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Affaire Grégory : articles de presse (à lire ou à relire).

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Message par Casta Mer 20 Déc 2017, 09:49

Chronologie (très) complète de l'affaire.

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Message par Casta Mer 20 Déc 2017, 09:49

Grégory : le jour où l'affaire a rebondi

Par Julie Brafman — 24 juillet 2017 à 11:42

Le 14 juin, c'est un coup de théâtre. Trente-deux ans après l'assassinat de l'enfant, plusieurs personnes sont interpellées. «Libération», qui a pu consulter le dossier, revient sur ces heures cruciales.

L’opération pourrait s’intituler «coup de pied dans la fourmilière»,pour reprendre l’expression d’un proche du dossier. Ce 14 juin, au petit matin, après des mois d’investigations discrètes, les gendarmes de la section de recherches de Dijon passent à l’action. Ils débarquent dans les Vosges et frappent simultanément à la porte de Ginette Villemin, épouse de feu Michel (le frère de Jean-Marie Villemin), de Monique Villemin et son époux Albert (ses parents), et de Marcel et Jacqueline Jacob (son oncle et sa tante). Tous, à l’exception de Monique – dont la santé est trop fragile – et de son mari sont placés en garde à vue. C’est ainsi que l’affaire Grégory ressurgit des limbes trente-deux ans après la mort du petit garçon de 4 ans, le 16 octobre 1984. Comment expliquer un tel sursaut ? Après consultation du dossier, Libération revient sur cette journée mouvementée.

Dans cette affaire devenue le symbole des ratés judiciaires et de l’emportement médiatique, les enquêteurs n’ont jamais cessé de croire en cette épiphanie que l’on appelle «manifestation de la vérité». Comme toutes les expertises ADN sont restées vaines, ils ont dû se contenter de ce qui fait figure de pelotes de mots plus que de fil d’Ariane : des centaines de témoignages. A partir du 26 août 2016, ils ont ainsi entré toutes les données du dossier dans le logiciel d’analyse criminelle Anacrim. L’outil permet d’établir une chronologie extrêmement détaillée du 16 octobre 1984 et des jours suivants, de croiser les emplois du temps des différents membres de la famille, d’obtenir des vues aériennes des lieux, de recouper et vérifier les déclarations de chacun et d’obtenir un arbre généalogique tentaculaire. Lorsque, le 27 mai 2017, les gendarmes remettent à la présidente de la chambre de l’instruction leur vertigineuse «synthèse» de plus de 500 pages, ils ne disposent d’aucun élément nouveau mais ont passé tous les procès-verbaux à la moulinette.

«Galaxie des envieux»

Il en découle un premier scénario : Bernard Laroche, le cousin de Jean-Marie Villemin, serait le ravisseur et l’assassin de l’enfant, avec la complicité plus ou moins active de Murielle Bolle. Mobile ? «La jalousie de la réussite professionnelle, financière et familiale du couple Villemin», est-il écrit. Mais cela ne colle pas avec son comportement après l’assassinat. Ils envisagent donc une seconde hypothèse : «l’intention coupable de Bernard Laroche se serait limitée à l’enlèvement». Dans ce cas de figure, il est entouré de plusieurs complices parmi «la galaxie des envieux». Michel Villemin, frère de Jean-Marie, aurait ainsi joué les «intermédiaires», livrant des informations cruciales au corbeau car il était au courant de tous les faits et gestes de la famille.

Dans un procès-verbal d’audition du 14 juin 2017 devant la présidente Barbier, Jean-Marie Villemin évoque sa visite, accompagné de sa femme Ginette, à Lépanges, deux jours avant le crime : «Michel m’a fait une réflexion sur mon nouveau salon en disant quelque chose comme : "Il est beau ton salon, tu as dû le payer bonbon, il faut être chef pour se payer ça !" […] Ils nous ont donné l’impression d’être plus envieux que contents pour nous.» Les enquêteurs soupçonnent également Ginette, «incontestablement jalouse de la famille Villemin», et «qui n’a eu de cesse d’attiser la discorde au sein du couple», d’être un maillon de la chaîne. Enfin, ils en arrivent aux époux Jacob qui auraient profité des cancans de Michel et Ginette «pour organiser pendant des années le harcèlement mis en œuvre par le corbeau». Conclusion : «Le 16 octobre 1984, Marcel et Jacqueline Jacob ont pu assouvir leur haine pour les Villemin en mettant à exécution l’assassinat du petit Grégory Villemin.»

Ni botte secrète ni pièce maîtresse

Si le scénario est digne d’un polar, il n’y a pas grand-chose pour l’étayer. Des «possibles», des «probables», des déductions mais peu d’éléments nouveaux. Contrairement à ce que l’on a, un temps, pu penser, il n’y a ni botte secrète ni pièce maîtresse. Seulement un triptyque qui pourrait être résumé ainsi : haines antiques, logiciel magique et expertises graphologiques. En effet, une nouvelle analyse – dans un dossier qui en regorge et dont la plupart offrent des résultats contradictoires – accuse Jacqueline Jacob d’être l’un des corbeaux. C’est ainsi que le 14 juin 2017, les militaires tentent le tout pour le tout dans la Vologne et vont cueillir les suspects chez eux.

Selon les procès verbaux consultés par Libération, ces derniers ne vont pas leur mâcher le travail. Ginette Lecomte, 61 ans, veuve de Michel, éconduit les képis par de lapidaires : «oui», «non», «je ne crois pas», «je ne m’en souviens pas». Tant et si bien qu’ils finissent par asséner de but en blanc : «Rien ne dit que vous n’êtes pas l’instigatrice de l’enlèvement de Grégory. Vous avez pu agir en amont ou en aval de ce qui s’est passé.» Et de demander devant l’absence de réaction : «Etiez-vous jalouse de Jean-Marie ?» «Non pas du tout, se défend-elle. Il m’a effectivement montré son canapé, ses prêts mais ça ne me regardait pas.»  Quant à son mari, Michel, «au contraire, il était content» de la réussite des Villemin. La gardée à vue ressort libre.

Les gendarmes, qui ont noirci 500 pages avec des histoires de rancœur, de jalousie, de coucheries et de petits secrets, devront se contenter de ce tableau de famille aux couleurs pastel. Ce n’est pas Monique, 86 ans, entendue chez elle à Aumontzey, qui va gratter le vernis. Elle répète que ses enfants «s’entendaient tous bien». Les réunions de famille ? «Tout se passait bien.» Bernard Laroche ? «C’était comme mon septième enfant.» Les rapports entre Marcel Jacob et son époux ? «C’était très bien.» Et entre Marcel et ses enfants ? «Ça allait aussi.» Les enquêteurs finissent par brandir une lettre de menaces adressée au juge Simon en 1989. L’expert en écriture a conclu qu’elle était probablement de sa main. Troublée, Monique Villemin répond : «Je n’ai pas écrit ça. Je ne me souviens pas avoir écrit au juge Simon. Mais c’est vrai que cette écriture ressemble à la mienne.» Dans un dernier élan d’optimisme, le gendarme questionne : «Etes-vous sûre d’avoir dit aujourd’hui absolument tout ce que vous saviez sur cette triste affaire ?» «Oui.» Il faudra s’en contenter. Si son mari Albert, 87 ans, se montre un peu plus loquace, il n’apprend pas grand-chose aux enquêteurs. «Serait-il possible que votre femme Monique et vous-même cherchez à couvrir un secret familial concernant la mort de Grégory ?» Sans surprise, Albert secoue la tête : «De qui ? De Laroche ? Mais si c’est le cas, il a eu ce qu’il mérite. Si je savais quelque chose je l’aurais dit.» Circulez, il n’y a plus rien à voir à Aumontzey.

«Je suis innocent à 100%»

Du côté des voisins au pavillon mauve, ce n’est guère plus fructueux. Marcel et Jacqueline Jacob, 71 et 72 ans, sont interrogés dans les locaux de la gendarmerie de Longvic pour éviter la foule de journalistes sous les fenêtres de la section de recherches. D’emblée, les septuagénaires se drapent dans le silence. Certes, les résolutions de Marcel vacillent de temps à autre : il raconte par exemple avoir vu Grégory «une fois à Aumontzey, près de chez ses grands parents, il était dans un landau je crois». Et se montre soucieux de ne marquer aucune proximité affective avec Bernard Laroche, bien qu’ils aient grandi ensemble : «C’était mon neveu comme les autres hein.» Les enquêteurs tentent le coup une dernière fois : «Il ressort des investigations qu’un trio de couples formé par le vôtre, celui des Laroche et celui des Villemin Michel s’entendaient très bien de sorte qu’ils étaient un peu à l’écart des autres membres de la famille.» Réponse : «Non pas plus mais des fois on se retrouvait ensemble pour manger mais pas souvent, non on n’était pas à l’écart de la famille.»

L’homme qui «trouve terrible d’être accusé comme ça» n’en a pas terminé. Les gendarmes qui ont perquisitionné son domicile lui soumettent une missive à l’attention de sa sœur Monique et d’Albert, datée du 14 décembre 2009. Dans ce texte déniché dans le garage, il est écrit : «16/10/84, dans l’affaire Grégory Villemin, je suis innocent à 100%, je le jure sur la tête de maman et ma fille ma blondinette mes petits enfants Régine grec et toute ma famille. Signé Marcel.» (sic) Drôle de serment pour quelqu’un qui n’a, jusqu’à présent, jamais été soupçonné… C’est «parce que j’étais embêté par les gendarmes et que s’il m’arrivait quelque chose que ma famille et mes proches apprennent que je n’ai rien à voir dans cette affaire», se justifie Marcel Jacob. Il ajoute que c’était «juste pour prouver si un jour il y a une garde à vue comme là». Manifestement précautionneux et préparé à l’échéance, il a aussi gardé le procès-verbal d’une réunion syndicale du 16 octobre 1984 qui s’est terminée vers 17 heures. C’est-à-dire un alibi pour le jour du crime. «En me disant que si on m’interrogeait ça pourrait servir.» Reste à savoir s’il a pu s’absenter… ce qui est quasiment invérifiable trente-deux ans plus tard.

«Je vis un cauchemar depuis le 14 juin»

Dans le bureau voisin, Jacqueline Jacob, quant à elle, ne desserre pas les lèvres. Des centaines de questions sont suivies de la mention «garde le silence». Même confrontée à l’expertise en écriture, elle ne vacille pas. D’après les résultats, elle a «vraisemblablement écrit le courrier anonyme du 27/04/83», et «pourrait avoir écrit la lettre anonyme de 1983». Pour les gendarmes, le fait qu’elle soit, elle aussi, une «enfant illégitime», justifierait d’autant plus les soupçons puisque le volatile prenait de façon récurrente la défense de Jacky, «le bâtard», issu d’une première romance de Monique. «Pour quelle raison vous taire ?» insiste le gendarme. «Parce que je n’ai rien fait», dira-t-elle seulement.

Le 16 juin 2017 vers 13 heures, dans le bureau de la présidente Barbier, elle prononce : «Je n’ai jamais écrit de courrier.» «Je n’ai rien fait.» C’est depuis la cellule de sa prison de Réau qu’elle sera finalement la plus diserte. Dans une lettre adressée à la juge d’instruction, le 19 juin, elle raconte : «Je vis un cauchemar depuis le 14 juin […]. Je me demande pourquoi tout cela car le 16 octobre 1984, jour de la mort du petit Grégory, je me trouvais sur mon lieu de travail de l’usine à Aumontzey car je prenais mon travail à 13 heures jusqu’à 21 heures. Je suis innocente de ce qu’on m’accuse.» Elle souligne le mot «innocente». Puis ajoute : «Je fais confiance à la justice et j’espère que je ne me trompe pas.» Les époux Jacob, tous deux mis en examen pour «enlèvement et séquestration suivis de mort», vivent aujourd’hui dans des domiciles séparés avec interdiction de se concerter en attendant la suite des investigations.

Julie Brafman

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Message par Casta Mer 20 Déc 2017, 09:50

Affaire Grégory : au cœur du huis-clos entre Murielle Bolle et les gendarmes

Par Julie Brafman — 21 juillet 2017 à 20:36

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Murielle Bolle au palais de justice de Dijon en 1993. Photo Charles Caratini. Sygma. Getty Images

«Libération» a pu consulter les procès-verbaux des auditions de la belle-sœur de Bernard Laroche. Qui, confrontée à de nouveaux témoignages troublants, reste muette et s’accroche à la version adoptée il y a trente ans, après l’arrestation de son beau-frère.

Trente ans après l’assassinat de Grégory, 4 ans, retrouvé pieds et poings liés le 16 octobre 1984 dans la Vologne, les preuves se résument à peau de chagrin. Aucun élément matériel, pas la moindre trace ADN exploitable. Rien d’autres que ces éternels témoins avec leurs souvenirs fanés, leurs mots vagabonds et leurs secrets inavouables. Les gendarmes de la section de recherches de Dijon n’ont plus qu’un seul espoir pour rayer la mention «non élucidé» : que les langues se délient. Le 27 juin dernier, à 11 heures, lorsqu’ils placent Murielle Bolle, 48 ans, en garde à vue, ils font le pari de mettre fin à trente ans de silence.

Alors qu’elle est aujourd’hui mise en examen pour «enlèvement suivi de mort» et incarcérée, Libération a pu consulter les procès-verbaux de ce huis clos. Le face-à-face oppose deux enquêtrices «à la recherche de la vérité» et une suspecte peu loquace qui alterne les «je ne sais pas» avec les «ça fait loin». Vers 16 heures, après plusieurs heures d’interrogatoire et les traditionnelles circonvolutions pour faire connaissance, un gendarme décide de s’aventurer un peu plus près de la rivière : «Vous souvenez-vous comment s’est passée la journée du 16 octobre ?» «J’étais au collège. J’ai pris le bus scolaire pour rentrer à Aumontzey. Puis je suis montée chez la tante à Bernard, Louisette Jacob, puis c’est tout quoi»,rétorque Murielle Bolle. Sans surprise, elle s’accroche à sa dernière version : le jour de la mort de Grégory, elle n’était pas avec son beau-frère Bernard Laroche, elle ne l’a pas vu kidnapper l’enfant. «C’est tout quoi.» A toutes les autres questions, elle opposera des «je ne sais pas», «je n’ai pas dit ça», «je n’ai jamais été là-bas», «c’est les gendarmes qui ont tout tapé». Elle ne veut plus rien avoir à faire avec l’adolescente de 15 ans qui a fait la une des médias, elle n’est plus celle qui a confié aux gendarmes qu’elle a assisté à l’enlèvement du petit garçon par Bernard Laroche.

«Mémoire sélective»

Les enquêteurs en sont persuadés : à l’époque, elle a fait machine arrière sous la pression familiale. «Je n’ai jamais eu de menaces de qui que ce soit», balaye-t-elle. Elle prétend également ne pas se souvenir de la fameuse réunion aux airs de conseils de guerre qui s’est tenue le 5 novembre, juste après l’arrestation de Bernard Laroche. Pourtant, ce soir-là, tout le monde a rappliqué dans le vaste pavillon jaune des parents Bolle à Laveline-devant-Bruyères - frères, sœurs, concubins et concubines - comme en attestent les témoignages compilés dans la récente synthèse (de 591 pages !) des gendarmes dont Libération a pris connaissance. «Murielle était là, elle ne disait rien, elle pleurait», décrira ainsi Marie-Thérèse, l’une des sœurs, dans son audition de l’époque. «Je ne me souviens pas»,insiste Murielle Bolle. Alors pour raviver les images, les gendarmes lui lisent les propos d’une autre de ses sœurs : «Tout le monde pleurait. Je sais que ma sœur a attrapé Murielle par le col et l’a secouée tout en lui demandant : "Pourquoi tu as dit ça ?"» «Je ne m’en souviens pas», serine la gardée à vue. L’enquêtrice se résout à noter : «Nous pensons que vous avez une mémoire sélective.»

A ce stade où l’aveu n’est déjà plus qu’une chimère, les gendarmes décident d’abattre leurs cartes. Deux, pour être précis. «Il s’agit d’éléments laissant apparaître que Murielle Bolle avait subi de violentes pressions pour se rétracter», est-il écrit dans le dossier. Le premier est un témoin qui parle… d’outre-tombe. J.G., décédée en 2014, était l’infirmière à domicile de Jeanine, la mère de Murielle Bolle. Déjà entendue à six reprises par le passé, elle avait confié avoir recueilli les confidences de Murielle au cimetière, à la date anniversaire de la mort de sa mère. La jeune fille aurait affirmé en pleurs sur la tombe que la première version était la bonne : Bernard est bien venu la chercher au collège. Or, en janvier 2016, une nouvelle pièce a été versée au dossier : une conversation de vingt minutes entre l’infirmière et Jean-Marie Villemin, le père de Grégory (enregistrée par ce dernier le 29 mars 2007). J.G. ajoute une précision inédite : elle était présente le 5 novembre chez les Bolle. «J’ai assisté à la - comment on dit, euh -à la correction que Marie-Ange a filée à sa sœur quand elle est sortie de la gendarmerie», confie-t-elle. Elle mentionne même une «rouste» administrée par sa mère et sa sœur. Au bout du fil, Jean-Marie Villemin lui demande de confirmer qu’il s’agit bien du soir de l’inculpation de Laroche. Elle semble hésitante, puis répond : «C’est quand Murielle est sortie de la gendarmerie, ça devait être un samedi.» Il s’agit, en réalité, d’un lundi. Se trompe-t-elle de date ? Ou n’était-elle, tout simplement, pas là ? En 1991, elle disait en tout cas dans une interview à Paris Match : «Quant à la participation de Marie-Ange à la correction, je l’ai apprise plus tard, par une gaffe faite par certains membres de la famille.»

«Poignée de cheveux»

Dans le bureau de Saint-Etienne-lès-Remiremont où elle est entendue, Murielle Bolle reste imperturbable. Il est plus de 20 heures quand elle envoie valser l’histoire de la «rouste» d’un «ce n’est pas vrai», et celle du cimetière par la même formule. Les gendarmes insistent, ils convoquent «la vérité», «la mémoire de Grégory», «le bonheur de la parentalité». Murielle Bolle expédie aussi la séquence émotion : «Je vous l’ai dit la vérité.» A 6 h 45, le 29 juin, les deux gendarmes jouent leur va-tout : le témoignage tout frais de P.F., un cousin. Cet homme de 54 ans, qui se présente comme un ancien «chauffeur livreur perceur tatoueur pour le compte de [s]on épouse», s’est rendu spontanément devant les enquêteurs le 17 juin dernier car il en a «gros sur le cœur». Dix jours plus tard, soit la veille de la garde à vue de Murielle Bolle, il a confirmé ses propos devant la juge d’instruction Claire Barbier. D’après les procès-verbaux consultés par Libération, pensant qu’il n’en a «plus pour longtemps», il a décidé de «profiter du truc qu’il y avait sur BFM TV» pour apporter sa contribution au dossier. Il raconte avoir assisté à la «scène de lynchage» du 5 novembre. «Il me semble que c’était vers quatre-cinq heures, Murielle était en pleine interview, elle était en train de répondre aux journalistes en disant que les gendarmes n’avaient pas menti. A ce moment, la famille s’est ruée sur les journalistes […], sa mère a dit : "Sale putain t’a mis ton beau-frère en prison et maintenant tu fais la belle devant la journaliste"», explique-t-il. Avant de décrire les claques qu’elle reçoit de la part de sa mère et de Marie-Ange. C’est alors qu’un avocat - que le témoin identifiera sur une photo comme Me Paul Prompt - serait intervenu pour calmer les esprits. «Pendant ce temps, Murielle Bolle était en train de se faire massacrer à l’étage par Marie-Ange, sa mère et le titi [son père, ndlr]. On l’entendait hurler, j’ai été choqué de voir Marie-Ange avec une poignée de cheveux de Murielle dans la main», poursuit-il. Finalement, l’avocat aurait mis fin à l’hallali et organisé dans la foulée une interview en bonne et due forme pour officialiser ce qui deviendra la nouvelle version de Murielle : «Mon beau-frère, il est innocent.» Elle n’en démordra plus jamais.

«Mêmes ingrédients»

La soirée n’est pas terminée : selon P.F., Murielle Bolle se serait réfugiée chez sa sœur Marie-Thérèse à Pallegney. Dans son audition de janvier 1985, Marie-Ange Laroche analyse bien différemment le revirement de Murielle, sans y avoir assisté. Elle soutient qu’il a eu lieu le lendemain matin dans la cuisine de Pallegney, devant un bol de chocolat : «C’est en lisant les journaux le mardi matin, en voyant la photo de Bernard, en première page, qu’elle a craqué. Elle s’est mise à pleurer en disant : "Il est innocent, il est innocent."» C’est ainsi que toute la famille l’aurait accompagnée chez le juge Lambert pour rectifier la situation. «Je tiens à préciser qu’aucune pression n’a été exercée sur elle», dira Marie-Ange.

Aujourd’hui, Murielle est à bout de mots, elle se contente simplement de préciser : «Non je n’ai pas été frappée.» La garde à vue poussive se clôt sans rebondissement le 29 juin à 8 heures. Placée en détention provisoire, la mère de famille attend désormais le 4 août pour que soit examinée sa demande de remise en liberté. Me Teissonnière, son avocat, se désole : «Les mêmes témoignages sont remixés à l’infini, à chaque fois on repart à l’envers avec les mêmes ingrédients. Comme si cette histoire n’avait plus aucun lien avec la réalité.» Le 28 juillet, Murielle Bolle doit être confrontée au cousin témoin de dernière minute. Le face-à-face éclairera-t-il certaines zones d’ombre ? Le Figaro a ainsi démontré qu’il était peu probable que l’avocat Paul Prompt soit arrivé dans les Vosges le 5 novembre, sachant qu’il n’a été désigné que le lendemain.

Par ailleurs, il semble que la fameuse interview devant le pavillon de Laveline-devant-Bruyères n’a pas eu lieu le 5 novembre au soir comme le décrit P.F. Jean-Charles Marchand, journaliste à RMC durant la saga Grégory, se souvient ainsi avoir rendu visite aux Bolle à cette date : «Il faisait déjà nuit quand nous sommes arrivés avec plusieurs journalistes. A peine les Bolle nous ont-ils vus qu’ils sont tous sortis. On a failli se prendre la raclée du siècle alors on est repartis.» Le climat délétère n’était pas vraiment propice à une interview… En revanche, sur les archives de l’INA, le passage de la rétractation de Murielle est diffusé sur Antenne 2, le 7 novembre. On aperçoit le pavillon des Bolle en arrière-plan et la tête de Jeanine par l’entrebâillement de la porte. La date correspond à ce qu’évoque Laurence Lacour dans son livre le Bûcher des innocents : «Les frères de Murielle nous invitent à revenir vers 10 heures», «Isabelle Baechler et son équipe d’Antenne 2 sont en train d’interviewer Murielle debout sous la pluie», «l’adolescente fixe l’horizon en répétant le regard brouillé par les larmes : "Mon beau-frère, il est innocent"». L’affaire Grégory est-elle donc devenue un roman national où chacun aimerait obtenir son rôle quitte à broder un peu ? Ou tient-elle en un secret de famille décidément trop bien gardé par Murielle Bolle ?

Julie Brafman

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Message par Casta Mer 20 Déc 2017, 09:51

L’affaire Grégory dans un coin du képi

Par Julie Brafman — 31 juillet 2017 à 18:16


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Le gendarme Sesmat avec Christine Villemin, en novembre 1984. Photos E.Chelles. Bestimage

Il a été le premier enquêteur en charge du fait divers le plus emblématique de l’après-guerre. Alors que le dossier rebondit, l’ancien gendarme Etienne Sesmat se retrouve projeté dans le passé, dans ces quelques mois de 1984 qui, malgré une carrière à l’étranger aux antipodes de la Vologne, ont bouleversé sa vie.

Il est devenu l’un des protagonistes de cette affaire à l’étoffe romanesque où cohabitent ceux que l’on désigne désormais comme des figures génériques : «le juge», «le corbeau», «l’enfant», «les parents». Etienne Sesmat, lui, tient le rôle du «gendarme». En 1984, il a 30 ans, un képi quasiment neuf et une nouvelle affectation qui le laisse dubitatif : capitaine à la brigade de recherches d’Epinal. C’est son premier poste fixe, après avoir passé quatre ans dans la gendarmerie mobile en région parisienne. Le saint-cyrien, féru de criminologie, aurait préféré une compagnie de montagne, mais il s’accommode tout de même de ce retour aux sources : ses parents, agriculteurs, vivent à une quarantaine de kilomètres, en Meurthe-et-Moselle.

C’est dans cette vallée des Vosges qu’il va se retrouver au cœur du fait divers le plus célèbre de l’après-guerre, baptisé d’un simple prénom qui suffit encore à déchaîner les passions : Grégory. Trois décennies plus tard, l’homme au visage fin et aux yeux azur laisse tomber, fataliste : «Cette affaire-là, elle m’est tombée dessus.» Puis il ajoute, comme le ferait un ancien blessé : «Ce sont les risques du métier.»

Assis sur un banc du parc du palais Longchamp, à Marseille, il évoque «le meurtre d’un enfant par haine et vengeance» dont il n’a oublié aucun détail. Même s’il vit désormais bien loin de la Vologne, qu’il a raccroché l’uniforme pour travailler comme chef de la sûreté de la régie des transports de la cité phocéenne, les fantômes de l’affaire Grégory lui rendent régulièrement visite. Récemment, le téléphone s’est remis à sonner. Comme au temps maudit. Des journalistes en pagaille qui le sollicitent, l’invitent en plateau, le pressent de questions sur le «rebondissement». Etienne Sesmat n’a pas été surpris par ce revival des années 80. Les gendarmes de la section de recherches de Dijon qui ont repris les investigations l’avaient prévenu six mois plus tôt : «D’ici à l’été, il y aura quelque chose…» Pourtant, il n’avait pas imaginé que le grand-oncle et la grand-tante de Grégory, tous deux hors des radars jusqu’à présent, allaient être mis en examen pour «enlèvement et séquestration suivis de mort». Puis Murielle Bolle, 15 ans à l’époque. Selon le scénario de 2017, les époux Jacob seraient les «cerveaux» du crime, tandis que Bernard Laroche, cousin du père de Grégory et premier suspect, tué en 1985, aurait joué le rôle de ravisseur. «L’enquête reprend là où on l’a laissée. On était sur la bonne piste, c’est un soulagement», soupire Etienne Sesmat.

«Comme s’il dormait…»

Si ce dossier n’a occupé que quatre mois de sa vie professionnelle, il en a imprégné le reste. D’ailleurs, à l’écouter, 1984, c’était avant-hier. Il raconte spontanément et d’une traite ce 16 octobre : les cours du soir - des leçons d’allemand - après le travail, le message de son épouse à son retour : «Un enfant a disparu à Bruyères.» Puis ses collègues qui l’informent : «Ça y est, on l’a retrouvé.» «Je pensais "vivant"», glisse Etienne Sesmat. La suite tient en une série d’instantanés. L’ambiance lugubre des bords de la rivière à Docelles, des dizaines de personnes du village qui crient «sortez-le». Ce pompier à la carrure imposante qui soulève un corps hors des flots. L’établi en bois où l’on étend le petit garçon comme «sacrifié»avec des cordelettes qui lui enserrent les poignets et les chevilles. Puis le bonnet de laine qu’Etienne Sesmat soulève délicatement.«C’est une image terrible. Il avait un visage apaisé comme s’il dormait, sans aucune trace de souffrance», rappelle-t-il avec une émotion intacte. Grégory Villemin avait 4 ans. Il est né un 24 août, tout comme le gendarme. «C’est juste une coïncidence», dit-il. Ou plutôt un lien indéfectible.

Le lendemain du crime, la lettre de revendication du corbeau arrive : «J’espère que tu mourras de chagrin, le chef. Ce n’est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils. Voilà ma vengeance, pauvre con.» «La lettre a été badigeonnée avec de la poudre noire, c’est une erreur, il aurait presque fallu la mettre dans une cage en verre tant elle a été abîmée par la suite», regrette Etienne Sesmat. A la gendarmerie de Bruyères, on a le sentiment que c’est une histoire «hors norme», sorte de chronique d’une mort annoncée. Mais on se veut confiant : il ne faudra pas longtemps pour pincer l’assassin. Pensez-vous, un enfant kidnappé et jeté dans la rivière en plein jour, des témoins partout dans la vallée, des lettres du corbeau tracées d’une écriture grossièrement contrefaite, des suspects issus d’une même famille. Elémentaire. Les journalistes de l’époque reproduisent avec amusement l’impérissable formule du gendarme Sesmat lancée à la porte de la caserne : «Nous sommes dans une jungle où il y a un loup qui hurle. […] Nous le suivrons à la trace.»

Trente-deux ans plus tard, la jungle de la Vologne est toujours aussi broussailleuse. Le mystère a emporté les médias, égaré les enquêteurs, perdu la justice mais n’a jamais été élucidé. Il s’est mué en «fiasco» ou «naufrage». On ne parle plus que de «dérapage médiatique» et de «raté judiciaire». Le premier juge a dénoncé les erreurs des gendarmes, les enquêteurs ont accusé le magistrat, les journalistes ont fait leur mea culpa et les policiers tenté de masquer la déconfiture. Tous ont en commun d’avoir été frappés par le «syndrome de la Vologne», celui dont souffrent ceux qui se sont approchés trop près du bord de la rivière. Etienne Sesmat n’y échappe pas.

Exil forcé

Le juge Lambert s’est suicidé au mois de juillet, avec pour testament ces quelques mots (entre autres) : «Je sais que je n’aurai plus la force désormais de me battre dans la dernière épreuve qui m’attendrait.» Comme tout le monde, Etienne Sesmat est resté abasourdi, laissant échapper un : «Cette affaire est dingue !»

Aujourd’hui, l’ancien gendarme vit avec ses convictions et quelques regrets. Ceux qui le poursuivent et l’empêchent parfois de fermer les yeux mais qu’il qualifie d’«erreurs de bonne foi» plus que de «fautes». Il aurait voulu «mieux contrôler» le jeune juge d’instruction, Jean-Michel Lambert, et sa légèreté procédurale, ne pas miser autant sur les expertises ou ne pas se laisser happer par les médias. Mais, surtout, il s’en veut de n’avoir pas perçu la détresse du père de Grégory. «Je n’ai pas mesuré à quel point Jean-Marie était seul et désespéré. Il s’était juré de venger son fils.» En mars 1985, lorsque ce dernier abat d’un coup de fusil Bernard Laroche, suspect numéro 1, «le ciel tombe sur la tête» de l’enquêteur. La presse se déchaîne au sujet de «la mort western de Bernard Laroche». On reproche au capitaine de n’avoir pas protégé Laroche et d’avoir incité Jean-Marie à passer à l’acte. C’est une véritable tempête : Sesmat est inondé d’appels et de lettres de menaces anonymes. Sa femme prend peur, ses parents aussi. En marchant devant la fontaine monumentale du parc Longchamp, il cite par cœur cette phrase «terrible» de Me Paul Prompt qui l’a accusé d’être «le directeur de conscience d’un meurtrier». Puis celle de Marie-Ange, la veuve de Bernard Laroche : «Jean-Marie a été intoxiqué par le capitaine Sesmat.» Il plie bagage à l’été 1985. «C’était intenable.» Et de toute façon, l’affaire a été confiée à la SRPJ de Nancy quelques semaines plus tôt.

Sa hiérarchie le regarde avec suspicion : la gendarmerie a bien dû faillir puisqu’elle est dessaisie. On l’envoie loin, à Berlin, en tant que commandant de la compagnie prévôtale (1). Autant dire un exil forcé. «J’ai vraiment vécu une période de désarroi et de solitude. J’avais le sentiment d’être injustement lâché par ma hiérarchie», se souvient-il avec une pointe d’amertume au bout de la langue. Certes, il découvre finalement «un poste intéressant, un temps fort»,mais au tableau d’avancement, plus rien. «J’ai fini par faire une croix sur ma carrière», regrette-t-il. Il se contente de choisir des affectations de bout du monde, des endroits où il n’entendra plus l’écho des rives de la Vologne. Le voilà donc au Togo, comme chef du détachement militaire pendant la guerre civile, ou adjudant en Nouvelle-Calédonie. «Je ne me sentais pas bien en métropole tant que l’affaire n’était pas avancée.» Il ne reviendra qu’en 1993, après le procès de Dijon et le non-lieu en faveur de Christine Villemin.

Guerre fratricide

Malgré la distance et les années, il n’a jamais perdu le fil avec ceux - parmi les avocats, magistrats, enquêteurs ou journalistes -qu’il place dans le camp des «bons» par opposition «aux méchants» du conte judiciaire. Dans cette affaire, devenue une guerre fratricide entre clans, il a très vite eu la conviction de l’innocence de Christine Villemin. «Pour moi, les parents ont toujours été des victimes. Je garde le souvenir d’un jeune couple ravagé par la tristesse. Elle complètement éteinte, lui abattu», relate-t-il. Selon lui, seule l’arrivée quasi messianique du «grand juge» Simon aurait permis de rattraper les errements du «petit juge» Lambert. C’est d’ailleurs à ce magistrat - ainsi qu’à Grégory - qu’il dédicacera son livre paru en 2006. Pour l’écrire, il a plaqué la gendarmerie «avec un grade de colonel». Il avait besoin de recouvrer sa liberté de parole, comme si le temps avait exacerbé les non-dits : «Je me suis dit qu’il était indispensable de révéler des choses, avant que les autres ne le fassent à ma place. Les gendarmes sont devenus les boucs émissaires, ce qui est facile avec la Grande Muette.» Il ajoute : «Mon livre s’appelle les Deux Affaires Grégory. Cela signifie que celle du fiasco et de la dérive médiatique ne doit pas occulter l’autre, celle de la mort d’un enfant. Il faut résoudre la question fondamentale : qui a tué Grégory ?» La question n’a jamais cessé de le tarauder. Aujourd’hui encore, la justice aimerait bien le savoir.

(1) Compagnie chargée de missions de police générale et de police judiciaire militaire dans un détachement à l’étranger

Julie Brafman

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Message par Kassandra88 Jeu 15 Nov 2018, 14:08

Ce n'est pas un article de presse, mais je trouvais cette chronologie intéressante et ne souhaitait pas qu'elle soit noyée dans la masse des échanges:
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Message par Invité Mar 27 Nov 2018, 14:26

je mets ça là - je trouve que c'est pas mal fait du tout et que ça peut être un bon point de départ pour ceux et celles qui découvriraient l'affaire... (ou qui voudraient se faire une synthèse afin d 'y voir plus clair...)

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Message par weltG Mar 27 Nov 2018, 15:15

Kassandra88 a écrit:Ce n'est pas un article de presse, mais je trouvais cette chronologie intéressante et ne souhaitait pas qu'elle soit noyée dans la masse des échanges:
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Bonjour et merci !
On sait qui a établi la chronologie ? Un journaliste ?
J'ignorais qu'il y a un arbre "geneastar" de Gregory !
Cette affaire rend fou...

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Message par ruth Lun 11 Fév 2019, 13:02

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Il ne s'agit pas d'un article de presse mais d'un billet du blog Justice Au Singulier, de l'ancien avocat général P. Bilger.
Ce blog traite à un rythme soutenu des sujets les plus divers, souvent en lien avec l'actualité. Paradoxalement, les questions judiciaires sont assez rarement présentes.

Daté du 21 juin 2017 et réagissant à la relance de l'affaire, ce billet m'a semblé être une mise en perspective  intéressante, malgré une ou deux erreurs ponctuelles.

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est une volupté de fin gourmet." -   
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Message par Invité Lun 11 Fév 2019, 14:43

ruth a écrit:[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Il ne s'agit pas d'un article de presse mais d'un billet du blog Justice Au Singulier, de l'ancien avocat général P. Bilger.
Ce blog traite à un rythme soutenu des sujets les plus divers, souvent en lien avec l'actualité. Paradoxalement, les questions judiciaires sont assez rarement présentes.

Daté du 21 juin 2017 et réagissant à la relance de l'affaire, ce billet m'a semblé être une mise en perspective  intéressante, malgré une ou deux erreurs ponctuelles.

Merci Ruth
Oui c'est intéressant je ne connaissais pas ce blog
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Message par Electra Lun 16 Déc 2019, 16:17

Il s'agit bien du frère de MAL et Muriel, le faire part de décès a d'ailleurs été donné sur le forum en temps et en heure, et a même suscité une discussion en raison de messages personnels un peu mystérieux laissés sur Libra Memoria.
René s'est suicidé.

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Message par Casta Lun 16 Déc 2019, 16:50

Merci Electra

Curieuse coïncidence, cet homme s'est suicidé au moment où sa soeur, Murielle, a commencé sa grève de la faim en prison.
Il n'est pas impossible toutefois qu'elle ait commencé sa grève de la faim après avoir appris le suicide de son frère.

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Message par Electra Mar 17 Déc 2019, 14:33

Une analyse interessante du phénomène affaire Grégory dans le magazine Slate,  extraits :

<< L'enquête n'est pas une fin en soi mais le levier d'une aliénation générale qui va ancrer le fait divers dans l'inconscient collectif. Plus le mystère est opaque, plus le besoin de savoir devient compulsif: David Fincher et Bong Joon-ho l'avaient bien compris sur Zodiac et Memories of murder. Une pulsion qu'Antoine Raimbault a également eu l'occasion d'ausculter en transposant sur grand écran l'affaire Jacques Viguier dans le passionnant Une intime conviction: «La nature a horreur du vide, paraît-il. Je crois que c'est universel et terriblement humain, ce besoin de vérité. Chacun se sent personnellement touché, concerné presque intimement. Et forcément on met un peu de soi, de sa projection personnelle dans l'enquête.»

...................

Tourner un documentaire comme une fiction pour mieux démont(r)er l'emprise: la mécanique est implacable, et met en exergue la façon dont l'hystérie générale prend progressivement le dessus sur tout. D'abord sur les besoins de l'enquête et sur l'intégrité du processus judiciaire, précipité vers des territoires sombres dont nous ne sommes toujours pas revenus.

«L'affaire dite du petit Grégory est probablement l'un des plus grands fiascos judiciaires que l'on ait connus en France, confirme Antoine Raimbault. Elle a sans doute constitué un tournant, et peut-être même ouvert la boîte de Pandore marquant la mort annoncée du secret de l'instruction et le début de la dangereuse collusion entre le judiciaire et le médiatique.»

.............

Il y a ce moment charnière et proprement hallucinant où, alors que l'enquête piétine et que les regards commencent à se tourner vers Christine Villemin, le journaliste Bezzina suggère au juge Lambert que celle-ci ferait une bonne coupable. La mère éplorée qui assassine son propre enfant? C'est loin de la vérité et pas vraiment logique du point de vue des preuves. Mais quel panache en matière de récit! Comme le disait Alfred Hitchcock, «meilleur est le méchant, meilleure est l'histoire». Quel individu plus terrifiant qu'une mante religieuse qui se cacherait derrière le masque de la normalité?
>>

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Message par Isa Mer 18 Déc 2019, 19:42

oups! je remets le post après correction.
bonsoir Casta, bonsoirElectra,

merci pour vos reponses. Dommage j’ai manqué les discussions en raison de messages personnels un peu mystérieux laissés sur Libra Memoria. Puis je les retrouver si vs me donnerz le fil?
RenéB🤔 Est ce celui qui était souvent chez MAL ( et donc dans le garage au moment où JMV a tiré), le grand avec le béret enfoncé ? René a travaillé ds une scierie et devait aider BL pour ses coupes de bois -je suppute.Il aimait la pêche. Comme RoJ. Ah, les truites de Docelles... Si en plus le René avait un 4L

Isa


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Message par Casta Mer 18 Déc 2019, 20:05

Bonsoir Isa,

J'ai déplacé ton message dans la section adéquate. Ici :

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Message par Casta Jeu 19 Déc 2019, 15:07

Bonjour Nordine.

Merci. C'est très intéressant mais je me demande si les motifs qui peuvent amener certaines mères à tuer leur enfant (ou leurs enfants) ne sont pas "plus simplement" liés à un sentiment profond d'incapacité pour ces mères à assumer leur rôle de "nourricières et de protectrices" de leur rejeton (engendrant du même coup chez elles un très grand désarroi).

Si je puis me permettre la comparaison avec nombre de mamifères, ce qu'on appelle "l'instinct maternel" n'est en fait pas autre chose que la conscience instinctive de ce rôle "nourricier" et protecteur.

Ce sentiment d'incapacité peut avoir différentes origines, je crois : stress ou dénuement extrêmes, dépression, père de l'enfant absent, et autres...

Je ne suis pas du tout psy, je le précise, mais je trouve ce domaine passionnant.

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Message par Kassandra88 Lun 02 Aoû 2021, 18:24

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