Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
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Tueur en série : le grêlé. :: AFFAIRES EN COURS :: AFFAIRES RÉSOLUES .... ou presque
affaires TROADEC, DAVAL, Anaïs G, WISSEM, Lucas T., Sophie Narme
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Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
Demain lundi 28 mars s'ouvre aux Assises de l'Ain un procès difficile, celui de la postière de Montréal -la -
Cluse.
Le premier suspect, longtemps mis en examen, a fini par être innocenté et bénéficier d'un non-lieu, quand il a disparu à l'occasion d'un trajet en train censé le mener à une confrontation avec le suspect devant le remplacer...
C'est cet homme, dont l'ADN a été trouvé sur le sac de Catherine Burgaud qui comparaitra donc devant les jurés. Mais si il a reconnu le vol de la recette du jour, il a toujours clamé son innocence quant au meurtre, et prétend l'avoir trouvée déja morte. Il n'a pas d'antécédents judiciaires et beaucoup de témoignages de moralité en sa faveur....
<< Le 19 décembre 2008, le corps de Catherine Burgod a été retrouvé lardé de 28 coups de couteau dans le bureau de poste de Montréal-la-Cluse (Ain).
Gérard Thomassin, ancien espoir du cinéma français, a longtemps fait figure de suspect numéro 1.
L’acteur est porté disparu depuis deux ans. Un autre suspect, Mamadou Diallo, sera le seul à comparaître devant les Assises de l’Ain, où s’ouvrira le procès lundi. >>
Cette affaire déjà ancienne, beaucoup moins médiatisée que d'autres, présente pourtant plusieurs zones d'ombre et d'inconnues : un suspect qui a avoué, mais sera finalement relâché, parce que c'est l'ADN d'un autre qui a été trouvé, mais ce dernier nie farouchement et n'avoue que le vol. Pourquoi Thomassin a-t-il disparu juste avant confrontation, et où se trouve-t-il ?
<< L’homme, qui se prénomme Mamadou Diallo, est ambulancier et n’a aucun lien avec les deux précédents suspects. On le décrit comme « calme, serviable, non violent et travailleur ». L’année du meurtre, il était en apprentissage mais là encore, ses anciens patrons sont formels. Le gamin était « poli », « ponctuel », « gentil » et « toujours souriant ». Le profil ne colle pas. Mais l’ADN est bien le sien. Placé en garde à vue, le suspect fluctue dans sa version des faits et finit par avouer s’être rendu au bureau de Poste le jour du drame afin d’acheter un billet de train. C’est là qu’il aurait découvert le corps de Catherine Burgot, l’aurait touché avant de dérober la recette du jour et de déguerpir.
« J’avais 18 ans, et à cet âge-là. Je suis conscient que je n’aurais pas dû faire cela, confesse-t-il en garde à vue. A l’époque j’étais paniqué mais jamais je n’aurais pu tuer quelqu’un, je voulais juste acheter mon billet. »
La mystérieuse disparition de Thomassin
Depuis, l’homme clame son innocence. Il reconnaît avoir volé l’argent mais maintient qu’il avait peur d’être accusé à tort du meurtre. Le 29 août, le juge d’instruction décide d’organiser une confrontation entre les trois mis en examen, Gérald Thomassin, son supposé complice et Mamadou Diallo qui fait désormais figure de principal suspect.
Seulement, Gérald Thomassin, qui était sur le point d’être mis hors de cause, ne se présentera jamais. La veille, il a pourtant pris ses dispositions pour regagner Lyon. Exilé en Charente-Maritime, il devait prendre un train et une correspondance à Nantes. L’acteur est bien monté à bord du premier convoi, il a même été verbalisé pour avoir voyagé sans billet. Mais arrivé à Nantes, il a disparu des radars. Personne ne l’a jamais revu depuis ce 28 août 2019. Une information judiciaire pour « enlèvement et séquestration » a été ouverte deux mois plus tard. Les investigations n’ont rien donné. >>
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Un procès qui devrait donc être fort interessant et instructif, et interroger une fois encore sur le poids de l'ADN reine des preuves, mais aussi sur celui des aveux ou rétractations, et les risques de renvoyer devant les Assises des accusés ayant certes de lourdes charges pesant contre eux, mais une part égale d'incertitudes quant à leur implication faute de preuve matérielle évidente ... (l'arme du crime n'a pas été retrouvée)
Cluse.
Le premier suspect, longtemps mis en examen, a fini par être innocenté et bénéficier d'un non-lieu, quand il a disparu à l'occasion d'un trajet en train censé le mener à une confrontation avec le suspect devant le remplacer...
C'est cet homme, dont l'ADN a été trouvé sur le sac de Catherine Burgaud qui comparaitra donc devant les jurés. Mais si il a reconnu le vol de la recette du jour, il a toujours clamé son innocence quant au meurtre, et prétend l'avoir trouvée déja morte. Il n'a pas d'antécédents judiciaires et beaucoup de témoignages de moralité en sa faveur....
<< Le 19 décembre 2008, le corps de Catherine Burgod a été retrouvé lardé de 28 coups de couteau dans le bureau de poste de Montréal-la-Cluse (Ain).
Gérard Thomassin, ancien espoir du cinéma français, a longtemps fait figure de suspect numéro 1.
L’acteur est porté disparu depuis deux ans. Un autre suspect, Mamadou Diallo, sera le seul à comparaître devant les Assises de l’Ain, où s’ouvrira le procès lundi. >>
Cette affaire déjà ancienne, beaucoup moins médiatisée que d'autres, présente pourtant plusieurs zones d'ombre et d'inconnues : un suspect qui a avoué, mais sera finalement relâché, parce que c'est l'ADN d'un autre qui a été trouvé, mais ce dernier nie farouchement et n'avoue que le vol. Pourquoi Thomassin a-t-il disparu juste avant confrontation, et où se trouve-t-il ?
<< L’homme, qui se prénomme Mamadou Diallo, est ambulancier et n’a aucun lien avec les deux précédents suspects. On le décrit comme « calme, serviable, non violent et travailleur ». L’année du meurtre, il était en apprentissage mais là encore, ses anciens patrons sont formels. Le gamin était « poli », « ponctuel », « gentil » et « toujours souriant ». Le profil ne colle pas. Mais l’ADN est bien le sien. Placé en garde à vue, le suspect fluctue dans sa version des faits et finit par avouer s’être rendu au bureau de Poste le jour du drame afin d’acheter un billet de train. C’est là qu’il aurait découvert le corps de Catherine Burgot, l’aurait touché avant de dérober la recette du jour et de déguerpir.
« J’avais 18 ans, et à cet âge-là. Je suis conscient que je n’aurais pas dû faire cela, confesse-t-il en garde à vue. A l’époque j’étais paniqué mais jamais je n’aurais pu tuer quelqu’un, je voulais juste acheter mon billet. »
La mystérieuse disparition de Thomassin
Depuis, l’homme clame son innocence. Il reconnaît avoir volé l’argent mais maintient qu’il avait peur d’être accusé à tort du meurtre. Le 29 août, le juge d’instruction décide d’organiser une confrontation entre les trois mis en examen, Gérald Thomassin, son supposé complice et Mamadou Diallo qui fait désormais figure de principal suspect.
Seulement, Gérald Thomassin, qui était sur le point d’être mis hors de cause, ne se présentera jamais. La veille, il a pourtant pris ses dispositions pour regagner Lyon. Exilé en Charente-Maritime, il devait prendre un train et une correspondance à Nantes. L’acteur est bien monté à bord du premier convoi, il a même été verbalisé pour avoir voyagé sans billet. Mais arrivé à Nantes, il a disparu des radars. Personne ne l’a jamais revu depuis ce 28 août 2019. Une information judiciaire pour « enlèvement et séquestration » a été ouverte deux mois plus tard. Les investigations n’ont rien donné. >>
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Un procès qui devrait donc être fort interessant et instructif, et interroger une fois encore sur le poids de l'ADN reine des preuves, mais aussi sur celui des aveux ou rétractations, et les risques de renvoyer devant les Assises des accusés ayant certes de lourdes charges pesant contre eux, mais une part égale d'incertitudes quant à leur implication faute de preuve matérielle évidente ... (l'arme du crime n'a pas été retrouvée)
L'enfer, c'est les autres.
Electra
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
Merci Electra pour cette rubrique ouverte.
Cette affaire est vraiment atypique à plusieurs titres!
Moi ce qui choque particulièrement dans ce dossier c'est le fait que cette femme était en enceinte de cinq mois, et malgré cela, le tueur n'a pas eu de pitié pour elle cela en dit long sur la psyché et la rage du tueur.
Il est parfaitement possible qu'une tierce personne inconnue du dossier ait fait le coup. Un crime gratuit par un malade de passage comme dans l'affaire Boisseranc, en plus ce n'est pas si loin 105 kilomètres.
Comme si cette affaire n'est pas assez tortueuse, Gérald Thomassin disparaît alors qu'il devait être mis définitivement hors de cause et recevoir une grosse Indemnisation pour les 903 jours de prison quasiment 3 ans.
Il était à sec financièrment et il avait pour projet d'acheter camping-car avec cet argent d'après son frère, cela n'a aucun sens de disparaître de cette manière et ce jour en question.
.. et franchement disparaître dans un train ou dans une gare sans être capté par aucune caméras et témoins oculaires surtout pour un mec qui ne passe pas inaperçu c'est TRÈS fort..
Les enquêteurs ont-ils vérifié si Gérald Thomassin n'a pas été suivi pendant son trajet ?!
Je privilégie le guet-apens pour l'empêcher d'avoir à témoigner.
Cette affaire est vraiment atypique à plusieurs titres!
Moi ce qui choque particulièrement dans ce dossier c'est le fait que cette femme était en enceinte de cinq mois, et malgré cela, le tueur n'a pas eu de pitié pour elle cela en dit long sur la psyché et la rage du tueur.
Il est parfaitement possible qu'une tierce personne inconnue du dossier ait fait le coup. Un crime gratuit par un malade de passage comme dans l'affaire Boisseranc, en plus ce n'est pas si loin 105 kilomètres.
Comme si cette affaire n'est pas assez tortueuse, Gérald Thomassin disparaît alors qu'il devait être mis définitivement hors de cause et recevoir une grosse Indemnisation pour les 903 jours de prison quasiment 3 ans.
Il était à sec financièrment et il avait pour projet d'acheter camping-car avec cet argent d'après son frère, cela n'a aucun sens de disparaître de cette manière et ce jour en question.
.. et franchement disparaître dans un train ou dans une gare sans être capté par aucune caméras et témoins oculaires surtout pour un mec qui ne passe pas inaperçu c'est TRÈS fort..
Les enquêteurs ont-ils vérifié si Gérald Thomassin n'a pas été suivi pendant son trajet ?!
Je privilégie le guet-apens pour l'empêcher d'avoir à témoigner.
Invité- Invité
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
<< «Depuis le début, je déclare que je suis innocent, je n'ai rien à voir avec la mort de cette pauvre femme», a assuré l'accusé de 32 ans, vêtu d'une ample chemise blanche, à l'ouverture des débats à Bourg-en-Bresse. Treize ans après les faits, au terme d'une longue enquête qui a un temps pointé comme suspect Gérald Thomassin, ex-espoir du cinéma français devenu marginal puis porté disparu depuis 2019, Mamadou Diallo nie farouchement avoir tué Catherine Burgod. Cette énigme judiciaire a fait l'objet d'un livre signé par la journaliste Florence Aubenas, «L'Inconnu de la Poste», paru en février 2021 après plusieurs années d'enquête. >>
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<< Le dernier livre de Florence Aubenas, construit exclusivement avec des éléments de la réalité, se dévore comme un polar. La journaliste ne laisse aucun détail de côté, et se les accapare pour construire un récit palpitant comme un Simenon. Si la réalité dépasse parfois la fiction, c'est la plume de Florence Aubenas qui transfigure ici le fait divers en intrigue aux allures romanesques. La journaliste hisse les protagonistes de l'affaire - Gérald Thomassin et sa gueule d'ange fracassée ou Catherine Burgod, à l'âme complexe - au rang de personnages à la stature stendhalienne. La journaliste ne néglige pas non plus ses personnages/protagonistes secondaires, du père de la victime, à son avocat, en passant par les acolytes de Thomassin.
Le décor, le contexte social, le quotidien anodin de la population de ce coin reculé, dans lequel surgit l'inimaginable, est décrit avec une précision maniaque, donnant au récit une épaisseur universelle. Et c'est aussi le portrait d'une certaine France, celle des campagnes abandonnées, que dessine Florence Aubenas à travers le récit de ce fait divers. >>
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<< Le dernier livre de Florence Aubenas, construit exclusivement avec des éléments de la réalité, se dévore comme un polar. La journaliste ne laisse aucun détail de côté, et se les accapare pour construire un récit palpitant comme un Simenon. Si la réalité dépasse parfois la fiction, c'est la plume de Florence Aubenas qui transfigure ici le fait divers en intrigue aux allures romanesques. La journaliste hisse les protagonistes de l'affaire - Gérald Thomassin et sa gueule d'ange fracassée ou Catherine Burgod, à l'âme complexe - au rang de personnages à la stature stendhalienne. La journaliste ne néglige pas non plus ses personnages/protagonistes secondaires, du père de la victime, à son avocat, en passant par les acolytes de Thomassin.
Le décor, le contexte social, le quotidien anodin de la population de ce coin reculé, dans lequel surgit l'inimaginable, est décrit avec une précision maniaque, donnant au récit une épaisseur universelle. Et c'est aussi le portrait d'une certaine France, celle des campagnes abandonnées, que dessine Florence Aubenas à travers le récit de ce fait divers. >>
L'enfer, c'est les autres.
Electra
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
"L’accusé, dont certaines déclarations face aux enquêteurs ont été changeantes, voire inexactes, a promis de « raconter [sa] vérité cette semaine », sans toutefois mesurer tout à fait l’ambiguïté de ces mots. "
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Dans son livre , F.Aubenas rapporte ce qu'elle a appris sur cet accusé . Très bon livre d'enquête , elle est allée sur place et a pu parler avec de nombreux témoins.
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Dans son livre , F.Aubenas rapporte ce qu'elle a appris sur cet accusé . Très bon livre d'enquête , elle est allée sur place et a pu parler avec de nombreux témoins.
Lisetoct
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
FAITS DIVERS
Le meurtre mystérieux de la postière de Montréal-la-Cluse jugé aux assises de l’Ain
Le procès de Mamadou Diallo, 32 ans, acccusé d’avoir assassiné Catherine Burgod, en 2008, s’est ouvert lundi 28 mars. L’acteur Gérald Thomassin, longtemps soupçonné dans cette affaire, aujourd’hui porté disparu, a bénéficié d’un non-lieu en 2020.
Par Florence Aubenas(Bourg-en-Bresse, envoyée spéciale) / Le Monde AB.
Du sang en grande flaque rouge sur le sol blanc. Du sang encore sur la faïence claire de l’évier. Et du sang sur la femme à terre, tellement de sang que son visage en a pris la couleur. Elle ressemble à un pantin désarticulé, « comme si elle avait été jetée ». A la barre des témoins, Claude Boissard, secouriste et technicien dans l’industrie, paraît vivre de nouveau ce matin de décembre 2008 au bureau de poste de Montréal-la-Cluse (Ain). « Il y avait une telle violence dans la scène que j’ai reculé. J’ai dit : ne touchez à rien, c’est un crime. » Aux assises de Bourg-en-Bresse, le meurtre de Catherine Burgod, la postière, est finalement jugé treize ans après les faits.
« Affaire Mamadou Diallo… », commence la présidente, Marie Salord, à l’ouverture du procès lundi 28 mars. L’annonce provoque un imperceptible flottement. Le dossier a si longtemps été appelé l’« affaire Gérald Thomassin » qu’on se demande un instant si on ne s’est pas trompé de salle. C’est dans cet entre-deux, justement, que l’audience va se jouer pendant toute cette semaine. Thomassin et Diallo ne se connaissent pas, jamais vu, pas le même âge, pas la même vie. Au contraire, tout les oppose, jusqu’à la caricature : le premier est un acteur fracassé, l’autre un ambulancier sans histoire. Tous deux, pourtant, ont été accusés d’avoir tué Catherine Burgod de 28 coups de couteau pour 2 500 euros. Et tous deux le nient.
Certains magistrats avaient d’ailleurs envisagé un temps de les faire comparaître côte à côte pour ce même meurtre, confiant aux jurés le rôle hallucinant de désigner leur assassin préféré. Mais la symétrie a fini par se rompre. En 2020, Thomassin-l’obscur, avec sa tête de coupable idéal, a bénéficié d’un non-lieu tandis que Diallo-le solaire, l’enfant chéri du pays, se retrouve dans le box aujourd’hui.
Faisceau d’indices
C’est chez Thomassin que l’enquête a commencé, une heure à peine après la découverte du crime, le 19 décembre 2008 vers 10 h 10. Dans le bourg, sa porte est la première où les gendarmes ont choisi de frapper. Pourquoi lui ? « C’est un toxicomane, connu pour ses tentatives de suicide. On a tout de suite pensé à lui », raconte un enquêteur. Thomassin a le talent pour attirer la lumière, celle des drames surtout. Né en 1974, élevé par l’assistance publique, il est casté à 16 ans dans un foyer pour tourner avec Jacques Doillon. Le César du meilleur espoir masculin couronne son premier rôle, une vingtaine de longs-métrages s’aligne sur son CV. Pour tout autre, on parlerait de jolie carrière. Pas pour lui. Thomassin a gardé un pied dans le ruisseau, l’autre sur le tapis rouge.
Entre les rôles, il vit du RSA, promène sur les bancs publics sa petite gueule balafrée et ses canettes de bière. Le gars est fragile. On le paie pour ça, jouer les déglingués. Mais la lumière des projecteurs n’est pas celle des palais de justice. A Montréal-la-Cluse, où il a voulu se mettre au vert, l’acteur devient vite le suspect numéro 1. Mis en examen, il fait trois ans de détention provisoire.
« Il faut être honnête, quand on a démarré cette piste, on y croyait tous, moi le premier », explique à la barre l’adjudant-chef Emmanuel Roy, directeur d’enquête. Il énumère le faisceau d’indices qui oriente à l’époque les investigations : Thomassin habite en face de la poste, il est toujours à court d’argent, il porte un cran d’arrêt, il a mimé le meurtre en public. Même sa filmographie paraît un casier judiciaire : dans l’un de ses rôles, il fait ouvrir un coffre sous la menace d’un couteau. « Mais quelle preuve contre lui ? », demande Séverine Debourg, avocate pour la partie civile. « Aucune », lâche Emmanuel Roy. « Pas de témoin, pas un bout d’ADN, pas une trace qui l’accuse », ni chez lui de Catherine Burgod, ni de lui sur la scène de crime. Dans le bureau de poste, des empreintes génétiques ont pourtant été relevées – notamment sur le monnayeur – et transmises au Fichier national des empreintes génétiques. ça n’a rien donné.
« Avenant » et « serviable »
Dix ans après le meurtre, l’enlisement menace l’enquête lorsque apparaît Mamadou Diallo. Jamais son nom n’avait été mentionné sur les 4 000 cotes du dossier. Sans une carte bancaire lamentablement barbotée, son ADN n’aurait pas non plus été prélevé dans un commissariat. Il matche avec celui découvert à la poste.
« Levez-vous, monsieur », demande la présidente. « Je vais vous demander un exercice difficile, racontez-moi votre vie. » Visage lisse, 31 ans, chemise blanche, allure de gendre parfait, Diallo était lycéen au moment des faits. Il a grandi dans une famille ouvrière à Nurieux, le village à côté de Montréal-la-Cluse, sans jamais penser s’éloigner. Plus jeune, il se voyait policier ou footballeur professionnel, on lui trouvait un petit talent. Finalement ce sera ambulancier, 1 800 euros par mois. Diallo venait d’acheter un appartement et préparait son mariage, quand il a été interpellé en 2018. « Je veux faire ma vie avec lui, avoir des enfants, des choses simples », pleure sa fiancée devant la cour.
Lire aussi : Meurtre de la postière Catherine Burgod : un homme « modèle » dans le box des accusés
A vrai dire, les témoignages sont unanimes. Diallo donnait « pleine satisfaction » à son patron, il était un « modèle » pour ses deux sœurs et son grand frère. « Il a repris le flambeau quand je suis parti comme commercial en région parisienne », raconte l’aîné. Sur sa personnalité, l’ensemble des témoignages n’a pas duré une heure, où les adjectifs « avenant » et « serviable » sont revenus en refrain une bonne dizaine de fois.
Diallo est « fusionnel » avec sa mère, « hyperproche » de sa fratrie, « totalement amoureux » d’Elisa. A personne pourtant, le jeune homme n’a raconté pendant toutes ces années ce qu’il a avoué à l’instruction : il est bien entré dans l’agence le matin du meurtre, puis s’est enfui, raflant une liasse de billets. En revanche, il nie avoir donné les coups de couteau : Catherine Burgod était déjà morte, assure-t-il, quand il est arrivé.
En apprenant l’arrestation de Mamadou, son frère a eu l’impression « d’être dans un film. C’était surréaliste. Je n’arrive pas à croire qu’il est accusé d’une telle horreur ». Il est innocent du meurtre, le frère en est sûr, la fiancée aussi. Pourquoi n’a-t-il pas au moins prévenu les gendarmes ? « Erreur de jeunesse », soutient son avocate, Sylvie Noachovitch.
Alors, qui a tué Catherine Burgod ? Debout, Me Noachovitch a entamé la lecture d’un PV où une jeune femme accuse Thomassin de violences, alors qu’ils partageaient une tente avec deux rats et un chien du côté de Rochefort (Charente-Maritime). Bien que l’acteur soit tout à fait innocenté, une journée entière du procès lui sera consacrée, à la demande de la défense. Thomassin, lui, n’y viendra pas. Le 29 août 2019, il aurait dû rencontrer Diallo pour la première fois à une confrontation chez le juge d’instruction. Il n’est jamais arrivé au palais de justice de Lyon. Depuis, il est porté disparu. C’est l’autre question du procès.
Florence Aubenas(Bourg-en-Bresse, envoyée spéciale)
Le meurtre mystérieux de la postière de Montréal-la-Cluse jugé aux assises de l’Ain
Le procès de Mamadou Diallo, 32 ans, acccusé d’avoir assassiné Catherine Burgod, en 2008, s’est ouvert lundi 28 mars. L’acteur Gérald Thomassin, longtemps soupçonné dans cette affaire, aujourd’hui porté disparu, a bénéficié d’un non-lieu en 2020.
Par Florence Aubenas(Bourg-en-Bresse, envoyée spéciale) / Le Monde AB.
Du sang en grande flaque rouge sur le sol blanc. Du sang encore sur la faïence claire de l’évier. Et du sang sur la femme à terre, tellement de sang que son visage en a pris la couleur. Elle ressemble à un pantin désarticulé, « comme si elle avait été jetée ». A la barre des témoins, Claude Boissard, secouriste et technicien dans l’industrie, paraît vivre de nouveau ce matin de décembre 2008 au bureau de poste de Montréal-la-Cluse (Ain). « Il y avait une telle violence dans la scène que j’ai reculé. J’ai dit : ne touchez à rien, c’est un crime. » Aux assises de Bourg-en-Bresse, le meurtre de Catherine Burgod, la postière, est finalement jugé treize ans après les faits.
« Affaire Mamadou Diallo… », commence la présidente, Marie Salord, à l’ouverture du procès lundi 28 mars. L’annonce provoque un imperceptible flottement. Le dossier a si longtemps été appelé l’« affaire Gérald Thomassin » qu’on se demande un instant si on ne s’est pas trompé de salle. C’est dans cet entre-deux, justement, que l’audience va se jouer pendant toute cette semaine. Thomassin et Diallo ne se connaissent pas, jamais vu, pas le même âge, pas la même vie. Au contraire, tout les oppose, jusqu’à la caricature : le premier est un acteur fracassé, l’autre un ambulancier sans histoire. Tous deux, pourtant, ont été accusés d’avoir tué Catherine Burgod de 28 coups de couteau pour 2 500 euros. Et tous deux le nient.
Certains magistrats avaient d’ailleurs envisagé un temps de les faire comparaître côte à côte pour ce même meurtre, confiant aux jurés le rôle hallucinant de désigner leur assassin préféré. Mais la symétrie a fini par se rompre. En 2020, Thomassin-l’obscur, avec sa tête de coupable idéal, a bénéficié d’un non-lieu tandis que Diallo-le solaire, l’enfant chéri du pays, se retrouve dans le box aujourd’hui.
Faisceau d’indices
C’est chez Thomassin que l’enquête a commencé, une heure à peine après la découverte du crime, le 19 décembre 2008 vers 10 h 10. Dans le bourg, sa porte est la première où les gendarmes ont choisi de frapper. Pourquoi lui ? « C’est un toxicomane, connu pour ses tentatives de suicide. On a tout de suite pensé à lui », raconte un enquêteur. Thomassin a le talent pour attirer la lumière, celle des drames surtout. Né en 1974, élevé par l’assistance publique, il est casté à 16 ans dans un foyer pour tourner avec Jacques Doillon. Le César du meilleur espoir masculin couronne son premier rôle, une vingtaine de longs-métrages s’aligne sur son CV. Pour tout autre, on parlerait de jolie carrière. Pas pour lui. Thomassin a gardé un pied dans le ruisseau, l’autre sur le tapis rouge.
Entre les rôles, il vit du RSA, promène sur les bancs publics sa petite gueule balafrée et ses canettes de bière. Le gars est fragile. On le paie pour ça, jouer les déglingués. Mais la lumière des projecteurs n’est pas celle des palais de justice. A Montréal-la-Cluse, où il a voulu se mettre au vert, l’acteur devient vite le suspect numéro 1. Mis en examen, il fait trois ans de détention provisoire.
« Il faut être honnête, quand on a démarré cette piste, on y croyait tous, moi le premier », explique à la barre l’adjudant-chef Emmanuel Roy, directeur d’enquête. Il énumère le faisceau d’indices qui oriente à l’époque les investigations : Thomassin habite en face de la poste, il est toujours à court d’argent, il porte un cran d’arrêt, il a mimé le meurtre en public. Même sa filmographie paraît un casier judiciaire : dans l’un de ses rôles, il fait ouvrir un coffre sous la menace d’un couteau. « Mais quelle preuve contre lui ? », demande Séverine Debourg, avocate pour la partie civile. « Aucune », lâche Emmanuel Roy. « Pas de témoin, pas un bout d’ADN, pas une trace qui l’accuse », ni chez lui de Catherine Burgod, ni de lui sur la scène de crime. Dans le bureau de poste, des empreintes génétiques ont pourtant été relevées – notamment sur le monnayeur – et transmises au Fichier national des empreintes génétiques. ça n’a rien donné.
« Avenant » et « serviable »
Dix ans après le meurtre, l’enlisement menace l’enquête lorsque apparaît Mamadou Diallo. Jamais son nom n’avait été mentionné sur les 4 000 cotes du dossier. Sans une carte bancaire lamentablement barbotée, son ADN n’aurait pas non plus été prélevé dans un commissariat. Il matche avec celui découvert à la poste.
« Levez-vous, monsieur », demande la présidente. « Je vais vous demander un exercice difficile, racontez-moi votre vie. » Visage lisse, 31 ans, chemise blanche, allure de gendre parfait, Diallo était lycéen au moment des faits. Il a grandi dans une famille ouvrière à Nurieux, le village à côté de Montréal-la-Cluse, sans jamais penser s’éloigner. Plus jeune, il se voyait policier ou footballeur professionnel, on lui trouvait un petit talent. Finalement ce sera ambulancier, 1 800 euros par mois. Diallo venait d’acheter un appartement et préparait son mariage, quand il a été interpellé en 2018. « Je veux faire ma vie avec lui, avoir des enfants, des choses simples », pleure sa fiancée devant la cour.
Lire aussi : Meurtre de la postière Catherine Burgod : un homme « modèle » dans le box des accusés
A vrai dire, les témoignages sont unanimes. Diallo donnait « pleine satisfaction » à son patron, il était un « modèle » pour ses deux sœurs et son grand frère. « Il a repris le flambeau quand je suis parti comme commercial en région parisienne », raconte l’aîné. Sur sa personnalité, l’ensemble des témoignages n’a pas duré une heure, où les adjectifs « avenant » et « serviable » sont revenus en refrain une bonne dizaine de fois.
Diallo est « fusionnel » avec sa mère, « hyperproche » de sa fratrie, « totalement amoureux » d’Elisa. A personne pourtant, le jeune homme n’a raconté pendant toutes ces années ce qu’il a avoué à l’instruction : il est bien entré dans l’agence le matin du meurtre, puis s’est enfui, raflant une liasse de billets. En revanche, il nie avoir donné les coups de couteau : Catherine Burgod était déjà morte, assure-t-il, quand il est arrivé.
En apprenant l’arrestation de Mamadou, son frère a eu l’impression « d’être dans un film. C’était surréaliste. Je n’arrive pas à croire qu’il est accusé d’une telle horreur ». Il est innocent du meurtre, le frère en est sûr, la fiancée aussi. Pourquoi n’a-t-il pas au moins prévenu les gendarmes ? « Erreur de jeunesse », soutient son avocate, Sylvie Noachovitch.
Alors, qui a tué Catherine Burgod ? Debout, Me Noachovitch a entamé la lecture d’un PV où une jeune femme accuse Thomassin de violences, alors qu’ils partageaient une tente avec deux rats et un chien du côté de Rochefort (Charente-Maritime). Bien que l’acteur soit tout à fait innocenté, une journée entière du procès lui sera consacrée, à la demande de la défense. Thomassin, lui, n’y viendra pas. Le 29 août 2019, il aurait dû rencontrer Diallo pour la première fois à une confrontation chez le juge d’instruction. Il n’est jamais arrivé au palais de justice de Lyon. Depuis, il est porté disparu. C’est l’autre question du procès.
Florence Aubenas(Bourg-en-Bresse, envoyée spéciale)
Lisetoct
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
Me Sylvie Noachovitch, l’avocate de Mamadou Diallo : « Le condamner serait une énorme erreur judiciaire »
Je plussoie,
Je plussoie,
Invité- Invité
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
Salut,
penser à piquer du fric lorsque l'on tombe sur un cadavre, est un réflexe de charognard, il faut être le dernier des derniers pour agir ainsi.
Ce n'est pas l'acte d'un humain qui devrai être surprit par la mort violente d'un de ses semblable. . .Lui y a vu une aubaine....Qu'est ce qu'on peut dire quand on défend ca ? Sinon qu'il aurait pu manger un morceau et qu'il ne l'a pas fait, ce c.........qu'il est.
Cordialement,
penser à piquer du fric lorsque l'on tombe sur un cadavre, est un réflexe de charognard, il faut être le dernier des derniers pour agir ainsi.
Ce n'est pas l'acte d'un humain qui devrai être surprit par la mort violente d'un de ses semblable. . .Lui y a vu une aubaine....Qu'est ce qu'on peut dire quand on défend ca ? Sinon qu'il aurait pu manger un morceau et qu'il ne l'a pas fait, ce c.........qu'il est.
Cordialement,
JM
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
Meurtre de Montréal-la-Cluse : à la barre, les mots des enfants de Catherine Burgod
« Là-bas, je suis le fils de la victime », « une grande dame qui s’occupait des autres »… Mercredi, le fils et la fille de la postière tuée en 2008 ont été entendus. Ils sont aujourd’hui âgés de 32 ans et 21 ans.
Par Florence Aubenas(envoyée spéciale à Bourg-en-Bresse (Ain))/ Le Monde.
Un lac d’un bleu étonnant, des sapins à l’infini, la ligne sévère d’un cirque de montagnes et au milieu Montréal-la-Cluse, 3 800 habitants, dans le Haut-Bugey. « On n’est pas un territoire, où on se dit facilement qu’on s’aime », raconte Cédric Arduini, 32 ans, devant la cour d’assises de l’Ain, à Bourg-en-Bresse. Depuis quand n’avait-il pas serré sa sœur Justine dans ses bras ? Ils l’ont fait la veille, alors qu’ils s’apprêtaient tous deux à affronter cette journée attendue et redoutée depuis treize ans : témoigner devant la justice. Jusqu’au 4 avril se tient le procès pour le meurtre de leur mère, Catherine Burgod, tuée le 19 décembre 2008, de 28 coups de couteau à la poste de Montréal-la Cluse, où elle était employée.
Au troisième jour d’audience, sa famille est entendue. « Ma mère était douce, présente, puis d’un coup, je ne l’ai plus vue. On ne m’en parlait pas. J’ai compris tard ce qui s’était passé, en lisant des choses sur Internet », explique à son tour Justine, 21 ans. Elle en avait 8 à l’époque. On dirait que c’est la première fois qu’elle parle d’elle, qu’elle parle de ça. « Il me reste très peu de souvenirs de mon enfance, on les a tous mis de côté pour ne pas avoir trop mal. »
Dans le box des accusés, Mamadou Diallo garde ce visage immobile, inchangé depuis le début de l’audience. Il a le même âge que Cédric Arduini, ils ont fréquenté le même collège dans le centre du bourg. A l’audience, leurs regards se fuient. « J’aurais voulu éviter qu’on le dise. J’aimerais l’oublier, reprend Arduini à la barre. Mais, on est un petit village, un huis clos. Tout le monde se connaît. »
Son grand-père était secrétaire général à la municipalité, sa mère tenait le bureau de poste, « une grande dame qui s’occupait des autres, c’était bien plus qu’une simple agence ». Ils lui ont donné la vocation du service public, ses professeurs au lycée l’auraient bien vu devenir maire du village. Cédric Arduini comptait y vivre après des études en aménagement du territoire. « Mais là-bas, je suis le fils de la victime, ce n’est pas glorieux. Je ne veux pas de ce statut. » Lui veut se préserver, ne pas se plaindre. « Aller de l’avant. » Les mots résonnent comme une devise familiale. A Lyon, où il s’est installé, beaucoup de ses amis ont découvert son histoire dans la presse, à l’approche du procès.
Le père ne peut pas venir témoigner
Mario Arduini, son père, a été le premier soupçonné du meurtre. A l’époque, le couple est en plein divorce, lui vient d’apprendre que son ex-femme attend un enfant d’un nouveau compagnon. « Les gendarmes m’ont dit : “Les très proches sont les premiers suspects. On va faire notre travail”. » Il leur a répondu « allez-y, faites ce qu’il faut ». Innocenté, Mario Arduini se retrouve seul avec les enfants. Son propre père est mort jeune, ils étaient six à la maison, à grandir comme ils pouvaient. « Je n’ai pas connu ce truc maternel, je ne savais pas comment c’était d’élever des gamins. Catherine s’en occupait. » Lui travaillait tard, manageur commercial dans les assurances, un autodidacte. Le contrecoup lui est vite tombé dessus. « Je sentais les regards sur moi. Chez les clients, on ne me parlait que de ça. »
Le seul à évoquer l’affaire, c’est Raymond Burgod, 81 ans, le père de Catherine. Il ne respire plus que pour ça, tout y passe, son temps, son argent, les repas de famille. Sa fille était sa vie, il la voulait près de lui, sans cesse. Il lui avait trouvé cet emploi à la poste pour la faire revenir à Montréal-la-Cluse, quand elle avait emménagé à Megève, une heure de route à peine. Malade, Raymond Burgod avait peur de mourir avant que le procès ne se tienne. Treize ans durant, il a préparé ce qu’il dirait aux jurés, chaque journée lui semblait une victoire gagnée sur le sort. Mais l’audience était sans cesse repoussée, l’enquête s’enlisait .
Longtemps, Gérald Thomassin, un acteur habitant en face du bureau de poste, a été accusé du meurtre et incarcéré, malgré l’absence de preuves. Un non-lieu l’a innocenté quand l’ADN relevé sur la scène de crime s’est révélé correspondre avec celui de Mamadou Diallo, en 2018. Celui-ci nie le meurtre. Devant la cour, il a répété sa version d’une voix égale : il serait entré dans l’agence, aurait découvert la postière assassinée et se serait alors enfui, sans prévenir les gendarmes et volant des billets au passage. Il risque la perpétuité. Après l’ouverture des assises, l’état de santé de Raymond Burgod s’est dramatiquement dégradé. Il ne pourra pas venir témoigner. « Nous, on a hérité de tout ça », dit Cédric Arduini, son petit-fils.
Soudain, à la barre, sa sœur Justine a crié des mots qui maintenant se bousculent : « C’était une mère, elle a subi autant de violences pour 2 000 balles. C’est ça ? » Elle est la dernière à l’avoir vue vivante ce matin-là, avant de monter dans le car pour l’école. Dans le box, on ne voit plus de Mamadou Diallo que l’arrondi de son dos. Il s’est mis à pleurer.
Florence Aubenas(envoyée spéciale à Bourg-en-Bresse (Ain))
« Là-bas, je suis le fils de la victime », « une grande dame qui s’occupait des autres »… Mercredi, le fils et la fille de la postière tuée en 2008 ont été entendus. Ils sont aujourd’hui âgés de 32 ans et 21 ans.
Par Florence Aubenas(envoyée spéciale à Bourg-en-Bresse (Ain))/ Le Monde.
Un lac d’un bleu étonnant, des sapins à l’infini, la ligne sévère d’un cirque de montagnes et au milieu Montréal-la-Cluse, 3 800 habitants, dans le Haut-Bugey. « On n’est pas un territoire, où on se dit facilement qu’on s’aime », raconte Cédric Arduini, 32 ans, devant la cour d’assises de l’Ain, à Bourg-en-Bresse. Depuis quand n’avait-il pas serré sa sœur Justine dans ses bras ? Ils l’ont fait la veille, alors qu’ils s’apprêtaient tous deux à affronter cette journée attendue et redoutée depuis treize ans : témoigner devant la justice. Jusqu’au 4 avril se tient le procès pour le meurtre de leur mère, Catherine Burgod, tuée le 19 décembre 2008, de 28 coups de couteau à la poste de Montréal-la Cluse, où elle était employée.
Au troisième jour d’audience, sa famille est entendue. « Ma mère était douce, présente, puis d’un coup, je ne l’ai plus vue. On ne m’en parlait pas. J’ai compris tard ce qui s’était passé, en lisant des choses sur Internet », explique à son tour Justine, 21 ans. Elle en avait 8 à l’époque. On dirait que c’est la première fois qu’elle parle d’elle, qu’elle parle de ça. « Il me reste très peu de souvenirs de mon enfance, on les a tous mis de côté pour ne pas avoir trop mal. »
Dans le box des accusés, Mamadou Diallo garde ce visage immobile, inchangé depuis le début de l’audience. Il a le même âge que Cédric Arduini, ils ont fréquenté le même collège dans le centre du bourg. A l’audience, leurs regards se fuient. « J’aurais voulu éviter qu’on le dise. J’aimerais l’oublier, reprend Arduini à la barre. Mais, on est un petit village, un huis clos. Tout le monde se connaît. »
Son grand-père était secrétaire général à la municipalité, sa mère tenait le bureau de poste, « une grande dame qui s’occupait des autres, c’était bien plus qu’une simple agence ». Ils lui ont donné la vocation du service public, ses professeurs au lycée l’auraient bien vu devenir maire du village. Cédric Arduini comptait y vivre après des études en aménagement du territoire. « Mais là-bas, je suis le fils de la victime, ce n’est pas glorieux. Je ne veux pas de ce statut. » Lui veut se préserver, ne pas se plaindre. « Aller de l’avant. » Les mots résonnent comme une devise familiale. A Lyon, où il s’est installé, beaucoup de ses amis ont découvert son histoire dans la presse, à l’approche du procès.
Le père ne peut pas venir témoigner
Mario Arduini, son père, a été le premier soupçonné du meurtre. A l’époque, le couple est en plein divorce, lui vient d’apprendre que son ex-femme attend un enfant d’un nouveau compagnon. « Les gendarmes m’ont dit : “Les très proches sont les premiers suspects. On va faire notre travail”. » Il leur a répondu « allez-y, faites ce qu’il faut ». Innocenté, Mario Arduini se retrouve seul avec les enfants. Son propre père est mort jeune, ils étaient six à la maison, à grandir comme ils pouvaient. « Je n’ai pas connu ce truc maternel, je ne savais pas comment c’était d’élever des gamins. Catherine s’en occupait. » Lui travaillait tard, manageur commercial dans les assurances, un autodidacte. Le contrecoup lui est vite tombé dessus. « Je sentais les regards sur moi. Chez les clients, on ne me parlait que de ça. »
Le seul à évoquer l’affaire, c’est Raymond Burgod, 81 ans, le père de Catherine. Il ne respire plus que pour ça, tout y passe, son temps, son argent, les repas de famille. Sa fille était sa vie, il la voulait près de lui, sans cesse. Il lui avait trouvé cet emploi à la poste pour la faire revenir à Montréal-la-Cluse, quand elle avait emménagé à Megève, une heure de route à peine. Malade, Raymond Burgod avait peur de mourir avant que le procès ne se tienne. Treize ans durant, il a préparé ce qu’il dirait aux jurés, chaque journée lui semblait une victoire gagnée sur le sort. Mais l’audience était sans cesse repoussée, l’enquête s’enlisait .
Longtemps, Gérald Thomassin, un acteur habitant en face du bureau de poste, a été accusé du meurtre et incarcéré, malgré l’absence de preuves. Un non-lieu l’a innocenté quand l’ADN relevé sur la scène de crime s’est révélé correspondre avec celui de Mamadou Diallo, en 2018. Celui-ci nie le meurtre. Devant la cour, il a répété sa version d’une voix égale : il serait entré dans l’agence, aurait découvert la postière assassinée et se serait alors enfui, sans prévenir les gendarmes et volant des billets au passage. Il risque la perpétuité. Après l’ouverture des assises, l’état de santé de Raymond Burgod s’est dramatiquement dégradé. Il ne pourra pas venir témoigner. « Nous, on a hérité de tout ça », dit Cédric Arduini, son petit-fils.
Soudain, à la barre, sa sœur Justine a crié des mots qui maintenant se bousculent : « C’était une mère, elle a subi autant de violences pour 2 000 balles. C’est ça ? » Elle est la dernière à l’avoir vue vivante ce matin-là, avant de monter dans le car pour l’école. Dans le box, on ne voit plus de Mamadou Diallo que l’arrondi de son dos. Il s’est mis à pleurer.
Florence Aubenas(envoyée spéciale à Bourg-en-Bresse (Ain))
Lisetoct
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
« Chaque chose est à sa place, mais tout est éclaboussé de sang » : les extraits du dernier livre de Florence Aubenas
Après quelques années de prison, l’acteur Gérald Thomassin a bénéficié en juillet 2020 d’un non-lieu pour le meurtre d’une postière, survenu douze ans plus tôt dans une commune de l’Ain. Florence Aubenas, grand reporter au « Monde », reconstitue ce fait divers dans « L’Inconnu de la poste », aux éditions de l’Olivier.
Par Florence Aubenas
Publié le 07 février 2021 à 18h00 - Mis à jour le 08 février 2021 à 04h51 Le Monde / AB
Extraits.
Donc ça commence au bord de ce lac, un jour d’été 2007, le 27 juin exactement. Bien que la haute saison démarre, Gérald Thomassin n’a aucun mal à trouver une place au camping de Port, près de Montréal-la-Cluse, un gros village en face de Nantua, sur l’autre rive. Mireille, la patronne, se souvient qu’il portait malgré la chaleur un coquet chapeau de feutre, des gants et un manteau mi-long, en cuir noir. Il lui tend ses papiers. 33 ans, 1,70 m, 52 kilos. Domicilié à Rochefort.
Une femme l’accompagne, un peu plus âgée, Corinne. La veille, on les a vus dormir dans une Renault Kangoo grise sur le parking du cimetière, à la sortie de Montréal-la-Cluse, là où commence la montagne. Maintenant, ils dressent leur tente sur l’adorable pelouse du camping. A vrai dire, ils n’en possédaient pas en arrivant. Ils sont partis l’acheter quand la patronne a refusé de les laisser dormir allongés dans l’herbe, au milieu des caravanes.
Le camping accueille des habitués, les mêmes chaque année, de génération en génération. On s’invite à boire l’apéritif, on partage le jambon au chablis et le gratin, spécialité de la maison. Des barques aux couleurs vives se dandinent sur l’eau au bout de leur chaîne, dans une gaieté naïve de vacances. La plage est à côté, au creux d’une anse que prolonge un ponton gentiment désuet. Tout l’été, les dames des villages déploient serviettes et paniers chaque jour au même endroit, bataillant avec les touristes qui empiéteraient sur leur territoire. Quoi d’autre ? Rien. C’est pour ça qu’on vient.
« La poste doit garder un rôle social, elle aime le répéter. On est humain, il faut aider, on est le service public, n’est-ce pas ? »
Personne n’a jamais vu Thomassin dans l’eau, ni même en maillot de bain. Les jours et les nuits, il les passe avec quelques gamins du camping, collé devant des jeux vidéo, à écluser des bières. C’est durant ce même été 2007 qu’il pousse la porte de la grande poste, à Montréal-la-Cluse. La conseillère financière remarque d’abord son allure. Sur ses vêtements, rien à dire, elle note même une certaine recherche. Pourtant, quelque chose cloche, elle ne saurait dire quoi. Un marginal, sans doute, ils débarquent dans les campagnes maintenant, moins que dans les grandes villes, bien sûr, mais on en voit passer au bord du lac, des jeunes, l’été surtout.
A l’agence, la conseillère a déjà reçu un type avec un bouledogue, un autre avec un rat. Parfois, elle s’arrange pour débloquer les quelques euros nécessaires à maintenir ouverts les comptes les plus tendus. La poste doit garder un rôle social, elle aime le répéter. On est humain, il faut aider, on est le service public, n’est-ce pas ? Thomassin lui annonce qu’il souhaite s’établir à Montréal et ouvrir un Livret A. Il ne semble pas saoul, mais elle lui trouve une odeur d’alcool. Ou alors est-ce une impression, à cause de ce manteau de cuir noir qui suffit à le désigner comme un étranger ? Le genre de client pénible qui vient, jour après jour, retirer trois sous sur son compte jusqu’au prochain versement des allocations. Elle en est sûre. A force, elle les repère.
Sur le formulaire, à la case « profession », elle le voit écrire « acteur ».
Elle n’a pas sursauté, l’habitude professionnelle. Une vedette ? Lui ? Comme Robert Lamoureux qui faisait sensation en descendant de sa décapotable en slip panthère ? Ou Charles Aznavour qui signait des autographes à la charcuterie de Montréal, quand il s’arrêtait acheter du pâté maison ? Encore un mythomane, elle pense. Mais Thomassin s’est déjà lancé, volubile, énumérant les tournages. Les anecdotes et les grands noms défilent, il parle d’une voix douce, pas désagréable. Il roule délicatement une cigarette, manque l’allumer, puis la range, s’excusant poliment. Plus rien ne l’arrête désormais, il raconte le film qu’il vient de terminer, il y a quelques semaines. Il tenait le rôle principal, sous la direction de Jacques Doillon. Est-ce qu’elle connaît Jacques Doillon ? Son cachet était de 20 000 euros, enfin 17 339 exactement, il précise. Il serait incapable de dire où ils ont filé endeux mois. Ses histoires s’étirent, filandreuses, pleines de détails enchevêtrés. Il est même question d’un César du jeune espoir qu’il aurait gagné au début de sa carrière.
« On en vient à ses revenus. Très naturel, il déclare toucher le RMI. Elle en était sûre : tout ce baratin pour en arriver là »
Elle se dit : ça y est, il délire. Elle le dévisage maintenant : des yeux possiblement verts, des cils épais. Elle ne peut s’empêcher de lui trouver quelque chose de profond dans le regard. La drogue, peut-être ?
On en vient à ses revenus. Très naturel, il déclare toucher le RMI.
Elle en était sûre : tout ce baratin pour en arriver là. Dès qu’il quitte l’agence – enfin ! –, la conseillère saute sur Internet. C’est vrai qu’il est acteur, elle le reconnaît sur un site spécialisé. Sa biographie recense plus d’une vingtaine de rôles, un tournage par an pour le cinéma ou la télé. Et le César non plus n’est pas une fable : il l’a gagné en 1991. Elle n’en revient pas. Tout serait vrai, et pourtant elle n’arrive pas à y croire. Pourquoi connaît-elle le nom des autres comédiens dont il a parlé et pas le sien ? De toute manière, qu’est-ce qu’un artiste viendrait chercher aujourd’hui sur les rives du lac de Nantua ?
Au camping, les vacanciers se plaignent de Thomassin. Certains commencent à en avoir peur. Le 14 juillet, il a tiré un coup de fusil en l’air. Un autre soir, emporté par un jeu vidéo, il a brisé son ordinateur en hurlant, comme un cavalier crève sa monture sous lui. C’était le seul objet qu’il s’était acheté avec l’argent de son dernier film. Son amie Corinne repart dans sa Kangoo grise. Trop de bruit, trop d’alcool, trop de disputes. Mireille, la patronne du camping, finit par lui demander de s’en aller aussi. Elle suppose qu’il a dû quitter la région, mais un samedi soir de septembre, à la messe de Montréal-la-Cluse, elle sursaute. Thomassin est là, agenouillé, à quelques bancs d’elle. On dirait qu’il prie. Il a emménagé dans le vieux village quelques jours plus tôt.
(...)Thomassin a loué un studio dans une bâtisse ancienne près de la fontaine, deux étages, quatre petits appartements occupés en général par des gens sans grands moyens. « Des cas sociaux », commente un agent immobilier. Il l’a baptisée la « maison des catastrophes ».
Le logement de Thomassin est au sous-sol, une sorte de cave, à laquelle on accède aussitôt après l’entrée. Il faut ensuite descendre trois marches pour pénétrer dans une pièce qu’éclaire péniblement un soupirail au ras du trottoir. C’est en face que se trouve la petite poste, la seconde agence de Montréal-la-Cluse. (…)
[ La responsable de cette agence est une femme de 41 ans, Catherine Burgod, mère de deux enfants, dont une fillette de 8 ans. En instance de divorce, elle attend un enfant de son nouveau compagnon. Ce matin-là, le 19 décembre 2008, elle arrive en voiture avec sa fille, qui s’apprête à aller à l’école.]
Catherine Burgod se gare à sa place habituelle, devant chez son père, au début de la rue des Granges. A midi, elle déjeunera avec lui, comme tous les lundis, jeudis et vendredis. S’il le décide, ils iront au Charron, en face de la mairie. Depuis des années, sa table lui est réservée chaque jour dans la deuxième salle, celle avec les nappes en tissu et plusieurs verres devant les assiettes.
La poste n’est plus qu’à quelques mètres, de l’autre côté de la fontaine. Un écolier aperçoit la mère et la fille, il reconnaît la Petite, qui lui semble marcher sur la pointe des pieds pour éviter la neige, amassée en croûte dure le long du trottoir. Elle a 8 ans.
8 h 24 et 31 secondes : l’alarme de l’entrée est désactivée. Les volets s’ouvrent, la lumière s’allume, le coffre est déverrouillé dans la salle de repos. Un des ordinateurs entre en fonctionnement à 8 h 32. Dans la salle derrière, la Petite chipote son pain au chocolat, puis quitte l’agence pour prendre le car scolaire à 8 h 40, sur le parking de l’école maternelle, cinquante mètres plus bas. La bande de copines [de Catherine Burgod] ne devrait pas tarder à débarquer. Ça sent déjà le café.
Ce jour-là, le premier à entrer dans la poste est ébéniste, venu en bermuda malgré la neige, le temps de récupérer un paquet, le cadeau de Noël pour sa mère. Il est 9 h 05. Le bureau est ouvert, parfaitement en ordre, mais vide et silencieux. Au milieu de la pièce, il ne voit que le chien de Catherine Burgod, un bichon blanc, parfumé et toiletté comme un milord. Blague des copines : qui des deux, d’elle ou du petit chien, est le plus pomponné ? Pour attirer l’attention, l’ébéniste risque quelques toussotements d’usage. Le bichon le regarde, puis trotte vers la porte qui sépare le bureau de la salle de repos. Il la pousse du museau, à peine, juste un filet qui laisse entrevoir la lumière allumée. Le chien n’aboie pas, tranquille. Une dame entre à son tour dans l’agence, la secrétaire du cabinet médical à côté, qui vient pour un recommandé. On se salue entre voisins et, d’un même mouvement, tous deux lèvent la tête vers l’horloge.
9 h 07. Le jour devrait se lever, mais les nuages continuent de plomber l’horizon. Dans la poste, l’ébéniste et la secrétaire médicale parlent de plus en plus fort, volontairement. Rien ne bouge de l’autre côté de la cloison. L’un finit par crier : « Y a quelqu’un ? » Le silence retombe. Résolument, le bichon s’est campé devant la porte entrebâillée. L’ébéniste se décide à approcher. Lorsqu’il frappe, elle s’écarte toute seule. Le petit chien a bondi à l’intérieur de la salle de repos. Sur la table, il y a la tasse de café de Catherine Burgod avec la cuillère dedans, son paquet de Marlboro, un journal de mots fléchés ouvert et le crayon posé avec soin par-dessus. Sa chaise est à peine repoussée, comme si elle s’était levée tout naturellement. Chaque chose est à sa place, pas un papier n’a bougé, mais tout est éclaboussé de sang, une pluie de sang jusque sur les dessins d’enfants au mur, la vaisselle dans l’égouttoir, le pardessus en laine rouge ou le numéro du magazine Closer sur le guéridon qui proclame : « Alice : elle a déjà oublié Mathias. »
Le petit chien s’est assis à côté de Catherine Burgod. Elle gît entre l’évier et le coffre, dans une nappe de sang.
extraits de " L'inconnu de la poste" F.Aubenas
Après quelques années de prison, l’acteur Gérald Thomassin a bénéficié en juillet 2020 d’un non-lieu pour le meurtre d’une postière, survenu douze ans plus tôt dans une commune de l’Ain. Florence Aubenas, grand reporter au « Monde », reconstitue ce fait divers dans « L’Inconnu de la poste », aux éditions de l’Olivier.
Par Florence Aubenas
Publié le 07 février 2021 à 18h00 - Mis à jour le 08 février 2021 à 04h51 Le Monde / AB
Extraits.
Donc ça commence au bord de ce lac, un jour d’été 2007, le 27 juin exactement. Bien que la haute saison démarre, Gérald Thomassin n’a aucun mal à trouver une place au camping de Port, près de Montréal-la-Cluse, un gros village en face de Nantua, sur l’autre rive. Mireille, la patronne, se souvient qu’il portait malgré la chaleur un coquet chapeau de feutre, des gants et un manteau mi-long, en cuir noir. Il lui tend ses papiers. 33 ans, 1,70 m, 52 kilos. Domicilié à Rochefort.
Une femme l’accompagne, un peu plus âgée, Corinne. La veille, on les a vus dormir dans une Renault Kangoo grise sur le parking du cimetière, à la sortie de Montréal-la-Cluse, là où commence la montagne. Maintenant, ils dressent leur tente sur l’adorable pelouse du camping. A vrai dire, ils n’en possédaient pas en arrivant. Ils sont partis l’acheter quand la patronne a refusé de les laisser dormir allongés dans l’herbe, au milieu des caravanes.
Le camping accueille des habitués, les mêmes chaque année, de génération en génération. On s’invite à boire l’apéritif, on partage le jambon au chablis et le gratin, spécialité de la maison. Des barques aux couleurs vives se dandinent sur l’eau au bout de leur chaîne, dans une gaieté naïve de vacances. La plage est à côté, au creux d’une anse que prolonge un ponton gentiment désuet. Tout l’été, les dames des villages déploient serviettes et paniers chaque jour au même endroit, bataillant avec les touristes qui empiéteraient sur leur territoire. Quoi d’autre ? Rien. C’est pour ça qu’on vient.
« La poste doit garder un rôle social, elle aime le répéter. On est humain, il faut aider, on est le service public, n’est-ce pas ? »
Personne n’a jamais vu Thomassin dans l’eau, ni même en maillot de bain. Les jours et les nuits, il les passe avec quelques gamins du camping, collé devant des jeux vidéo, à écluser des bières. C’est durant ce même été 2007 qu’il pousse la porte de la grande poste, à Montréal-la-Cluse. La conseillère financière remarque d’abord son allure. Sur ses vêtements, rien à dire, elle note même une certaine recherche. Pourtant, quelque chose cloche, elle ne saurait dire quoi. Un marginal, sans doute, ils débarquent dans les campagnes maintenant, moins que dans les grandes villes, bien sûr, mais on en voit passer au bord du lac, des jeunes, l’été surtout.
A l’agence, la conseillère a déjà reçu un type avec un bouledogue, un autre avec un rat. Parfois, elle s’arrange pour débloquer les quelques euros nécessaires à maintenir ouverts les comptes les plus tendus. La poste doit garder un rôle social, elle aime le répéter. On est humain, il faut aider, on est le service public, n’est-ce pas ? Thomassin lui annonce qu’il souhaite s’établir à Montréal et ouvrir un Livret A. Il ne semble pas saoul, mais elle lui trouve une odeur d’alcool. Ou alors est-ce une impression, à cause de ce manteau de cuir noir qui suffit à le désigner comme un étranger ? Le genre de client pénible qui vient, jour après jour, retirer trois sous sur son compte jusqu’au prochain versement des allocations. Elle en est sûre. A force, elle les repère.
Sur le formulaire, à la case « profession », elle le voit écrire « acteur ».
Elle n’a pas sursauté, l’habitude professionnelle. Une vedette ? Lui ? Comme Robert Lamoureux qui faisait sensation en descendant de sa décapotable en slip panthère ? Ou Charles Aznavour qui signait des autographes à la charcuterie de Montréal, quand il s’arrêtait acheter du pâté maison ? Encore un mythomane, elle pense. Mais Thomassin s’est déjà lancé, volubile, énumérant les tournages. Les anecdotes et les grands noms défilent, il parle d’une voix douce, pas désagréable. Il roule délicatement une cigarette, manque l’allumer, puis la range, s’excusant poliment. Plus rien ne l’arrête désormais, il raconte le film qu’il vient de terminer, il y a quelques semaines. Il tenait le rôle principal, sous la direction de Jacques Doillon. Est-ce qu’elle connaît Jacques Doillon ? Son cachet était de 20 000 euros, enfin 17 339 exactement, il précise. Il serait incapable de dire où ils ont filé endeux mois. Ses histoires s’étirent, filandreuses, pleines de détails enchevêtrés. Il est même question d’un César du jeune espoir qu’il aurait gagné au début de sa carrière.
« On en vient à ses revenus. Très naturel, il déclare toucher le RMI. Elle en était sûre : tout ce baratin pour en arriver là »
Elle se dit : ça y est, il délire. Elle le dévisage maintenant : des yeux possiblement verts, des cils épais. Elle ne peut s’empêcher de lui trouver quelque chose de profond dans le regard. La drogue, peut-être ?
On en vient à ses revenus. Très naturel, il déclare toucher le RMI.
Elle en était sûre : tout ce baratin pour en arriver là. Dès qu’il quitte l’agence – enfin ! –, la conseillère saute sur Internet. C’est vrai qu’il est acteur, elle le reconnaît sur un site spécialisé. Sa biographie recense plus d’une vingtaine de rôles, un tournage par an pour le cinéma ou la télé. Et le César non plus n’est pas une fable : il l’a gagné en 1991. Elle n’en revient pas. Tout serait vrai, et pourtant elle n’arrive pas à y croire. Pourquoi connaît-elle le nom des autres comédiens dont il a parlé et pas le sien ? De toute manière, qu’est-ce qu’un artiste viendrait chercher aujourd’hui sur les rives du lac de Nantua ?
Au camping, les vacanciers se plaignent de Thomassin. Certains commencent à en avoir peur. Le 14 juillet, il a tiré un coup de fusil en l’air. Un autre soir, emporté par un jeu vidéo, il a brisé son ordinateur en hurlant, comme un cavalier crève sa monture sous lui. C’était le seul objet qu’il s’était acheté avec l’argent de son dernier film. Son amie Corinne repart dans sa Kangoo grise. Trop de bruit, trop d’alcool, trop de disputes. Mireille, la patronne du camping, finit par lui demander de s’en aller aussi. Elle suppose qu’il a dû quitter la région, mais un samedi soir de septembre, à la messe de Montréal-la-Cluse, elle sursaute. Thomassin est là, agenouillé, à quelques bancs d’elle. On dirait qu’il prie. Il a emménagé dans le vieux village quelques jours plus tôt.
(...)Thomassin a loué un studio dans une bâtisse ancienne près de la fontaine, deux étages, quatre petits appartements occupés en général par des gens sans grands moyens. « Des cas sociaux », commente un agent immobilier. Il l’a baptisée la « maison des catastrophes ».
Le logement de Thomassin est au sous-sol, une sorte de cave, à laquelle on accède aussitôt après l’entrée. Il faut ensuite descendre trois marches pour pénétrer dans une pièce qu’éclaire péniblement un soupirail au ras du trottoir. C’est en face que se trouve la petite poste, la seconde agence de Montréal-la-Cluse. (…)
[ La responsable de cette agence est une femme de 41 ans, Catherine Burgod, mère de deux enfants, dont une fillette de 8 ans. En instance de divorce, elle attend un enfant de son nouveau compagnon. Ce matin-là, le 19 décembre 2008, elle arrive en voiture avec sa fille, qui s’apprête à aller à l’école.]
Catherine Burgod se gare à sa place habituelle, devant chez son père, au début de la rue des Granges. A midi, elle déjeunera avec lui, comme tous les lundis, jeudis et vendredis. S’il le décide, ils iront au Charron, en face de la mairie. Depuis des années, sa table lui est réservée chaque jour dans la deuxième salle, celle avec les nappes en tissu et plusieurs verres devant les assiettes.
La poste n’est plus qu’à quelques mètres, de l’autre côté de la fontaine. Un écolier aperçoit la mère et la fille, il reconnaît la Petite, qui lui semble marcher sur la pointe des pieds pour éviter la neige, amassée en croûte dure le long du trottoir. Elle a 8 ans.
8 h 24 et 31 secondes : l’alarme de l’entrée est désactivée. Les volets s’ouvrent, la lumière s’allume, le coffre est déverrouillé dans la salle de repos. Un des ordinateurs entre en fonctionnement à 8 h 32. Dans la salle derrière, la Petite chipote son pain au chocolat, puis quitte l’agence pour prendre le car scolaire à 8 h 40, sur le parking de l’école maternelle, cinquante mètres plus bas. La bande de copines [de Catherine Burgod] ne devrait pas tarder à débarquer. Ça sent déjà le café.
Ce jour-là, le premier à entrer dans la poste est ébéniste, venu en bermuda malgré la neige, le temps de récupérer un paquet, le cadeau de Noël pour sa mère. Il est 9 h 05. Le bureau est ouvert, parfaitement en ordre, mais vide et silencieux. Au milieu de la pièce, il ne voit que le chien de Catherine Burgod, un bichon blanc, parfumé et toiletté comme un milord. Blague des copines : qui des deux, d’elle ou du petit chien, est le plus pomponné ? Pour attirer l’attention, l’ébéniste risque quelques toussotements d’usage. Le bichon le regarde, puis trotte vers la porte qui sépare le bureau de la salle de repos. Il la pousse du museau, à peine, juste un filet qui laisse entrevoir la lumière allumée. Le chien n’aboie pas, tranquille. Une dame entre à son tour dans l’agence, la secrétaire du cabinet médical à côté, qui vient pour un recommandé. On se salue entre voisins et, d’un même mouvement, tous deux lèvent la tête vers l’horloge.
9 h 07. Le jour devrait se lever, mais les nuages continuent de plomber l’horizon. Dans la poste, l’ébéniste et la secrétaire médicale parlent de plus en plus fort, volontairement. Rien ne bouge de l’autre côté de la cloison. L’un finit par crier : « Y a quelqu’un ? » Le silence retombe. Résolument, le bichon s’est campé devant la porte entrebâillée. L’ébéniste se décide à approcher. Lorsqu’il frappe, elle s’écarte toute seule. Le petit chien a bondi à l’intérieur de la salle de repos. Sur la table, il y a la tasse de café de Catherine Burgod avec la cuillère dedans, son paquet de Marlboro, un journal de mots fléchés ouvert et le crayon posé avec soin par-dessus. Sa chaise est à peine repoussée, comme si elle s’était levée tout naturellement. Chaque chose est à sa place, pas un papier n’a bougé, mais tout est éclaboussé de sang, une pluie de sang jusque sur les dessins d’enfants au mur, la vaisselle dans l’égouttoir, le pardessus en laine rouge ou le numéro du magazine Closer sur le guéridon qui proclame : « Alice : elle a déjà oublié Mathias. »
Le petit chien s’est assis à côté de Catherine Burgod. Elle gît entre l’évier et le coffre, dans une nappe de sang.
extraits de " L'inconnu de la poste" F.Aubenas
Lisetoct
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
Il est honteux de lire que certains présentent Mamadou Diallo comme quelqu'un de serviable, désireux d'aider son prochain...Diallo est un voleur qui trompe la confiance qui lui est accordée par d'honnêtes gens.
Il est celui qui a volé la carte bancaire d'une amie.
Il est celui qui émet des chèques en bois.
Il est celui qui, encore aujourd'hui, dit qu'il a prit des billets ''en passant'', alors qu'il est démontré que pour ce faire, il a enjambé le corps de la postière.
Comme il est honteux de lire que son employeur, sale crasse, en parle comme d'un être normal et d'en rajouter sur le dos de Gerald Thomassin en disant que lui faisait peur au personnel féminin.
Diallo, son frère, son employeur, sont la lie de l'humanité.
.
Il est celui qui a volé la carte bancaire d'une amie.
Il est celui qui émet des chèques en bois.
Il est celui qui, encore aujourd'hui, dit qu'il a prit des billets ''en passant'', alors qu'il est démontré que pour ce faire, il a enjambé le corps de la postière.
Comme il est honteux de lire que son employeur, sale crasse, en parle comme d'un être normal et d'en rajouter sur le dos de Gerald Thomassin en disant que lui faisait peur au personnel féminin.
Diallo, son frère, son employeur, sont la lie de l'humanité.
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JM
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
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Dans cette vidéo, on peut voir combien la défense de M Diallo est lamentable....Son avocate dit'' Thomassin'' en omettant son prénom à dessein....Je l'appellerai donc Noachovitch, sans le prénom, et sans le titre.
Noachovitch ne sait plaider que le fait que son client est gentil ( malgré son casier judiciaire) et le fait qu'il n'avait que 19 ans au moment des faits, (ce qui le rend d'autant plus dangereux).
Vers 1'58'', Noachovitch dit ( ment ) '' Il y a des suspects avec des preuves''.....Euuuuuh......C'est bon signe, avec une défense pareille, il va prendre le max ce c.......
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Dans cette vidéo, on peut voir combien la défense de M Diallo est lamentable....Son avocate dit'' Thomassin'' en omettant son prénom à dessein....Je l'appellerai donc Noachovitch, sans le prénom, et sans le titre.
Noachovitch ne sait plaider que le fait que son client est gentil ( malgré son casier judiciaire) et le fait qu'il n'avait que 19 ans au moment des faits, (ce qui le rend d'autant plus dangereux).
Vers 1'58'', Noachovitch dit ( ment ) '' Il y a des suspects avec des preuves''.....Euuuuuh......C'est bon signe, avec une défense pareille, il va prendre le max ce c.......
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JM
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
Bien d'accord JM . "La présidente a lu un courrier envoyé par Jérôme Thomassin, le frère de l'acteur qui a disparu mystérieusement en août 2019, et elle a annoncé que Jérôme Thomassin serait entendu en visioconférence jeudi matin.
Voici le courrier :
« Le jour où s’est ouvert ce procès, j’ai eu la mauvaise surprise de découvrir que Mme Noachovitch, avocate de l’accusé, avait l’intention de mettre en cause mon frère, Gérald Thomassin, qui selon elle ferait un meilleur meurtrier que son client. » (...)
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Voici le courrier :
« Le jour où s’est ouvert ce procès, j’ai eu la mauvaise surprise de découvrir que Mme Noachovitch, avocate de l’accusé, avait l’intention de mettre en cause mon frère, Gérald Thomassin, qui selon elle ferait un meilleur meurtrier que son client. » (...)
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Lisetoct
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
Salut Lisetoct,
je suis persuadé que M. Diallo n'a pas fait que de découvrir le crime, et voler ''en passant'' ce qui se trouvait là :
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''Un tableau légèrement écorné par les questions incisives de Me Debourg, l’avocate des parties civiles, qui y voit « un discours » préparé, et l’avocat général. Surtout quand le grand-frère parle d’une « erreur de jeunesse » pour évoquer son petit-frère découvrant le corps ensanglanté sans appeler les secours en volant de l’argent au passage. « Et il n’en a jamais rien dit à sa famille ? Pourtant il est passé au-dessus d’un cadavre disloqué avant de s’emparer de l’argent. Ça n’a pas été un coup de massue d’apprendre ça ? »
Si Mamadou Diallo a du laver ses vêtements, c'est parce qu'il a fait plus que passer par dessus le corps de Catherine Burgod, ce n'est pas possible autrement.
Les seuls innocents sont ceux qui croiront Sylvie Noachovitch, car il est clair que la défense pointe Gérald Thomassin à l'aide d'une langue fourchue, et d'un doigt bien puant.
Cordialement,
JM
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
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'' Je constate que sur le plan réalisé par Diallo, il place la victime non pas dans le coin droit de la pièce où elle a été trouvée morte, mais plutôt dans la partie gauche de la pièce, non loin de l’importante flaque de sang qui correspond à l’endroit où Catherine Burgod a été poignardée », a d’ailleurs fait remarquer Me Séverine Debourg, qui défend la famille de la victime.''
Encore une constatation qui pèse lourdement sur les épaules de l'accusé....
L'assassin, quel qu'il soit, aurait apporté un sac de sport, un couteau, et la question que je me pose est, pourquoi puisqu'il avait prémédité son braquage, a t il tué violemment l'employée ? Il n'avait quand même pas oublié sa cagoule!? Il aurait été reconnu ? Trop con que pour bien se déguiser ?
Cordialement,
'' Je constate que sur le plan réalisé par Diallo, il place la victime non pas dans le coin droit de la pièce où elle a été trouvée morte, mais plutôt dans la partie gauche de la pièce, non loin de l’importante flaque de sang qui correspond à l’endroit où Catherine Burgod a été poignardée », a d’ailleurs fait remarquer Me Séverine Debourg, qui défend la famille de la victime.''
Encore une constatation qui pèse lourdement sur les épaules de l'accusé....
L'assassin, quel qu'il soit, aurait apporté un sac de sport, un couteau, et la question que je me pose est, pourquoi puisqu'il avait prémédité son braquage, a t il tué violemment l'employée ? Il n'avait quand même pas oublié sa cagoule!? Il aurait été reconnu ? Trop con que pour bien se déguiser ?
Cordialement,
JM
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
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Bonjour,
hier, en guise de poisson d'Avril, la mère de l'accusé expliquait qu'il n'avait pas pu faire ca....Ce qui est, finalement, le même raisonnement non étayé que Me Sylvie Noachovitch, le même niveau, sauf que le trou d'où est sorti Diallo, elle, n'accuse pas gratuitement les autres.
Dans la vidéo, nous apprenons de la bouche de son entraineur que Mamadou Diallo volait ses camarades de foot dans les vestiaires. . .L'accusé à vraiment une belle tête de vainqueur, et l'intelligence de quelqu'un de ''gentil''.
Cordialement,
Bonjour,
hier, en guise de poisson d'Avril, la mère de l'accusé expliquait qu'il n'avait pas pu faire ca....Ce qui est, finalement, le même raisonnement non étayé que Me Sylvie Noachovitch, le même niveau, sauf que le trou d'où est sorti Diallo, elle, n'accuse pas gratuitement les autres.
Dans la vidéo, nous apprenons de la bouche de son entraineur que Mamadou Diallo volait ses camarades de foot dans les vestiaires. . .L'accusé à vraiment une belle tête de vainqueur, et l'intelligence de quelqu'un de ''gentil''.
Cordialement,
JM
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
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« Chez nous, c’est la campagne, continue la mère. Partout où je vais, Mamadou me conduit. C’est ma moitié à moi. »
Devant les enquêteurs, elle a d’abord contesté qu’il l’ait accompagnée en décembre 2008 à la poste de Montréal-la-Cluse. Mamadou, en revanche, s’en souvient bien à cause de l’employée, Catherine Burgod, qui avait été si gentille. « Profitez-en, avait-elle dit. Je pars bientôt en congé maternité. »
Mamadou Diallo n'ignorait donc pas que Catherine Burgod était enceinte. . .Pffffff. . .
Cordialement,
« Chez nous, c’est la campagne, continue la mère. Partout où je vais, Mamadou me conduit. C’est ma moitié à moi. »
Devant les enquêteurs, elle a d’abord contesté qu’il l’ait accompagnée en décembre 2008 à la poste de Montréal-la-Cluse. Mamadou, en revanche, s’en souvient bien à cause de l’employée, Catherine Burgod, qui avait été si gentille. « Profitez-en, avait-elle dit. Je pars bientôt en congé maternité. »
Mamadou Diallo n'ignorait donc pas que Catherine Burgod était enceinte. . .Pffffff. . .
Cordialement,
JM
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
JM a écrit:[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
« Chez nous, c’est la campagne, continue la mère. Partout où je vais, Mamadou me conduit. C’est ma moitié à moi. »
Devant les enquêteurs, elle a d’abord contesté qu’il l’ait accompagnée en décembre 2008 à la poste de Montréal-la-Cluse. Mamadou, en revanche, s’en souvient bien à cause de l’employée, Catherine Burgod, qui avait été si gentille. « Profitez-en, avait-elle dit. Je pars bientôt en congé maternité. »
Mamadou Diallo n'ignorait donc pas que Catherine Burgod était enceinte. . .Pffffff. . .
Cordialement,
Bien sûr JM :Mamadou Diallo connaissait le bureau de poste et la victime (cf livre de F.Aubenas). Sans l'ADN, on ne l'aurait jamais soupçonné.
Lisetoct
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
Lisetoct à écrit :
Bien sûr JM :Mamadou Diallo connaissait le bureau de poste et la victime
Salut Lisetoct,
oui, et il est fort possible que Catherine Burgod l'ait reconnu, il suffit pour cela que M. Diallo ait omit de porter des gants (comme le laisse supposer son ADN retrouvé sur le monnayeur) :
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Son frère :'' On est les seuls Noirs du village ''
C'est surement la raison pour laquelle il aurait été reconnu, et aurait décidé de tuer la postière.
Cordialement,
JM
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
C'est surement la raison pour laquelle il aurait été reconnu, et aurait décidé de tuer la postière.
Possible , cela voudrait dire préméditation puisque l'arme du crime supposée ( pas retrouvée) aurait été un cran d'arrêt : il savait bien que la postière allait le reconnaître .??
(article du Monde) Je cite F.Aubenas :
"Ce même mois de décembre 2008, le fils est retourné seul au bureau de poste. « Je ne vais pas jouer au chat et à la souris avec vous, lance-t-il en garde à vue. Cette seconde fois, c’est quand j’ai vu le corps de cette femme. »
Maintenant, c’est lui qui parle devant la cour, le « garçon gentil et calme » décrit par tous les témoins. Très droit, il remercie poliment d’avoir « la chance » de s’exprimer : « Je suis innocent. » A la première question, une brutale crise de larmes semble le foudroyer, comme par surprise. Il se casse en deux, forcé de s’asseoir, incapable d’une parole. Il s’agit d’établir l’heure de son arrivée à la poste, une précision d’importance : Catherine Burgod a, en effet, été tuée entre 8 h 36 – dernier SMS qu’elle envoie – et 9 h 05 – arrivée du premier client. Or Mamadou Diallo soutient qu’elle gisait au sol quand il est entré dans l’agence.
« Je ne sais plus l’heure qu’il était », avance-t-il. Peu à peu, il se redresse. La voix s’affermit, change de registre. « J’en ai marre de rentrer dans les détails. Cela fait quatre ans que je suis en prison, je pense que j’ai assez souffert. » Les paroles sortent maintenant par flots, saccadées, presque de la colère. « Ma famille est là, ils me connaissent. Et on me reparle tout le temps des mêmes choses. » L’interrogatoire tente de reprendre, sur son ADN cette fois. Dans la poste, il a été retrouvé à deux endroits : sur un sac en tissu, à 2 mètres du corps, et sur le monnayeur, mélangé au sang de la victime. Comment l’explique-t-il ? Désormais, le ton est tout à fait monté. Il veut à la fois répondre et se taire. « Je ne sais plus, c’était un choc, j’étais traumatisé. Pourquoi vous ne comprenez pas ? »
Les phrases s’embrouillent, se heurtent, lâchées avec une violence intérieure de moins en moins contenue. Il faut suspendre. On l’entend crier dans la salle de repos. Reprise de l’audience et nouvelle tentative de retour sur la scène de crime : Diallo s’est enfui sans prévenir les gendarmes, volant des billets. Pendant treize ans, il n’en a parlé à personne. « J’ai eu tort, j’ai honte. C’était enfoui au fond de moi. Ce qui me fait le plus mal, c’est que les autres sachent. » Et le monologue repart, désormais hors de tout contrôle. « Regardez-moi, j’ai un bon profil, je n’ai pas grandi avec des sauvages. » Ça dure plus de trois heures, où les questions restent suspendues sans réponse. Diallo termine, écroulé debout sur la barre, secoué de spasmes. Il risque la perpétuité. Reprise des débats et verdict le 4 avril. "
Verdict aujourd'hui.
Possible , cela voudrait dire préméditation puisque l'arme du crime supposée ( pas retrouvée) aurait été un cran d'arrêt : il savait bien que la postière allait le reconnaître .??
(article du Monde) Je cite F.Aubenas :
"Ce même mois de décembre 2008, le fils est retourné seul au bureau de poste. « Je ne vais pas jouer au chat et à la souris avec vous, lance-t-il en garde à vue. Cette seconde fois, c’est quand j’ai vu le corps de cette femme. »
Maintenant, c’est lui qui parle devant la cour, le « garçon gentil et calme » décrit par tous les témoins. Très droit, il remercie poliment d’avoir « la chance » de s’exprimer : « Je suis innocent. » A la première question, une brutale crise de larmes semble le foudroyer, comme par surprise. Il se casse en deux, forcé de s’asseoir, incapable d’une parole. Il s’agit d’établir l’heure de son arrivée à la poste, une précision d’importance : Catherine Burgod a, en effet, été tuée entre 8 h 36 – dernier SMS qu’elle envoie – et 9 h 05 – arrivée du premier client. Or Mamadou Diallo soutient qu’elle gisait au sol quand il est entré dans l’agence.
« Je ne sais plus l’heure qu’il était », avance-t-il. Peu à peu, il se redresse. La voix s’affermit, change de registre. « J’en ai marre de rentrer dans les détails. Cela fait quatre ans que je suis en prison, je pense que j’ai assez souffert. » Les paroles sortent maintenant par flots, saccadées, presque de la colère. « Ma famille est là, ils me connaissent. Et on me reparle tout le temps des mêmes choses. » L’interrogatoire tente de reprendre, sur son ADN cette fois. Dans la poste, il a été retrouvé à deux endroits : sur un sac en tissu, à 2 mètres du corps, et sur le monnayeur, mélangé au sang de la victime. Comment l’explique-t-il ? Désormais, le ton est tout à fait monté. Il veut à la fois répondre et se taire. « Je ne sais plus, c’était un choc, j’étais traumatisé. Pourquoi vous ne comprenez pas ? »
Les phrases s’embrouillent, se heurtent, lâchées avec une violence intérieure de moins en moins contenue. Il faut suspendre. On l’entend crier dans la salle de repos. Reprise de l’audience et nouvelle tentative de retour sur la scène de crime : Diallo s’est enfui sans prévenir les gendarmes, volant des billets. Pendant treize ans, il n’en a parlé à personne. « J’ai eu tort, j’ai honte. C’était enfoui au fond de moi. Ce qui me fait le plus mal, c’est que les autres sachent. » Et le monologue repart, désormais hors de tout contrôle. « Regardez-moi, j’ai un bon profil, je n’ai pas grandi avec des sauvages. » Ça dure plus de trois heures, où les questions restent suspendues sans réponse. Diallo termine, écroulé debout sur la barre, secoué de spasmes. Il risque la perpétuité. Reprise des débats et verdict le 4 avril. "
Verdict aujourd'hui.
Lisetoct
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
Lisetoct ) écrit :
Possible , cela voudrait dire préméditation puisque l'arme du crime supposée ( pas retrouvée) aurait été un cran d'arrêt : il savait bien que la postière allait le reconnaître .??
Salut Lisetoct,
je pense que l'auteur aura emporté le couteau, dans le simple but de se faire remettre l'argent par intimidation, comme le font les braqueurs avec leurs flingues. Celui ci ne possédait qu'une lame.
Il aura décidé de poignarder la postière, si celle ci s'est opposée à son acte, ou si elle l'a reconnu, mais personnellement, je penche pour la seconde solution.
Etre dévoilé aux yeux des autres, est le cauchemar de M Diallo, comme il l'exprime dans l'article que tu viens de poster, lorsqu'il dit : '' Ce qui me fait le plus mal, c’est que les autres sachent.''.
Cordialement,
JM
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
Si il y avait encore un doute sur la culpabilité de Mamadou Diallo :
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Eric Mazaud détaille : "on le suit à la trace, il y a des gouttes de sang qui mènent de la victime au monnayeur. Et sur ce monnayeur il y a
l'ADN de Diallo mélangé au sang de la victime. "
Dans le même article, Noachovitch qui, intellectuellement et humainement, touche le fond. . . :
'' L'avocate de l'accusé a aussi demandé que l'on revienne sur l'une des scènes d'un film dans lequel Gérald Thomassin avait joué. Dans ce film de Doillon. L'acteur agressait un agent immobilier avec un couteau... ''
Cordialement,
JM
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
L'accusé a été acquitté au bénéfice du doute.
Merci à Lisetoct d'avoir retranscrit les articles brillants de Florence Aubenas.
Merci à Lisetoct d'avoir retranscrit les articles brillants de Florence Aubenas.
L'enfer, c'est les autres.
Electra
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
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'' « Je constate que sur le plan réalisé par Diallo, il place la victime non pas dans le coin droit de la pièce où elle a été trouvée morte, mais plutôt dans la partie gauche de la pièce, non loin de l’importante flaque de sang qui correspond à l’endroit où Catherine Burgod a été poignardée », a d’ailleurs fait remarquer Me Séverine Debourg, qui défend la famille de la victime.
Ce qui signifie aussi que Catherine Burgod vivait toujours quand Mamadou Diallo à quitté le bureau de poste. . .TUEUR ou VOLEUR, il est parti sans lui porter assistance. . .
Cordialement,
'' « Je constate que sur le plan réalisé par Diallo, il place la victime non pas dans le coin droit de la pièce où elle a été trouvée morte, mais plutôt dans la partie gauche de la pièce, non loin de l’importante flaque de sang qui correspond à l’endroit où Catherine Burgod a été poignardée », a d’ailleurs fait remarquer Me Séverine Debourg, qui défend la famille de la victime.
Ce qui signifie aussi que Catherine Burgod vivait toujours quand Mamadou Diallo à quitté le bureau de poste. . .TUEUR ou VOLEUR, il est parti sans lui porter assistance. . .
Cordialement,
JM
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
JM a écrit:[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
'' « Je constate que sur le plan réalisé par Diallo, il place la victime non pas dans le coin droit de la pièce où elle a été trouvée morte, mais plutôt dans la partie gauche de la pièce, non loin de l’importante flaque de sang qui correspond à l’endroit où Catherine Burgod a été poignardée », a d’ailleurs fait remarquer Me Séverine Debourg, qui défend la famille de la victime.
Ce qui signifie aussi que Catherine Burgod vivait toujours quand Mamadou Diallo à quitté le bureau de poste. . .TUEUR ou VOLEUR, il est parti sans lui porter assistance. . .
Cordialement,
Merci JM pour cette remarque .Et quand je pense qu'il est ambulancier , ça me fait frémir . On va le remettre sur le circuit sans avertir les personnes vulnérables
que MD a été inculpé dans un meurtre !
La responsabilité de l'Etat est engagée.
Lisetoct
Re: Elucidé ou non le meurtre de la postière ? Et quid de Gérald Thomassin?
Bonjour,
J'espère que le parquet fera appel, il leur reste 5 jours pour le faire.
Je trouve cette décision invraisemblable. Les 30 ans requis par l'avocat général étaient logiques.
J'espère que le parquet fera appel, il leur reste 5 jours pour le faire.
Je trouve cette décision invraisemblable. Les 30 ans requis par l'avocat général étaient logiques.
Association d'Aide aux Victimes des Affaires Non Élucidées
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