969, à Châtillon-sur-Indre, le foyer accueillera Nicole, une enfant de la Ddass, avec qui Denis sera soupçonné d’avoir eu, plus tard, des relations sexuelles. La mort de Juliette, en 1986, va profondément marquer Dominique P. « Il en était très proche, souligne son avocate. C’était une femme malheureuse qui se battait pour ses enfants. »
Treize ans plus tôt, Dominique avait rencontré Françoise (2) à Azay-le-Ferron. Son premier amour, alors qu’il était à peine adulte. « Sincèrement, et c’est tout le paradoxe, je pense que cette femme a été un vrai régulateur pour lui, elle a réussi à l’apaiser, à calmer ses angoisses », analyse Béatrice Zavarro. Des années plus tard, à des centaines de kilomètres de son Indre adolescente, il deviendra pourtant son pire tortionnaire.
(1) (2) Les prénoms ont été modifiés.
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Invité- Invité
Re: Meurtre de Sophie Narme
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Dominique P., ses parents et son frère sont arrivés dans l’Indre au domaine d’Oublaise, aujourd’hui abandonné, où le papa, Denis était contremaître. (Photo NR, Flore Mabilleau)
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Dominique P. et son frère ont été scolarisés dans l’ancien collège à Écueillé, aujourd’hui l’école François-Rabelais.
(Photo NR)
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Dominique P. a effectué son apprentissage dans une entreprise d’électricité, rue du 11-Novembre-1918, à Écueillé.
(Photo NR)
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Denis et Juliette P. sont aujourd’hui enterrés au cimetière de Châtillon-sur-Indre.
(Photo NR)
Dominique P., ses parents et son frère sont arrivés dans l’Indre au domaine d’Oublaise, aujourd’hui abandonné, où le papa, Denis était contremaître. (Photo NR, Flore Mabilleau)
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Dominique P. et son frère ont été scolarisés dans l’ancien collège à Écueillé, aujourd’hui l’école François-Rabelais.
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Dominique P. a effectué son apprentissage dans une entreprise d’électricité, rue du 11-Novembre-1918, à Écueillé.
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Denis et Juliette P. sont aujourd’hui enterrés au cimetière de Châtillon-sur-Indre.
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Invité- Invité
Re: Meurtre de Sophie Narme
2024
Caroline Darian : « Ma mère, droguée et violée pendant 10 ans à son insu »
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Depuis qu’elle a découvert que son père a drogué et fait violer sa mère pendant dix ans, Caroline Darian mène la lutte contre la « soumission chimique », ce « fléau » qui invisibilise les victimes. À travers son association, elle souhaite aujourd’hui monter une grande campagne d’information et lance un appel de dons.
Caroline Darian : « Ma mère, droguée et violée pendant 10 ans à son insu »
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Depuis qu’elle a découvert que son père a drogué et fait violer sa mère pendant dix ans, Caroline Darian mène la lutte contre la « soumission chimique », ce « fléau » qui invisibilise les victimes. À travers son association, elle souhaite aujourd’hui monter une grande campagne d’information et lance un appel de dons.
Invité- Invité
Re: Meurtre de Sophie Narme
Bonjour à tous,
Ce matin, lu sur le téléphone un article très synthétique de Paris Match du 16/11/23.
(Bizarrement en libre accès, alors que réservé aux abonnés sur l'ordi)
Il inclut cette photo du premier mariage de Dom P avec sa future victime, en 1973:
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Vous n'avez pas l'impression d'un air de famille avec le portrait-robot, réalisé en 1999 d'après témoignage d'Estella, rescapée d'agression à Villeparisis ?
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Même en tenant compte du fait qu'1/4 de siècle s'est écoulé, et que le sujet de 1973 s'est nécessairement empâté...
Ce qui fait sourire, dans cet article: son frère ainé raconte que Domi, personnage "un peu grande gueule et vantard", lui a emprunté au total dans les 75000 euros,...qui n'ont jamais été remboursés.
Ce portrait ne vous évoque-t-il pas quelqu'un d'autre, du côté de Nantes ?!?
Invité- Invité
Re: Meurtre de Sophie Narme
Demain à paraître dans Le Parisien, un papier sur la soumission chimique, avec l'intervention de Caroline Darian fille de Dommique Peli...
Invité- Invité
Re: Meurtre de Sophie Narme
@Chris,
Cela me semble trop mince pour faire le parallèle avec XDDL dont les Crimes n'ont rien à voir. Des gens qui empreintes de l'argent à leur famille sans jamais les rembourser il y en a beaucoup.
Cela me semble trop mince pour faire le parallèle avec XDDL dont les Crimes n'ont rien à voir. Des gens qui empreintes de l'argent à leur famille sans jamais les rembourser il y en a beaucoup.
Tivier
Re: Meurtre de Sophie Narme
215268ŦTivier a écrit:@Chris,
Cela me semble trop mince pour faire le parallèle avec XDDL dont les Crimes n'ont rien à voir. Des gens qui empreintes de l'argent à leur famille sans jamais les rembourser il y en a beaucoup.
Hello,
Tinkièt, je suis conscient qu'il y a un abime entre le pervers pépère de Mazan et le poseur mytho-mégalo nantais.
La tendance à profiter financièrement des proches est un de leurs rares tropismes communs -)
Mon post visait à attirer l'attention sur la similitude physique entre le Pélicot années 70s, et le P-R réalisé dans années 90s.
Invité- Invité
Re: Meurtre de Sophie Narme
Épouse droguée et abusée par 51 hommes : le procès de la soumission chimique se tiendra en septembre à Avignon
INFO LE PARISIEN. Pendant près de dix ans, Dominique P. a abruti sa femme de médicaments et recruté des inconnus pour commettre sur elle des viols qu’il filmait. Tous seront jugés à partir de septembre et pour quatre mois devant la Cour criminelle du Vaucluse.
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Espérons qu'il ne clamse pas avant ce triste sire.
INFO LE PARISIEN. Pendant près de dix ans, Dominique P. a abruti sa femme de médicaments et recruté des inconnus pour commettre sur elle des viols qu’il filmait. Tous seront jugés à partir de septembre et pour quatre mois devant la Cour criminelle du Vaucluse.
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Espérons qu'il ne clamse pas avant ce triste sire.
Invité- Invité
Re: Meurtre de Sophie Narme
Effarant !
Un nid de prédateurs et de pédocriminels sur lequel a sévi Dominique P
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"Parmi les faits divers majeurs liés à ce site, on retrouve notamment l’affaire des violeurs du Vaucluse, quand entre 2011 et 2020, un retraité a livré sa femme, à son insu grâce à des sédatifs, à des dizaines d’inconnus « recrutés » sur Coco pour la violer."
Un nid de prédateurs et de pédocriminels sur lequel a sévi Dominique P
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"Parmi les faits divers majeurs liés à ce site, on retrouve notamment l’affaire des violeurs du Vaucluse, quand entre 2011 et 2020, un retraité a livré sa femme, à son insu grâce à des sédatifs, à des dizaines d’inconnus « recrutés » sur Coco pour la violer."
Sortcière
Re: Meurtre de Sophie Narme
Bonjour,
P.l.cot
Pendant 10 ans, le mari droguait sa femme et la faisait violer par des inconnus: 51 accusés jugés à Avignon
Le mari a reconnu qu'il administrait certains soirs de puissants anxiolytiques à sa femme à son insu. Au total, 92 faits de viols sont recensés, par 72 hommes. Mais seule une cinquantaine seront formellement identifiés.
Jusqu'au 20 décembre, devant la cour criminelle de Vaucluse, composée de magistrats professionnels et non de jurés populaires, 51 accusés vont comparaître, dont 18 dans le box réservé aux détenus.
Sur le banc des parties civiles, face à ces hommes âgés de 21 à 68 ans lors de la découverte des faits, une famille va s'asseoir, dont la vie a été "pulvérisée".
L'épouse ... ne demandera finalement pas le huis-clos. "Elle y renonce", car "c'est ce qu'auraient souhaité ses agresseurs", poursuit Me Camus. "Et elle est bien résolue à affronter leur regard, à commencer par celui de son ex-mari, avec lequel elle a vécu 50 ans mais dont elle a découvert, à 68 ans, qu'elle ne savait rien".
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P.l.cot
Pendant 10 ans, le mari droguait sa femme et la faisait violer par des inconnus: 51 accusés jugés à Avignon
Le mari a reconnu qu'il administrait certains soirs de puissants anxiolytiques à sa femme à son insu. Au total, 92 faits de viols sont recensés, par 72 hommes. Mais seule une cinquantaine seront formellement identifiés.
Jusqu'au 20 décembre, devant la cour criminelle de Vaucluse, composée de magistrats professionnels et non de jurés populaires, 51 accusés vont comparaître, dont 18 dans le box réservé aux détenus.
Sur le banc des parties civiles, face à ces hommes âgés de 21 à 68 ans lors de la découverte des faits, une famille va s'asseoir, dont la vie a été "pulvérisée".
L'épouse ... ne demandera finalement pas le huis-clos. "Elle y renonce", car "c'est ce qu'auraient souhaité ses agresseurs", poursuit Me Camus. "Et elle est bien résolue à affronter leur regard, à commencer par celui de son ex-mari, avec lequel elle a vécu 50 ans mais dont elle a découvert, à 68 ans, qu'elle ne savait rien".
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Re: Meurtre de Sophie Narme
186060ŦCyclope a écrit:Bonjour,
Je pense qu'on peut aussi s'interroger sur l'implication de DP dans un ou plusieurs des enlèvements et meurtres de petites filles commis en région parisienne pendant l'été 87 :
* Virginie DELMAS le 5 mai 1987 à Neuilly-sur-Marne en Seine-Saint-Denis ;
* Hemma DAVY-GREEDHARRY le 30 mai 1987 à Malakoff dans les Hauts-de-Seine.
* Perrine VIGNERON le 3 juin 1987 à Bouleurs en Seine-et-Marne
* Sabine DUMONT le 27 juin 1987 à Bièvres dans l'Essonne.
On en a déjà pas mal parlé sur ce forum mais pour résumer très rapidement la proximité de temps et la similitude des MO font penser à une série commise par un auteur, même si en fait c'est plus compliqué. Sabine Dumont et Hemma Davy-Greedharry ont été brulées contrairement aux deux autres et il y a quelques autres différences de MO. Un seul ou plusieurs auteurs ?
Du sang d'un individu non-identifié a été prélevé dans le cas de Sabine Dumont mais n'a jamais matché. Il y a eu pas mal de suspects "intéressants", notamment celui du tortionnaire Raymond Gouardo en raison de plusieurs éléments troublants, mais son ADN n'a pas matché avec celui retrouvé sur le corps de Sabine. Ce qui pour moi ne l'exclut pas forcément dans les autres affaires.
Pour revenir à Dominique P, quelques éléments troublants :
* Il possédait des contenus pédopornographiques dans son ordinateur lors de son arrestation, donc on ne peut exclure des agressions commises sur des enfants, même si dans tous les faits connus ses victimes sont des adultes.
* Dans le cas de Perrine Vigneron, elle est morte étranglée avec une cordelette synthétique (de nylon ?), et surtout ses vêtements sont pliés et ses chaussures alignés à côté d'elle, ce qui me fait penser à Dominique P (mais c'est aussi une caractéristique de Guardio.
Bonjour Cyclope,
Je reviens sur un message que tu as posté l'an passé à la lumière d'une information qui pourrait diriger les enquêteurs vers Vérove.
Je cite:
Pour la première fois, l'affaire de la petite Virginie Delmas est rapprochée de trois autres. Celles
de Perrine Vigneron, 7 ans, d'Hemma Greedharry, 10 ans, et de Sabine Dumont, 8 ans.
Les amies de Virginie Delmas ont décrit un homme correspondant au Grêlé et l’ont vu en
moto. Or, il était à l’époque motard au sein de la Garde républicaine
Deux de ses camarades entendues au cours de l’enquête initiale menée par la police judiciaire
de Seine-Saint-Denis (alors que le corps de Virginie n’était pas encore retrouvé) ont témoigné
l’avoir aperçue en compagnie d’un individu à l’heure où elle avait disparu. Elles ont toutes deux
décrit un homme dans les 25 ans, aux cheveux bruns, ce qui correspond exactement au Vérove
de l’époque (il est né en 1962). Elles ont toutes deux déclaré avoir revu l’homme le lendemain
matin, 10 mai 1987, sur une moto blanche avec un casque rouge, avec un blouson et des bottes
de moto. Or, à cette époque, on sait que le Grêlé est affecté à l’escadron motocycliste de la
Garde républicaine à Paris et qu’il est susceptible d’avoir circulé ainsi pour repérer plus
aisément ses victimes. Il a d’ailleurs gardé cette fonction de motard dans la police.
Les deux témoins ont raconté que Virginie les avait aperçues et leur avait fait un signe de la
main mais, ont-elles dit, elle semblait apeurée et contrainte d’accompagner l’homme, qu’elle
tenait par la main sans se rebeller. Ce détail pourrait correspondre à la technique employée par
François Vérove et documentée par les victimes de viols qui ont survécu. Ces dernières ont
expliqué qu’il sortait sa carte de gendarmerie barrée de tricolore et arguait d’un contrôle ou
d’une enquête, ce qui permettait de s’assurer de leur passivité . Par ailleurs, la méthode
probablement utilisée pour tuer Virginie Delmas, la strangulation, est a priori la même que dans
le dossier Cécile Bloch – et les profils des victimes sont identiques. Dans tous les cas, les corps
ont été abandonnés sans être enterrés ou totalement dissimulés.
La piste Vérove va être difficile à confirmer ou infirmer pour le pôle « cold cases » : les pièces à
conviction des dossiers Delmas et Vigneron ont été détruites Source: les Jours.
Ce serait intéressant de savoir si à l'époque des faits, Pel. possédait une moto blanche et un casque rouge.
... et le côté "vêtements pliés et chaussures alignées", pour Perrine et Virginie, ça ne fait pas vraiment penser à Vérove.
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Tueur en série : le grêlé. :: AFFAIRES EN COURS :: AFFAIRES RÉSOLUES .... ou presque
affaires TROADEC, DAVAL, Anaïs G, WISSEM, Lucas T., Sophie Narme
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