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Qui a tué Caroline Marcel?

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Message par Aomamé Mar 23 Jan 2024 - 23:06

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Message par Aomamé Mar 23 Jan 2024 - 23:08

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Message par Aomamé Mar 23 Jan 2024 - 23:10

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Message par Aomamé Mar 23 Jan 2024 - 23:24

Il manquait une page, pardon... a remettre au bon endroit ![Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

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Message par Invité Mar 23 Jan 2024 - 23:27

Super merci encore !!!

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Message par Aomamé Mar 23 Jan 2024 - 23:30

211145ŦTristanduvar a écrit:Super merci encore !!!

Avec plaisir yess

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Message par Kassandra88 Mer 24 Jan 2024 - 0:21

Merci beaucoup Aomamé.
Juste une précision. L'auteur présumé serait Stanislas A. et non Stanislas S.
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Message par Invité Mer 24 Jan 2024 - 2:20

Ce que je retiens du papier, c'est qu'il était paysagiste à proximité immédiate de l'endroit où il a commis son forfait, rageant !

Ensuite, malgré son lourd pedigree début 2000 il semble, en apparence, être quelqu'un de clivé et de relativement normal : une conjointe, un enfant.

C'est une constante chez ce genre de pervers, ils sont rarement dans des établissements psychiatriques, ils sont bel et bien parmi nous.

J'espère que des informations vont sortir sur son profil psy, son parcours de vie, son fonctionnement psychologique afin de comprendre comment il s'est construit.
La clef du mystère réside comme bien souvent dans l'enfance.

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Message par Kassandra88 Mer 24 Jan 2024 - 8:28

211156ŦTristanduvar a écrit:

J'espère que des informations vont sortir sur son profil psy, son parcours de vie, son fonctionnement psychologique afin de comprendre comment il s'est construit.
La clef du mystère réside comme bien souvent dans l'enfance.

Bonjour Tristan,
Tu as quelques réponses ici dans l'article du Parisien du 19/1 à 12:15.

Un homme colérique aux antécédents judiciaires
Âgé de 18 ans à peine, placé en famille d’accueil chez cet employeur, Stanislas A. avait connu une enfance chaotique. Navigant de foyers en foyers, il n’a jamais connu son père et est issu d’une très grande fratrie avec de nombreux géniteurs différents.

Surtout, le jeune homme était déjà connu des services de police pour deux affaires de nature sexuelle alors qu’il était encore mineur : des attouchements sur une fillette, qui n’a pas donné lieu à un procès, ainsi qu’une agression sexuelle en 2006 sur une jeune femme, pour laquelle il sera condamné des mois plus tard, lorsque la victime le reconnaîtra par hasard dans la rue. Pour sa défense, Stanislas A. avait alors déclaré avoir été victime lui-même d’un viol incestueux dans son enfance, sans que ses accusations ne puissent être corroborées. Selon des témoignages de ses proches recueillis par les enquêteurs, le jeune homme était décrit à l’époque du meurtre comme quelqu’un habité par de la colère, renfermé et capable d’accès de violence imprévisibles.

Goût pour le fétichisme
Deux autres éléments sont jugés intéressants pour l’enquête. Stanislas A. est réputé avoir de multiples passions étranges, dont un certain goût pour le fétichisme. Or, un an après le meurtre de Caroline Marcel, un sac à dos contenant des petites culottes avait été retrouvé sur les lieux du crime par la PJ d’Orléans. Le suspect avait-il pour habitude d’errer autour de la rivière d’Olivet pour se livrer à cette passion ?

en couple avec une nouvelle femme, père d’une petite fille, le suspect vit depuis plusieurs années dans l’Ariège, où il est sans emploi et est décrit comme quelqu’un de peu sociable. Il avait été entendu en 2019 pour n’avoir pas respecté les obligations liées à son inscription au Fijais, le fichier des personnes aux antécédents sexuels


Au départ, un pauvre type balloté de foyers en foyers d'accueil que la société a transformé en délinquant. On ne peut vraiment parler de profil lisse. Bien sur, à l'heure actuelle, il est présumé innocent.
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Message par Kassandra88 Mer 24 Jan 2024 - 9:33

par sylvynipa Aujourd'hui à 09:12

Cold case résolu dans le Loiret : 15 ans après le meurtrier de Caroline Marcel interpellé
Contenu réservé aux abonnés
Le 23/01/2024 à 16h59

C’est grâce à une trace ADN non exploitée par la police judiciaire que le meurtre de Caroline Marcel, une joggeuse retrouvée morte à Olivet a été résolu. Un homme de 34 ans, un certain Stanislas A, résidant à Pamiers, dans l’Ariège, a été interpellé 15 ans plus tard…
Cold case résolu dans le Loiret : 15 ans après le meurtrier de Caroline Marcel interpellé
@Le Nouveau Détective

Tribunal de Nanterre. Dans une vaste pièce de 150 m² encombrée d’armoires métalliques, des techniciens s’affairent. Il s’agit de la salle des scellés du fameux pôle « Cold Cases », où sont centralisés les dossiers des grandes affaires criminelles non élucidées. Munis de gants, ils ouvrent le casier « Caroline Marcel », une mère de famille assassinée en faisant son jogging, sur les bords du Loiret, le 22 juin 2008. Les techniciens déposent une à une toutes les pièces qu’il contient sur la table : un T-shirt Adidas blanc, un short noir, une paire de Nike grises, une clé de voiture, des chaussettes, un bout de bois… La plupart ont déjà été analysées, sans qu’on y relève le moindre ADN exploitable. Pourtant, la juge Nathalie Turquey vient de demander qu’on en ressorte une précisément. Il faut dire que dans cette affaire, enquêteurs et proches de la victime ont depuis longtemps leur idée sur l’identité du coupable. Manque l’essentiel : une preuve irréfutable pour le confondre. L’intuition de la magistrate va-t-elle enfin permettre d’envoyer le meurtrier derrière les barreaux ? Au bout du compte, un nom va effectivement sortir. Mais pas celui qu’on attendait…
Retour quinze ans en arrière. Ce lundi de début d’été, à la périphérie sud de Rouen, une classe de primaire effectue une sortie dans la nature à la découverte de la faune et de la fl ore. Les enfants sont sur le sentier de la Mothe-Saint-Avit, au bord du Loiret , quand plusieurs d’entre eux se mettent à crier. Il y a un corps qui flotte dans la rivière ! L’instituteur alerte aussitôt la police. Très vite, la zone est bouclée et les écoliers évacués. Des plongeurs vont chercher le cadavre. La défunte est une jeune femme aux longs cheveux bruns. Elle a le short baissé aux genoux et le T-shirt enroulé autour du cou. Elle a été violemment frappée au visage avant de mourir étranglée. Détail abject : son assassin lui a enfoncé un morceau de bois dans le sexe.
Tandis que des policiers inspectent les rives, les plongeurs ratissent le fond de la rivière, à la recherche d’indices. Ils en remontent une clé de voiture. Ce n’est pas suffisant pour identifier la victime, qui n’a pas de papiers sur elle, mais en fin d’après-midi, un homme signale la disparition de son exfemme au commissariat d’Olivet. La description qu’il donne ne laisse aucun doute. Le corps est celui de Caroline Marcel, 45 ans, directrice adjointe de la Caisse d’épargne locale.

Des traces de piétinement et des branches cassées

A priori, le scénario criminel est aussi banal que monstrueux. Depuis sa mutation à Olivet, Caroline, qui élevait seule sa fille de 11 ans dans un pavillon cossu de la rue d’Ivoy, avait pris l’habitude de courir régulièrement le long de la rivière. Le dimanche 22 juin en fin d’après midi, elle enfile sa tenue, prend le volant de sa Twingo noire et va se garer au bord de l’eau. Son parcours habituel, très bucolique, suit le Loiret entre pelouses verdoyantes et allées ombragées. Elle s’élance sur le sentier de la Motte-Saint-Avit. En ce début de soirée, il n’y a presque personne alentour. Est-ce là que son agresseur la repère ? La suit-il depuis un moment ? Mystère. Il ne restera de l’attaque que des marques de piétinement, à demi effacées par la pluie nocturne, et quelques branches cassées…
Après la découverte du corps, les vêtements de Caroline sont analysés. On n’y relève, on l’a vu, aucun ADN exploitable. L’ex-mari de la victime et son nouveau compagnon sont entendus. Ils ont un alibi et sont rapidement mis hors de cause. Les policiers se focalisent donc sur la piste d’un rôdeur, et s’intéressent à un foyer de réinsertion, voisin du lieu de l’agression, où sont hébergés plusieurs délinquants sexuels. Leurs emplois du temps sont vérifiés, sans résultat. L’enquête piétine. Plusieurs autres pistes de violeurs connus sont successivement étudiées, sans davantage de succès.
« Le banquier » dans sa vie est le principal suspect

Mais pour Françoise et Pierre Marcel, les parents de Caroline, les enquêteurs font fausse route. Tous deux sont convaincus que leur fille n’est pas morte sous les mains d’un détraqué opportuniste, mais qu’elle a été tuée par son nouveau compagnon, qui se trouve être également son directeur à la Caisse d’épargne. Un homme qu’ils préfèrent ne pas nommer, pour des raisons légales, et qu’ils appellent « le banquier ».
C’est en 2007 que le rapprochement entre ces deux-là s’est joué. Ce jour-là, Caroline encore mariée et enceinte de trois mois, sent qu’elle est en train de perdre son bébé. Elle appelle son mari à l’aide, mais il est en réunion, et lui répond qu’il ne peut pas se libérer. C’est finalement son directeur, le fameux « banquier », qui l’emmène à la clinique où les médecins confirment qu’elle fait une fausse couche. Une triste nouvelle. Mais un coup de foudre. Peu de temps après, Caroline et son supérieur, lui aussi marié, décident de refaire leur vie ensemble. Mais la jeune femme hésite à divorcer. Elle tergiverse. Et quand finalement elle franchit le pas, ce n’est pas pour aller vivre avec lui, mais pour s’installer seule avec sa fille dans ce pavillon de la rue d’Ivoy. Pour autant, le couple nouvellement constitué s’entend bien. Françoise et Pierre, qui les reçoivent de temps en temps, apprécient leur nouveau gendre, qu’ils trouvent « très correct et très affable ».
Les enquêteurs sur le plateau d’ « Appel à témoin »

La réalité, ils l’apprendront plus tard, est cependant plus nuancée. Derrière son apparence agréable, « le banquier » est un insupportable macho. Pour lui, une femme doit obéir à son homme et lui rendre des comptes. Dans l’intimité, il se montre possessif, jaloux et tyrannique. Il suit Caroline partout. Quand elle sort dîner avec une copine, il prend une table dans le même restaurant. Quand elle va au cinéma, il est encore là, au fond de la salle, et surgit toujours à l’improviste dans les magasins où elle fait son shopping . Quelques semaines avant sa mort, il la rejoint même au gala de danse de sa fille, et lui fait publiquement une scène au sujet de sa nouvelle robe, en lui reprochant de s’habiller « comme une pétasse ». Peu après, on voit Caroline arborer un coquard. La jeune femme prétend s’être « cognée contre une porte », mais sa mère n’est pas dupe. Aussi, quand ce sinistre 23 juin 2008, on retrouve son corps flottant dans le Loiret, ses parents n’ont aucun doute sur le scénario qui a conduit à sa mort. Une nouvelle dispute. « Le banquier » aura piqué la colère de trop…
Mais une certitude ne fait pas une enquête. Or le suspect numéro 1 a un solide alibi. À l’heure supposée du crime, il était en ligne sur son téléphone fixe. Il appelait son propre mobile, que, dit-il, il avait égaré ! Un scénario auquel Françoise, la mère de Caroline, n’arrive pas à croire.
— Chez lui, c’est monacal, tout est rangé avec un soin maniaque !, explique-t-elle. On ne peut rien égarer du tout !
À trois reprises, « le banquier » est placé en garde à vue. Mais les policiers, tout aussi sûrs de tenir leur coupable, n’arrivent pas à le coincer. « Il est très fort », confie l’un d’eux. À la recherche de preuves, les enquêteurs vont jusqu’à s’inviter sur le plateau d’Appel à témoin, sur M6, en janvier 2002. En vain.
Une preuve jamais analysée

Le dossier va ensuite s’enliser, jusqu’en juin 2022, où le pôle « cold cases » de Nanterre le récupère. À cette annonce, les parents de Caroline se reprennent à espérer. À raison. La juge Nathalie Turquey, qui pilote désormais l’enquête, est vite intriguée par un détail : la fameuse clé de voiture retrouvée au fond de l’eau, qui était celle de la Twingo, n’a jamais été analysée. La magistrate demande aussitôt à ses équipes d’y remédier. Les techniciens la récupèrent et la transmettent au labo. Et là, miracle : il y a bien un ADN dessus, connu du fichier central ! Mais ce n’est pas celui du « banquier »
L’empreinte génétique est celle d’un certain Stanislas S., jamais mentionné dans l’affaire. Mais en lisant sa fiche, la juge Turquey comprend qu’il a pile le profil recherché. Stanislas S., 34 ans, aurait commis ses premiers attouchements sur une fillette quand il n’en avait que 15. Un an plus tard, il était condamné pour une agression sexuelle sur une jeune femme. Et en 2008, au moment de la mort de Caroline Marcel, il était… paysagiste à Olivet. Son entreprise était située juste à côté de la scène de crime !
Localisé à Pamiers, en Ariège, où il est désormais sans emploi, il occupait un mobile home avec sa compagne et leur fille, Stanislas S., qui reste présumé innocent, a été interpellé le 16 janvier dernier. Malgré cette trace ADN qu’il aura du mal à justifier, il nie le crime. Mais c’est désormais une nouvelle enquête qui commence… Les parents de Caroline Marcel vont peut-être enfin retrouver la paix. « Le Banquier » aussi, qui depuis quinze ans, apparemment, on accusait à tort… Affaire à suivre dans nos colonnes.

Une enquête de Sebastien Devaud.
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Message par Invité Dim 28 Jan 2024 - 19:15

La joggeuse du Loiret, l’ADN de contact et la clé du mystère
Grâce aux avancées de l’expertise génétique, un suspect vient d’être arrêté pour le meurtre d’une femme en 2008. Un succès du pôle « cold cases » qui en appelle d’autres.

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Message par Invité Mar 6 Fév 2024 - 19:33

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Je rectifie, le meurtre a été commis en 2008, et non en 2009, et l'épisode d'appel à témoins sur l'affaire a été diffusé en 2022, et non en 2002.

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Message par Invité Ven 22 Mar 2024 - 18:40

Un papier riche en détails inédits.

Meurtre de Caroline Marcel : quinze ans après, un ADN et un suspect
Récit  Quinze ans après le meurtre de Caroline Marcel à Olivet, dans le Loiret, un homme a été interpellé en Ariège puis mis en examen. Les experts de la police scientifique d’Ecully (Rhône) sont parvenus à déceler son ADN sur la clé de voiture de la victime retrouvée dans l’eau en 2008. Une avancée du pôle « cold cases » du tribunal de Nanterre.
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Caroline Marcel. Collection personnelle

Les copines posent enlacées devant une interminable limousine noire. Vacances à New York, automne 1999. A droite, en jean clair et tee-shirt gris, lunettes de soleil sur ses cheveux relevés, Caroline sourit franchement. A sa droite, sa veste claire sur l’épaule, Anissa, elle aussi lunettes sur la tête, fixe l’objectif. En retrouvant dans une boîte cette ancienne photo, Anissa esquisse un sourire. « Caro était vraiment une chouette amie », lâche pudiquement cette femme de presque 60 ans. A l’époque de ce voyage organisé par le comité d’entreprise de la Caisse d’Epargne, les deux amies avaient 37 et 35 ans. Elles travaillaient depuis plusieurs années à la banque où elles s’étaient rencontrées, et venaient chacune d’avoir un enfant.

C’était le bon temps, celui de la légèreté et de l’insouciance, qui s’est brutalement envolé le 22 juin 2008, un soir du début de l’été, quand « Caro », banquière de 45 ans et mère d’une fillette de 11 ans, a été sauvagement tuée pendant son footing. Là, à quelques pas seulement de chez Anissa, à Olivet, à côté d’Orléans, sur le sentier de la Mothe-Saint-Avit qu’elles avaient l’habitude de fouler ensemble. Là, au bord du Loiret, dans cet écrin boisé où le temps semble s’être arrêté et où d’anciens moulins partagent le bord de l’eau avec de petits châteaux.

« Alerte info », annonce BFM TV mi-janvier. Un suspect a été arrêté dans l’affaire Caroline Marcel. Son ADN a été retrouvé sur une clé lui appartenant. « Au bout de quinze ans, on n’y croit plus vraiment, lâche Anissa un lundi pluvieux de cette fin février. Alors il faut accuser le coup. » Le 16 janvier, à 700 kilomètres de là, en Ariège, un homme qui vivait dans le secteur à l’époque a été interpellé puis mis en examen pour le meurtre de Caroline. Son ADN a été découvert sur la clé de voiture de la victime retrouvée dans l’eau. Une spectaculaire avancée obtenue grâce aux progrès de l’expertise génétique par une juge d’instruction du pôle « cold cases » de Nanterre. Créé il y a tout juste deux ans, le pôle judiciaire qui suscite tant d’espoirs est-il en passe de résoudre cette énigme ?

Un corps à demi immergé
23 juin 2008. Comme chaque lundi matin après un week-end avec sa fille, Patrice A. arrive plus tôt devant l’école d’Olivet où Célia (le prénom a été modifié) est scolarisée en CM2. Le temps de discuter un peu avec Caroline, son ex-femme, de lui remettre la petite valise de Célia. Le temps, aussi, que Caroline puisse embrasser sa fille avant sa journée d’école. Mais Caroline n’arrive pas. « Je l’appelle une fois, deux fois, trois fois », se souvient le commercial à la retraite de 63 ans dans son salon de Cavaillon, dans le Vaucluse. La cloche de l’école retentit. Patrice A. file travailler, il a une grosse journée. A 18 heures, l’école l’appelle. Caroline n’a pas récupéré Célia. « Je pense alors tout de suite à quelque chose de grave », dit son ex-mari qui file chercher leur fille, la dépose chez sa sœur et fonce au commissariat qui vient de l’appeler. Dans la matinée, des écoliers en sortie avec leur instituteur ont découvert sur la berge, en contrebas du sentier de la Mothe-Saint-Vit, sur la rive sud du Loiret, le corps à moitié immergé et partiellement dénudé d’une femme. C’est Caroline, partie courir la veille au soir.

« Un cauchemar qu’on ne souhaite à personne », souffle son ex-mari. La configuration de la scène de crime, d’une rare violence, est telle que les enquêteurs pensent d’emblée à un profil de prédateur sexuel particulier. Les lieux, malheureusement lavés par l’orage qui a éclaté dans la soirée, sont méticuleusement inspectés. Des bijoux de Caroline et d’autres objets sont placés sous scellés. Tout comme ses clés, retrouvées dans l’eau. Des recherches de traces ADN sont réalisées, en vain. Sa Clio noire, stationnée à cinq minutes de chez elle, est également inspectée.

Une information judiciaire pour « homicide volontaire » est ouverte. La direction interrégionale de la police judiciaire d’Orléans puis l’OCRVP (Office Central de Répression de la Délinquance aux personnes) sont saisis, un appel à témoins et un numéro vert lancés. Le visage de Caroline et ses longs cheveux châtains s’affichent partout. Quand elle est partie courir, peu après 20 heures, elle portait un tee-shirt blanc, un short noir et des baskets claires. Mais ce soir-là, l’Espagne affrontait l’Italie en quart de finale de l’Euro de football et le sentier d’ordinaire prisé des promeneurs était désert. Personne ne dit l’avoir vue.

Des enquêteurs « très investis »
Une première autopsie révèle que Caroline Marcel a reçu de nombreux coups, notamment à la tête, au cou et à l’épaule. Elle est morte par strangulation et étouffement avant d’être déplacée dans l’eau. « Elle a été plaquée au sol, étouffée par-derrière mais pas à mains nues », déclare alors la procureure d’Orléans de l’époque, Isabelle Toulemonde, suggérant qu’un tee-shirt ou une écharpe aient pu être utilisés. Les enquêteurs ne négligent aucune piste. « Je les ai toujours sentis très investis », se souvient l’ex-mari de la victime, rapidement entendu et mis hors de cause. Très vite, une centaine d’auditions sont réalisées. Un foyer d’insertion accueillant des détenus, certains condamnés pour des infractions sexuelles, se trouve à proximité. Toutes les vérifications sont faites.

Un homme intéresse beaucoup les enquêteurs : Manuel Da Cruz est suspecté – il sera jugé et condamné à perpétuité – d’avoir enlevé, séquestré et violé Marie-Christine Hodeau lors de son footing en septembre 2009 à Milly-la-Forêt, en Essonne. Il vit dans le Loiret où il a également violé une mineure en 2000. Mais la piste n’aboutit pas. Pas plus que la minutieuse étude des différents profils d’individus connus pour errer dans le secteur. On pense aussi à Alain Pénin, le meurtrier de Natacha Mougel, tuée en septembre 2010 dans le Nord, alors qu’elle aussi faisait son jogging. Mais en juin 2008, il était en prison. Un rapprochement avec le meurtre de Martine Jung, tuée en juin 2007 dans le Bas-Rhin, est encore réalisé. En vain.


« Pas de témoins, pas d’empreintes, pas d’ADN »
« Pas de témoins, pas de traces, pas d’empreintes, pas d’ADN », lit-on dans le journal local « La République du Centre », deux ans après le meurtre. Mais les enquêteurs de la police judiciaire d’Orléans, qui ne lâchent pas, travaillent parallèlement la piste du dernier compagnon de Caroline, rencontré sur son lieu de travail, et qu’elle voulait quitter. « Il était maladivement jaloux, l’avait coupée de sa famille et de ses proches, et pouvait être violent », rapporte Patrice A. « Entre eux, ça n’allait plus », confie Anissa, qui a passé la soirée avec Caroline trois jours avant sa mort. Son amie n’allait pas bien. Elle qui aimait tant s’amuser et rire avait peu à peu perdu le sourire. Elle lui avait montré une bague qu’elle venait de s’acheter pour faire croire à son compagnon qu’elle avait rencontré quelqu’un. Sans antécédent judiciaire, cet homme est placé en garde à vue, longuement interrogé, jamais mis en examen. « Tout a été fait, estime Patrice A. : le voisinage, le bornage, la téléphonie, les délinquants sexuels, les tueurs connus, l’entourage, etc. »

Les années passent et l’enquête piétine. Mais l’expertise génétique, elle, avance. « Des petites traces d’ADN ont été retrouvées, s’enthousiasme en juin 2018 à la radio l’avocate de la famille, Chantal Bonnard, dix ans après le meurtre de Caroline Marcel. Dans un premier temps, on pensait qu’il n’y en avait pas, mais les techniques sur les scellés ont beaucoup progressé. » Sauf que ces traces, alors, ne donnent rien.

Une juge d’instruction discrète et opiniâtre
Fin janvier 2022, l’émission « Appel à témoins », sur M6, en collaboration avec la justice et les forces de l’ordre, lance un nouvel appel à témoignages. Il y est notamment question de cette bague que Caroline s’était offerte et qui, contrairement à ses autres bijoux, n’a jamais été retrouvée. Où est-elle passée ? La chaîne reçoit de nombreux appels. En vain, toujours.

Six mois plus tard, le juge d’instruction orléanais se dessaisit du dossier au profit du pôle « cold cases » de Nanterre, ou Pôle national des Crimes sériels ou non élucidés (PCSNE) fraîchement créé. Connue pour avoir brillamment réussi à démasquer le tueur en série surnommé « le Grêlé », la discrète et opiniâtre juge d’instruction Nathalie Turquey reprend patiemment les milliers de pages du dossier. Réétudie chaque scellé. Et décide d’en faire réexaminer plusieurs, dont la clé de voiture.

Fin 2023, pendant plusieurs semaines, dans un laboratoire ultra-sécurisé du siège du service national de police scientifique à Ecully, dans le Rhône, une équipe d’experts biologistes analyse l’objet. Forts des récentes avancées scientifiques, ils parviennent à isoler sur la clé, malgré les heures passées dans l’eau, une trace ADN. Une prouesse. Cette clé avait pourtant déjà été examinée en 2008, mais les progrès en matière d’expertise génétique ont bondi ces dernières années.

Un ADN qui « matche » avec les fichiers
Reste alors à espérer que cette trace ADN – une série de marqueurs et de codes – « matche » avec un des plus de quatre millions de profils génétiques identifiés enregistrés au Fnaeg, le fichier national des empreintes génétiques. Banco. Il correspond à celui d’un homme de 33 ans vivant à Pamiers, en Ariège, qui habitait non loin des lieux du crime en juin 2008. Un homme jamais apparu dans les radars des enquêteurs, condamné pour agression sexuelle quand il était mineur. En 2008, il avait 18 ans et était en stage chez un paysagiste du Loiret. « Une nouvelle exploitation des scellés a permis l’identification d’un profil génétique sur la clef de la voiture de Caroline Marcel, grâce aux progrès techniques réalisés en matière d’extraction de traces et empreintes sur des surfaces précédemment inexploitables », indique alors le parquet de Nanterre. « Quelle perspicacité !, s’exclame l’avocate Chantal Bonnard en saluant l’intuition de la juge Nathalie Turquey. La famille a besoin de connaître la vérité. »

Placé en garde à vue à Toulouse le 16 janvier, ce père de famille sans emploi, après s’être tu devant le magistrat instructeur, est mis en examen pour le meurtre de Caroline et placé en détention provisoire à Nanterre. Présumé innocent, il nie toute implication. « Sa condamnation passée étant réhabilitée de plein droit – plus de dix ans sans nouvelle condamnation depuis –, elle ne devrait plus être évoquée, réagit son avocate Jennifer Cambla. Il faut aussi relativiser la découverte de cet ADN et s’interroger sur l’action ayant mené à la présence de cet ADN à cet endroit. L’ADN n’est pas une preuve parfaite. »

Cette mise en examen est un choc pour les proches de Caroline. « Quand ma fille qui venait de l’apprendre par son avocate m’a appelé pour me le dire, je suis tombé des nues », confie son ex-mari Patrice A., qui s’attendait plutôt à une dénonciation ou à un nouveau témoignage possiblement lié à cette bague disparue. Pas question pour autant, après tant d’années, de se précipiter. « Que cet homme explique comment son ADN s’est retrouvé sur la clé de Caroline », poursuit-il, prudent, en attendant d’en savoir davantage. Quand elle l’a appris par la presse, Anissa, elle, a oscillé entre surprise et soulagement. « J’avais tellement peur d’avoir continué à le fréquenter toutes ces années. Maintenant je veux savoir ce qu’il s’est passé. »

Après le meurtre de « Caro », pendant un peu plus de dix ans, Anissa n’a pas pu remettre un pied sur le sentier des moulins, comme il est surnommé là-bas. Elle n’a plus jamais couru, a longtemps pensé déménager. Anissa a beaucoup culpabilisé, aussi, de n’avoir pas été là. « Caro m’avait appelée le matin même pour me proposer de courir avec elle, dit-elle. J’étais à Paris, on devait se rappeler dans la semaine. » Elle est toujours restée proche des parents de Caroline, qui vivent dans le Cher d’où ils sont originaires, et de sa fille qui a maintenant 26 ans. C’est cette dernière qui lui a donné la photo qui trône, encadrée, sur l’étagère de sa salle à manger. Mère et fille, attablées côte à côte lors d’un repas de famille, y présentent le même sourire. C’est la dernière photo que Célia a de sa mère. Elle a été prise début juin 2008, lors de son onzième anniversaire.

Par Céline Rastello
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Message par Manor Lun 8 Avr 2024 - 21:12

211451ŦTristanduvar a écrit:La joggeuse du Loiret, l’ADN de contact et la clé du mystère
Grâce aux avancées de l’expertise génétique, un suspect vient d’être arrêté pour le meurtre d’une femme en 2008. Un succès du pôle « cold cases » qui en appelle d’autres.

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Hello désolé j'avais oublié ton message mais ça m'est revenu en relisant l'article :

C'est un crime affreusement banal, qui avait une telle allure de déjà-vu qu’au moment où il est survenu il n’a pas passionné les médias nationaux. Le dimanche 22 juin 2008, entre 19 heures et 22 heures, Caroline Marcel, une mère de famille divorcée de 45 ans à l’allure plutôt menue et sportive, a garé sa Clio noire sur un parking près d’une maison de retraite à Olivet, au sud d’Orléans. Elle est ensuite partie seule en tenue de sport faire un jogging sur les bords du Loiret. Son corps a été retrouvé le lendemain à moitié immergé dans la rivière, à moins de 3 kilomètres de son point de départ, au niveau du sentier de la Mothe Saint-Avit. Elle avait été frappée sur tout le corps, étranglée et violentée sexuellement avec un morceau de bois. Le lendemain, la clé de sa voiture a été retrouvée un peu miraculeusement dans l’eau et versée aux scellés de la procédure. Après plus de quinze ans d’une enquête jamais refermée, qui avait buté à la police judiciaire (PJ) d’Orléans sur plusieurs fausses pistes, un suspect a été arrêté le 16 janvier dernier à Pamiers, dans l’Ariège. Chômeur de 33 ans et père de famille, il a ensuite été mis en examen pour meurtre et placé en détention provisoire.

L’homme, originaire d’Orléans et hébergé en famille d’accueil en 2008 (il avait 18 ans), travaillait à l’époque comme paysagiste dans les environs de la scène de crime. Il a un profil de délinquant sexuel, du fait d’une première affaire non jugée et d’une condamnation pour viol en première instance en 2005, qualification modifiée en agression sexuelle en appel en 2009 : il écopera d’un an de prison, dont huit mois avec sursis. Son ADN a été identifié sur la fameuse clé, soumise au Service national de police scientifique (SNPS), sorte de service public de l’expertise génétique, sur demande de la juge d’instruction Nathalie Turquey. Nommée parmi les trois premières juges d’instruction du pôle judiciaire « cold cases » de Nanterre (lire l’épisode 1, « Le terminus des tueurs cachés »), elle a hérité de ce dossier en juin 2022, sur signalement de l’OCRVP (Office central de répression des violences aux personnes), le service enquêteur dédié aux dossiers à l’abandon (lire l’épisode 11, « Flics têtus pour causes perdues »). Le suspect a gardé le silence lors de son interrogatoire de première comparution par la juge, le 20 janvier. Il y en aura d’autres. L’homme est détenu à Nanterre.

C’est parce que ce crime est typique des dossiers que reprend depuis presque deux ans le pôle de Nanterre que les leçons procédurales et méthodologiques de cette affaire sont essentielles. Une femme tuée par un homme pour un mobile en apparence sexuel, c’est peut-être l’histoire de plusieurs dizaines de meurtres non élucidés chaque année, depuis des décennies (le chiffre global annuel des homicides français est assez stable depuis le début des années 2000, entre 850 et 1 000 environ – pour 70 % à 80 % d’élucidation environ). Dans ce scénario criminel tragiquement classique, le premier cas de figure, celui d’un auteur connu de la victime, suppose plutôt une enquête de police classique sur les emplois du temps, la vie de la morte, les mobiles possibles et l’entourage. Le second cas de figure, celui d’un criminel d’opportunité ou d’un prédateur en série inconnu de la victime, conduit les policiers à des rapprochements et/ou à la recherche de traces ADN. Dans l’affaire Caroline Marcel, la PJ d’Orléans a exploré la première hypothèse, avec quelques forts soupçons sur son compagnon qui ont perduré quasiment jusqu’au bout, y compris lors de l’émission Appel à témoins de M6 diffusée en 2022, avec la coopération de la police et de la justice. La relation sentimentale de Caroline Marcel était mouvementée et l’hypothèse d’un féminicide n’a jamais été écartée, avec donc des dégâts irréversibles sur la vie de ce faux suspect, sans pourtant aucun élément incriminant.

Seul le feu peut détruire totalement l’ADN.

Un magistrat
L’autre piste, celle d’un prédateur d’occasion ou d’un tueur en série, avait aussi été explorée. Elle a été écartée à trois reprises, après des vérifications concernant un suspect déjà condamné résidant à proximité des lieux du crime et deux autres criminels déjà connus, Manuel Ribeiro Da Cruz (auteur d’un meurtre similaire sur une joggeuse en forêt de Fontainebleau en 2009) et Alain Penin (arrêté en 2010 après un homicide identique dans le Nord). Il restait donc pour la juge Turquey la piste de l’expertise génétique, qui a fait un bond technologique ces derniers temps. Les vêtements avaient été exploités sans succès. La clé avait-elle été déjà été expertisée dans le dossier initial ? Interrogé, le parquet de Nanterre dit ne pas souhaiter communiquer sur l’affaire, mais il est possible que la clé ait été laissée de côté en 2008. Il ne s’agit pas nécessairement d’un oubli coupable, explique-t-on de source policière. Les techniques étant alors moins au point, notamment pour un objet ayant séjourné dans l’eau. On privilégiait donc – avec aussi, en filigrane, le problème du coût – les expertises sur des scellés plus susceptibles de supporter du matériel biologique (sang, sperme…) tels que les vêtements de la victime. Dans un communiqué peu clair, le parquet a imputé le succès de l’expertise aux « progrès techniques réalisés en matière d’extraction de traces et empreintes sur des surfaces précédemment inexploitables ».

En effet, des avancées scientifiques très récentes permettent désormais de retrouver plus facilement un ADN dit « de contact » (déposé non par l’intermédiaire de matériel biologique, mais par un simple contact avec l’objet). Ceci est possible sans limite de temps, avec une base matérielle infinitésimale de quelques cellules et malgré des aléas tels que le séjour dans l’eau, comme pour la clé de Caroline Marcel. « Seul le feu peut détruire totalement l’ADN », explique un magistrat. La littérature scientifique générale a offert l’an dernier un exemple saisissant des perspectives de l’ADN de contact avec l’annonce que l’empreinte génétique de la propriétaire d’un pendentif préhistorique a été extraite sur l’objet… environ vingt-mille ans après sa mort.

ADN de plus de 19 000 ans
Un pendentif en dent de cerf découvert dans la grotte de Denisova, dans le sud de la Sibérie, qui a révélé un ADN humain dont la datation serait comprise entre 19 000 et 25 000 ans, d’après les chercheurs de l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutive de Leipzig, en Allemagne — Photo Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology.
Compte tenu des potentialités croissantes de comparaison du Fnaeg (Fichier national des empreintes génétiques), connecté aux autres registres européens, avec la perspective d’accéder aux fichiers généalogiques privés, notamment américains (lire l’épisode 7, « ADN : les “cold cases” rouvrent les failles du passé »), l’horizon pénal s’ouvre largement. Et pas seulement pour les dossiers du pôle de Nanterre, au nombre d’une centaine (lire l’épisode 5, « Le pôle “cold cases” au pied d’une montagne criminelle »). « Même pour un dossier vieux de quelques années, il est possible de trouver un ADN là où on n’en avait pas trouvé à l’origine », souligne un responsable policier. Chaque juge saisi d’un meurtre non élucidé dans un tribunal de région pourrait donc procéder à la méthode déjà presque codifiée à Nanterre, qui a fait ses preuves dans l’affaire Marcel : examiner le dossier et identifier les pièces à conviction mentionnées dans des procès-verbaux parfois disparates (il peut y avoir beaucoup de matériel saisi mais laissé de côté comme la clé), faire l’inventaire et l’évaluation des expertises déjà réalisées, avec en tête les progrès sur l’extraction des ADN de contact, reprendre les pièces à conviction conservées sous scellés si on les retrouve (lire l’épisode 8, « “Il n’est plus acceptable d’envoyer à la poubelle des pièces à conviction” ») et ordonner de nouvelles analyses. Une salle des scellés bien équipée pour une conservation optimale a été mise en service dernièrement à Nanterre ; l’ensemble des pièces à conviction des dossiers traités doit y être transféré.

Une expertise génétique coûte de quelques centaines d’euros à des centaines de milliers, pour une recherche plurielle sur des scellés en petits morceaux

Outre au manque de temps ou de motivation (chaque juge d’instruction de droit commun conduit en général 80 à 100 enquêtes d’actualité en plus de ses « cold cases »), cette procédure peut se heurter à un obstacle budgétaire. Le coût d’une expertise génétique peut varier de quelques centaines d’euros (examen unique sur une trace nette) à plusieurs centaines de milliers d’euros (recherche plurielle sur des scellés découpés en petits morceaux, une couverture par exemple). Sans feu vert préalable de la hiérarchie juridictionnelle, un juge d’instruction n’a pas le pouvoir d’ordonner des dépenses importantes, classées administrativement dans les « frais de justice », en progression constante et sur lesquels le ministère a le pied sur le frein. « Ce sujet peut cependant s’améliorer, car le coût a tendance à baisser », explique le même responsable policier. Les techniques seraient de moins en moins coûteuses, tandis qu’à côté des laboratoires privés, comme celui de Bordeaux, pour lesquels cette affaire est un commerce, le « service public » de l’expertise monte en puissance, dit-il. La question est cependant soumise à la vieille blague française de la rivalité police-gendarmerie, avec côté police le SNPS et côté gendarmerie l’IRCGN, l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Cependant, tous ces facteurs concourent à offrir aux magistrats un meilleur éventail de solutions génétiques. Peut-être le temps où on « trie » dans les pièces à conviction pour choisir laquelle est la plus susceptible de porter une empreinte va-t-il bientôt finir.

Ne faudrait-il pas d’ailleurs singulariser ces dépenses, voire les sanctuariser et abonder un fonds spécifique ? Il n’est finalement question « que » de dizaines ou de centaines de millions d’euros annuels, un ordre de grandeur assez faible au regard des dépenses publiques globales… et de l’enjeu : l’arrestation de criminels récidivistes. Le sujet n’est évidemment jamais abordé dans les nombreux textes pénaux pourtant constamment en discussion au plan parlementaire, sinon dans des débats comptables plus généraux. L’affaire Caroline Marcel pourra peut-être stimuler la réflexion, d’autant que le dénouement n’est pas encore complet. L’OCRVP et la PJ d’Orléans, toujours saisie, ont désormais une tâche majeure de recoupements et de recueils de témoignages pour construire l’accusation en vue d’un très probable procès aux assises, l’ADN étant essentiel, mais pas suffisant.

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Message par Invité Lun 8 Avr 2024 - 23:01

Merci Manor.

Les Jours pondent souvent des papiers de qualité sur les cold cases. De mon côté, j'ai fait ma petite enquête et j'ai déniché son profil Facebook, profil LinkedIn, un des derniers emplois qu'il a occupé en intérim dans l'Ariège, et sa demeure (dans un petit patelin ça aide... rabbit).

C'est assez dingue les traces numériques qu'on laisse sur la toile.

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Message par Manor Ven 6 Sep 2024 - 16:59

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Seize ans après le meurtre de Caroline Marcel, l’auteur présumé de ce féminicide, Stanislas A,. a été maintenu derrière les barreaux, ce mercredi par la chambre de l’instruction de Versailles (Yvelines). Cet homme de 34 ans, barbiche et cheveux courts, avait été écroué après avoir été mis en examen, en janvier 2024 à Nanterre (Hauts-de-Seine), pour ce meurtre, commis le 22 juin 2008 sur les bords du Loiret, à Olivet (Loiret).
Une décision conforme aux réquisitions de l’avocat général sur cette « affaire atroce ». Il a rappelé que « cet homme n’apporte aucune explication sur la présence de son ADN, qu’il y a des analogies avec de précédentes affaires et que l’extraction des données de son ordinateur a révélé qu’il est en proie à des déviances sexuelles ».
Un promeneur a découvert son corps, à demi immergé
Le 22 juin 2008, il est 20 heures quand Caroline Marcel, directrice de la caisse d’Épargne de cette petite commune située près d’Orléans, part courir sur les bords de la rivière. Elle gare sa Renault Clio sur un parking. Et le lendemain, c’est un promeneur qui découvre son corps sans vie. La défunte âgée de 45 ans gît sur le ventre à demi immergée. Son short et sa culotte sont baissés sur ses genoux. Une branche de 40 cm accrédite la thèse de graves sévices sexuels. Le cadavre porte de nombreuses traces de coups.
L’autopsie révèle que la quadragénaire est morte par asphyxie, étranglée avec un lien et étouffée par des végétaux. Le légiste estime que « les faits ne sont pas de nature sexuelle », car la branche aurait été utilisée alors qu’elle était déjà morte ou inconsciente. Une version, qui, ce mercredi, fait bondir l’avocat général qui assure « qu’il ne comprend pas très bien cet argument ».
Selon le magistrat, « la sexualité, est bien au contraire au cœur de cette affaire ». Le 24 juin 2008, les enquêteurs mènent des recherches dans le cours d’eau et y retrouvent la clé de la voiture de la victime. Les premières investigations s’orientent vers les relations de Caroline qui était divorcée. La piste professionnelle est également explorée. En vain. Aucun indice valable ne peut être exploité. Les années passent, l’enquête n’avance pas.
En juin 2022, l’affaire est confiée au pôle cold cases
L’affaire est confiée en juin 2022 au pôle cold cases de Nanterre. Une nouvelle expertise des scellés est ordonnée et une empreinte génétique est retrouvée sur la clé de voiture. C’est celle de Stanislas A., un jeune homme qui vivait dans le secteur, inscrit au fichier des délinquants sexuels après avoir commis deux agressions. Ce garçon, placé en famille d’accueil, travaillait à l’époque du crime chez un pépiniériste qui l’hébergeait.
Son ex-patron est interrogé et explique que Stanislas retournait dans sa famille le week-end et en revenait toujours très perturbé. Il accusait sa mère et ses sœurs de lui faire subir des violences. Et l’une de ses sœurs l’aurait même violé. Ces dernières sont interrogées à leur tour et décrivent ce garçon comme « colérique, impulsif et très porté sur la sexualité ».

Stanislas A. est localisé à Pamiers (Ariège) où il vit avec sa conjointe et sa fille. Sans travail, le trentenaire perçoit le RSA (revenu de solidarité active) et souffre d’une sclérose en plaques. Il est interpellé et placé en garde à vue à Nanterre par les enquêteurs de l’OCRVP (Office central pour la répression des violences aux personnes). La perquisition permet de saisir son matériel informatique. Les policiers y découvrent une attirance pour les jeunes filles et un début de contact avec une mineure. Mais aucune image pédopornographique ne sera découverte.
« Des caméras contrôlaient mes allées et venues »
Le suspect confie aux policiers qu’à l’école, il était violent et souffrait d’une phobie scolaire. Après avoir agressé sa sœur, il s’était dit : « J’ai compris que j’avais un démon en moi qui peut être très méchant et très fort ». Stanislas A. explique qu’il allait parfois se masturber au bord du Loiret. Sur les faits, il conteste et garde le silence. Il ne donne aucune explication sur la présence de son ADN sur la clé de voiture de Caroline.
Interrogé à trois reprises sur le fond par le juge d’instruction, le meurtrier présumé continue de nier en bloc. « Je ne suis pas un meurtrier. Je suis une bonne personne, martèle-t-il ce mercredi. À l’époque, je travaillais presque sept jours sur sept et je ne sortais pas de la pépinière. Mon patron avait même installé des caméras pour contrôler mes allées et venues. »
Devant le juge, il maintient qu’il ne sait pas pourquoi ses empreintes sont sur cette clé. Mais dans le box de la cour d’appel, le jeune homme échafaude une théorie. « J’ai été convoqué pour le fichier des délinquants sexuels. Et sur le bureau du colonel, il y avait une clé de voiture. Je l’ai peut-être touchée en 2013. Je ne vois que cette seule possibilité. » Et le suspect d’ajouter : « Je ne suis pas un démon, j’ai eu des problèmes ». Puis il est questionné sur la similitude entre l’agression sexuelle jugée en 2009 et le meurtre de Caroline Marcel. À l’époque, il avait suivi une jeune femme dans la rue et s’était exhibé. « Je suis désolé pour ce que j’ai fait. Je regrette, mais je n’ai tué personne », ajoute-t-il.
Son avocat estime que les preuves sont insuffisantes
Son conseil, Me Jennifer Cambla, estime que le dossier ne fait pas la preuve de la culpabilité de son client. « Ce n’est pas à lui de justifier la présence de son ADN sur cette clé. Je m’étonne que dans les conditions atroces dans lesquelles cette femme est décédée on n’ait pas trouvé d’autres traces sur son corps, plaide l’avocate. Cette seule empreinte est un élément insuffisant pour que ce garçon reste en détention.
L’expertise psychiatrique a été réalisée, mais le rapport n’est pas encore au dossier. Il est certain qu’il a eu une vie compliquée et un passé de violence en famille. Mais on ne peut pas juger quelqu’un sur une conviction et de si faibles éléments. »

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