meurtre de Véronique Duchesne-Meunier
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Toto2024
Kassandra88
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Tueur en série : le grêlé. :: AFFAIRES EN COURS :: AFFAIRES RÉSOLUES .... ou presque
affaires TROADEC, DAVAL, Anaïs G, WISSEM, Lucas T., Sophie Narme
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meurtre de Véronique Duchesne-Meunier
2021
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Disparue le 6 octobre 2010, Véronique Duchesne, 47 ans, est retrouvée morte trois jours plus tard. Après avoir acheté des cigarettes, elle a été vue une dernière fois par un témoin marchant à marée basse en direction de l'île de la Comtesse. Son mari avait signalé sa disparition le lendemain.
Dans les rochers de l'île, des habitants avaient découvert le châle de Véronique souillé de traces de sang. Son sac à main avait, lui, été récupéré par un père et son fils à la pointe de Minard, à 15 kilomètres de là. Il contenait des anxiolytiques.
C'est à cet endroit que sera aussi retrouvé son corps un peu plus tard, flottant sur le ventre. Les gendarmes concluent alors à une mort suspecte. Véronique a le visage tuméfié et des ecchymoses sur le corps. Elle ne présente pas les symptômes d'une noyade. Pas d'eau dans ses poumons. Elle a été étranglée.
Un mari un temps soupçonné
Rapidement, son mari est soupçonné et placé en garde à vue en 2011 pendant quelques heures, puis remis en liberté. Sa personnalité intrigue tout comme la situation financière du couple. Leur entreprise était en grande difficulté. En s'intéressant à l'agenda de l'époux, les enquêteurs trouvent des incohérences.
Pourquoi a-t-il attendu aussi longtemps avant de signaler la disparition ? Il affirme que Véronique se serait levée tard, alors même que des témoins l'ont aperçue à 8h30 du matin. Thierry M. explique qu'il serait resté chez lui puis aurait fait des courses. Il y a un trou dans son emploi du temps et son téléphone a déclenché le relais de la plage où a disparu Véronique.
Convoqué quelques mois plus tard par la juge d'instruction afin d'être mis en examen pour meurtre, l'homme sera finalement entendu comme témoin assisté. Les gendarmes sont dès lors obligés de trouver de nouveaux éléments.
«Compliqué de vivre avec cette énigme»
Le temps passe, le dossier piétine et neuf ans plus tard, l'une des filles de Véronique décide de frapper à la porte d'un nouvel avocat, Me Jean-Guillaume Le Mintier. Ce dernier réussit à convaincre le juge d'instruction d'effectuer des investigations complémentaires. « Pour moi, il ne s'agit pas d'un cold case, on sait qui est l'auteur », affirme l'avocat breton. Patricia et Brigitte se portent à leur tour partie civile, emplies d'un nouvel espoir.
« Véronique avait un caractère fort, très indépendant et mélancolique. Nos relations étaient compliquées, mais c'était notre sœur et on veut savoir », confient-elles. Toute la famille est aujourd'hui soudée dans cette nouvelle quête.
De son côté, l'époux de Véronique clame toujours son innocence. « Il applaudit des deux mains ce nouvel appel à témoins, car c'est aussi compliqué pour lui de vivre avec cette énigme », fait savoir son avocat, Me Richard Forget, qui pointe du doigt la manière dont s'est déroulée l'enquête. En se focalisant sur son client, les gendarmes auraient écarté d'autres hypothèses, notamment celle de la dernière personne à avoir vu vivante Véronique ce 6 octobre 2010 sur la plage.
« Non élucidé », l'affaire Véronique Duchesne. Diffusion le jeudi 11 février à 21h05 sur RMC Story.
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Disparue le 6 octobre 2010, Véronique Duchesne, 47 ans, est retrouvée morte trois jours plus tard. Après avoir acheté des cigarettes, elle a été vue une dernière fois par un témoin marchant à marée basse en direction de l'île de la Comtesse. Son mari avait signalé sa disparition le lendemain.
Dans les rochers de l'île, des habitants avaient découvert le châle de Véronique souillé de traces de sang. Son sac à main avait, lui, été récupéré par un père et son fils à la pointe de Minard, à 15 kilomètres de là. Il contenait des anxiolytiques.
C'est à cet endroit que sera aussi retrouvé son corps un peu plus tard, flottant sur le ventre. Les gendarmes concluent alors à une mort suspecte. Véronique a le visage tuméfié et des ecchymoses sur le corps. Elle ne présente pas les symptômes d'une noyade. Pas d'eau dans ses poumons. Elle a été étranglée.
Un mari un temps soupçonné
Rapidement, son mari est soupçonné et placé en garde à vue en 2011 pendant quelques heures, puis remis en liberté. Sa personnalité intrigue tout comme la situation financière du couple. Leur entreprise était en grande difficulté. En s'intéressant à l'agenda de l'époux, les enquêteurs trouvent des incohérences.
Pourquoi a-t-il attendu aussi longtemps avant de signaler la disparition ? Il affirme que Véronique se serait levée tard, alors même que des témoins l'ont aperçue à 8h30 du matin. Thierry M. explique qu'il serait resté chez lui puis aurait fait des courses. Il y a un trou dans son emploi du temps et son téléphone a déclenché le relais de la plage où a disparu Véronique.
Convoqué quelques mois plus tard par la juge d'instruction afin d'être mis en examen pour meurtre, l'homme sera finalement entendu comme témoin assisté. Les gendarmes sont dès lors obligés de trouver de nouveaux éléments.
«Compliqué de vivre avec cette énigme»
Le temps passe, le dossier piétine et neuf ans plus tard, l'une des filles de Véronique décide de frapper à la porte d'un nouvel avocat, Me Jean-Guillaume Le Mintier. Ce dernier réussit à convaincre le juge d'instruction d'effectuer des investigations complémentaires. « Pour moi, il ne s'agit pas d'un cold case, on sait qui est l'auteur », affirme l'avocat breton. Patricia et Brigitte se portent à leur tour partie civile, emplies d'un nouvel espoir.
« Véronique avait un caractère fort, très indépendant et mélancolique. Nos relations étaient compliquées, mais c'était notre sœur et on veut savoir », confient-elles. Toute la famille est aujourd'hui soudée dans cette nouvelle quête.
De son côté, l'époux de Véronique clame toujours son innocence. « Il applaudit des deux mains ce nouvel appel à témoins, car c'est aussi compliqué pour lui de vivre avec cette énigme », fait savoir son avocat, Me Richard Forget, qui pointe du doigt la manière dont s'est déroulée l'enquête. En se focalisant sur son client, les gendarmes auraient écarté d'autres hypothèses, notamment celle de la dernière personne à avoir vu vivante Véronique ce 6 octobre 2010 sur la plage.
« Non élucidé », l'affaire Véronique Duchesne. Diffusion le jeudi 11 février à 21h05 sur RMC Story.
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Re: meurtre de Véronique Duchesne-Meunier
Bonjour,
Les enquêteurs semblent être partis du principe que le vol de l'argent avait eu lieu sur la plage où est arrivé le sac, mais se pourrait-il que ce soit justement, à l'origine, une tentative de vol qui ait mal tourné ?
En tout cas, le meurtrier a été chanceux de ne pas se faire repérer dans ces conditions.
Les enquêteurs semblent être partis du principe que le vol de l'argent avait eu lieu sur la plage où est arrivé le sac, mais se pourrait-il que ce soit justement, à l'origine, une tentative de vol qui ait mal tourné ?
En tout cas, le meurtrier a été chanceux de ne pas se faire repérer dans ces conditions.
Mélodie
Re: meurtre de Véronique Duchesne-Meunier
Ils ont l'ADN partiel du tueur ( inconnu au FNAEG ) prélèvement fait sur la pantalon de la victime, dommage pas plus de précision si c'est du sang, du sperme. Ça peut orienter les recherches sur un éventuel agresseur sexuel ...
Invité- Invité
Re: meurtre de Véronique Duchesne-Meunier
2022
Cela doit être un ADN de contact puisque JM Bloch explique que le tueur aurait pu traîner le corps de la victime jusque dans la mer en l'empoignant par les chevilles.
Invité a écrit:Ils ont l'ADN partiel du tueur ( inconnu au FNAEG ) prélèvement fait sur la pantalon de la victime, dommage pas plus de précision si c'est du sang, du sperme. Ça peut orienter les recherches sur un éventuel agresseur sexuel ...
Cela doit être un ADN de contact puisque JM Bloch explique que le tueur aurait pu traîner le corps de la victime jusque dans la mer en l'empoignant par les chevilles.
Lisetoct
Re: meurtre de Véronique Duchesne-Meunier
Encore un dossier traité par "Non Elucidé" qui vient d'aboutir.
Douze ans après le meurtre de Véronique Duchesne-Meunier en Bretagne, son mari arrêté au Sénégal
L’enquête sur le meurtre de Véronique Duchesne-Meunier, une femme de 47 ans tuée à Saint-Quay-Portrieux (Côtes-d’Armor) en 2010, vient de rebondir avec l’interpellation de son mari au Sénégal, ce lundi 28 novembre 2022. Il est sous le coup d’un mandat d’arrêt, à l’initiative de la nouvelle juge d’instruction en charge du dossier.
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Re: meurtre de Véronique Duchesne-Meunier
L'article du Parisien:
Des côtes bretonnes au Sénégal, le cold case de l’île de la Comtesse tient son suspect
INFO LE PARISIEN. Un peu plus de 12 ans après la mort de Véronique Duchesne-Meunier, disparue sur une plage de Saint-Quay-Portrieux (Côtes d’Armor), son mari vient d’être arrêté au Sénégal.
Par Damien Delseny et
Vincent Gautronneau
Les chemins du crime prennent parfois de curieux et longs détours. C’est au Sénégal que vient peut-être d’être signé l’épilogue d’une enquête vieille de 12 ans : « L’affaire Duchesne-Meunier ». Loin, très loin de son point de départ, à Saint-Quay-Portrieux (Côtes-d’Armor), mais si proche de la victime puisque c’est son mari de l’époque qui vient d’être arrêté par la police sénégalaise qui a exécuté le mandat d’arrêt de la juge d’instruction française en charge du dossier.
Une source judiciaire a confirmé au Parisien-Aujourd’hui-en-France que Thierry Meunier, 59 ans, était sous écrou extraditionnel après son arrestation jeudi dernier à Saly, une station balnéaire située au sud de Dakar. Près de 12 ans après une première garde à vue dont il était ressorti libre, Thierry Meunier reste donc aux yeux de la justice le principal suspect de l’assassinat de son épouse Véronique Duchesne-Meunier et devrait, dès son retour en France, être mis en examen pour « assassinat ».
C’est dans un décor à la Agatha Christie que le mystère va s’enrouler autour d’un châle enchevêtré dans les algues au pied des rochers de l’île de la Comtesse balayés depuis deux jours par les grandes marées. Ce 8 octobre 2010, un pêcheur à pied ramasse ce morceau de tissu, première pièce à conviction de la mort suspecte de Véronique Duchesne-Meunier, volatilisée deux jours plus tôt. La veille, le 7 octobre, son mari Thierry est venu signaler sa disparition. La dernière fois qu’il avait vu son épouse, c’était le 6 octobre en début d’après-midi. Elle était partie acheter un paquet de cigarettes sur le port. Depuis plus rien. Au bar-tabac « L’écume » on a bien vu Véronique vers 14h20. Elle a même fait la bise au patron avant de repartir.
Un châle, un sac à main et, bientôt, un corps sans vie
Ce châle retrouvé près des rochers n’augure rien de bon. D’autant plus que le même jour, un autre pêcheur à pied ramasse un sac à main de femme à la pointe de Minard, à Plouezec. Nous sommes à 15 km de l’île de la Comtesse mais le sac est bien celui de Véronique. Le jeu de piste marin devient angoissant. Puis tragique, lorsque le 9 octobre en début d’après-midi, deux nouveaux pêcheurs découvrent le corps sans vie de Véronique Duchesne-Meunier, toujours dans le secteur de la pointe de Minard.
Lorsque les techniciens en investigation criminelle arrivent sur zone en compagnie d’un médecin, ils notent simplement une légère entaille au niveau de l’arcade sourcilière gauche. Surtout un premier examen ne donne pas de signes évidents de noyade. L’autopsie, pratiquée dans la foulée, valide cette première hypothèse et le légiste note la présence d’ecchymoses, d’hématomes. Mais l’hypothèse d’un crime ne saute pas aux yeux. Dans son sang il est aussi révélé la présence d’alcool et de médicaments.
Les gendarmes commencent à auditionner les proches de Véronique. Cette enfant du pays revenue quelques mois plus tôt dans la région est présentée comme « fragile ». Elle venait de perdre son travail, avait des relations parfois difficiles avec ses filles, issues d’une première union et venait aussi de se disputer avec sa mère. Les enquêteurs découvrent aussi rapidement qu’elle était sous le coup d’une enquête judiciaire pour des malversations financières. Le mot « suicide » est d’ailleurs prononcé par nombre de ses proches, notamment par son propre mari qui dans une de ses premières auditions lâche : « J’avais le sentiment qu’elle voulait partir, elle voulait mourir, elle était fatiguée ».
Malgré tout, les gendarmes continuent à fouiner près de la plage de Saint-Quay-Portrieux, comme s’ils sentaient que les rochers de l’île de la Comtesse n’avaient pas encore livré leurs secrets. Des témoins sont entendus. Un ressortissant anglais notamment attire leur attention. Il est d’abord le dernier à avoir vu Véronique vivante sur la plage, assise dans les rochers. Mais il est aussi connu pour des soupçons de violences sur une ancienne maîtresse et ne cache pas son attirance pour les femmes. Il reconnaît d’ailleurs avoir regardé Véronique une bonne vingtaine de minutes alors qu’elle était sur la plage.
Une disparition signalée seulement le lendemain
Mais les enquêteurs abandonnent assez vite cette piste après quelques vérifications. D’autant plus que d’autres échos arrivent à leurs oreilles et les ramènent vers le mari de la victime. D’abord, ils se souviennent que Thierry Meunier n’a signalé la disparition de sa femme que le 7 octobre au matin alors qu’elle a quitté le domicile le 6 en début d’après-midi. Curieux de ne pas s’inquiéter plus vite, surtout lorsqu’on sent son épouse prête « à en finir ».
Et puis les gendarmes découvrent au gré de leurs auditions que Thierry Meunier n’attire pas franchement la sympathie. Il n’a que des « anciens amis » auxquels il a soutiré de l’argent sans jamais leur rendre. Et les qualificatifs qui reviennent le plus souvent sont « manipulateur », « machiavélique », « mythomane »… Les enquêteurs décident donc de « brancher » le veuf et de mener des filatures serrées.
Et la pêche est bonne. L’homme est méfiant, téléphone depuis des cabines. Surtout il s’empresse d’essayer de vendre la maison de Saint-Quay pour aller refaire sa vie au Maroc. Dès le mois de décembre 2010, deux mois après le décès de son épouse, ils s’aperçoivent aussi qu’il fréquente une autre femme. Dernier détail, il semble avoir cherché à rouler la société de pompes funèbres en charge des obsèques de Véronique en demandant des prestations qu’il savait ne jamais pouvoir régler. C’est d’ailleurs un proche qui a effacé l’ardoise…
Véronique a été étranglée
Début janvier 2011, les enquêteurs, forts d’un nouvel examen médico-légal, ont la certitude que Véronique a été étranglée. L’hypothèse du suicide coule définitivement. Et les contradictions, cachotteries et mensonges de Thierry Meunier, valent à leurs yeux une garde à vue. C’est chose faite le 16 janvier. Et les gendarmes ont un atout dans leur manche : ils savent, grâce à un bornage téléphonique, que Thierry Meunier était présent près de l’île de la Comtesse le 6 octobre à 15 heures, c’est-à-dire au moment même où son épouse était dans les rochers.
Questionné sur ce point, il reconnaît sa présence, mais prétend avoir oublié de préciser dans ses premières auditions cet élément pourtant déterminant. Il évoque un « blanc » et dans son esprit et dans son emploi du temps. Mais il nie farouchement le meurtre, martèle sa certitude d’un suicide et, lorsqu’il doit trouver autre chose, oriente les enquêteurs sur d’autres pistes, notamment celle d’un photographe-baroudeur un peu louche qu’ils avaient rencontré dans un bar peu de temps avant la disparition de Véronique… La piste est vérifiée et abandonnée, comme toutes les autres qui mèneront jusqu’à quelques déséquilibrés hospitalisés dans la région à l’époque.
Pas assez ferré, Thierry Meunier est remis en liberté. Les gendarmes continuent néanmoins leur travail de sape et se plongent dans la vie du couple, et surtout dans leurs comptes bancaires. Au moment de la mort de Véronique, le couple est ruiné : plus d’un million d’euros de dettes et une vie à crédit qu’ils sont incapables de rembourser. Fini le temps des 4 x 4, des coupés Mercedes, du bateau amarré à Royan, des deux bars ouverts à Poitiers, et des greens de golf. Le couple est à sec et après une dernière échappée au Maroc « pour se refaire » ils ont dû revenir à quai à Saint-Quay.
Elle cherchait à se rapprocher de sa famille
Si Thierry Meunier n’a rien perdu de sa superbe, les gendarmes découvrent au fil de leurs investigations que Véronique ne supportait plus d’être la marionnette de son mari. La folie des grandeurs l’avait même conduite à commettre des faux dans l’agence immobilière où elle travaillait, motivant son licenciement et l’ouverture d’une enquête judiciaire. Si elle souffrait de cette situation, Véronique ne semblait pas si abattue et elle, si isolée de sa famille depuis plusieurs années, cherchait apparemment à s’en rapprocher, comme pour échapper à son mari et sa fuite en avant vers la banqueroute et la ruine totale.
Les gendarmes concluent dans un rapport de synthèse de 2012 que Véronique avait pu devenir « un obstacle » pour son mari et ne voyaient aucune autre hypothèse possible qu’un assassinat fomenté par lui-même. Malgré ces lourds soupçons, le dossier s’est enlisé ensuite dans les sables de Saint-Quay. Pendant des années. Au cours de plusieurs apparitions dans des émissions de télévision, Thierry Meunier a toujours clamé son innocence.
Le cold case ne s’est réchauffé que récemment, sous les coups de boutoirs des proches de Véronique et de leur avocat Me Jean-Guillaume Le Mintier qui n’ont eu de cesse de ne jamais laisser la justice enterrer définitivement le dossier. La juge d’instruction en charge des investigations a estimé qu’il existait suffisamment d’indices graves et concordants pour convoquer Thierry Meunier puis pour émettre un mandat d’arrêt international quand sa présence au Sénégal a été confirmée. Douze longues années après l’assassinat de Véronique. L’histoire n’est pas finie mais Thierry Meunier avait peut-être vu juste lorsqu’il évoquait devant les gendarmes dans une formule un peu ampoulée que sa femme et lui étaient les « compagnons de l’éternité ».
Des côtes bretonnes au Sénégal, le cold case de l’île de la Comtesse tient son suspect
INFO LE PARISIEN. Un peu plus de 12 ans après la mort de Véronique Duchesne-Meunier, disparue sur une plage de Saint-Quay-Portrieux (Côtes d’Armor), son mari vient d’être arrêté au Sénégal.
Par Damien Delseny et
Vincent Gautronneau
Les chemins du crime prennent parfois de curieux et longs détours. C’est au Sénégal que vient peut-être d’être signé l’épilogue d’une enquête vieille de 12 ans : « L’affaire Duchesne-Meunier ». Loin, très loin de son point de départ, à Saint-Quay-Portrieux (Côtes-d’Armor), mais si proche de la victime puisque c’est son mari de l’époque qui vient d’être arrêté par la police sénégalaise qui a exécuté le mandat d’arrêt de la juge d’instruction française en charge du dossier.
Une source judiciaire a confirmé au Parisien-Aujourd’hui-en-France que Thierry Meunier, 59 ans, était sous écrou extraditionnel après son arrestation jeudi dernier à Saly, une station balnéaire située au sud de Dakar. Près de 12 ans après une première garde à vue dont il était ressorti libre, Thierry Meunier reste donc aux yeux de la justice le principal suspect de l’assassinat de son épouse Véronique Duchesne-Meunier et devrait, dès son retour en France, être mis en examen pour « assassinat ».
C’est dans un décor à la Agatha Christie que le mystère va s’enrouler autour d’un châle enchevêtré dans les algues au pied des rochers de l’île de la Comtesse balayés depuis deux jours par les grandes marées. Ce 8 octobre 2010, un pêcheur à pied ramasse ce morceau de tissu, première pièce à conviction de la mort suspecte de Véronique Duchesne-Meunier, volatilisée deux jours plus tôt. La veille, le 7 octobre, son mari Thierry est venu signaler sa disparition. La dernière fois qu’il avait vu son épouse, c’était le 6 octobre en début d’après-midi. Elle était partie acheter un paquet de cigarettes sur le port. Depuis plus rien. Au bar-tabac « L’écume » on a bien vu Véronique vers 14h20. Elle a même fait la bise au patron avant de repartir.
Un châle, un sac à main et, bientôt, un corps sans vie
Ce châle retrouvé près des rochers n’augure rien de bon. D’autant plus que le même jour, un autre pêcheur à pied ramasse un sac à main de femme à la pointe de Minard, à Plouezec. Nous sommes à 15 km de l’île de la Comtesse mais le sac est bien celui de Véronique. Le jeu de piste marin devient angoissant. Puis tragique, lorsque le 9 octobre en début d’après-midi, deux nouveaux pêcheurs découvrent le corps sans vie de Véronique Duchesne-Meunier, toujours dans le secteur de la pointe de Minard.
Lorsque les techniciens en investigation criminelle arrivent sur zone en compagnie d’un médecin, ils notent simplement une légère entaille au niveau de l’arcade sourcilière gauche. Surtout un premier examen ne donne pas de signes évidents de noyade. L’autopsie, pratiquée dans la foulée, valide cette première hypothèse et le légiste note la présence d’ecchymoses, d’hématomes. Mais l’hypothèse d’un crime ne saute pas aux yeux. Dans son sang il est aussi révélé la présence d’alcool et de médicaments.
Les gendarmes commencent à auditionner les proches de Véronique. Cette enfant du pays revenue quelques mois plus tôt dans la région est présentée comme « fragile ». Elle venait de perdre son travail, avait des relations parfois difficiles avec ses filles, issues d’une première union et venait aussi de se disputer avec sa mère. Les enquêteurs découvrent aussi rapidement qu’elle était sous le coup d’une enquête judiciaire pour des malversations financières. Le mot « suicide » est d’ailleurs prononcé par nombre de ses proches, notamment par son propre mari qui dans une de ses premières auditions lâche : « J’avais le sentiment qu’elle voulait partir, elle voulait mourir, elle était fatiguée ».
Malgré tout, les gendarmes continuent à fouiner près de la plage de Saint-Quay-Portrieux, comme s’ils sentaient que les rochers de l’île de la Comtesse n’avaient pas encore livré leurs secrets. Des témoins sont entendus. Un ressortissant anglais notamment attire leur attention. Il est d’abord le dernier à avoir vu Véronique vivante sur la plage, assise dans les rochers. Mais il est aussi connu pour des soupçons de violences sur une ancienne maîtresse et ne cache pas son attirance pour les femmes. Il reconnaît d’ailleurs avoir regardé Véronique une bonne vingtaine de minutes alors qu’elle était sur la plage.
Une disparition signalée seulement le lendemain
Mais les enquêteurs abandonnent assez vite cette piste après quelques vérifications. D’autant plus que d’autres échos arrivent à leurs oreilles et les ramènent vers le mari de la victime. D’abord, ils se souviennent que Thierry Meunier n’a signalé la disparition de sa femme que le 7 octobre au matin alors qu’elle a quitté le domicile le 6 en début d’après-midi. Curieux de ne pas s’inquiéter plus vite, surtout lorsqu’on sent son épouse prête « à en finir ».
Et puis les gendarmes découvrent au gré de leurs auditions que Thierry Meunier n’attire pas franchement la sympathie. Il n’a que des « anciens amis » auxquels il a soutiré de l’argent sans jamais leur rendre. Et les qualificatifs qui reviennent le plus souvent sont « manipulateur », « machiavélique », « mythomane »… Les enquêteurs décident donc de « brancher » le veuf et de mener des filatures serrées.
Et la pêche est bonne. L’homme est méfiant, téléphone depuis des cabines. Surtout il s’empresse d’essayer de vendre la maison de Saint-Quay pour aller refaire sa vie au Maroc. Dès le mois de décembre 2010, deux mois après le décès de son épouse, ils s’aperçoivent aussi qu’il fréquente une autre femme. Dernier détail, il semble avoir cherché à rouler la société de pompes funèbres en charge des obsèques de Véronique en demandant des prestations qu’il savait ne jamais pouvoir régler. C’est d’ailleurs un proche qui a effacé l’ardoise…
Véronique a été étranglée
Début janvier 2011, les enquêteurs, forts d’un nouvel examen médico-légal, ont la certitude que Véronique a été étranglée. L’hypothèse du suicide coule définitivement. Et les contradictions, cachotteries et mensonges de Thierry Meunier, valent à leurs yeux une garde à vue. C’est chose faite le 16 janvier. Et les gendarmes ont un atout dans leur manche : ils savent, grâce à un bornage téléphonique, que Thierry Meunier était présent près de l’île de la Comtesse le 6 octobre à 15 heures, c’est-à-dire au moment même où son épouse était dans les rochers.
Questionné sur ce point, il reconnaît sa présence, mais prétend avoir oublié de préciser dans ses premières auditions cet élément pourtant déterminant. Il évoque un « blanc » et dans son esprit et dans son emploi du temps. Mais il nie farouchement le meurtre, martèle sa certitude d’un suicide et, lorsqu’il doit trouver autre chose, oriente les enquêteurs sur d’autres pistes, notamment celle d’un photographe-baroudeur un peu louche qu’ils avaient rencontré dans un bar peu de temps avant la disparition de Véronique… La piste est vérifiée et abandonnée, comme toutes les autres qui mèneront jusqu’à quelques déséquilibrés hospitalisés dans la région à l’époque.
Pas assez ferré, Thierry Meunier est remis en liberté. Les gendarmes continuent néanmoins leur travail de sape et se plongent dans la vie du couple, et surtout dans leurs comptes bancaires. Au moment de la mort de Véronique, le couple est ruiné : plus d’un million d’euros de dettes et une vie à crédit qu’ils sont incapables de rembourser. Fini le temps des 4 x 4, des coupés Mercedes, du bateau amarré à Royan, des deux bars ouverts à Poitiers, et des greens de golf. Le couple est à sec et après une dernière échappée au Maroc « pour se refaire » ils ont dû revenir à quai à Saint-Quay.
Elle cherchait à se rapprocher de sa famille
Si Thierry Meunier n’a rien perdu de sa superbe, les gendarmes découvrent au fil de leurs investigations que Véronique ne supportait plus d’être la marionnette de son mari. La folie des grandeurs l’avait même conduite à commettre des faux dans l’agence immobilière où elle travaillait, motivant son licenciement et l’ouverture d’une enquête judiciaire. Si elle souffrait de cette situation, Véronique ne semblait pas si abattue et elle, si isolée de sa famille depuis plusieurs années, cherchait apparemment à s’en rapprocher, comme pour échapper à son mari et sa fuite en avant vers la banqueroute et la ruine totale.
Les gendarmes concluent dans un rapport de synthèse de 2012 que Véronique avait pu devenir « un obstacle » pour son mari et ne voyaient aucune autre hypothèse possible qu’un assassinat fomenté par lui-même. Malgré ces lourds soupçons, le dossier s’est enlisé ensuite dans les sables de Saint-Quay. Pendant des années. Au cours de plusieurs apparitions dans des émissions de télévision, Thierry Meunier a toujours clamé son innocence.
Le cold case ne s’est réchauffé que récemment, sous les coups de boutoirs des proches de Véronique et de leur avocat Me Jean-Guillaume Le Mintier qui n’ont eu de cesse de ne jamais laisser la justice enterrer définitivement le dossier. La juge d’instruction en charge des investigations a estimé qu’il existait suffisamment d’indices graves et concordants pour convoquer Thierry Meunier puis pour émettre un mandat d’arrêt international quand sa présence au Sénégal a été confirmée. Douze longues années après l’assassinat de Véronique. L’histoire n’est pas finie mais Thierry Meunier avait peut-être vu juste lorsqu’il évoquait devant les gendarmes dans une formule un peu ampoulée que sa femme et lui étaient les « compagnons de l’éternité ».
Re: meurtre de Véronique Duchesne-Meunier
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