Féminicides

Féminicide : la colère de la famille de Marie-José Povoa, tuée par son compagnon, face aux lenteurs et aux choix de la justice
Condamné aux assises pour meurtre en juin, Sébastien Bonnet, qui a fait appel, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire. Une situation qui révolte la famille de la victime.
Par Samuel Laurent / Le Monde ab.
Publié aujourd’hui à 10h22, mis à jour à 10h53

L’ultime message laissé par Marie-José Povoa, le 26 juin 2016, est encore en ligne sur son profil Facebook : « Mesdames, je viens d’appeler la gendarmerie à 23 heures ce soir, pour porter plainte pour violence conjugale. Mon compagnon souffre en effet d’alcoolémie (…). Ce soir il m’a violentée, j’espérais trouver réconfort en la gendarmerie nationale ! Mais non, mesdames, sachez que si vous n’avez pas de marques visibles de violence, on ne vous croit pas !!! Les gendarmes sont donc repartis en me laissant seule avec un homme violent et ivre. »

Le lendemain, le 27 juin, après qu’elle a une dernière fois appelé les gendarmes – ils seront éconduits par son compagnon, qui leur demande de repasser plus tard au motif qu’elle est « sous la douche » –, le corps sans vie de cette femme de 48 ans est retrouvé à leur domicile conjugal, à Guignicourt (Aisne), par le SAMU. Son concubin, Sébastien Bonnet, qu’elle a rencontré quelques mois plus tôt, reconnaît, lors de sa garde à vue, qu’il l’a étranglée. Des aveux qui ne sont pas enregistrés par les gendarmes du fait d’un problème technique, et qu’il rétractera par la suite.
Au moment de son interpellation, son alcoolémie affiche un taux de 4 grammes par litre de sang. Il est placé en garde à vue, puis mis en examen et placé en détention provisoire, le 29 juillet 2016. Alors qu’une première expertise médicale concluait à un décès par strangulation, une seconde émet quelques doutes. Suffisamment pour que M. Bonnet, qui soutient désormais n’avoir pas tué sa compagne, obtienne sa libération et son placement sous contrôle judiciaire en octobre de la même année.

« Technicité du dossier »

Pour la famille de Marie-José Povoa commence alors une interminable attente. D’abord celle de l’enquête, due à la « technicité du dossier », justifie Brigitte Lamy, procureure générale près la cour d’appel d’Amiens. « Il y a eu six expertises médicales successives, une trentaine de témoins ont été entendus. » Trois années passent avant que l’ordonnance de mise en accusation ne soit prononcée, en juin 2019. L’affaire est passible de la cour d’assises. Mais la date de mise en jugement ne vient pas.

Dans le ressort judiciaire de l’Aisne, qui ne compte alors que deux présidents de cour d’assises – un troisième vient d’être nommé en 2022 –, « le stock de dossiers d’assises en souffrance est de notoriété publique », déplore Sandra Leroy, conseillère à la cour d’appel d’Amiens et déléguée régionale de l’Union syndicale des magistrats. La crise liée au Covid-19, qui survient au début de l’année 2020, aggrave encore la situation : impossible de réunir neuf personnes pour former un jury d’assises.
Le statut de Sébastien Bonnet, toujours libre sous contrôle judiciaire, malgré une arrestation en état d’ébriété au volant, en 2021, contribue également à l’allongement des délais. « On passe en priorité les détenus, mais lui ne l’était pas », explique Brigitte Lamy. La famille de Mme Povoa et leur avocate, Me Fanny Quentin, multiplient les démarches, écrivent au greffe, évoquent dans la presse ces délais interminables. « On est laissés pour compte, on ne nous dit rien, on ne sait rien », déplore Isabelle Povoa, la nièce de la victime.


« On marche sur la tête »

Le procès s’ouvre finalement devant les assises de Laon, le 27 juin 2022, six ans jour pour jour après la mort de Marie-José Povoa. Sébastien Bonnet, qui comparaît libre, nie les faits : « Je ne lui ai pas donné la mort », assure-t-il à la barre. Deux anciennes compagnes de cet agriculteur viennent témoigner de sa violence lorsqu’il boit. Toutes deux disent avoir été frappées et menacées avec un fusil par M. Bonnet. L’avocat de ce dernier – sollicité, il n’a pas souhaité s’exprimer – s’appuie sur l’expertise émettant quelques réserves sur les causes du décès de Marie-José Povoa pour plaider l’acquittement, au bénéfice du doute. L’avocate générale requiert vingt-deux ans de prison, avec une peine de sûreté de onze ans. Le verdict tombe le 29 juin : Sébastien Bonnet est condamné à quinze ans de réclusion criminelle. La famille de Marie-José Povoa connaît enfin un certain soulagement. Il sera de courte durée.

Le 11 août, en effet, M. Bonnet, qui a interjeté appel de sa condamnation, obtient de la chambre de l’instruction sa libération. Dans son arrêté, celle-ci estime qu’il « n’est pas démontré que Sébastien Bonnet a failli aux obligations qui lui ont été imposées dans le cadre de son contrôle judiciaire », une mesure qui suffit à « garantir sa représentation en justice » et « éviter le renouvellement de l’infraction ». La chambre fait donc droit à sa demande de remise en liberté. Six ans après les faits, M. Bonnet est de nouveau libre jusqu’au procès en appel, sous réserve de se présenter régulièrement à la gendarmerie.
Gabrielle Rosset, une nièce de Marie-José Povoa, en est « abasourdie ». « Les féminicides sont le cheval de bataille du gouvernement ! », dénonce-t-elle. Leur nouvel avocat, Me Fabien Arakelian, se dit également « surpris » par cette décision qu’il n’a que rarement rencontrée. « On marche sur la tête », à l’heure où « le gouvernement communique allègrement sur les violences faites aux femmes », dénonce-t-il.

Brigitte Lamy, la procureure générale du ressort, assure comprendre que cette situation « soit mal vécue par la famille », mais défend le respect du droit : « Il était sous contrôle judiciaire depuis six ans, il a respecté son contrôle, il a fait appel, donc il se retrouve dans la même situation qu’avant la décision de la cour d’assises », soit en liberté sous contrôle judiciaire.
La situation est d’autant plus paradoxale que, la justice faisant passer en priorité les procès des personnes incarcérées, il pourrait s’écouler encore longtemps avant le procès en appel. « J’ose espérer que ce dossier va remonter sur le dessus de la pile et qu’on va pouvoir l’examiner rapidement », lâche Me Arakelian. « C’est un sujet sur lequel je vais travailler », assure Brigitte Lamy.

Samuel Laurent

Le Havre : 25 ans de prison pour avoir tué son ex-compagne sous les yeux de leurs enfants
FEMINICIDE
Idrissa T. a été condamné à 25 ans de réclusion pour avoir tué sa femme en 2019 au Havre. Il avait poignardé Johanna à 14 reprises devant leurs trois enfants.

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Bonjour Kassandra

Entièrement d'accord.
Pour avoir passé quelque temps en Arabie saoudite pour mon travail, j'ai pu constater de visu ce que peut être une police religieuse à l'oeuvre. C'est pénible, pas seulement pour les femmes d'ailleurs. C'est encore pire en Iran apparemment.

Ces manifestations en Iran devraient être l'occasion pour les femmes françaises qui subissent des pressions d'ordre vestimentaire liées à leur religion de faire valoir leurs droits à la liberté.

Kassandra

Selon une de mes filles, qui a parmi ses amies certaines jeunes femmes musulmanes mariées qui portent le voile, elles le font par respect pour leur mari.

Pour moi, c'est parfait, si c'est librement consenti. Ce qui me dérange, c'est l'aspect obligatoire de cette contrainte vestimentaire. À mes yeux, rien ne justifie ce caractère obligatoire.

Féminicide dans l'Essonne:
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J'espère que son mec va prendre perpète, mais je n'y crois pas trop, vu le légendaire laxisme de notre Justice !

Var : Un récidiviste de violences conjugales aux assises pour le meurtre de sa femme
PROCES Un homme comparaît cette semaine devant les assises de Draguignan dans le Var pour avoir tué sa femme la nuit du Nouvel An
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Sur la lutte contre les féminicides , rien n'a été fait en France . Cela reste du domaine des faits divers . On assassine des femmes , des mères , des filles, des soeurs etc
Pas un(e) pour se poser les questions fondamentales :pourquoi elles? on les tue parce qu'elles sont vulnérables , faibles
Dommage qu'il n'existe plus un mouvement féministe digne de ce nom.

Montpellier : Un homme de 83 ans jugé pour le meurtre de sa femme qui demandait le divorce
PROCES Abderrahmane Khalid est accusé de s’être acharné à coup de bêches sur sa femme Akila, 73 ans, qui avait demandé le divorce après 54 ans de mariage


Thibaut Chevillard
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Montpellier : Vingt ans de prison pour avoir tué son épouse après 54 ans de mariage
ASSISES Le 2 août 2018, Abderrahmane Khalid avait tué sa femme à coups de pelle

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Besançon
Assassinat de Razia Askari : Son mari condamné en appel à trente ans de réclusion
FÉMINICIDE La cour d’assises du Jura a confirmé la condamnation de Rashid Askari à trente ans de réclusion suite au meurtre de sa femme
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Kassandra88 a écrit:Un féminicide enfoui sous les secrets de famille : comment la disparition de Marlaine a été élucidée, 33 ans après.
Surmontant l’omerta familiale, les enfants de Marlaine Marquis ont mené leur enquête avant de passer le relais à la justice. En mai dernier, leur père a fini par avouer le meurtre de sa première compagne, une nuit d’octobre 1989. Victoria, sa fille, n’avait que six mois.

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Bonjour Kass,

Merci.

Assez similaire à l'affaire Jubillar en quelque sorte.
Combien de femmes sont censées avoir disparu de la même manière ? C'était souvent l'argumentaire du mari : Départ avec un amant et abandon du domicile. On ne creusait jamais trop loin et ça sauvegardait la paix des familles, évitant que les enfants ne perdent leurs deux parents.

Sortcière a posté"Combien de femmes sont censées avoir disparu de la même manière ? C'était souvent l'argumentaire du mari : Départ avec un amant et abandon du domicile. On ne creusait jamais trop loin et ça sauvegardait la paix des familles, évitant que les enfants ne perdent leurs deux parents."
Oui , on ne creusait jamais trop loin.C'est bien le problème .
Il faut bien reconnaître que dans les cas Viguier et Chabert , les enquêteurs avaient vu juste .

Cour d'assises de la Gironde  Thierry Roché jugé pour l'assassinat de son ancienne compagne en 2018 .
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Une fillette de 4 ans se retrouve sans ses parents ...

Kassandra a posté  "Il définit non seulement les féminicides, mais aussi les différentes formes de violence qui peuvent précéder ce type de crime, comme la violence sexuelle, la violence psychologique et le contrôle coercitif. "

A mon avis , il ne faut pas noyer en quelque sorte le féminicide dans les violences diverses .
Tuer un autre être humain, c'est passer dans une autre dimension.

Lisetoct a écrit:Kassandra a posté  "Il définit non seulement les féminicides, mais aussi les différentes formes de violence qui peuvent précéder ce type de crime, comme la violence sexuelle, la violence psychologique et le contrôle coercitif. "

A mon avis , il ne faut pas noyer en quelque sorte le féminicide dans les violences diverses .
Tuer un autre être humain, c'est passer dans une autre dimension.

Bonsoir Lisetoct,

A mon avis il ne s'agit pas de noyer le féminicide dans les violences diverses mais de bien repérer les différentes violences destructrices qui précèdent souvent un féminicide.
On peut aussi tuer un être humain sans se salir les mains, en le poussant au suicide par exemple, en le faisant basculer dans la folie, en lui enlevant tout ce qui en fait un être humain, et ce n'est pas vraiment mieux n'est-ce pas ?

Sortcière a écrit:

Lisetoct a écrit:Kassandra a posté  "Il définit non seulement les féminicides, mais aussi les différentes formes de violence qui peuvent précéder ce type de crime, comme la violence sexuelle, la violence psychologique et le contrôle coercitif. "

A mon avis , il ne faut pas noyer en quelque sorte le féminicide dans les violences diverses .
Tuer un autre être humain, c'est passer dans une autre dimension.

Bonsoir Lisetoct,

A mon avis il ne s'agit pas de noyer le féminicide dans les violences diverses mais de bien repérer les différentes violences destructrices qui précèdent souvent un féminicide.
On peut aussi tuer un être humain sans se salir les mains, en le poussant au suicide par exemple, en le faisant basculer dans la folie, en lui enlevant tout ce qui en fait un être humain, et ce n'est pas vraiment mieux n'est-ce pas ?

OUI ET NON . Bien sûr que tu as raison en théorie . On peut aussi se demander pourquoi les proches de X n'ont pas réagi? Pourquoi la famille n'a pas réagi? Je me fais l'avocat du diable